Sujet interessant et touchant les droits minimum du peuple amazygh marocain humilié par la junte alaouite....
Les Amazighs (ou berbères) constituent le peuple autochtone d’Afrique du nord. Le terme amazigh signifie «homme libre». Les Amazighs sont aujourd’hui au nombre de trente millions d’individus environ, disséminés sur une dizaine d’Etats : Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Egypte (oasis de Siwa), Espagne (Canaries, Ceuta, Melilla) et Niger, Mali, Burkina-Faso, Mauritanie (populations touarègues).
En termes démographiques, le Maroc est le pays le plus amazigh de l’Afrique du Nord. Les Amazighs représentent environ les 2/3 de la population totale de ce pays, soit environ 20 millions de personnes vivant principalement dans les régions du Rif (nord du Maroc), l’Atlas (centre), le Souss (sud) et le Sud-Est. Les grandes villes comme Casablanca et Rabat comptent également de fortes proportions d’Amazighs.
Négation des Amazighs du Maroc
Sous les pouvoirs coloniaux ou post-coloniaux, le fait amazigh (territoire, histoire, langue et culture) a toujours été l’objet de déni, de dénigrement et de rejet. L’Etat-nation obéissant à l’idéologie arabonationaliste, a été bâti sur le principe du jacobinisme le plus strict légué par l’ancien colonisateur français, ce qui s’est traduit par une définition officielle de l’identité nationale exclusivement arabe et islamique, excluant Tamazight, pourtant principal fondement sociolinguistique et culturel de l’identité du pays. Sans reconnaissance politique ni statut juridique, exclue des institutions, l’identité amazighe marginalisée, subit en toute « légalité », les attaques incessantes en vue de son anéantissement total et définitif.
Le premier projet de loi, dit de Constitution (1908), pratiquait déjà l’exclusion de la composante amazighe pourtant numériquement majoritaire. Son article 18 prévoyait que seuls les arabophones étaient aptes à accéder aux fonctions publiques de l’Etat : « Un alphabète ne doit pas occuper une fonction du Makhzen. Un fonctionnaire doit bien lire et écrire la langue arabe ». En conséquence, un amazigh qui ne sait pas lire et écrire l’arabe est donc assimilé à un alphabète et se trouve automatiquement exclu de la gestion et de l’administration des affaires publiques, y compris dans son propre territoire.
C’est la première étape du projet d’apartheid marocain à l’encontre des Amazighs.
Cela est confirmé dans la Constitution actuellement en vigueur qui énonce dans son préambule que « le royaume du Maroc, Etat musulman souverain, dont la langue officielle est l’arabe, constitue une partie du Grand Maghreb Arabe ». La civilisation, l’histoire, la langue plurimillénaires des Amazighs et la réalité de ce peuple autochtone sont ainsi clairement ignorés par la loi suprême du pays.
En conséquence, légalement, les Amazighs du Maroc ne peuvent prétendre à aucun droit dans la mesure où la loi fondamentale ne reconnaît pas leur existence. D’ailleurs, les membres du gouvernement interpellés par les organisations de la société civile au sujet des droits des Amazighs, ont souvent recours à cet argument.
La mobilisation active du mouvement citoyen amazigh du Maroc a cependant fini par décider le roi Mohamed-VI à déclarer en juillet 2001, que l’identité amazighe était une « richesse nationale » et qu’un institut royal de la culture amazighe (Ircam) serait créé afin d’assurer « la promotion de la culture amazighe (…), la conception, la préparation et le suivi du processus d’intégration de l’Amazigh dans le système de l’enseignement (…), et de proposer les politiques appropriées qui sont de nature à renforcer la place de l’Amazigh dans l’espace socio-culturel et médiatique national, ainsi que dans les affaires locales et régionales ». Ce nouveau discours qui va dans le sens de l’histoire et des attentes des populations, a été accueilli à l’époque, avec un certain espoir. Mais six ans après, malgré quelques concessions minimes notamment dans le domaine de l’enseignement, on constate que le référentiel idéologique de l’Etat demeure inchangé et les discriminations et les persécutions anti-amazighes demeurent la règle à tous les niveaux institutionnels. Le pays demeure soumis exclusivement à une langue unique, une religion unique, une culture unique et finalement une identité arabo-islamique unique. L’amazighité est repoussée dans la sphère privée et le folklore.
