Le nubien, le berbère (siwi) et le beja sont trois langues vernaculaires parlées en Égypte par des groupes démographiquement minoritaires et vivant dans des régions périphériques qui ont longtemps été loin ou hors du contrôle du gouvernement central. Néanmoins, ces trois langues sont attestées depuis une période ancienne et font, de ce fait, partie intégrante de l'héritage culturel et historique de l'Égypte.
Les variétés de nubien, berbère et beja parlées en Égypte se rattachent à des langues ou des groupes de langues parlées au sein d'ensembles bien plus vastes avec lesquels l'Égypte a entretenu des relations historiques.
Ce bref article présente les sources disponibles sur ces trois langues en Égypte, abordées soit du point de vue de la description des systèmes linguistiques, soit du point de vue de leur usage et maintien.
On remarquera que les sources relatives au nubien sont, de loin, les plus nombreuses, ce qui s'explique à la fois par le poids démographique relativement plus important des Nubiens et par l'intérêt dont ils font l'objet suite à la campagne archéologique de Nubie et à leur déplacement. A l'inverse, les sources sur le beja en Égypte sont quasiment inexistantes du fait que les membres de ce groupe vivent principalement au Soudan.
Chaque groupe représente une situation sociolinguistique spécifique. Les berbères de Siwa constituent une entité linguistique et ethnique associée à un espace géographique bien délimité, celui de l'oasis.Les Nubiens, qui vivaient également dans un espace relativement clos, ont été déplacés et représentent maintenant une communauté en grande partie coupée de son lieu d'origine. Les Bishariyyîn, forment une petite communauté spécialisée dans le commerce avec le Soudan. L'absence de références ethniques ou linguistiques dans lès recensements égyptiens depuis 1897 rend difficile les tentatives d'estimation démographique de ces groupes.

Le nubien

Sources linguistiques
Les études linguistiques portant sur les langues nubiennes sont relativement nombreuses et présentent des descriptions grammaticales (phonologie/morphologie, syntaxe, lexique). Certaines essaient d'établir une gloto-chronologie (Becchaus-Gerst, 1983 ; Thelwall, 1982) qui permettrait de définir à quel moment les différentes langues nubiennes se sont autonomisées, question pertinente pour étudier l'histoire des migrations et du peuplement etle lien entre les différentes langues nubiennes.
Les parlers nubiens, en particulier nilotiques, sont donc relativement bien connus, mais la répartition dialectale demeure incertaine. Becchaus-Gerst (1983) et surtout Jakobi & Kùmmerle (1993) incluent dans leurs travaux des bibliographies exhaustives (pour le nubien nilotique, voir en particulier Armbruster, 1960 & 1965 ; Bell, 1970 ; Junker& Schafer, 1921; Massenbach, 1933 & 1962 ; Mitwalli Badr, 1955 ; Schafer, 1917 ; Wemer, 1987).
Les Nubiens et les parlers nubiens en Égypte
50 000 Nubiens ont été déplacés par le gouvernement égyptien en 1964, et Geiser estimait à 170 000 le nombre de Nubiens vivant en Égypte en 1970 3. Le nombre de personnes parlant le nubien comme langue maternelle ou langue seconde est inconnu, puisque les recensements égyptiens n'incluent pas de questions sur la langue maternelle.
A notre connaissance, les références sur la situation sociolinguistique des nubiens égyptiens sont Fernea (1964), Rouchdy (1980,1989a & b, 1991) et Fernea & Rouchdy (1987).
La construction du haut-barrage en 1964 et le déplacement de la population a provoqué un changement considérable dans le mode de vie des Nubiens : ceux-ci sont passés d'une région relativement isolée et ethniquement homogène à des villages proches de centres urbains où ils se sont trouvés en contact avec d'autres communautés, principalement originaires de Haute-Égypte.
Les changements socioculturels consécutifs à ce déplacement s'accompagnent en contrepartie d'un mouvement de prise de conscience identitaire.
La date de 1964 sera donc considérée comme date butoir, même si les processus dont il est question s'inscrivent dans une plus longue durée.
Les variétés de nubien, berbère et beja parlées en Égypte se rattachent à des langues ou des groupes de langues parlées au sein d'ensembles bien plus vastes avec lesquels l'Égypte a entretenu des relations historiques.
Ce bref article présente les sources disponibles sur ces trois langues en Égypte, abordées soit du point de vue de la description des systèmes linguistiques, soit du point de vue de leur usage et maintien.
On remarquera que les sources relatives au nubien sont, de loin, les plus nombreuses, ce qui s'explique à la fois par le poids démographique relativement plus important des Nubiens et par l'intérêt dont ils font l'objet suite à la campagne archéologique de Nubie et à leur déplacement. A l'inverse, les sources sur le beja en Égypte sont quasiment inexistantes du fait que les membres de ce groupe vivent principalement au Soudan.
Chaque groupe représente une situation sociolinguistique spécifique. Les berbères de Siwa constituent une entité linguistique et ethnique associée à un espace géographique bien délimité, celui de l'oasis.Les Nubiens, qui vivaient également dans un espace relativement clos, ont été déplacés et représentent maintenant une communauté en grande partie coupée de son lieu d'origine. Les Bishariyyîn, forment une petite communauté spécialisée dans le commerce avec le Soudan. L'absence de références ethniques ou linguistiques dans lès recensements égyptiens depuis 1897 rend difficile les tentatives d'estimation démographique de ces groupes.

