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«C’étaient des Irakiens en plastique»

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  • #16
    Bonjour Lisebeth
    Je pense que la publication de ces photos de tortures est une riposte des photos des cerceuils de soldats américains prises clandestinement par Tami Silicio (?)
    Je ne suis pas sure que ce soit une riposte car, le préjudice que ça leur porte est trop énorme et ils ne gagnent absolument rien avec ces révélations.

    En plus, à l'approche des élections, si on tient compte de la cote de popularité de Bush qui était à la baisse et du changement d'opinion des americains sur l'utilité de cette guerre, ca me semble vraiment peu probable qu'ils l'aient fait expres.

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    • #17


      L'Irak, au miroir des exactions commises pendant la guerre d'Algérie

      L'historienne Claire Mauss-Copeaux décrypte la convergence des systèmes de torture physique et mentale pratiqués par les bourreaux
      Qu'il s'agisse de l'Irak d'aujourd'hui ou de l'Algérie des années 1950, les photos se ressemblent étrangement : d'un côté la victime, de l'autre le bourreau. Le premier est nu, le second bien habillé. Le tortionnaire regarde l'objectif et sourit, comme devant un trophée de chasse.


      Il est de connivence avec celui qui tient l'appareil.

      Claire Mauss-Copeaux, historienne et auteure d'un récent ouvrage sur la guerre d'Algérie à travers des photographies d'appelés, et Marc Garanger, appelé et photographe pour l'armée française en Algérie de 1960 à 1962, soulignent l'un et l'autre la constance de ces stéréotypes.

      "Il faut publier ces photos car ainsi, on casse le jeu qui consiste non seulement à humilier la victime, mais à prolonger cette humiliation en la projetant dans la mémoire par le biais de la pellicule, souligne Claire Mauss-Copeaux. Quand elle est publiée, la photo change de statut. Elle dénonce le bourreau, au lieu de lui appartenir."

      Pour cette universitaire, chargée de recherche au CNRS, deux facteurs créent la surprise et l'émotion dans les clichés en provenance d'Irak : les visages encagoulés et la participation de femmes tortionnaires. Ces deux faits sont à ses yeux plus nouveaux que les sévices sexuels, tristement banals tant le rapport entre guerre et sexualité est établi depuis longtemps.

      "Tant qu'on voit les visages, la victime garde son humanité. Mais ces sacs enfilés sur les têtes sont le signe que le bourreau a voulu retirer à ses prisonniers leur caractère d'homme", analyse l'historienne. Quant à la présence de femmes rieuses conduisant les opérations, - cette soldate américaine qui tient en laisse un prisonnier irakien nu, par exemple - elle ne fait que rappeler une évidence trop souvent oubliée : le fait d'être une femme, et souvent une victime de la violence, n'immunise pas contre la cruauté. "On l'a souvent constaté en Algérie : d'anciens résistants ou déportés de la seconde guerre mondiale ont torturé, alors qu'ils avaient été eux-mêmes torturés", rappelle Claire Mauss-Copeaux.

      Redécouverts aujourd'hui, les sévices sexuels sont loin d'être une pratique récente en temps de guerre. Pendant et avant la guerre d'Algérie - car on ne répétera jamais assez que les exactions ont commencé dans la colonie française dès le XIXe siècle -, le viol des détenus masculins au moyen de bouteilles de verre (dont le goulot avait été ébréché) a compté parmi les supplices les plus répandus. C'était aussi banal que la gégène (torture à l'électricité) et le supplice de l'eau.

      Le viol des femmes, lui, a été beaucoup plus fréquent qu'on ne peut l'imaginer. A la villa Sesini et à l'école Sarouy notamment, deux des centres d'interrogatoires d'Alger, le viol était une pratique courante. Aujourd'hui, on commence tout juste à réaliser l'ampleur de ce drame, mais on l'admet difficilement : du côté français parce qu'il met en cause l'armée, du côté algérien, parce que le viol représente toujours le déshonneur suprême.

      En brisant ce tabou, en l'an 2000, d'abord dans les colonnes du Monde puis à la fête de l'Humanité, Louisette Ighilahriz a fait scandale de part et d'autre de la Méditerranée. En France, le recours à la torture était jusque-là défendu comme un "moindre mal", une "nécessité" au motif de "l'urgence" face à la menace des bombes. Etait-il vraiment "indispensable" de violer pour obtenir des renseignements ?