En définitive, il apparaît clairement que l’absence de reconnaissance constitutionnelle de l’amazighité justifie et « légalise » la relégation de la dimension amazighe.
Négation des droits civils et politiques des Amazighs
Après avoir contribué de manière déterminante à libérer le pays de la domination coloniale française et espagnole au siècle dernier, les Amazighs du Maroc, qui croyaient avoir accédé à leur indépendance, réalisent qu’ils sont toujours privés de liberté et de leurs droits même les plus essentiels. Ils continuent donc d’être colonisés, cette fois-ci de l’intérieur, par leurs propres concitoyens, ceux qui ne conçoivent le Maroc qu’exclusivement arabe et islamique. Profitant du sens de l’hospitalité légendaire des Amazighs et manipulant la religion musulmane à des fins d’hégémonie politique, la petite minorité arabonationaliste a fini par bâtir sa domination sur le pays et s’est donnée les instruments politiques, économiques, juridiques, institutionnels et idéologiques lui garantissant la pérennité de son pouvoir absolu.
L’Instance Equité et Réconciliation (IER), créée en 2003, afin de réparer les préjudices subis par les victimes des violations des droits de l’homme pendant le règne de feu Hassan-II, a vu son rôle limité à un simple dédommagement matériel, sous forme de distribution de quelques subsides aux victimes. Or le pardon et la réconciliation passent nécessairement par la reconnaissance par l’Etat des actes de violations des droits, la poursuite de leurs auteurs, la présentation d’excuses publiques aux victimes et l’engagement solennel des plus hautes autorités que de tels actes ne se reproduiront plus. La crédibilité et l’efficacité de cette instance nécessitent aussi que l’Etat, à tous les niveaux, cesse immédiatement et définitivement ses agissements actuels attentatoires aux droits humains. Sans le respect de ces considérations, ni l’équité, ni la sincérité de l’Etat ne sont établies et par conséquent la confiance ne peut être instaurée. Cela a d’ailleurs déjà amené des militants du mouvement amazigh arbitrairement détenus en 1994 pour avoir publiquement revendiqué le droit à l’enseignement de leur langue, à refuser la compensation financière que leur a proposé l’IER. La justice et la dignité ne sont pas toujours monnayables.
Par ailleurs, s’il y a réellement volonté de réconciliation nationale, celle-ci doit impliquer la recherche de la vérité sur tous les événements tels qu’ils se sont produits, sans omettre aucun cas d’abus, y compris les moins avouables. Or, à ce jour et à notre connaissance, les événements sanglants dont ont été victimes les populations de la région du Rif (nord du Maroc) en 1958/59 et en 1984, les événements du sud-est en 1956 dont ont été victimes Addi-Ou-Bihi et ses compagnons, l’assassinat de Abbas Msaadi, chef de l’armée de libération, ainsi que les arrestations arbitraires des Amazighs du Moyen Atlas en 1973, demeurent frappés d’ostracisme.
Le Makhzen, l’IER et le Conseil Consultatif des droits de l’homme restent également muets sur les disparitions forcées de Lakhssassi El-Madani en 1956 et de Boujmaa Hebbaz en 1981.
Aujourd’hui et plus que jamais, les Amazighs aspirent à vivre dans la liberté et la dignité. Ils souhaitent pouvoir jouir de leurs terres et ressources naturelles et de leurs propres attributs identitaires. Leur droit à l’autodétermination, c’est pour eux le droit à l’existence, au respect et à l’émancipation dans le cadre d’un Etat marocain fédéral démocratique qui leur permettrait d’assurer librement leur développement économique, social et culturel.
De ces faits, il découle que l’Etat marocain viole les dispositions du droit international qui prévoient que «Tous les peuples ont le droit de disposer d’eux-mêmes. En vertu de ce droit, ils déterminent librement leur statut politique et assurent librement leur développement économique, social et culturel ».