Le nubien
Selon la classification de Greenberg et Bender, les langues nubiennes appartiennent à la branche soudanaise orientale de la famille nilo-saharienne et sont divisées en cinq groupes : nubien nilotique (Nile Nubian), nubien du Kordofan (Kordofanian or Hill Nubian), meidob, birgid, haraza.
En dehors du groupe nubien nilotique qui s'étend entre le nord du Soudan et l'Égypte 1, les autres langues nubiennes sont parlées exclusivement dans l'ouest du Soudan et deux langues sont considérées comme mortes depuis une trentaine d'années : le birgid et le haraza.
Le groupe nubien nilotique parte en Égypte est divisé en deux sous-groupes ; le mahas-fadicca, appelé aussi nobiin par les linguistes (Mitwalli Badr, 1955 ; Bell, 1974 ; Werher, 1987), et le kenzi-dongolawi.
La relation entre le mahas-fadicca et le kenzi-dongolawi demeure sujet à controverse : s'agit-il de deux groupes dialectaux ou de deux groupes de langues ? Les études linguistiques récentes (cf. Becchaus-Gerst, 1983 ; Jakobi & Kummerle, 1993) privilégient plutôt l'hypothèse de groupes de langue, mais les locuteurs nubiens (Rouchdy, 1991) ont plutôt tendance à les considérer comme des groupes dialectaux, bien que mutuellement non intelligibles.
La distinction, entre dialectes et langues reposant autant, si ce n'est plus, sur des facteurs extra-linguistiques (en particulier, décisions politiques, mouvements de conscience nationale, etc.) que linguistiques, nous emploieront ici des termes plus génériques, comme « parlers » ou « variétés ».
En Égypte, les locuteurs nubiens sont les Kenzi et les Fadicca 2.Le parler kenzi est appelé matoki par ses locuteurs. Avant l'établissement du haut barrageen1964, les Kenzi occupaient la partie nord de la Nubie égyptienne (17 villages) et les Fadicca la partie sud (18 villages).
Avec la construction du haut barrage, les Nubiens égyptiens ont été relogés dans la province d'Aswan (Kom-Ombo, Madinat Nasr). Les villages ont conservé leur ancien nom et l'ancienne capitale, Ennaba,a étédéplacée à Madinat Nasr. L'ancienne Nubie s'étendaitle long du Nil sur 350 km, la nouvelle Nubie égyptienne s'étend sur 60 km à une distance de 3 à 10 km du Nil (Rouchdy, 1980).
En dehors du groupe nubien nilotique qui s'étend entre le nord du Soudan et l'Égypte 1, les autres langues nubiennes sont parlées exclusivement dans l'ouest du Soudan et deux langues sont considérées comme mortes depuis une trentaine d'années : le birgid et le haraza.
Le groupe nubien nilotique parte en Égypte est divisé en deux sous-groupes ; le mahas-fadicca, appelé aussi nobiin par les linguistes (Mitwalli Badr, 1955 ; Bell, 1974 ; Werher, 1987), et le kenzi-dongolawi.
La relation entre le mahas-fadicca et le kenzi-dongolawi demeure sujet à controverse : s'agit-il de deux groupes dialectaux ou de deux groupes de langues ? Les études linguistiques récentes (cf. Becchaus-Gerst, 1983 ; Jakobi & Kummerle, 1993) privilégient plutôt l'hypothèse de groupes de langue, mais les locuteurs nubiens (Rouchdy, 1991) ont plutôt tendance à les considérer comme des groupes dialectaux, bien que mutuellement non intelligibles.
La distinction, entre dialectes et langues reposant autant, si ce n'est plus, sur des facteurs extra-linguistiques (en particulier, décisions politiques, mouvements de conscience nationale, etc.) que linguistiques, nous emploieront ici des termes plus génériques, comme « parlers » ou « variétés ».
En Égypte, les locuteurs nubiens sont les Kenzi et les Fadicca 2.Le parler kenzi est appelé matoki par ses locuteurs. Avant l'établissement du haut barrageen1964, les Kenzi occupaient la partie nord de la Nubie égyptienne (17 villages) et les Fadicca la partie sud (18 villages).
Avec la construction du haut barrage, les Nubiens égyptiens ont été relogés dans la province d'Aswan (Kom-Ombo, Madinat Nasr). Les villages ont conservé leur ancien nom et l'ancienne capitale, Ennaba,a étédéplacée à Madinat Nasr. L'ancienne Nubie s'étendaitle long du Nil sur 350 km, la nouvelle Nubie égyptienne s'étend sur 60 km à une distance de 3 à 10 km du Nil (Rouchdy, 1980).

