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Dihya, la guerrière amazighe qui mena la politique de la terre brûlée

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  • Dihya, la guerrière amazighe qui mena la politique de la terre brûlée

    Dihya, la guerrière amazighe qui mena la politique de la terre brûlée

    Yabladi

    A la fin du VIIe siècle de notre ère, une cheffe amazighe appelée Dihya réussit à fédérer autour d’elle les tribus d’Afrique du Nord, chassant en majeure partie les armées arabo-musulmanes. Elle constitua un véritable bastion infranchissable, jusqu’à l’envoi d’une armée puissante par le calife omeyyade Abd Al-Malik (685 – 705).

    Au cœur de l’Afrique du Nord dans la moitié du VIIe siècle, le roi Axel (dit Kusayla) régnait en maître et en gardien des lieux. Il menait des guerres sanglantes contre les tribus arabo-musulmanes menées par Oqba Ibn Nafii, qu’il réussit à éliminer sur le champ d’une bataille ultime.
    Les musulmans ripostèrent avec force en 686, lorsqu’ils tuèrent le chef militaire amazigh, auquel succéda une femme pour la première fois. C’était Dihya, plus connue par son surnom de La Kahena.
    Dans ses ouvrages, notamment «Al-Maghrib fī dhikr bilād Ifrīqīyah wa-al-Maghrib : wa-huwa juzʼ min kitāb al-Masālik wa-al-mamāli», le savant andalous Al-Bakri expliqua en effet que «La Kahena était le surnom cette cheffe de tribu amazighe, que les arabes nommèrent ainsi pour son esprit stratège, bien qu’elle s’appellait en réalité Dihya».



    La femme qui succéda à Kuseyla
    Dans «Le Livre des exemples», Ibn Khaldoun écrivit à propos de cette guerrière pugnace qu’«elle se distinguait par son savoir riche, mais aussi par ses pouvoirs de voyance et de prédiction de l’avenir de son peuple, ce qui lui valut de prendre le trône». Ainsi, Dihya succéda au chef de la résistance amazighe en Afrique du Nord, menant des guerres sans merci contre les Romains, les Byzantins et les Arabes.
    «A l’issue de leur guère et de la mort de Kusayla, les Berbères revinrent à La Kahena dans son bastion dans le Mont Aourâs, rejoints par les Beni Yefren, les Zénètes et les tribus venues de l’Ifriqiya, entre autres. Elle les accueillit chaleureusement et réussit, avec eux, à combattre les musulmans une bonne fois pour toutes. Elle les suivit en effet jusqu’à réussir à les chasser de l’Ifriqiya.»
    Le livre des exemples, Ibn Khaldoun

    Après avoir vaincu l’empire de Rome, elle unifia les tribus amazighes autour d’elle, mais continua à mener des batailles féroces contre les armées arabes, qu’elle attaqua et expulsa de la majorité des régions nord-africaines. La Kahena combina l’intelligence et la bravoure à la beauté saisissante, devenant ainsi la guide et la gestionnaire de la vie publique des amazighs en Afrique du Nord pendant des années.
    Al-Bakri le rapporta dans son ouvrage : «[Dihya] gouverna les tribus amazighes et attaqua les armées islamiques en 688, en menant l’offensive contre l’armée de Hassane Ibn Numan al-Ghassani. Elle le força à se retirer à Tripoli, en brûlant champs et villages en entier afin de faire partir [les Arabes].»
    Une cheffe de guerre intraitable envers ses ennemis
    Sur le terrain, La Kahena fit prisonnier plus de 80 hommes de Hassane, mais elle les traita humainement et en adopta même l’un des jeunes, qu’elle hébergea dans son palais. Cependant, elle resta sur ses gardes. Malgré la défaite des musulmans, la guerrière était certaine de leur retour et pressentait une attaque contre son royaume. Elle décida donc de mener une politique de la terre brûlée. En d’autres termes, elle dissuada les armées ennemies en incendiant les forteresses, les terres agricoles et même les forêts.
    «Après Hassane, La Kahena eut pour elle tout le Maghreb, durant cinq années. Elle s’adressa à son peuple en lui expliquant que les Arabes convoitaient tout ce que les terres de l’Ifriqiya avaient de plus précieux. Elle leur ordonna ainsi de brûler tous les champs, à détruire tout ce qui pouvait servir à accroître les richesses et à dévaster toutes les forêts, jusqu’à faire perdre espoirs aux Arabes, qu’elle obligea ainsi à battre en retraite.»
    Kitab al bayan al mugrib – Histoire de l’Afrique du Nord et de l’Espagne, Ibn Îdhari

    Quelques années plus tard, Hassane Ibn Numan décida de retenter une offensive en Afrique du Nord, aidé par les califes omeyyades qui lui envoyèrent du renfort, en matière d’équipement militaire et de ressources humaines engagée contre le bastion de La Kahena. La bataille fut en effet ultime pour la vie de la guerrière amazighe.
    Il y eut tellement de morts que les populations crurent à une apocalypse, selon le récit de Abdelhamid Hocein Hammouda dans «Histoire du Maroc de la période islamique depuis la Conquête jusqu’à la création de l’empire fatimide»,
    Dihya mourut sur le champ de cette guerre. D’après Ibn Khaldoun, sa tête fut acheminée jusqu’à Bagdad, tandis que deux de ses fils rejoignirent l’armée musulmane. Le courage et la bravoure de La Kahena, eux, la rendirent immortelle, l’érigeant au rang d’héroïne dans la civilisation amazighe.