Les Amazighs (ou berbères) constituent le peuple autochtone d’Afrique du nord. Le terme amazigh signifie «homme libre». Les Amazighs sont aujourd’hui au nombre de trente millions d’individus environ, disséminés sur une dizaine d’Etats : Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Egypte (oasis de Siwa), Espagne (Canaries, Ceuta, Melilla) et Niger, Mali, Burkina-Faso, Mauritanie (populations touarègues).
En termes démographiques, le Maroc est le pays le plus amazigh de l’Afrique du Nord. Les Amazighs représentent environ les 2/3 de la population totale de ce pays, soit environ 20 millions de personnes vivant principalement dans les régions du Rif (nord du Maroc), l’Atlas (centre), le Souss (sud) et le Sud-Est. Les grandes villes comme Casablanca et Rabat comptent également de fortes proportions d’Amazighs.
Négation des Amazighs du Maroc
Sous les pouvoirs coloniaux ou post-coloniaux, le fait amazigh (territoire, histoire, langue et culture) a toujours été l’objet de déni, de dénigrement et de rejet. L’Etat-nation obéissant à l’idéologie arabonationaliste, a été bâti sur le principe du jacobinisme le plus strict légué par l’ancien colonisateur français, ce qui s’est traduit par une définition officielle de l’identité nationale exclusivement arabe et islamique, excluant Tamazight, pourtant principal fondement sociolinguistique et culturel de l’identité du pays. Sans reconnaissance politique ni statut juridique, exclue des institutions, l’identité amazighe marginalisée, subit en toute « légalité », les attaques incessantes en vue de son anéantissement total et définitif.
Le premier projet de loi, dit de Constitution (1908), pratiquait déjà l’exclusion de la composante amazighe pourtant numériquement majoritaire. Son article 18 prévoyait que seuls les arabophones étaient aptes à accéder aux fonctions publiques de l’Etat : « Un alphabète ne doit pas occuper une fonction du Makhzen. Un fonctionnaire doit bien lire et écrire la langue arabe ». En conséquence, un amazigh qui ne sait pas lire et écrire l’arabe est donc assimilé à un alphabète et se trouve automatiquement exclu de la gestion et de l’administration des affaires publiques, y compris dans son propre territoire.
C’est la première étape du projet d’apartheid marocain à l’encontre des Amazighs.
Cela est confirmé dans la Constitution actuellement en vigueur qui énonce dans son préambule que « le royaume du Maroc, Etat musulman souverain, dont la langue officielle est l’arabe, constitue une partie du Grand Maghreb Arabe ». La civilisation, l’histoire, la langue plurimillénaires des Amazighs et la réalité de ce peuple autochtone sont ainsi clairement ignorés par la loi suprême du pays.
En conséquence, légalement, les Amazighs du Maroc ne peuvent prétendre à aucun droit dans la mesure où la loi fondamentale ne reconnaît pas leur existence. D’ailleurs, les membres du gouvernement interpellés par les organisations de la société civile au sujet des droits des Amazighs, ont souvent recours à cet argument.
La mobilisation active du mouvement citoyen amazigh du Maroc a cependant fini par décider le roi Mohamed-VI à déclarer en juillet 2001, que l’identité amazighe était une « richesse nationale » et qu’un institut royal de la culture amazighe (Ircam) serait créé afin d’assurer « la promotion de la culture amazighe (…), la conception, la préparation et le suivi du processus d’intégration de l’Amazigh dans le système de l’enseignement (…), et de proposer les politiques appropriées qui sont de nature à renforcer la place de l’Amazigh dans l’espace socio-culturel et médiatique national, ainsi que dans les affaires locales et régionales ». Ce nouveau discours qui va dans le sens de l’histoire et des attentes des populations, a été accueilli à l’époque, avec un certain espoir. Mais six ans après, malgré quelques concessions minimes notamment dans le domaine de l’enseignement, on constate que le référentiel idéologique de l’Etat demeure inchangé et les discriminations et les persécutions anti-amazighes demeurent la règle à tous les niveaux institutionnels. Le pays demeure soumis exclusivement à une langue unique, une religion unique, une culture unique et finalement une identité arabo-islamique unique. L’amazighité est repoussée dans la sphère privée et le folklore.
