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Histoire de l'Algérie médiévale - le 11e siècle après. J.-C.

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  • Histoire de l'Algérie médiévale - le 11e siècle après. J.-C.

    Au topic précédent, nous nous étions arrêtés en l'an 996, quelques 25 ans après la fondation de l'Etat Zirīde au Maghreb et à l'avènement du 3e Emir de la dynastie, Nāçir a-Dawla Abū-Mannād Bādis b. Al-Mançūr b. Bulkīn.

    Le domaine sous le pouvoir des Sanhāja était alors à son extension maximale, s'étendant en gros de la Tripolitaine à l'E. jusqu'au N. du Maroc que leur disputaient sans cesse les Omeyyades d'Andalus par le biais de diverses confédérations Zanāta :



    ... /...
    "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

  • #2
    1. Règne de Bādis b. al-Mançūr (996-1015) :

    Les toutes premières années sous Bādis furent tranquilles. En 997, il confirme son oncle Yattufāt b. Bulkīn dans le gouvernement de Tāhert et de l'O., et nomme un autre oncle, Hammād b. Bulkīn comme gouverneur du Maghreb Central à Achīr, tandis que lui-même ira s'établir à Qayrawān, chose que ses prédécesseurs avaient évité de faire jusque-là, préférant rester à Achīr, domaine propre de la famille, et déleguer le pouvoir en Ifrīqiyya à des hauts fonctionnaires, car ils souhaitent rester loins de la métropole maghrébine, infestée d'agent des Fatimides qui y gardèrent beaucoup de fidèles après leur migration vers l'Egypte en 972. D'un autre côté, l'alliance avec la partie de Zanāta qui s'étaient ralliée aux Zirides quelques années auparavant fut maintenue, et ainsi c'est Fulful b. Khazrūn qui succède à son père comme gouverneur de Tobna dans le Zāb.

    Pendant ce temps, au Maghreb Extrême, les Zanāta hostiles ceux de Zīri b. 3attiyya al-Maghrāwi, s'étaient rendus maîtres de Fès au Maroc. Mais, comme d'habitude ils se brouillent vite avec leurs alliés Omeyyades et ceux-ci parviennent à les chasser en 998, et ainsi Fès et le N. du Maroc échappent de nouveau au pouvoir Zirīde. Les Maghrāwa reviennent alors dans l'O. de l'Algérie où Zīri b. 3attiyya va menacer directement Tāhert. Le gouverneur Yattufāt demande l'appui de son Emir, et celui-ci ne tarde pas à mobiliser une armée qu'il confie à son ministre Mohamed b. Abī-l-Arab qui marche vers l'O. et fait sa jonction avec Hammād b. Bulkīn à Achīr. Les forces de Sanhāja attaquent les Maghrāwa dans un lieu-dit Amaçar près de Tāhert, mais les Zanāta son victorieux et prennent la vielle cité, et ainsi c'est tout l'O. de l'Algérie qui échappe maintenant au pouvoir Zirīde. La situation devenait critique et l'Emir Bādis prend alors personnellement la tête d'une nouvelle armée et part rejoindre ses deux oncles et son ministre qui s'étaient retirés à Achīr après la débâcle. En même remps, tirant profit de la situation, Fulful b. Khazrūn a-Zanāti se rebelle dans le Zāb, mais Bādis préfère poursuivre son chemin vers l'O. pour le moment. Aussitôt l'armée Ziride apparue près de Tāhert, le chef des Maghrāwa évite l'affrontement et évacue la ville. Bādis y entre donc sans combat, nomme gouverneur son cousin Ayyūb b. Yattufāt et revient aussitôt vers Achīr qu'il confie cette-fois à Yattufāt. De là, il envoie une partie de l'armée sous Abū-Za3bal b. Hishām (ancien affranchi et fidèle de son père et jusque-là gouverneur de Constantine et du Pays de Kutāma) pour régler son compte au félon Fulful b. Khazrūn dans le Zāb.

    En 999, Les choses avaient l'air de rentrer dans l'ordre au Maghreb Central, et Bādis décide alors de rentrer à Qayrawān. A ce moment, certains membres du clan, les oncles de son père en l'occurrence (c'est à dire les fils du grand Zīri b. Mannād qui avait, à ce qu'on raconte, pondu près d'une centaine de rejetons durant sa longue vie), demandent à rester à Achīr sous divers alibis. Malgré certaines suspicions, Bādis accède à leur demande et prend la route vers l'E. On ne sait pas pour quelles raisons exactement, mais les grands-oncles en question (Māksan, Jalāl, Maghnīn, 3azm et Zāwi) avaient effectivement ourdi un complot et, à peine l'armée Zirīde est-elle arrivée à Msila, on apprend que les conjurés s'étaient rebellés à Achīr contre leur neveu Yattufāt, et que celui-ci ne parvint que difficilement à échapper au traquenard. Pendant ce temps, Abū-Za3bal s'était fait avoir dans le Zāb par Fulful b. Khazrūn qui menaçait maintenant l'Ifrīqiyya. Bādis était donc pris entre le feu de ses grands-oncles à l'O. et celui des Zanāta à l'E., mais on lr disait homme résolu et réfléchi : il garde la tête froide, charge son oncle Hammād est de faire face au problème familial à l'O. avec les moyens locaux, tandis que lui-même allait se charger de mater les rebelles Zanāta à l'E.