  • #2
    Les ruines de Thouda, forteresse de Dihya, sont à 10 kms de Biskra.
    ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément

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    • #3
      la pertinente analyse et récit de l'éminent Ahmed Assid sur La reine Dihya. Pour lui, c'est est une figure forte qui a résisté à l'invasion arabe de l'Afrique du Nord aux côtés d'Aksel - Koussaila - c'est l'une des plus grands symboles de résistance amazigh de l'histoire .
      Les Arabes l'ont qualifiée de prêtresse et de sorcière pour alléger la défaite militaire et ont également écrit dans leurs récits à destination du calife omeyyade qu'elle commandait les djinns pour justifier leur défaite.


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      • #4
        @Bachi

        Tahūda est le lieu où fut tué 3oqba b. Nāfi3 dans une ambuscade du chef berbère Koçeila. Ce n'est pas en rapport avec la Kāhina qui apparut une dizaine d'années après cela.
        "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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        • #5
          la Kahena a une curieuse ressemblance avec la somptueuse Eva Green..
          ارحم من في الارض يرحمك من في السماء
          On se fatigue de voir la bêtise triompher sans combat.(Albert Camus)

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          • #6
            Harrachi
            @Bachi
            Tahūda est le lieu où fut tué 3oqba b. Nāfi3 dans une ambuscade du chef berbère Koçeila. Ce n'est pas en rapport avec la Kāhina qui apparut une dizaine d'années après cela.
            Donc, les ruines sont celles de la forteresse de Koceila et non Dihiya...

            Je les ai visitées. Ce n'est pas grand chose comme forteresse. Ca ressemble plus à un pâté de maisonnées.
            ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément

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            • #7
              @Bachi

              Non, il ne s'agit pas de ruines d'une forteresse du 7e siècle. Ca doit être les restes d'un village relativement récent que tu as visité.

              Sinon, à la base, Tāhuda n'était pas le site d'une forteresse de Kuçaila. C'est juste l'endroit où eut lieu l'ambuscade. L'affrontement y opposa une troupe de coalisés Berbères et Byzantins d'un côté et le détachement arabe que menait 3oqba lors de son retour vers al-Qayrawān après une campagne à l'Ouest du Maghreb.
              Dernière modification par Harrachi78, 24 février 2020, 19h15.
              "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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              • #8
                Harrachi78 : Tahūda est le lieu où fut tué 3oqba b.
                Ah bon !

                Je pensais que c'était Taroudent.
                La guerre c'est le massacre entre gens qui ne se connaissent pas au profit de gens qui se connaissent mais qui ne se massacrent pas.

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                • #9
                  @Sekrouf

                  J'ignore si ca a un autre nom. Les sources arabes parlent de Tāhuda.
                  "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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                  • #10
                    Harrachi

                    Si ma mémoire est bonne, c'est Ben Khaldoun qui a cité cette commune de Biskra où Okba fut tué par Kuceila ou Aksil comme certains préfèrent l'appeler.
                    La guerre c'est le massacre entre gens qui ne se connaissent pas au profit de gens qui se connaissent mais qui ne se massacrent pas.

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                    • #11
                      Oui, T'houda, à 10 kms de Biskra tout près de Sidi Okba.
                      Sidi Okba est la ville oû il y a le tombeau de Ibn Nafa3...

                      T'houdi est proche de Mzir3a aussi, c'est une région chaouie
                      ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément

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                      • #12
                        @Serkouf

                        Honnêtement, je n'ai plus souvenir des sources exactes. Mais le lieu est lié a la mémoire de 3oqba depuis toujours et son tombeau y a toujours été connu. La tradition est donc antérieure a l'époque d'Ibn-Khaldūn (13e-14e siècle).
                        "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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                        • #13
                          Je pensais que c'était Taroudent.
                          la légende veut qu'il effectua un raid sur Taroudent (au Maroc) avant de s'arrêter au pied de l'océan puis il reparti vers l'Est après avoir razziė le pays ,il scinda son armé et prenant la voie des hauts plateaux ,il mourut à Tahuda (qui existait déjà à l'époque romano africaine) dans une bataille contre Aksal et une coalition de Grecs et de berbères..
                          difficile de démêler le vrai du mythe ,les sources historiques sont rares et les plus anciennes sont tardives et datent du IX ėme siècle près de 200 ans après le déroulement des faits,quand ce n'est pas sous la plume d'ibn khaldoun au XIV ėme siècle , il.ya beaucoups de légendes qui entourent tous les acteurs de cette période ,compris Dihya tadmait et Aksal.
                          Dernière modification par xenon, 24 février 2020, 20h48.
                          ارحم من في الارض يرحمك من في السماء
                          On se fatigue de voir la bêtise triompher sans combat.(Albert Camus)

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                          • #14
                            Merci de ces précisions Harrachi et xenon
                            La guerre c'est le massacre entre gens qui ne se connaissent pas au profit de gens qui se connaissent mais qui ne se massacrent pas.

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                            • #15
                              Pas de quoi mon ami..
                              ارحم من في الارض يرحمك من في السماء
                              On se fatigue de voir la bêtise triompher sans combat.(Albert Camus)

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