Malgré l’empressement de Benmeradi
La perspective d’un accord entre l’Algérie et Renault renvoyée à la fin de l’année
La perspective d’un accord entre l’Algérie et Renault renvoyée à la fin de l’année
Le ministre de l’Industrie veut aller vite dans le dossier Renault. « Nous voulons une deadline pour la signature du contrat et un démarrage avant la fin de l’année », a‑t‑il dit hier jeudi 2 février à ses interlocuteurs de Renault, lors d’une réunion à Alger en présence de Jean‑Pierre Raffarin, l’envoyé spécial de Nicolas Sarkozy. Franc et direct, M. Benmeradi a expliqué à ses interlocuteurs français que les importations de véhicules – 4,8 milliards de dollars en 2011 – ont atteint un niveau insupportable pour le gouvernement. Le projet Renault n’est plus seulement stratégique. Il devient urgent.
Même si les conditions sont loin d’être réunies, le ministre algérien veut signer rapidement avec Renault. De préférence avant les législatives, au plus tard avant le 5 juillet, date du cinquantième anniversaire de l’indépendance de l’Algérie. L’objectif d’un tel empressement semble évident : renforcer le bilan du gouvernement et du pouvoir à la veille des célébrations du cinquantenaire de l’indépendance. Il y aura certes une partie de l’autoroute Est‑Ouest qui sera livrée par les Chinois. Il y aura aussi les dizaines de milliers de logements construits et livrés, parfois distribués gratuitement. Mais une usine automobile algérienne ferait encore plus chic dans le bilan du pouvoir avant les législatives et à la veille des célébrations du 5 juillet.
C’est pour cette raison que depuis quelques mois, Mohamed Benmeradi accentue la pression sur Renault. Mercredi, quelques heures avant l’arrivée de Jean‑Pierre Raffarin à Alger, le ministre algérien en remettait une couche : « Nous sommes déjà à la phase de la signature d'un protocole d'accord avec Renault. C'est pour vous dire que nous sommes très près de la concrétisation du projet », expliquait le ministre à l'agence APS. Les Algériens ont même fini le montage de leur côté, avec 16 % à la SNVI et 35 % au FNI. Mais en face, Renault a une autre logique : plus prudente et imperméable aux calculs politiques dans un contexte de crise mondiale qui touche de plein fouet le secteur automobile.
Jeudi, lors de la réunion à Alger, le constructeur français était représenté par son PDG à Alger et non par un haut cadre de la maison mère. Le message est évident : le projet est toujours dans une phase de discussions techniques. Aucun accord n’est proche. Renault a reconnu des « avancées », notamment sur la commercialisation des futures voitures produites en Algérie. Mais les problèmes administratifs demeurent nombreux. Et malgré les promesses du ministre algérien à chaque réunion, les choses avancent lentement. À un rythme algérien.
Renault a rappelé également une autre condition : l’existence d’une véritable industrie de sous‑traitance. Une usine automobile n’est pas seulement un hangar avec des chaînes de montage. C’est aussi un réseau d’équipementiers, ce que l’Algérie ne possède pas. Une évidence que le ministre algérien ne semble toujours pas avoir intégrée. Le représentant de Renault s’est toutefois dit confiant dans la signature d’un accord à la fin de l’année 2012. Histoire sans doute de ne pas froisser le ministre Benmeradi.
TSA - Samir Allam
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