    La campagne dans l'E. algérien se déroule plutôt bien : Bādis poursuit d'abord Fulful jusqu'à Belezma (près de Sétif), ensuite vers Baghaïa (au pied des Aurès) où il finit par le vaincre, laissant quelques 9.000 guerriers Zanāta morts sur le champs de bataille. Par-contre, à l'O. la situation s'avera compliquée car les Maghrāwa avaient saisis l'occasion des troubles pour marcher sur Achīr après avoir pris Ténès. Zīri b. 3attiyya al-Maghrāwi obtient alors la soumission des grands-oncles du Zirīde : leur père, ennemi juré des Zanāta de son vivant, devait alors se retourner dans sa tombe. Juste avant cela, Hammād avait bien réussi à leur reprendre Achīr, mais il retrouva aussitôt assiégé par les forces combinées des Maghrāwa et de ses oncles rebelles.

    La situation va perdurer ainsi durant plus d'une année. L'an 1000 de l'ère chrétienne s'annonçait sonc de très mauvaise augure pour les Sanhāja et pour le pouvoir Ziride au Maghreb Central ...

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    Dernière modification par Harrachi78, 10 janvier 2023, 12h20.
    "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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    • #3
      2. L'émergence de Hammād au Maghreb Central (1000-1007) :

      Pourtant, à partir de l'an 1000, la situation commencera peu à peu à se décanter. Dans un premier temps, les Zanāta dans le Zāb se reprennent après la cuisante défaite de l'année précédente, et on vois alors Fulful b. Khazrūn assiéger Tébessa et se rapprocher dangereusement de l'Ifrīqiyya. L'Emir Bādis reprend donc la guerre et repousse les nomades Zanāta encore une fois. Il poursuit ensuite sa marche vers l'O. jusqu'à Achīr, ce qui pousse les Maghrāwa à enfin lever leur siège et à se retirer vers l'O. de l'Algérie. Leur increvable chef, Zīri b. 3attiyy, meurt alors de maladie dans la Vallée du Chéliff, et même si fils al-Mu3izz lui succède aussitôt à leur tête, il leur faudra un peu de temps pour s'organiser de nouveau. Pendant ce temps, le clan des grands-oncles de Bādis se fissure, et certains d'entre eux se soumettent et obtiennent son pardon. L'Emir confie de nouveau à son oncle Hammād les opérations à l'O. et se remet lui-même à pourchasser Fulful b. Khazrūn dans le Zāb : il le suit à la trace jusqu'à Biskra où il fuit vers le désert avec son peuple, suite à quoi Bādis rentre à Qayrawān.

      De son côté, Hammād poursuivra la guerre depuis Achīr et, en 1001, il parvient enfin à vaincre son oncle Māksen, le chef des conjurés. Sans aucune pitié, lui et ses trois fils seront jetés aux chiens qui les dévorent, tandis que le dérnier des oncles rebelles, Zāwi b. Zīri, parvient à s'échapper et se barricade avec les sien sur le Djebel Chenoua, entre Cherchell et Tipasa. Il attend là un secours de son allié Omeyyade, et il arrive effectivement à passer en Andalus l'année suivante : il reçoit un acceuill chaleureux à Cordoue, et obtient le gouvernement de la province d'Elvira et de Grenade où va se fonder une dynastie Zirīde locale qui va durer plus d'un siècle. Sinon, la situation au Maghreb Central était désormais sous contrôle, grâce à la loyauté de Hammād b. Bulkīn envers son neveu.

      En 1002, l'insaisissable Fulful b. Khazrūn al-Zanāti apparaît de nouveau ... à Tripoli en Libye ! L'Emir Bādis fait alors appel à Hammād qui parvient à le tenir à l'écart de la ville un moment, mais sans pour autant l'éliminer ou le capturer. Il restera donc ainsi planté, comme une épine dans le pied de Bādis. De l'autre côté du pays, la situation à l'O. restera calme jusqu'en 1004, lorsque al-Mu3izz b. Zīri b. 3attiyya et ses Maghrāwa, appuyés cette fois par leurs cousins Bani Yfrān, partent une nouvelle fois à l'assaut du Maghreb Central. Ils atteignent Achīr et poussent jusqu'à Msila. Dépité de ces increvables Zanāta , Bādis confie à nouveau le commandement des opérations à Hammād, mais cette fois-ci avec des conditions particulières : l'oncle obtient les pleins pouvoirs sur le Zāb et le Maghreb Central, avec engagement écrit de l'Emir de n'être plus jamais rappelé par lui à Qayrawān ni relevé de son commandement. Hammād revient donc au Maghreb Central et parvient à repousser les deux confédérations Zanāta vers l'O. al-Mu3izz b. Zīri al-Maghrāwi se tourne alors vers le Maghreb Extrême où il parvient à enlever Fès, avant de sceller une entente avec les Omeyyades de Cordoue qui lui abandonnent le N. du Maroc en 1006.

