17 juillet 2010
La fondation Abderrahim Bouabid, a présenté Samedi 17 Juillet 2010 une étude économique de son « Cercle d’Analyse Economique CAE » intitulée : « Le Maroc a-t-il une stratégie de développement économique ? ».
Quelques grandes lignes du rapport:
Le progrès économique nécessite inexorablement le débat, la transparence sur les motifs de prise de décision et une liberté d’accès à l’information. Sur tous ces points, le Maroc accuse un retard considérable.
(a) Les progrès réalisés au cours de la décennie passée sont réels. Cependant ils sont à nuancer car la base de comparaison, à savoir les années 90, est trompeuse. Du point de vue de la croissance, le Maroc était à son plus bas niveau historique depuis l’indépendance à la fin des années 90; ainsi il est aisé de mettre en avant les progrès du Maroc après cette date.
(b) Contrairement au climat d’autosatisfaction prévalent, si le Maroc a bel et bien crû plus rapidement depuis 2002-2003, cela s’est fait dans une conjoncture extérieure très favorable et avec l’aide de conditions pluviométriques clémentes. Une rapide comparaison avec la performance d’autres pays émergents remet les choses en perspective : le Maroc a plutôt moins profité de la forte période de croissance mondiale entre 2002 et 2008 et, à plusieurs égards, a été moins performant que ses concurrents (y compris en termes de croissance, d’attractivité d’investissements étrangers…etc.).
(c) Les indicateurs internationaux, pour contestables qu’ils puissent être, sont relativement unanimes : le Maroc n’a pas réalisé de progrès significatifs dans la plupart des classements. En tant que tel, cela n’est pas un problème étant donné les méthodologies de ces travaux, mais cela indique ;
(d) Le Maroc ne peut construire sa stratégie de développement économique sur les seuls secteurs du tourisme, de l’immobilier et de l’infrastructure. L’immobilier est un secteur improductif qui introduit des distorsions spéculatives et inflationnistes potentiellement graves dans l’économie, et induits des effets négatifs tels la désindustrialisation et une augmentation des prix des biens non échangeables. L’argument social est peu recevable, car s’il est évident qu’une politique de logement social volontariste est une composante clé de toute politique sociale digne de ce nom, il y a d’autres moyens d’aboutir à des résultats meilleurs et à moindre coût. Concernant le tourisme, s’il s’agit là d’un secteur économique à part entière qui mérite d’être encore plus développé, il ne peut à lui seul être le moteur de croissance que certains s’imaginent. Il faut aussi réaliser qu’une économie trop dépendante du tourisme court le risque d’une spécialisation prématurée irréversible. Quant à l’infrastructure, il s’agit là d’une condition nécessaire mais non suffisante à la croissance : il y a beaucoup à faire encore en la matière, mais il faut s’astreindre à rationaliser les dépenses d’infrastructure (et notamment faire les arbitrages qui s’imposent au regard du retard social du Maroc), éviter les éléphants blancs, mais en aucun cas, il ne faut se faire d’illusions : s’il suffisait de construire des routes, des ports, des aéroports et de bétonner à tout va pour devenir un pays à fort niveau de développement, cela ce saurait…
Au total, et malgré encore une fois l’amélioration enregistrée, la croissance marocaine demeure en deçà des niveaux nécessaires pour assurer le décollage économique du pays et lui permettre de rejoindre le club des pays à revenus intermédiaires en l’espace d’une génération. Pour ce faire, le Maroc devrait enregistrer en moyenne une croissance de son PIB/habitant en termes réels de l’ordre de 5%-7% par an, soit en termes de croissance et en supposant un taux stable d’accroissement de la population de 1%, réussir une croissance moyenne en termes réels de 6% à 8% en moyenne. Force est de reconnaître que nous sommes encore loin du compte.
Nous ne pouvons donc que conclure que le Maroc n’a pas de stratégie de développement économique visible ou évidente. Bien que de nombreux » plans stratégiques « , politiques sectorielles soient mis en place, il est difficile de trouver des éléments tangibles et factuels soutenant la thèse qu’il existe bel et bien une stratégie économique cohérente. Certes, il faut saluer les efforts faits par certains des nouveaux décideurs publics – un certain nombre d’entre eux déployant des efforts démesurés et très probablement sincères pour mettre en oeuvre leurs actions. Hélas, l’important demeure le résultat et non l’action : malgré nos dépenses d’énergie et d’argent, le recours aux cabinets de conseil étrangers, l’arrivée d’une nouvelle génération de » managers » publics formés aux meilleures écoles académiques et professionnelles, sur la dernière décennie, nous avons » fait » moins bien en matière de croissance que la Tunisie, l’Egypte, ou la Jordanie, sans parler bien entendu des pays asiatiques ou mêmes de certains pays d’Amérique Latine… Et encore hélas, les dernières prévisions de croissance à moyen terme du FMI nous placent encore parmi les pays les moins performants en termes de croissance à court terme dans la région
Source : Extrait d'une étude du Cercle d’Analyse Economique CAE
* Les membres de ce cercle CAE sont : Fouad Abdelmoumni Najib Akesbi Omar Balafrej Ali Bouabid Amine Bouabid Yasser Charafi Khalid Elhariry Kamal El Mesbahi Najib Guedira Driss Rachidi Omar Rharbaoui Karim Tazi
La fondation Abderrahim Bouabid, a présenté Samedi 17 Juillet 2010 une étude économique de son « Cercle d’Analyse Economique CAE » intitulée : « Le Maroc a-t-il une stratégie de développement économique ? ».
