Corruption, kidnappings, chantage, passages à tabac… non, il ne s’agit pas de grand banditisme… mais de politique !
Ecœurant. Je n’ai pas d’autre mot pour décrire tout ce que j’ai lu et entendu, cette semaine, sur le deuxième tour des élections communales – celui où les élus d’arrondissements votent (en leur sein) pour les maires des villes ou les présidents des communes rurales. Petit florilège non exhaustif :
A Mohammedia, Settat, Khemisset, Taroudant, Nador (et j’en passe beaucoup) des candidats à des mairies ou à des présidences de communes rurales ont fait “disparaître” des groupes d’élus d’arrondissement – avec l’assentiment des concernés. Jusqu’au jour du vote, ils les ont logés dans des fermes tout confort ou des hôtels de luxe, le plus loin possible de leurs circonscriptions. Les “disparus” de Nador auraient été logés à Melilia, en territoire espagnol. Et ceux d’une autre localité, d’après quelques sources, se seraient carrément retrouvés… au Sénégal !! Pour les candidats qui financent ces coûteuses opérations, l’objectif est de s’assurer que les élus d’arrondissement se tiendront à leur promesse de voter pour eux – une promesse négociée au prix fort, bien évidemment. Et pour plus de garanties, les hôtes retirent leurs téléphones portables à leurs “invités” et les empêchent de sortir de leurs prisons dorées, histoire de ne pas téléphoner au candidat adverse à partir d’une téléboutique pour faire monter les enchères. Entre corrompus, le mot “confiance” est évidemment incongru.
Pour ceux qui refusent de se laisser enfermer volontairement, il reste… le kidnapping forcé, voire le passage à tabac ! C’est notamment arrivé à Khouribga, Fès et Moulay Yacoub. Un candidat à la présidence a par exemple été forcé à monter dans une voiture par 4 hommes qui lui ont bandé les yeux et coincé la tête entre les sièges, puis l’ont frappé jusqu’à évanouissement. Quand il a repris connaissance, il s’est retrouvé prisonnier dans un lieu inconnu, nez à nez avec l’un de ses adversaires… qui, pour mieux le “tenir”, l’a forcé à signer une reconnaissance de dette de 400 000 DH – en présence d’un adoul convoqué (et sans doute grassement rémunéré) à cet effet. Après cela, le pauvre homme a été roué de coups une dernière fois, puis relâché en rase campagne. Il s’est empressé de raconter son histoire à la police, qui a ouvert une enquête judiciaire. On ne sait pas ce qu’il en adviendra, mais vu que la corruption n’est pas l’apanage des élus et des adouls, il ne serait pas surprenant que cette affaire soit classée sans suite. Surtout si l’agresseur est finalement élu président…
Plus trash encore (oui, c’est possible), ce qui s’est passé dans la commune des Ajajra, près de Fès : l’épouse d’un élu d’arrondissement aurait été kidnappée pendant deux jours, pour forcer son mari à voter pour un candidat à la présidence !! On ne connaît pas la suite de cette histoire puisque les concernés, sans doute terrorisés, n’ont plus voulu en parler à la presse. Et pour finir, le nec plus ultra : l’arrestation d’un député aux environs de Marrakech, en possession de 8 millions de dirhams en petites coupures et pour parer à toute éventualité… des fusils et des cartouches ! Le comble : il a été relâché grâce à son immunité parlementaire !!