      Hammād b. Bulkīn était alors retourné à Achīr, d'où il commence à organiser le domaine qui lui avait cédé Bādis en principauté quasi autonome. Ainsi, en l'an 1007, il décide de concrétiser son nouveau statut princier par la construction d'une toute nouvelle ville-fortresse ... sa Qal3a.

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      Dernière modification par Harrachi78, 10 janvier 2023, 12h35.
      "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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      • #4
        Salut Harrachi , toujours passionnant.
        Yess bientôt tu vas arriver à Bejaia...ansuf yessek ( mrahba bik le Hilalien)
        وألعن من لم يماشي الزمان ،و يقنع بالعيش عيش الحجر

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        • #5
          HADJRESS

          Euh ... Il reste encore 60 ans à parcourir avant d'arriver à Béjaïa, oui ... lol

          On va d'abord faire un petit topo sur la Qal3a, son aînée, ensuite il faudra clarifier un peu l'épisode hilalien puisque, in fine, c'est essentiellement à cause d'eux que la Qal3a va être par la suite délaissée pour Béjaïa ... Maçā'ibu qawmin 3inda qawmin fawā'idu ... Héhéhéhé
          "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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          • #6
            Le hilalien veut dire arabe?????
            même l'histoire est percutée par l'animosité
            Wallah wallah
            Gone with the Wind.........

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            • #7
              Harrachi, pour un peu moins d'un siècle , puis ça sera au profit d'ALMOWAHIDDINE ( 3indama tInzil el musiba aala banu hammad)
              Les Hilaliens seront un temps alliés d'el hammadyine pour repousser les Ifrenides à Tlemcen ?
              وألعن من لم يماشي الزمان ،و يقنع بالعيش عيش الحجر

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              • #8
                3. La Qal3a de Hammād (1007) :

                A cette époque, la fondation d'une nouvelle cité était l'acte princier par excellence. Le projet de Hammād obeissait donc clairement à une volonté politique. Mais, ca répondait aussi à certains impératifs stratégiques.

                Ainsi, comme pour la fondation d'Achīr par son grand-père Zīri quelques 70 ans auparavant, la position recherchée par Hammād se voulait plus centrale dans son domaine, d'où le choix du Hodna qui se situait à cheval entre le Zāb (E. de l'Algérie) et le Titteri (Centre de l'Algérie) qui était encore le cœur du peuple Sanhāja. Le site n'était pas inconnu, puisqu'il s'agit d'une ancienne fortresse, adossée au Mt Takerboust dans le massif du Djebel el-Maddid, à une quarantaine de km au N.-E. de Msila. Ça s'appelait jadis Qal3at Kiyāna, et c'est exactement à cet endroit que fut vaincu le rebelle Kharrijite Abū-Yazīd, 60 ans plus tôt, par le Calife Fatimide al-Mançūr lors d'une campagne où Zīri b. Mannād et les Sanhāja avaient joué un rôle majeur. Sinon, la nouvelle cité fut en gros en réédition pure et simple du plan d'Achīr, en plus grand et en plus riche. Pour peupler sa nouvelle ville, Hammād déporta des milliers d'habitants de Msila et de Bordj-Hamza (Bouira), sans compter son armée et ses contribues de Sanhāja.

                Le site en lui-même est en partie perdu car la ville fut totalement désertée deux siècles plus tard, mais l'archéologie permet tout de même de restituer une partie conséquente de sa physionomie originelle, et notamment l'enceinte qui mesure plus de 7 km, ainsi que les principaux bâtiments publiques qui remontent à l'époque de la fondation par Hammād, tel qu'on peut le voir sur cette maquette :


                Lorsqu'on regarde l'ensemble de près, on se rend compte que, hormis la parenté évidente avec Achīr, le plan de la citadelle de Hammād et ressemble presque trait pour trait à la physionomie d'Alger, la mer en moins ... lol


                a) La Grande Mosquée :




                Le plan génenéral de la Grande Mosquée de Hammād est classique, et il semble reprendre celui de la Grande mosquée de Qayrawān, en moindres proportions. On note aussi l'apparition de la maqçūra, espace cloisonné où priait le prince et ses proches pour des raisons de sécurité, chose qui n'existait pas avant dans les mosquées, mais qui devient de plus en plus courante dans les grandes mosquées de cette époque.



