Omniprésent dans le Sud, Ciments du Maroc compte investir le nord et le centre du pays alors que Lafarge, traditionnellement installé dans le nord-ouest et le centre, annonce la création d'une usine dans le Souss.
Les cimentiers veulent réduire le coût du transport en se rapprochant des marchés à fort potentiel.
La surcapacité de production sera de 4 millions de tonnes à fin 2010.
Branle-bas de combat dans le secteur du ciment. Profitant de la publication des résultats de l’exercice 2009, deux grands opérateurs du secteur, Lafarge et Ciments du Maroc, ont annoncé la création de nouvelles usines loin de leurs bases qu’étaient le nord-ouest et centre pour le premier et le sud pour le second.
En quelque sorte, chacun ira chasser sur les terres du concurrent. «Pour répondre aux besoins futurs du marché, le conseil d’administration a examiné son programme d’investissements et a confirmé sa décision de construire une nouvelle usine au nord de Marrakech. Il a, par ailleurs, décidé de l’extension du dispositif industriel de la société dans les régions centre et nord du pays», confirme un haut cadre de Ciments du Maroc.
Ces annonces marquent-elles la fin d’un pacte sur les emplacements géographiques des sites de production tacitement respecté depuis la libéralisation du secteur, il y a plus de 20 ans ? A l’origine, l’installation des trois plus gros cimentiers du pays (Lafarge, Holcim,
Ciments du Maroc) dans trois régions différentes s’explique par le zoning sur la distribution des produits imposé par le ministère de l’intérieur à l’époque lorsque ce département exerçait sa tutelle sur le secteur. «Après la libéralisation, les coûts élevés du transport ont poussé, dans une large mesure, les cimentiers à renforcer leur contrôle sur leur marché respectif, à savoir le sud pour Ciments du Maroc, le nord-est pour Holcim et le nord-ouest et centre pour Lafarge Maroc», explique un professionnel du secteur.
Le constat du chamboulement actuel est plus ou moins partagé par le management de l’Association professionnelle des cimentiers (APC) qui estime que si la libéralisation du secteur a mis fin au zoning pour leurs produits, elle n’a pas pour autant poussé les cimentiers à s’installer hors de leurs marchés historiques.
«Certes, les chiffres relatifs aux ventes du ciment montrent bien que les produits des trois grands opérateurs du secteur sont présents partout au Maroc. Toutefois, la mise en œuvre du nouveau plan de relance du logement social a poussé les cimentiers à investir les régions où le besoin en logements sociaux est très important. Etant donné que le coût du transport du ciment est élevé, l’on comprend mieux le souci des industriels d’anticiper les besoins dans certaines régions en s’y implantant directement», analyse Hassan Chouaouta, chargé de mission auprès de l’APC.
La capacité atteindra 21 millions de tonnes en 2011
En effet, outre le coût de l’énergie, éternellement jugé trop élevé au Maroc par les cimentiers, celui du transport reste un facteur clé. «Au-delà de 250 km entre sites de production et de livraison, ce coût réduit conséquemment la marge commerciale du cimentier», ajoute M.Chouaouta.
Mais ce facteur est loin d’être le seul à expliquer les intentions des industriels. L’annonce de nouveaux entrants est également un paramètre important cité par les producteurs eux-mêmes. Pour Abdeljalil El Hassani, vice-président du directoire d’Holcim Maroc, c’est une question d’opportunités.
«Les cimentiers ne peuvent plus se contenter de leurs marchés respectifs puisque l’entrée en service de nouvelles cimenteries et la reprise de la construction des logements sociaux ouvriront de nouvelles opportunités. Par conséquent, il vaudrait mieux avoir une unité de production à proximité des plus grands marchés pour pouvoir être concurrentiel, sur les prix notamment», dit-il.
Rappelons qu’Anas Sefrioui, patron d’Addoha, avait annoncé en 2008 la création de la société Ciments de l’Atlas qui comprend deux usines, une à Ben Ahmed et une autre à Béni Mellal, à l’Est de Casablanca, d’une capacité totale de 3,2 millions de tonnes par an. Et si la production de la cimenterie de Béni Mellal n’est attendue que pour la fin de l’année, celle de Ben Ahmed devrait livrer son premier sac dès le 24 avril prochain.
Les deux projets qui ont nécessité un investissement de 5 milliards de DH sont d’ailleurs les seuls à être concrétisés durant cette année puisque les projets de l’industriel Miloud Chaâbi, à Settat, ou encore l’unité de production de l’Espagnol Lubasa à Sidi Kacem ne sont pas programmés pour 2010.
Compte tenu des extensions d’usines annoncées par les trois cimentiers (Holcim doublera la capacité de production de son usine de Fès, Ciments du Maroc compte ouvrir une nouvelle cimenterie à Aït Baha et Lafarge va doubler la capacité de son usine de Tétouan), le secteur sera, à l’évidence, en surcapacité. Selon M.Chouaouta, la capacité de production annuelle des unités déjà opérationnelles (ce qui exclut la cimenterie de Ben Ahmed et les extensions programmées) passera de 18,2 millions cette année à 21 millions de tonnes à fin 2011.
Et les ventes de ciment pour les deux premiers mois de cette année ne laissent présager rien de bon. Pour toute l’année, les cimentiers s’attendent à écouler 14 millions de tonnes, ce qui fait déjà 4 millions de tonnes de surplus...