En définitive, il apparaît clairement que l’absence de reconnaissance constitutionnelle de l’amazighité justifie et « légalise » la relégation de la dimension amazighe.
Négation des droits civils et politiques des Amazighs
Après avoir contribué de manière déterminante à libérer le pays de la domination coloniale française et espagnole au siècle dernier, les Amazighs du Maroc, qui croyaient avoir accédé à leur indépendance, réalisent qu’ils sont toujours privés de liberté et de leurs droits même les plus essentiels. Ils continuent donc d’être colonisés, cette fois-ci de l’intérieur, par leurs propres concitoyens, ceux qui ne conçoivent le Maroc qu’exclusivement arabe et islamique. Profitant du sens de l’hospitalité légendaire des Amazighs et manipulant la religion musulmane à des fins d’hégémonie politique, la petite minorité arabonationaliste a fini par bâtir sa domination sur le pays et s’est donnée les instruments politiques, économiques, juridiques, institutionnels et idéologiques lui garantissant la pérennité de son pouvoir absolu.
L’Instance Equité et Réconciliation (IER), créée en 2003, afin de réparer les préjudices subis par les victimes des violations des droits de l’homme pendant le règne de feu Hassan-II, a vu son rôle limité à un simple dédommagement matériel, sous forme de distribution de quelques subsides aux victimes. Or le pardon et la réconciliation passent nécessairement par la reconnaissance par l’Etat des actes de violations des droits, la poursuite de leurs auteurs, la présentation d’excuses publiques aux victimes et l’engagement solennel des plus hautes autorités que de tels actes ne se reproduiront plus. La crédibilité et l’efficacité de cette instance nécessitent aussi que l’Etat, à tous les niveaux, cesse immédiatement et définitivement ses agissements actuels attentatoires aux droits humains. Sans le respect de ces considérations, ni l’équité, ni la sincérité de l’Etat ne sont établies et par conséquent la confiance ne peut être instaurée. Cela a d’ailleurs déjà amené des militants du mouvement amazigh arbitrairement détenus en 1994 pour avoir publiquement revendiqué le droit à l’enseignement de leur langue, à refuser la compensation financière que leur a proposé l’IER. La justice et la dignité ne sont pas toujours monnayables.
Par ailleurs, s’il y a réellement volonté de réconciliation nationale, celle-ci doit impliquer la recherche de la vérité sur tous les événements tels qu’ils se sont produits, sans omettre aucun cas d’abus, y compris les moins avouables. Or, à ce jour et à notre connaissance, les événements sanglants dont ont été victimes les populations de la région du Rif (nord du Maroc) en 1958/59 et en 1984, les événements du sud-est en 1956 dont ont été victimes Addi-Ou-Bihi et ses compagnons, l’assassinat de Abbas Msaadi, chef de l’armée de libération, ainsi que les arrestations arbitraires des Amazighs du Moyen Atlas en 1973, demeurent frappés d’ostracisme.
Le Makhzen, l’IER et le Conseil Consultatif des droits de l’homme restent également muets sur les disparitions forcées de Lakhssassi El-Madani en 1956 et de Boujmaa Hebbaz en 1981.
Aujourd’hui et plus que jamais, les Amazighs aspirent à vivre dans la liberté et la dignité. Ils souhaitent pouvoir jouir de leurs terres et ressources naturelles et de leurs propres attributs identitaires. Leur droit à l’autodétermination, c’est pour eux le droit à l’existence, au respect et à l’émancipation dans le cadre d’un Etat marocain fédéral démocratique qui leur permettrait d’assurer librement leur développement économique, social et culturel.
De ces faits, il découle que l’Etat marocain viole les dispositions du droit international qui prévoient que «Tous les peuples ont le droit de disposer d’eux-mêmes. En vertu de ce droit, ils déterminent librement leur statut politique et assurent librement leur développement économique, social et culturel ».
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