                ​​Par-contre, le minaret constitue une nouveauté par rapport à l'art farimide et ziride qui était en vigueur jusque-là. Cette forme carrée, semble être une influence directe de l'art ommeyyade d'Espagne, car le tout premier modèle qui répond totalement à ce canon fut celui de la Grande Mosquée de Cordoue construit dans les années 950, comme évolution de celui de Qayrawān qui le précède de plus d'un siècle. Celui de la Qal3a marque donc une étape majeure dans la constitution d'une architecture de l'Occident musulman, car ça deviendra après cela le modèle typique du minaret au Maghreb et en Andalus. Il est à noter ici que, jusqu'à cette époque, les mosquées du monde musulman, Maghreb compris, n'étaient pas systématiquement dotées de minarets. Il s'agissait plutôt d'un privilège pour les édifices de grande importance. Il faudra attendre le siècle suivant pour que cet élément devienne standard.


                b) Les palais :

                Les sources êvoquent aussi 7 palais à la Qal3a. Les archéologues en ont identifié trois seulement, et ils affichent déjà un grand degrés de richesse et de raffinement. Il y a particulièrement le complexe situé au centre de la cité, et qui regroupait Qaçr al-Bahr (Palais du Bassin, "a" sur le plan) et ce qui est appelé Palais Supérieur ("b" sur le plan) :



                Le Palais Supérieur, ressemble pour beaucoup à celui d'Achīr et partage même ses proportions, mais avec un plan plus élaboré :



                Quant au Palais du Bassin, il est encore plus impressionnant par sa taille et surtout par l'immense piscine en son centre :




                Il reste aussi des vestiges massifs de ce qui était appelé Bordj al-Fanār, adossé sur le côté E. des remparts, et qui servait apparemment de citadelle, de prison ou de trésor princier :




                c) La déco :

                Pour ce qui est de la décoration et de l'ornementation de ces bâtiments, on a retrouvé les traces d'un art très raffiné, essentiellement d'inspiration orientale, et tout particulièrement les revêtements muraux en céramique (zellīj) qui commence à prendre un grand essor à cette époque :





                Le travail du plâtre était très présent aussi, comme cette jolie rosace qui faisait partie d'une frise dans le Palais du Bassin, de même que les restes du panneau plus bas :




                En guise de motifs artistiques, il y avait du lion un peu partout dans le décor, comme sur cet ustensile en céramique d'un style très fatimide :



                Ou dans la sculpture sur pierre, comme cet autre lion, en marbre gris, qui ornait un segment d'arc de porte dans un des palais de Hammād :



                Ou encore celui-ci, en pierre ocre, qui sevait de bouche à une fontaine d'eau :



                Il y avait aussi du beau travail d'orfèvrerie, comme cet oiseau stylisé en métal qui devait servir de poignée à quelque chose :



                Ou ce truc en cuivre qui devait apparemment servir d'étalon-poids (mithqāl) aux supervseurs (muhtasib) des marchés de la ville :



                ...

                Nous allons en rester là concernant la Qal3a de Hammād, cet aperçu devant normalement suffire à donner un bref aperçu sur les goûts esthétique de nos ancêtres d'il y a mille ans et des broutilles, et en même temps sur le niveau de développement des arts et de l'artisanat au Maghreb Central en ce début du 11e siècle apr. J.-C.

                Revenons donc au fil de nos affaires politiques ...

                ... /...
                Dernière modification par Harrachi78, 13 janvier 2023, 01h48.
                "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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                • #9
                  4. La Guerre des Deux Zirīdes (1007-1016) :

                  Les travaux de construction de la Qal3a occuperont Hammād quelques trois années, de 1007 à 1010, et les quelques années annés qui suivent l'inauguration seront calmes et paisibles à peu près dans tout le Maghreb. Bādis resta fidèle à l'accord conclu avec son oncle et n'interfèra à aucun moment dans la gestion du domaine qu'il lui avait accordé en 1006. L'Emir ziride se consacra totalement à l'Ifrīqiyya et se contenta de l'allégeance formelle de son oncle pour le Maghreb Central. Mais, le temps passant, les conditions qui avaient conduis à cet accord deviennent de moins en moins pertinentes et des voix commencent à s'élever parmi les membres de la famille qui étaient établis à la cour de Qayrawān sur cette indépendance de fait de Hammād dans son domaine. Bādis ne fut pas insensible à ces protestations, mais il évita longtemps de remettre en cause le statut quo qui va durer près d'une décennie.