Le plus écœurant dans tout ça, vous savez ce que c’est ? C’est qu’aujourd’hui, la plupart de ces actes ignobles sont déjà oubliés par ceux-là mêmes qui en ont été les victimes. Forcément, puisqu’à l’heure où ces lignes sont écrites, les maires et présidents ont tous été désignés et que, du coup, il n’y a plus d’enjeu. Pardon, il en reste encore un, d’enjeu : préserver l’avenir. Alors même si on a été humilié, kidnappé et/ou passé à tabac, on efface l’ardoise et on s’acoquine avec celui qui a fini par être élu président… histoire de ne pas être le dernier à profiter de ses délégations de signatures et autres leviers de corruption. Quant aux leaders des partis politiques, ils continueront à dénoncer globalement les “dépassements” et les “irrégularités” avant, eux aussi, de se faire à la réalité du terrain et de tâcher d’en tirer avantage. Finalement, c’est comme si l’ensemble de la classe politique considérait cette folie collective comme une sorte de tradition
Source: Telquel
Ecœurant. Je n’ai pas d’autre mot pour décrire tout ce que j’ai lu et entendu, cette semaine, sur le deuxième tour des élections communales – celui où les élus d’arrondissements votent (en leur sein) pour les maires des villes ou les présidents des communes rurales. Petit florilège non exhaustif :
A Mohammedia, Settat, Khemisset, Taroudant, Nador (et j’en passe beaucoup) des candidats à des mairies ou à des présidences de communes rurales ont fait “disparaître” des groupes d’élus d’arrondissement – avec l’assentiment des concernés. Jusqu’au jour du vote, ils les ont logés dans des fermes tout confort ou des hôtels de luxe, le plus loin possible de leurs circonscriptions. Les “disparus” de Nador auraient été logés à Melilia, en territoire espagnol. Et ceux d’une autre localité, d’après quelques sources, se seraient carrément retrouvés… au Sénégal !! Pour les candidats qui financent ces coûteuses opérations, l’objectif est de s’assurer que les élus d’arrondissement se tiendront à leur promesse de voter pour eux – une promesse négociée au prix fort, bien évidemment. Et pour plus de garanties, les hôtes retirent leurs téléphones portables à leurs “invités” et les empêchent de sortir de leurs prisons dorées, histoire de ne pas téléphoner au candidat adverse à partir d’une téléboutique pour faire monter les enchères. Entre corrompus, le mot “confiance” est évidemment incongru.
Pour ceux qui refusent de se laisser enfermer volontairement, il reste… le kidnapping forcé, voire le passage à tabac ! C’est notamment arrivé à Khouribga, Fès et Moulay Yacoub. Un candidat à la présidence a par exemple été forcé à monter dans une voiture par 4 hommes qui lui ont bandé les yeux et coincé la tête entre les sièges, puis l’ont frappé jusqu’à évanouissement. Quand il a repris connaissance, il s’est retrouvé prisonnier dans un lieu inconnu, nez à nez avec l’un de ses adversaires… qui, pour mieux le “tenir”, l’a forcé à signer une reconnaissance de dette de 400 000 DH – en présence d’un adoul convoqué (et sans doute grassement rémunéré) à cet effet. Après cela, le pauvre homme a été roué de coups une dernière fois, puis relâché en rase campagne. Il s’est empressé de raconter son histoire à la police, qui a ouvert une enquête judiciaire. On ne sait pas ce qu’il en adviendra, mais vu que la corruption n’est pas l’apanage des élus et des adouls, il ne serait pas surprenant que cette affaire soit classée sans suite. Surtout si l’agresseur est finalement élu président…
Plus trash encore (oui, c’est possible), ce qui s’est passé dans la commune des Ajajra, près de Fès : l’épouse d’un élu d’arrondissement aurait été kidnappée pendant deux jours, pour forcer son mari à voter pour un candidat à la présidence !! On ne connaît pas la suite de cette histoire puisque les concernés, sans doute terrorisés, n’ont plus voulu en parler à la presse. Et pour finir, le nec plus ultra : l’arrestation d’un député aux environs de Marrakech, en possession de 8 millions de dirhams en petites coupures et pour parer à toute éventualité… des fusils et des cartouches ! Le comble : il a été relâché grâce à son immunité parlementaire !!
Le plus écœurant dans tout ça, vous savez ce que c’est ? C’est qu’aujourd’hui, la plupart de ces actes ignobles sont déjà oubliés par ceux-là mêmes qui en ont été les victimes. Forcément, puisqu’à l’heure où ces lignes sont écrites, les maires et présidents ont tous été désignés et que, du coup, il n’y a plus d’enjeu. Pardon, il en reste encore un, d’enjeu : préserver l’avenir. Alors même si on a été humilié, kidnappé et/ou passé à tabac, on efface l’ardoise et on s’acoquine avec celui qui a fini par être élu président… histoire de ne pas être le dernier à profiter de ses délégations de signatures et autres leviers de corruption. Quant aux leaders des partis politiques, ils continueront à dénoncer globalement les “dépassements” et les “irrégularités” avant, eux aussi, de se faire à la réalité du terrain et de tâcher d’en tirer avantage. Finalement, c’est comme si l’ensemble de la classe politique considérait cette folie collective comme une sorte de tradition
Source: Telquel
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