Naoufal Belghazi
29-03-2010
Les cimentiers veulent réduire le coût du transport en se rapprochant des marchés à fort potentiel.
La surcapacité de production sera de 4 millions de tonnes à fin 2010.
Branle-bas de combat dans le secteur du ciment. Profitant de la publication des résultats de l’exercice 2009, deux grands opérateurs du secteur, Lafarge et Ciments du Maroc, ont annoncé la création de nouvelles usines loin de leurs bases qu’étaient le nord-ouest et centre pour le premier et le sud pour le second.
En quelque sorte, chacun ira chasser sur les terres du concurrent. «Pour répondre aux besoins futurs du marché, le conseil d’administration a examiné son programme d’investissements et a confirmé sa décision de construire une nouvelle usine au nord de Marrakech. Il a, par ailleurs, décidé de l’extension du dispositif industriel de la société dans les régions centre et nord du pays», confirme un haut cadre de Ciments du Maroc.
Ces annonces marquent-elles la fin d’un pacte sur les emplacements géographiques des sites de production tacitement respecté depuis la libéralisation du secteur, il y a plus de 20 ans ? A l’origine, l’installation des trois plus gros cimentiers du pays (Lafarge, Holcim,
Ciments du Maroc) dans trois régions différentes s’explique par le zoning sur la distribution des produits imposé par le ministère de l’intérieur à l’époque lorsque ce département exerçait sa tutelle sur le secteur. «Après la libéralisation, les coûts élevés du transport ont poussé, dans une large mesure, les cimentiers à renforcer leur contrôle sur leur marché respectif, à savoir le sud pour Ciments du Maroc, le nord-est pour Holcim et le nord-ouest et centre pour Lafarge Maroc», explique un professionnel du secteur.
Le constat du chamboulement actuel est plus ou moins partagé par le management de l’Association professionnelle des cimentiers (APC) qui estime que si la libéralisation du secteur a mis fin au zoning pour leurs produits, elle n’a pas pour autant poussé les cimentiers à s’installer hors de leurs marchés historiques.
«Certes, les chiffres relatifs aux ventes du ciment montrent bien que les produits des trois grands opérateurs du secteur sont présents partout au Maroc. Toutefois, la mise en œuvre du nouveau plan de relance du logement social a poussé les cimentiers à investir les régions où le besoin en logements sociaux est très important. Etant donné que le coût du transport du ciment est élevé, l’on comprend mieux le souci des industriels d’anticiper les besoins dans certaines régions en s’y implantant directement», analyse Hassan Chouaouta, chargé de mission auprès de l’APC.
La capacité atteindra 21 millions de tonnes en 2011
En effet, outre le coût de l’énergie, éternellement jugé trop élevé au Maroc par les cimentiers, celui du transport reste un facteur clé. «Au-delà de 250 km entre sites de production et de livraison, ce coût réduit conséquemment la marge commerciale du cimentier», ajoute M.Chouaouta.
Mais ce facteur est loin d’être le seul à expliquer les intentions des industriels. L’annonce de nouveaux entrants est également un paramètre important cité par les producteurs eux-mêmes. Pour Abdeljalil El Hassani, vice-président du directoire d’Holcim Maroc, c’est une question d’opportunités.
«Les cimentiers ne peuvent plus se contenter de leurs marchés respectifs puisque l’entrée en service de nouvelles cimenteries et la reprise de la construction des logements sociaux ouvriront de nouvelles opportunités. Par conséquent, il vaudrait mieux avoir une unité de production à proximité des plus grands marchés pour pouvoir être concurrentiel, sur les prix notamment», dit-il.
Rappelons qu’Anas Sefrioui, patron d’Addoha, avait annoncé en 2008 la création de la société Ciments de l’Atlas qui comprend deux usines, une à Ben Ahmed et une autre à Béni Mellal, à l’Est de Casablanca, d’une capacité totale de 3,2 millions de tonnes par an. Et si la production de la cimenterie de Béni Mellal n’est attendue que pour la fin de l’année, celle de Ben Ahmed devrait livrer son premier sac dès le 24 avril prochain.
Les deux projets qui ont nécessité un investissement de 5 milliards de DH sont d’ailleurs les seuls à être concrétisés durant cette année puisque les projets de l’industriel Miloud Chaâbi, à Settat, ou encore l’unité de production de l’Espagnol Lubasa à Sidi Kacem ne sont pas programmés pour 2010.
Compte tenu des extensions d’usines annoncées par les trois cimentiers (Holcim doublera la capacité de production de son usine de Fès, Ciments du Maroc compte ouvrir une nouvelle cimenterie à Aït Baha et Lafarge va doubler la capacité de son usine de Tétouan), le secteur sera, à l’évidence, en surcapacité. Selon M.Chouaouta, la capacité de production annuelle des unités déjà opérationnelles (ce qui exclut la cimenterie de Ben Ahmed et les extensions programmées) passera de 18,2 millions cette année à 21 millions de tonnes à fin 2011.
Et les ventes de ciment pour les deux premiers mois de cette année ne laissent présager rien de bon. Pour toute l’année, les cimentiers s’attendent à écouler 14 millions de tonnes, ce qui fait déjà 4 millions de tonnes de surplus...
Naoufal Belghazi
29-03-2010
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