                  En 1015, Bādis avait 31 ans et il décide d'assurer sa succession en désignant un de ses fils, âgé d'à peine 8 ans, comme prince héritier. Il exige alors de son oncle qu'il cède le Constantinois au jeune prince, arguant du besoin de le former au gouvernement par l'octroi d'une province. Hammād refuse net, offrant ainsi l'alibi tant attendu à Qayrawān pour mettre fin à son pouvoir en toute légitimité, puisque son refus équivaut à un acte de désobéissance. La réaction fut trop rapide pour ne pas penser à un plan prémédité : une immense armée est mobilisée, et Bādis se met personnellement en marche vers le Maghreb Central. En réaction, Hammād répudie officiellement la bay3a au Calife Fatimide et laisse massacrer les Shiiītes sur ses terres, juste avant d'attaquer en Ifrīqiyya où il prend Béja. Le calcul ne manquait pas de malice car les dernières années avaient vu un net regain d'hostilité de la part des ulémas Mālikites de Qayrawān contre le Shiīsme qui demeurait la doctrine officielle de l'Etat Zirīde, et il escomptait ainsi mettre en difficulté son neveu en s'attirant la sympathie de la population qui était majoritairement sunnite. Mais, Bādis n'était pas idiot et s'était, de son côté, assuré un renversement auprès de nombreux alliés de Hammād, y compris parmi les clans de Talkāta et de Sanhāja dont il innonda les chefs d'argent et de promesses.

                  L'Emir Zirīde marche ainsi jusqu'à au Titteri et prend Achīr que Hammād avait confié à son frère Ibrāhim, forcé de fuire vers Hammād qui s'était lui-même retiré dans la région de Tāhart où il s'appuya sur les Zanāta Bani Tūjīn. Le choc entre les deux armées Sanhāja devait avoir lieu au pied du Djabal Jazūl (actuel Mt Guesoul) près du cours du Chéliff, mais Hammād ignorait que les deux chefs des Tūjīn, 3attiyya b. Dāflaten et Yaddār b. Luqmān, étaient déjà acquis par l'argent de Bādis, et c'est seulement au moment fatidique qu'il va se rendre compte de la trahison, lorsque 3.000 guerriers Zanāta tournent casaque au début de l'affrontement. Ce qui est appelé Bataille du Chéliff dans les sources tourne alors à la débandade pour Hammād b. Bulkīn : les contingents de Talkāta et de Sanhāja passent à leur tour vers le camps de Bādis et, à la fin de la journée, l'armée de Hammād se trouvait réduite aux 500 cavaliers de sa garde servile (3abīd). Se sachant perdu, il aurait tué ses femmes de ses propres mains pour éviter leur capture par l'ennemi, puis se tire avec ce qui lui restait d'hommes vers une place forte au N. de Tāhert, Qal3at Māghīla. Mais il est encore pourchassé par l'armée de Bādis, et ce n'est que par miracle qu'il parvient encore à s'échapper et regagner enfin sa Qal3a dans le Hodna où l'attendait son frère Ibrāhim. Quatre semaines plus tard, Bādis arrive à Msīla d'où il marche sur la Qal3a. Le siège de la fortresse va durer 6 mois pendant lesquels Hammād tentera vainement des ouvertures de paix avec son neveu. Ayant perdu tous ses alliés, son sort paraissait scellé car, aussi imprenable qu'elle puisse être, la Qal3a n'allait pas survivre éternellement à un tel siège, alors qu'aucun secours n'était attendu de nulle part. Hammād refusait néanmoins de se rendre et comptait bien mourir les armes à la main en défendant sa forteresse.

                  L'année 1016 commence ainsi dans le désespoir pour Hammād et ses hommes, et on peut imaginer la stupeur des défenseurs lorsque, un beau matin, il voient du haut des murailles le spectacle de l'immense armée Zirīde qui plie simplement bagage et qui se retire en bon ordre au loin ! La nouvelle leur parvient peu après : à peine agé de 33 ans et d'une santé qui pétait encore le feu la veille, l'Emir Bādis b. al-Mu3izz b. Bulkīn est mort paisiblement dans son sommeil durant la nuit ! Personne dans l'univers ne devait être plus chanceux, ce jour là, que le satané Hammād b. Bulkīn b. Zīri. Il voyait la veille sa tête sur un pic comme un vulgaire rebelle, il survivra finalement une décennie entière à son neveu et mourra tranquillement en souverain dans son royaume ... lol

                  ... /...
                  Dernière modification par Harrachi78, 14 janvier 2023, 10h00.
                  "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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                  • #10
                    5. Mise en place de l'État Hammādide (1016-1018) :

                    A la mort de Bādis devant les murs de la Qal3a de Hammād en 1016, les têtes du clan Zirīde décident donc de lever le siège et d'évacuer l'armée. La situation était délicate, car l'héritier du trône, al-Mu3izz, n'était encore qu'un enfant, et certains de ses oncles lorgnaient d'ores et déjà sur le pouvoir devenu soudainement à portée de main. Pendant ce temps, Hammād repart pour Achīr avec à peine, et prend la ville sans difficulté après que 7.000 cavaliers sanhājiens de Talqāta se rallient à lui. Il effectue ensuite une marche triomphale à travers le Maghreb Central, reprenant d'un seul trait tous les territoires qu'il avait perdu au cours des deux années précédentes. Retour à la case départ.