      Que dire en outre de la torture pratiquée de façon routinière dans les commissariats d'Algérie bien avant le soulèvement du 1er novembre 1954 ? En attestent non seulement de nombreux témoignages d'Algériens, mais des documents des années 1930 et 1940. Aucune bombe, à cette époque, ne menaçait pourtant d'exploser à Alger...

      Sur les photos d'Algérie comme sur celles d'Irak aujourd'hui, il est une autre constante : l'harmonie des visages des bourreaux. "Loin d'exprimer la violence qu'ils infligent, ils sont parfaitement "normaux"", fait remarquer Claire Mauss-Copeaux. Preuve que n'importe qui, dans un contexte particulier, peut basculer s'il n'a pas de solides repères. Or certaines photos - celles de Marc Garanger en premier lieu - font partie de ce travail d'éducation indispensable, leur violence rappelant ce qui a été et que la mémoire a tendance à rejeter.

      Car l'oubli arrive avec une facilité et une rapidité déconcertantes. "Dans mon travail sur la guerre d'Algérie, je passe mon temps à redécouvrir des choses que je savais pourtant, explique Claire Mauss-Copeaux. La mémoire de la violence, ça pèse, c'est douloureux. On ne veut pas de ce compagnonnage-là. Il faut se faire violence pour regarder la vérité en face !"

      Dire, écrire, montrer, ce n'est pas "remuer la boue" pour le plaisir, comme on l'entend si souvent dire, ici et là. C'est nous prémunir contre "nos faciles glissements", "nos distraites complicités" comme les appelle Francis Jeanson. En d'autres termes, c'est nous protéger contre un engrenage qui sans cesse menace de broyer l'humain, que ce soit en Indochine, en Irak, en Algérie ou ailleurs.

      Florence Beaugé, Le Monde

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      • #18
        Pour les gros titres en juillet.. A lire


        Nouveaux rapports sur l’installation d’AMD en Irak
        BASRA, 12 Avril – 50 jours après les premiers rapports annoncant que les forces américaines déchargeaient des armes de destruction massive (AMD) dans le sud de l’Irak, de nouvelles fuites sur le movement de ces armes ont fait surface.

        Des sources en Irak spéculent sur le fait que les forces d’occupation utilisent la récente agitation en Irak pour distraire l’attention des convois subreptices d’AMD au sein du pays.

        Une source irakienne proche du Governor’s Office de Basra a dit à la MNA que les nouvelles informations montrent qu’une grande part des AMD, qui a été secrètement amené dans le sud et l’ouest irakiens durant le mois derniers, sont dans des containers etiquettes frauduleusement comme containers de la compagnie de transport Maeresk et dans des expéditions portent les labels d’organisation comme la Croix Rouge ou l’Aide Américaine (USAID) dans le but de les travestir en convois humanitaires.

        La source, qui parlait sous condition d’anonymat, a ajouté que les officiers irakiens appartenant à des forces loyales au Conseil de Gouvernement Irakien stationnées dans le sud de l’Irak se seraient vus interdire l’inspection ou la supervision du transport de ces convois. Il a été jusqu’à dire que les forces d’occupation avaient ordonné aux officiers irakiens de faire part de toutes les questions sur le sujet aux forces de la coalition. Même les cadres des organisations d’aide internationale ont informé les officiers irakiens qu’ils n’accepteraient d’être tenus responsables que des seules convois humanitaires qui auraient été enregistré et acheminé par leurs organisations.

        La source irakienne a également confirmé la rumeur de camions suspicieux avec de fausses plaques d’immatriculation saoudienne et jordanienne entrant en Irak à la nuit la semaine dernière, rapportant que les gardes des douanes saoudiens et les jordaniens n’ont pas tenté d’inspecter les camions mais les ont simplement remis aux forces américaines et britanniques stationnées sur la frontière irakienne.

        Cependant, la source a exprimé son ignorance sur la question de savoir si les gouvernements d’Arabie Saoudite et de Jordanie étaient au fait de tels mouvements/

        Un professeur de physique de l’université de Bagdad a également dit au correspondent de la MNA qu’un groupe de ses collègues hautement specialises dans les champs militaire, chimique et biologique ont été soit corrompu soit menaces durant les dernières semaines pour fournir des informations écrites, confessant qu’ils sont au courant de programmes variés et de centres de recherche ainsi que du possible stockage d’équipement de destruction massive.