Quelques grandes lignes du rapport:
Le progrès économique nécessite inexorablement le débat, la transparence sur les motifs de prise de décision et une liberté d’accès à l’information. Sur tous ces points, le Maroc accuse un retard considérable.
(a) Les progrès réalisés au cours de la décennie passée sont réels. Cependant ils sont à nuancer car la base de comparaison, à savoir les années 90, est trompeuse. Du point de vue de la croissance, le Maroc était à son plus bas niveau historique depuis l’indépendance à la fin des années 90; ainsi il est aisé de mettre en avant les progrès du Maroc après cette date.
(b) Contrairement au climat d’autosatisfaction prévalent, si le Maroc a bel et bien crû plus rapidement depuis 2002-2003, cela s’est fait dans une conjoncture extérieure très favorable et avec l’aide de conditions pluviométriques clémentes. Une rapide comparaison avec la performance d’autres pays émergents remet les choses en perspective : le Maroc a plutôt moins profité de la forte période de croissance mondiale entre 2002 et 2008 et, à plusieurs égards, a été moins performant que ses concurrents (y compris en termes de croissance, d’attractivité d’investissements étrangers…etc.).
(c) Les indicateurs internationaux, pour contestables qu’ils puissent être, sont relativement unanimes : le Maroc n’a pas réalisé de progrès significatifs dans la plupart des classements. En tant que tel, cela n’est pas un problème étant donné les méthodologies de ces travaux, mais cela indique ;
(d) Le Maroc ne peut construire sa stratégie de développement économique sur les seuls secteurs du tourisme, de l’immobilier et de l’infrastructure. L’immobilier est un secteur improductif qui introduit des distorsions spéculatives et inflationnistes potentiellement graves dans l’économie, et induits des effets négatifs tels la désindustrialisation et une augmentation des prix des biens non échangeables. L’argument social est peu recevable, car s’il est évident qu’une politique de logement social volontariste est une composante clé de toute politique sociale digne de ce nom, il y a d’autres moyens d’aboutir à des résultats meilleurs et à moindre coût. Concernant le tourisme, s’il s’agit là d’un secteur économique à part entière qui mérite d’être encore plus développé, il ne peut à lui seul être le moteur de croissance que certains s’imaginent. Il faut aussi réaliser qu’une économie trop dépendante du tourisme court le risque d’une spécialisation prématurée irréversible. Quant à l’infrastructure, il s’agit là d’une condition nécessaire mais non suffisante à la croissance : il y a beaucoup à faire encore en la matière, mais il faut s’astreindre à rationaliser les dépenses d’infrastructure (et notamment faire les arbitrages qui s’imposent au regard du retard social du Maroc), éviter les éléphants blancs, mais en aucun cas, il ne faut se faire d’illusions : s’il suffisait de construire des routes, des ports, des aéroports et de bétonner à tout va pour devenir un pays à fort niveau de développement, cela ce saurait…
Au total, et malgré encore une fois l’amélioration enregistrée, la croissance marocaine demeure en deçà des niveaux nécessaires pour assurer le décollage économique du pays et lui permettre de rejoindre le club des pays à revenus intermédiaires en l’espace d’une génération. Pour ce faire, le Maroc devrait enregistrer en moyenne une croissance de son PIB/habitant en termes réels de l’ordre de 5%-7% par an, soit en termes de croissance et en supposant un taux stable d’accroissement de la population de 1%, réussir une croissance moyenne en termes réels de 6% à 8% en moyenne. Force est de reconnaître que nous sommes encore loin du compte.
Nous ne pouvons donc que conclure que le Maroc n’a pas de stratégie de développement économique visible ou évidente. Bien que de nombreux » plans stratégiques « , politiques sectorielles soient mis en place, il est difficile de trouver des éléments tangibles et factuels soutenant la thèse qu’il existe bel et bien une stratégie économique cohérente. Certes, il faut saluer les efforts faits par certains des nouveaux décideurs publics – un certain nombre d’entre eux déployant des efforts démesurés et très probablement sincères pour mettre en oeuvre leurs actions. Hélas, l’important demeure le résultat et non l’action : malgré nos dépenses d’énergie et d’argent, le recours aux cabinets de conseil étrangers, l’arrivée d’une nouvelle génération de » managers » publics formés aux meilleures écoles académiques et professionnelles, sur la dernière décennie, nous avons » fait » moins bien en matière de croissance que la Tunisie, l’Egypte, ou la Jordanie, sans parler bien entendu des pays asiatiques ou mêmes de certains pays d’Amérique Latine… Et encore hélas, les dernières prévisions de croissance à moyen terme du FMI nous placent encore parmi les pays les moins performants en termes de croissance à court terme dans la région
Source : Extrait d'une étude du Cercle d’Analyse Economique CAE
* Les membres de ce cercle CAE sont : Fouad Abdelmoumni Najib Akesbi Omar Balafrej Ali Bouabid Amine Bouabid Yasser Charafi Khalid Elhariry Kamal El Mesbahi Najib Guedira Driss Rachidi Omar Rharbaoui Karim Tazi
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