                    Mais, en 1017, la succession est reglée et le pouvoir d'al-Mu3izz définitivement sécurisé. Une nouvelle Zirīde toute fraiche est levée à Qayrawān et marche de nouveau vers l'O. avec le jeune Emir à sa tête. L'affrontement avec Hammād survient quelque temps plus tard à Baghaïa près des Aurès, et celui-ci est encore une fois vaincu. Blessé au combat, il parvient tout de même à s'échapper vers la Qal3a alors que son frère Ibrāhim est capturé. al-Mu3izz nomme alors son oncle Karāma b. al-Mançūr gouverneur de tout le Maghreb Central, mais évite de faire un nouveau siège de la Qal3a et rentre avec son armée à Qayrawān après un séjour à Sétif. Le statut quo fut donc maintenu.

                    En 1018, Hammād fait une proposition de paix en envoie son fils al-Qā'id à Qayrawān comme geste de bonne volonté. Les pourparlers aboutissent, et al-Mu3izz accepte finalement de reconnaître l'autorité de l'oncle de son père sur l'ensemble du Maghreb Central. En somme, al-Mu3izz b. Bādis, qui était le premier Emir Zirīde à naître en dehors d'Achīr, fut le dernier de la lignée à régner sur ce qui est aujourd'hui territoire algérien, et c'est ainsi que la situation de fait qui était en vigueur depuis 1004 devient une situation de droit. C'est donc l'acte de naissance officielle de l'Etat Hammādide au Maghreb Central, tandis que l'Etat Zirīde va désormais se limiter à l'Ifrīqiyya et concernera essentiellement l'histoire de la Tunisie :




                    6. Règne de Hammād b. Bulkīn (1018-1029) :

                    Le domaine reconnu à Hammād, au termes de l'accord de 1018, s'étendait en gros depuis l'actuelle frontière tunisienne jusqu'à la région de Tāhert. Les territoires entre cette dérniere et la Moulouya, soit tout l'O. de l'Algérie était théoriquement sous son contrôle aussi, mais se trouvait de fait sous le pouvoir des grandes confédérations zenètes de Maghrāwa, Bani Yfrān et Meknāsa, et il le restera généralement au cours des années à venir. Achīr redevient donc le principal point d'appui des Sanhāja contre leurs éternels ennemis de Zanāta, comme elle l'était jadis son son père Bulkīn et son grand-père Zīri.

                    Pendant ce temps, la Qal3a poursuit son essor, mais Achīr reste aussi un centre important de la puissance Hammādide. De cette époque précisément que date cette stèle funéraire qui y fut retrouvée, et dont l'inscription, dans un style coufique des plus élégants, est encore partiellement lisible : "Au nom de Dieu, le Clément le Miséricordieux, que le salut soit sur Muhammad et sa famille … Ceci … le Tamimite mort le jour … quatre-cent-treize". L'année en question est 1022, et si le nom du défunt n'a malheureusement pas été conservé, sa nisba (al-Tamīmi) indique clairement l'origine du personage, ce qui donne une idée sur la diversité du peuplement de la vielle capitale de Zīri, pourtant en plein cœur du pays de Sanhāja.




                    Sinon, l'un des premiers actes souverains de Hammād après son indépendance officielle fut de nommer son fils al-Qā'id comme gouverneur d'une bonne partie de l'E. algérien : le Zāb, avec Tobna et Msīla ; le Pays de Zawāwa, avec Marsā a-Dajāj (act. Zemmouri) ; Maqqāra (act. Magra) ; le Pays de Dakkāma ; Belezma (S. de Sétif) et le Pays de Hamza (act. Bouira). La suite du règne sera tranquille, et la relation avec le petit-neveu Ziride des plus cordiales. L'alliance sera par la suite renforcer par le mariage, en 1024, du prince Abdallāh b. Hammād avec la soeur d'al-Mu3izz b. Bādis, Umm al-3uluww. En 1027, une rébellion éclate chez les Kutāma dans le Constantinois ; mais ça sera leur baroud d'honneur car, vaincus par Hammād, ils accepteront une paix définitive avec le pouvoir sanhājien et on n'entendra plus jamais parler d'eux après cela.

                    Aucun evenement particulier n'est signalé après cela, et Hammād meurt paisiblement lors d'un banal déplacement, à Tāmzart (act. Tazmalt) dans la Vallée de la Soumām, à peu près à mi-chemin sur la route entre la Qal3a et Béjaïa, tandis que son fils al-Qā'id lui succède en 1029 sans difficulté notable. Au final, la perséverence du petit-fils de Zīri b. Mannād aura valu un royaume à sa déscendance.

                    ... /...
                    Dernière modification par Harrachi78, 17 janvier 2023, 10h00.
                    "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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                    • #11
                      Bonjour C'est passionnant de lire et surtout connaître l'histoire de son pays
                      peux tu citer les auteurs de ces écrits Merci
                      Gone with the Wind.........