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        • #19
          Bonsoir

          L’occident jongle avec la démocratie au gré de ses intérêts. Si celle-ci est contre les intérêts du moment, on organise une croisade pour les droits de l’homme. Ce n’est pas la démocratie qui détermine la politique étrangère des pays occidentaux, c'est le pétrole

          Bien avant l’invasion des américains en Irak, ce pays a subi plus de 37 raids, 43 bombardements en 2001 et 48 en l’an 2000

          L’embargo a tué des milliers d’Irakiens mort faute de nourriture ou de soins. Des enfants atteints de cancer, cancer provoqué par « la bombe à souffle », interdite en principe par la convention internationale sont morts dans des conditions atroces faute de leur fournir des médicaments pour alléger leurs souffrances

          Ces barbares sanguinaires n’ont pas hésité à utiliser des bombardiers lourds pour bombarder des populations victimes de l’embargo. Aujourd’hui, « ces chiens » qui pensaient être reçu avec des fleurs torturent les résistants irakiens

          Un spécialiste en géopolitique (je ne me souviens plus de son nom) expliquait que la décadence de l’empire américain se fera suite à de multiples guerres menés contre des pays dont l’armée est insignifiante
          J’aimerai tellement que ce spécialiste ne se soit pas trompé et être encore en vie pour me délecter de cette décadence

          Cordialement :wink:

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          • #20
            D'ALGÉRIE EN IRAK


            C'est une photographie anonyme, prise en 1960, en Algérie, dans la région de Constantine, en pleine campagne, face à un mur de pierres sèches. Elle montre deux appelés français, aux mines de gamins fiers de leur bêtise, mais un peu empotés dans leurs battle-dress froissés, qui, leurs armes en bandoulière, tiennent chacun d'une main les bras d'une jeune Algérienne totalement dévêtue et dont l'une des nattes pend le long de son épaule gauche.


            On ne sait s'il y eut viol, encore moins s'il a précédé ou suivi la séance photo, mais on le suppose. Ou plutôt, en regardant cette femme présentée comme un trophée de chasse, en devenant spectateur de cette mise à nu, en contemplant cette prise bestiale où le corps n'est plus qu'un objet mort, on se dit que le viol est déjà dans cette mise en scène qui, pour ses auteurs, ne fut sans doute qu'un jeu.


            Il n'y a pas, ou très peu, d'images de la torture pratiquée en Algérie.


            Dans ce cliché se laisse voir la culture, les préjugés, l'idéologie qui amènent des hommes semblables à tous les autres hommes, ni plus sadiques ni plus pervers, à accepter la torture, à la pratiquer eux-mêmes ou à la tolérer autour d'eux : cette supériorité affichée, ce sentiment d'impunité, ! cette indifférence à l'humanité de l'autre, cette conviction non pas d'être au-dessus du Bien et du Mal, mais, tout au contraire, d'être dans le Bien, dans le bon camp, dans le camp qui combat le Mal. La barbarie naît de la civilisation : de la certitude d'être le civilisé face au barbare.

            ======================================
            Le Monde2 d'Edwy Plenel

            Pense à citer tes sources, pense au copyright, Ben
            merci
            morjane

            ======================================

            Commentaire


            • #21
              Peut-on m'expliquer comment un tel nombre de photos (Rumsfeld dit qu'il possède un millier d'autres photos plus choquantes) ait pu tomber entre les mains de la presse ?

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              • #22
                Azul Bladerunner,

                Les photos ont été souvent prises par les soldats eux même. Parfois il suffit qu'un commence et après les autres suivent mais bon là ce n'est que spéculation de ma part. Demain je chercherai si je trouve quelque chose là dessus.

                De toutes les façons, tortures et mauvais traitements sont incontestables.

                Mais qu'il y ait eu aussi des faits étranges c'est certains.

                Le Wall Street Journal du 7 mai a publié de larges extraits d?un document confidentiel intitulé « Report of the International Committee of the Red Cross (ICRC) on the Treatment by the Coalition Forces of Prisoners of War and Other Protected Persons by the Geneva Conventions in Iraq During Arrest, Internment and Interrogation » (rapport du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) sur le traitement réservé par les forces de la coalition aux prisonniers de guerre et autres personnes protégées par les Conventions de Genève en Irak durant l?arrestation, l?internement et l?interrogatoire), de janvier 2004.