Sources linguistiques
Les études linguistiques portant sur les langues nubiennes sont relativement nombreuses et présentent des descriptions grammaticales (phonologie/morphologie, syntaxe, lexique). Certaines essaient d'établir une gloto-chronologie (Becchaus-Gerst, 1983 ; Thelwall, 1982) qui permettrait de définir à quel moment les différentes langues nubiennes se sont autonomisées, question pertinente pour étudier l'histoire des migrations et du peuplement etle lien entre les différentes langues nubiennes.
Les parlers nubiens, en particulier nilotiques, sont donc relativement bien connus, mais la répartition dialectale demeure incertaine. Becchaus-Gerst (1983) et surtout Jakobi & Kùmmerle (1993) incluent dans leurs travaux des bibliographies exhaustives (pour le nubien nilotique, voir en particulier Armbruster, 1960 & 1965 ; Bell, 1970 ; Junker& Schafer, 1921; Massenbach, 1933 & 1962 ; Mitwalli Badr, 1955 ; Schafer, 1917 ; Wemer, 1987).
Les Nubiens et les parlers nubiens en Égypte
50 000 Nubiens ont été déplacés par le gouvernement égyptien en 1964, et Geiser estimait à 170 000 le nombre de Nubiens vivant en Égypte en 1970 3. Le nombre de personnes parlant le nubien comme langue maternelle ou langue seconde est inconnu, puisque les recensements égyptiens n'incluent pas de questions sur la langue maternelle.
A notre connaissance, les références sur la situation sociolinguistique des nubiens égyptiens sont Fernea (1964), Rouchdy (1980,1989a & b, 1991) et Fernea & Rouchdy (1987).
La construction du haut-barrage en 1964 et le déplacement de la population a provoqué un changement considérable dans le mode de vie des Nubiens : ceux-ci sont passés d'une région relativement isolée et ethniquement homogène à des villages proches de centres urbains où ils se sont trouvés en contact avec d'autres communautés, principalement originaires de Haute-Égypte.
Les changements socioculturels consécutifs à ce déplacement s'accompagnent en contrepartie d'un mouvement de prise de conscience identitaire.
La date de 1964 sera donc considérée comme date butoir, même si les processus dont il est question s'inscrivent dans une plus longue durée.

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