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                      • #12
                        Tiliwine

                        C'est une synthèse que je fais moi-même. Lorsqu'on sera arrivé à la fin de tout le cycle médiéval (un jour peut-être ... lol), j'essayerai de compiler une liste de sources et de références. C'est un boulot en soit ...
                        "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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                        • #13
                          7. Le règne d'al-Qā'id b. Hammād (1029-1054) :

                          Alors que son père avait passé plus de la moitié de sa vie à guerroyer pour pouvoir mériter son titre et son domaine, le 2e Emir de la dynastie Hammādide hérita tranquillement, en 1029, d'un royaume stable et prospère qu'il lui incombait seulement de garder. Les sources nous rapportent d'al-Qā'id une image à la fois proche et différente de celle de Hammād. Intelligent et malin, il était comme lui un homme vigoureux et d'un tempérament rude, parfois capable d'une cruauté d'un grand raffinement. Par-contre, bien que doté lui aussi de charisme, il semble moins pieux que son père et, surtout, relativement moins fin que lui comme politique.

                          Dès le debut du règne, al-Qā'id s'appuie dans le gouvernement du pays sur deux de ses frères pour l'essentiel : Yūsuf, à qui sont confiés Achīr et les affaires de l'O. du royaume ; et Wighlān qui reçoit le gouvernement du Pays de Hamza et du Centre de l'Algérie de manière générale. Sinon, la paix intérieure dont bénéficiait le Maghreb Central depuis les dix dernières années du règne de Hammād vont se prolonger le long des 10 premières années du règne d'al-Qāid, le seul fait notable durant cette période étant l'exécution d'un de ses propres fils, un nommé Zīri, pour une raison qui est malheureusement inconnue, mais qui illustre à lui seul le caractère extremement sévère de l'Emir.

                          De cette époque, il reste encore à Annaba (anc. Būna) la mosquée dite de Sidi Abū-Marwān, construite vers 1033 :




                          a) Guerre contre les Zanāta à l'O. (1038) :

                          Les premiers trouble sérieux viendront assez tard donc, et comme toujours, de l'étérnel problème qu'étaient les nomades Zanāta que Hammād avait réussi à éloigner vers l'O. une trentaine d'années plus tôt. Nous avions alors vu les Maghrāwa tourner leur intérêt vers au-delà de la Moulouya, et parvenir à prendre le contrôle de Fès et du N. du Maroc en forçant la main aux Ommeyades de Cordoue. Or, le califat omeyyade s'effondre subitement en 1031, et ce N. du Maghreb Extrême devient à partir de là un champs totalement libre pour les Zanāta. A ce moment, la chefferie des Maghrāwa -toujours maîtres de Fès- était aux mains d'un énième rejeton du clan des Bani Khazar, un nommé Hamāma b. al-Mu3izz b. 3attiyya, alors qu'une bonne partie de leurs cousins Bani Ifrān du Tlemçenois s'étaient rendus maîtres de Salé et de sa région sur l'Atlantique sous Tamīm b. Zīri al-Ifrāni. Un conflit éclate entre les deux partis zenètes dès 1032, et il se solde par la défaite des Maghrāwa qui doivent abandonner Fès aux Bani Ifrān et se replier vers l'O. Hamāma va alors se barricader à Oujda pendant un an, mais voyant le nombre ses troupes fondre comme de la glace, il finit par revenir dans l'O. de l'Algérie, foyer ancestral de son peuple. Etabli à Tenè à partir de 1034, le chef des Bani Khazar ne cessera d'appeler à son secours tous les clans et toutes les tribus Maghrāwa du Maghreb Central ainsi que leurs divers autres alliés de Zanāta, jusqu'à ce qu'il se sente assez fort pour une revanche. Son dessein se réalise enfin en 1038, lorsqu'il parvient à vaincre Tamīm et les Bani Yfrān et à leur reprendre Fès.

                          Or, voulant certainement capitaliser sur cette grande force qu'il avait réussi à rassembler durant les six années de son séjour à Ténès, Hamāma b. al-Mu3izz décide immédiatement après sa victoire à Fès de faire reprendre à son peuple leur loisir préféré depuis toujours : faire la guerre aux Sanhāja. Mais, comme al-Qā'id était bien plus riche que ne le fut jamais Hammād, il ne se donnera même pas la peine des sanglantes campagnes qu'avaient jadis mené son père, son grand-père et son arrière-grand-père contre cet ennemi héréditaire : il achète un par un les chefs de tribus alliés à Hamāma, jusqu'à ce ce que ce dérnier se retrouve prèsque nu. Et, comme Hamāma était du genre pragmatique comme tout bon chef nomade qui se respecte, il se résigna par lui-même à stopper l'invasion et à rentre à Fès après avoir fait sa soumission à l'Emir Hammādide. Le problème à l'O. était ainsi résolu sans trop de difficultés.