                « Je suis profondément troublé par le fait que le rapport a été transmis pour publication sans le consentement du CICR, a déclaré le président du CICR, Jakob Kellenberger. Le CICR remplit son mandat de protection en faveur des personnes détenues dans le cadre d?un conflit armé en entreprenant des démarches confidentielles auprès des autorités détentrices et de leurs supérieurs pour attirer leur attention sur les problèmes et les violations. Cette pratique, établie de longue date, nous permet d?agir de manière décisive, tout en veillant à ce que nos délégués aient en tout temps accès aux détenus à travers le monde. Le CICR a visité les personnes détenues par les forces de la coalition et a soumis ses rapports confidentiels aux autorités responsables, sur la base du mandat que lui confèrent les Conventions de Genève.

                Le rapport en question est la synthèse d?une série de documents de travail qui ont été remis aux forces de la coalition. Les conclusions des délégués de l?institution étaient fondées sur leurs constatations et sur des entretiens qu?ils avaient eus sans témoin avec des prisonniers de guerre et des internés civils au cours des 29 visites que le CICR a conduites dans 14 lieux de détention à travers l?Irak entre le 31 mars et le 24 octobre 2003.

                En outre, des délégués et des responsables du CICR ont rencontré des représentants des autorités de la coalition afin de leur faire part de graves préoccupations au sujet du traitement réservé à des personnes protégées par les IIIe et IVe Conventions de Genève, et détenues par les forces de la coalition en Irak.
                » CICR

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                • #23
                  -------------------------------------

                  Le magazine « New Yorker » a publié dimanche une
                  nouvelle photo des sévices infligés à des détenus irakiens,
                  montrant un homme nu terrorisé par deux chiens
                  tenus en laisse par des soldats américains.

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                  • #24
                    Envoyé par Lise
                    Je pense que la publication de ces photos de tortures est une riposte des photos des cerceuils de soldats américains prises clandestinement par Tami Silicio (?)
                    Celà ne peut être une riposte! Les deux événements vont dans le même sens et sont une vraie catastrophe pour l'administration Bush. Pour le Pentagone, il fallait à tout prix faire en sorte à ce que les cercueils des soldats US ne soient jamais montré au public américain. Et c'est encore plus vrai pour les photos des prisionniers torturés.

                    Les faucons viennent de perdre la guerre de la communication et il leur sera très difficile de remonter la pente. Et c'est le comble pour les neo-conservateurs reputés adeptes des frappes stratégiques et c'est encore plus humiliant pour eux, lorsqu'on sait que Rumsfled est accusé par les démocrates d'être un vulgaire passionné de frappes tactiques!

                    Ces scandales à répétition sont une vraie catastrophe pour le clan Bush et une aubaine pour Kerry.

                    Pauvres irakiens : A défaut de vivre heureux au dessus de leur pays virtuellement riche, ils sont massacrés par les criminels neo-conservateurs et font malgré eux, la météo de la campagne US.

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                    • #25
                      à

                      Merci Monsieur Rumsfeld, le grand libérateur des Irakiens !! Tu es parvenu à mettre Saddam Hussein et George W. Bush dans le même sac. Abou Ghraïb, plein à craquer de détenus, en a vu des vertes et des pas mûres sous le règne du maître de Bagdad. Il est à l’identique, aujourd’hui, sous le règne du maître du monde, le champion du «changement bienfaiteur» pour le monde arabe et le monde musulman aussi. Bush nous prend pour des naïfs !

                      Certes, Saddam Hussein est connu pour être un dictateur sanguinaire sans loi, ni foi, mais George Bush lui, émane d’une grande nation et veut nous arroser, nous les Arabes, des retombées de sa démocratie ! N’est-ce pas pour cela qu’il a colonisé l’Irak et cherché à en faire un exemple de tolérance et de liberté pour tous les peuples arabes et musulmans afin que leurs jeunesses respectives renoncent à jamais à l’extrémisme et au terrorisme ?

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                      • #26
                        Bush nous prend pour des naïfs !
                        En tout cas, Bush ne nous méprise pas plus que ne nous méprisent nos propres dirigeants.

                        Il est évident qu'il faut être dûpe pour croire en la volenté de Bush d'aider "réellement" les irakiens ou encore les afghans. Mais malgré celà, il a quand même le mérite d'avoir présenté ses excuses aux irakiens et a obligé Rumsfeld à revenir sur terre et s'excuser à son tour.

                        Saddam a massacré des dizaines de milliers d'irakiens et n'a jamais présenté la moindre excuse à son peuple. Et c'est aussi le cas de la majorité des dirigeants arabes, à commencer par Boutef lui même, qui a été responsable d'une répression sauvage en Kabylie* et n'a jamais daigné s'excuser.

                        Bush et Sharon sont des monstres mais ils sont loin d'être pire que les dirigeants des pays arabes.

                        * Pour ne citer que ce cas.

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                        • #27
                          :shock: Balayer devant sa porte d’abord !


                          Il y a dans le monde arabe des choses qui font pleurer comme la transparence dans les appels d’offres internationaux, des choses qui vous laissent vide comme les photos d’Abou Ghraïb et des choses qui font rire comme ce que va dire et dénoncer le sommet de la Ligue arabe prévu à Tunis. Il y est annoncé une vive condamnation des pratiques de la torture et de la violence contre les prisonniers irakiens.

                          C’est ainsi qu’une Ligue verbeuse, composée de pays arabes où la pratique de la torture est presque conjointe des histoires nationales de chaque territoire, où un policier a autant de notion de droits de l’homme qu’un vendeur d’eau en a sur la couche d’ozone et où la vérité et le renseignement sont à l’arraché, bénie par les silences complices et les habitudes policières, qui aujourd’hui vont aller jusqu’à condamner des tortionnaires américains. Tout le monde sait sur quoi sont bâties des légitimités de familles régnantes chez nous, ce qu’est l’avenir d’un opposant qui fait trop de bruit, de l’Irak d’autrefois et jusqu’au Maroc d’aujourd’hui.

                          Tout le monde sait qu’elle a été la facture et la couronne d’épines de ceux qui ont depuis des décennies dénoncé un roitelet ou un président à vie dans la région. Tout le monde connaît les sinistres rumeurs des prisons clandestines arabes et les débris d’os vivants de ceux qui y ont croupi des années ou des jours d’éternité et tout le monde sait quel est le synonyme exact de l’expression «ordre public», «sécurité de l’Etat» et «délit de trouble» dans cette aire de la connivence. Pire encore, le bon parapluie de la lutte antiterroriste mondial a donné aux nôtres le meilleur prétexte pour autoriser la méthode et couvrir de bénédictions le viol de l’humain arabe et de sa dignité parce qu’il a voulu élever une voix ou dénoncer une rapine organisée.

                          Aujourd’hui, ce sont ces mêmes pays arabes, qui ont une longue histoire de services secrets à la dérive, de systèmes policiers sans pitié et de «disparus» sans traces ni procès, qui dénoncent les Etats-Unis et la torture. Et pour une fois, l’Amérique va bien rire de voir ces «sinistres» oser élever le ton et appeler à un peu plus d’humanité pour les prisonniers irakiens. Pour une fois, les Bushiens de l’époque auront raison de nous demander de bien balayer d’abord devant chez nous avant de crier au scandale. Nous sommes bien mal placés pour parler de la torture et des droits de l’homme et du prisonnier, depuis un siècle déjà.

                          Il ne faut jamais oublier que chaque pays arabe de la Ligue arabe a eu ou a encore son Abou Ghraïb et ses propres geôliers qui tirent avec des laisses de chiens quelques prisonniers nus et encagoulés. Mais ceux-là personne n’a encore pu les photographier.


                          Par Kamel Daoud

                          Commentaire


                          • #28
                            Morgues de barbarie


                            Échanges culturels : c’est le titre – laconique mais fort éloquent – de deux dessins que publie côte à côte le journal satirique Le Canard Enchaîné. Sur le premier on voit des fragments de corps humains, ceux des quatre Américains lynchés dernièrement à Falloujah, se balançant sous un pont ; le second montre ce prisonnier irakien encagoulé et juché sur une caisse, les bras écartés et garnis d’électrodes : terrible image qui, s’écrie le sénateur démocrate Edward Kennedy, menace de supplanter celle de la statue de la Liberté dans la perception qu’on a un peu partout de l’Amérique.

                            L’humanité n’est pas près d’en avoir fini, hélas, avec ce genre de spectacle. Le Pentagone s’apprête à publier ainsi, à son corps défendant, un nouveau lot de photographies retraçant les sévices, à caractère très souvent sexuel, infligés aux pensionnaires du centre carcéral d’Abou-Ghraïb par des interrogateurs psychopathes.

                            Et c’est ce moment précis que l’on choisit, par un malheureux hasard, pour asséner au monde – et singulièrement aux Palestiniens eux-mêmes comme à tous les Arabes – celles d’activistes du Hamas paradant hier dans le centre de Gaza et exhibant, tels de glorieux trophées, les restes de soldats israéliens tués au cours d’ une incursion dans cette ville.