                          Mais, comme les emmerdes viennent toujours en groupes ou en séries, al-Qā'id allait prèsque immédiatement devoir faire face à un souci nettement plus sérieux sur son flanc E. ...

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                          Dernière modification par Harrachi78, 17 janvier 2023, 20h00.
                          "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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                          • #14
                            b) Guerre contre le Zirīde à l'E. (1040-1042) :

                            On ignore les circonstances exactes qui ont mené au conflit, mais c'est apparemment al-Qā'id b. Hammād qui aurait ouvert les hostilités contre son cousin en 1040. Al-Mu3izz b. Bādis rassemble alors une armée et marche directement vers le Hodna où il bloque la Qal3a du Hammādide. Le siège va durer deux années, jusqu'à ce qu'un accord amiable soit conclu entre les deux souverains Zirīdes, suite à quoi al-Mu3izz plie bagage et rentre à Qayrawān en 1042.

                            Les relations entre la Qal3a et Qayrawān redeviennent cordiales après cela, et on ne signalera dès lors aucun événement particulier au Maghreb Central. Par-contre, al-Mu3izz devra faire face à de nombreux problèmes locaux en Ifrīqiyya, comme la prise de Tripoli par les Zanāta, ou encore les sérieux troubles anti-shiites qui sont de pl7s en plus fréquents à Qayrawān et dans d'autres villes de son royaume. La pression grandissante des cercles Mālikite, à qui il vouait lui-même une grande sympathie depuis sa heunesse, va finalement aboutir à sa décision de rompre officiellement avec le Califat Fatimide et de proclamer enfin la khotba au nom du Calife abasside en 1044.


                            c) Le chemin vers l'épisode Hilālien :

                            Les Fatimides n'ayant à cette époque ni les moyens d'agir militairement vers le Maghreb, ni une force locale alliée comme jadis les Kutāma, dont la puissance au Maghreb était devenue insignifiante depuis au moins deux générations maintenant, la réaction du calife au Caire se limita dans un premier temps aux menaces et à l'échange des lettres d'invectives avec la chancellerie Zirīde. Mais la situation en Orient offrait à cette époque quelques options intéressantes au pouvoir Fatimide, et le gouvernement califal ne manquera pas de surprendre le "maudit fils de Bādis" le moment venu, en lâchant contre ses territoires une force sauvage et jusque-là inconnue des Maghrébins : les tribus nomades de Bani Hilāl.

                            Mais, il faudra attendre l'an 1049 pour que commence cet épisode et, bien que Hammād b. Bulkīn avait lui aussi répudié l'allégeance aux Fatimides depuis 1015, le domaine Hammādide ne sera pas directement concerné par l'invasion dans un premier temps, même si certaines répercussions vont tout de même se faire sentir rapidement comme nous le verrons plus tard. Mais, au final, le déluge sera impossible à contenir et, avec quelques années de décalage par rapport à la Libye et à la Tunisie, les événements vont rejoindre notre Histoire algérienne avant de marquer l'Histoire de tout le Maghreb pour les siècles à suivre.

                            ______________________


                            Afin de cerner au mieux cet épisode dans son ensemble, nous allons essayer d'explorer -aussi brièvement que possible- l'origine de ces Bani Hilāl, ainsi que le fil des événements qui va les mener jusqu'à cette jonction avec notre histoire nationale en ce milieu milieu du 11e siècle apr. J.-C.

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                            Dernière modification par Harrachi78, 17 janvier 2023, 20h04.
                            "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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                            • #15
                              8. Banī Hilāl avant le Maghreb (400-1050) :

                              Tout d'abord, il faut savoir que la migration au 11e siècle de groupes nomades d'Arabie vers le Maghreb, qu'on nomme communément Invasion Hilāliennne ne fut pas exclusivement constituée de la tribu éponyme de Banī Hilāl b. 3āmir, et qu'elle ne se limita pas non plus à la seule vague initiale des années 1050. D'autres tribus ont été impliquées dans l'affaire, alors que le mouvement de l'invasion va s'étaler, sur un flux discontinu, sur prèsque un siècle. Néanmoins, c'est bien le groupe de clans et tribus dites Hilāliennes qui constitua le moteur et l'essentiel de masse initiale, et c'est finalement l'identité hilālienne qui sera appliquée par les chroniqueurs, et ensuite par le folklore, à cet événement.

                              Et, comme cette partie du topic a uniquement pour but de donner une idée sur l'arrière-plan historique qui va fconduire ces gens de leur lointain pays vers les événements qui vont se dérouler chez-nous, on limitera l'aperçu sur l'Histoire pré-maghrébine des Banī Hilāl à l'essentiel, et on ne détaillera pas de la même manière celle des deux ou trois autres groupes qui les ont accompagné ou suivi, notamment Banī Suleym et les Ma3qil. Ça sera déjà assez long comme ça.

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                              Dernière modification par Harrachi78, 17 janvier 2023, 20h07.
                              "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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