                            Ces six soldats, il est vrai, ne se trouvaient pas là en touristes, pas plus d’ailleurs que les quatre mercenaires américains engagés comme supplétifs par le Pentagone qui s’étaient aventurés dans les faubourgs de Falloujah. Et si ces militaires ont été littéralement pulvérisés par l’explosion de leur véhicule – au point que lesdits trophées se réduisaient à des fragments de cuir chevelu ou à des moignons de bras ou de jambes –, c’est que celui-ci était bourré de dynamite destinée à détruire, à faire des morts. Il reste cependant que la fête macabre de Gaza n’est guère à la hauteur de la juste cause des Palestiniens, pas plus qu’elle n’est conforme d’ailleurs aux préceptes religieux commandant le respect des morts. Plus grave encore, elle ne peut qu’apporter de l’eau au moulin de ceux qui s’érigent en champions du monde dit civilisé, en pourfendeurs du terrorisme et de la barbarie, alors qu’ils se rendent eux-mêmes coupables des pires excès.

                            Injustifiables à tout point de vue, totalement inopportunes, les tristes festivités de Gaza peuvent trouver sans doute une explication dans l’interminable calvaire qu’endure depuis des générations le peuple palestinien. Aux prises avec un occupant dont l’insatiable appétit territorial vient d’obtenir une choquante couverture américaine, les Palestiniens ne disposent que de l’arme du faible, celle qui naît de la frustration, du désespoir face à tant d’injustice :
                            les attentats-suicide. Et aussi quelques kalachnikovs ou lance-roquettes RPG, dérisoires moyens de défense contre les super-helicoptères Apache utilisés pour liquider l’un après l’autre les chefs palestiniens : chaque sortie de ces formidables machines se soldant, comme on sait, par de nombreuses victimes civiles dans ce bidonville surpeuplé qu’est Gaza. En langage faussement « civilisé », cela s’appelle des opérations « ciblées », entraînant des dommages « collatéraux ». Mais la barbarie, car c’en est bien une, est plus criante quand elle est le fait non point de milices mais d’un État constitué. Le terrorisme, car c’en est incontestablement un, n’est-il pas plus condamnable encore quand il se trouve érigé en ligne politique et que cette doctrine obtient de surcroît l’aval de l’unique superpuissance mondiale ?

                            La civilisation contre la barbarie, les nations libres et évoluées contre l’obscurantisme et la tyrannie : de tous les slogans dont s’est bardée la riposte américaine aux épouvantables attentats de septembre 2001, le plus mensonger finalement aura été celui de la loi démocratique, et pas seulement parce que Washington a fait fi de la plupart des démocraties occidentales opposées à la guerre contre l’Irak. Car où est-elle aujourd’hui la démocratie promise à ce pays débarrassé de Saddam Hussein et appelée à rayonner dans tout le Moyen-Orient ? De quelle démocratie peut se targuer Israël qui foule aux pieds les accords signés avec l’OLP et où on parle ouvertement, de plus en plus, de transfert des Palestiniens vers les pays voisins ? Comment les président, Premier ministre et ministres de ces grandes démocraties que sont les États-Unis et la Grande-Bretagne peuvent-ils se dire non informés des horreurs pratiquées dans les geôles d’Irak, alors que leurs gouvernements étaient, depuis des mois, relancés par la Croix-Rouge internationale ? Et où George W. Bush trouve-t-il le phénoménal culot de s’en aller au Pentagone féliciter pour son « merveilleux travail » le même Donald Rumsfeld qui pourtant est au cœur du scandale des tortures ?

                            C’est dire qu’en ce dément, en ce terrifiant début de millénaire, la barbarie n’est l’apanage de personne. Et que si Oussama Ben Laden a criminellement dévoyé les enseignements du Coran, d’autres – et non des moindres – ne se privent pas de malmener, au gré de leurs suspectes visions, qui la Torah et qui la Bible.

                            Gare aux apprentis prophètes, ils sont tous devenus fous.


                            Issa GORAIEB

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                            • #29
                              Le procès de Sadam Hussein débutera la semaine prochaine.

                              Que pensent les intervenants qui étaient pour la guerre en Irak , des tortures infligées aux Irakiens par "ces salopes américaines"?

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                              • #30
                                Soit le monde occidental est naiv ou il ne veux pas enfin se mettre dans la tête que la où l´armée detient les ficelles, le civile ne vaut rien.

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