C’est une sensation aigre-douce qu’a provoquée l’annonce de la prochaine tournée de l’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU, Christopher Ross, dans la région pour relancer le processus de négociations.
Mijek (territoires libérés)
Sahara occidental
De notre envoyé spécial
Le Premier ministre, Abdelkader Taleb Omar, en a donné hier un avant-goût lors d’une rencontre avec les médias en marge du rassemblement de solidarité avec les détenus sahraouis. Content, certes, que l’émissaire onusien va encore tenter de rapprocher les positions, mais ne se faisant guère d’illusions quant à sa capacité à faire entendre raison à l’occupant marocain qui ne veut rien céder. Taleb Omar reconnaît que Christopher Ross est le «plus objectif» parmi tous ses prédécesseurs et que c’est toujours «un plaisir de le recevoir chez nous». Mais les chances de succès de sa mission sont quasiment nulles, laisse entendre le Premier ministre en faisant remarquer qu’il avait critiqué récemment la position marocaine. «Dans sa dernière lettre adressée aux amis du SG de l’ONU, Ross a précisé, de manière claire, la partie qui entrave le processus de paix, à savoir le Maroc», rappelle le Premier ministre sahraoui. Faute de pouvoir espérer un déblocage de la situation, le Premier ministre sahraoui formule le vœu que le SG de l’ONU mette «la pression sur le Maroc afin de l’amener à changer sa position».
Ross partant ?
Mais il constate à juste titre que le Maroc ne manifeste «aucun signe positif». C’est pourquoi il s’est même interrogé si Christopher Ross «ne va pas jeter l’éponge comme l’avaient fait ses prédécesseurs, à l’instar de James Baker qui avait démissionné». Et sa dernière lettre à Ban Ki-moon en donne le tempo. C’est donc un Premier ministre plutôt amer qui a commenté l’arrivée de Ross.Une amertume justifiée par cette conviction que la reprise des armes est quasiment une fatalité.
Le peuple et les membres du Polisario piaffent, visiblement, d’impatience d’en découdre avec l’occupant, en témoignent leurs slogans et leur ferveur patriotique. Taleb Omar est conscient que la cause nationale fait face à un mur infranchissable par les voies diplomatiques.Il pose d’ailleurs un regard froid sur les 19 années du cessez-le-feu qui ont, d’après lui, plus profité au Maroc. «Il paraît évident que le Maroc, qui a profité de la trêve pour revenir sur ses engagements, a renforcé, de cette sorte, les combattants et militants sahraouis dans leur conviction que seul le retour à la lutte armée est susceptible d’amener l’occupant marocain à réviser ses positions», a-t-il expliqué. Le mot est lâché : la lutte armée. Pour le Premier ministre, le prochain congrès du Polisario en 2011 devrait entériner le retour aux armes. Ces 13es assises reportées d’une année «pour donner une chance au processus des négociations et de paix» s’annoncent cruciales.
Une grenade dégoupillée
«Cette année a été importante, dans le sens qu’elle a permis de donner une visibilité sur la stratégie à adopter à l’avenir», glisse Taleb Omar, qui ne s’est pas encombré de formule pour évoquer la reprise des armes. Son argument ?
«En 35 ans de lutte, les seize années de combat ont été plus porteuses que les dix-neuf ans de diplomatie», regrette-t-il.
Taleb Omar révèle qu’«une grande partie des combattants et militants sahraouis pense que la période de la lutte armée a été plus bénéfique dans le combat pour la liberté». Et pour cause, «ce fut la période qui a amené le régime marocain à accepter le principe de l’organisation d’un référendum d’autodétermination, après des années de refus», dit-il.
C’est dire qu’un consensus national semble se dégager sur l’illusion d’une autodétermination du peuple sahraoui par la voie diplomatique, compte tenu de l’alignement clair des Etats-Unis, de la France mais surtout de l’Espagne sur la thèse du Maroc.Ce dernier s’emploie à coups de millions de dollars et d’une propagande intensive à s’acheter des soutiens, quitte à tordre le cou à la légalité internationale.
Cette dure réalité, les responsables sahraouis et leur peuple l’ont irrémédiablement comprise. Et dans la bouche d’un Premier ministre, la perspective de reprendre les armes est déjà une grenade dégoupillée en attendant qu’elle explose au nez et à la barbe du Maroc et de ses sponsors à l’ONU.
Elwatan
Mijek (territoires libérés)
Sahara occidental
De notre envoyé spécial
Le Premier ministre, Abdelkader Taleb Omar, en a donné hier un avant-goût lors d’une rencontre avec les médias en marge du rassemblement de solidarité avec les détenus sahraouis. Content, certes, que l’émissaire onusien va encore tenter de rapprocher les positions, mais ne se faisant guère d’illusions quant à sa capacité à faire entendre raison à l’occupant marocain qui ne veut rien céder. Taleb Omar reconnaît que Christopher Ross est le «plus objectif» parmi tous ses prédécesseurs et que c’est toujours «un plaisir de le recevoir chez nous». Mais les chances de succès de sa mission sont quasiment nulles, laisse entendre le Premier ministre en faisant remarquer qu’il avait critiqué récemment la position marocaine. «Dans sa dernière lettre adressée aux amis du SG de l’ONU, Ross a précisé, de manière claire, la partie qui entrave le processus de paix, à savoir le Maroc», rappelle le Premier ministre sahraoui. Faute de pouvoir espérer un déblocage de la situation, le Premier ministre sahraoui formule le vœu que le SG de l’ONU mette «la pression sur le Maroc afin de l’amener à changer sa position».
Ross partant ?
Mais il constate à juste titre que le Maroc ne manifeste «aucun signe positif». C’est pourquoi il s’est même interrogé si Christopher Ross «ne va pas jeter l’éponge comme l’avaient fait ses prédécesseurs, à l’instar de James Baker qui avait démissionné». Et sa dernière lettre à Ban Ki-moon en donne le tempo. C’est donc un Premier ministre plutôt amer qui a commenté l’arrivée de Ross.Une amertume justifiée par cette conviction que la reprise des armes est quasiment une fatalité.
Le peuple et les membres du Polisario piaffent, visiblement, d’impatience d’en découdre avec l’occupant, en témoignent leurs slogans et leur ferveur patriotique. Taleb Omar est conscient que la cause nationale fait face à un mur infranchissable par les voies diplomatiques.Il pose d’ailleurs un regard froid sur les 19 années du cessez-le-feu qui ont, d’après lui, plus profité au Maroc. «Il paraît évident que le Maroc, qui a profité de la trêve pour revenir sur ses engagements, a renforcé, de cette sorte, les combattants et militants sahraouis dans leur conviction que seul le retour à la lutte armée est susceptible d’amener l’occupant marocain à réviser ses positions», a-t-il expliqué. Le mot est lâché : la lutte armée. Pour le Premier ministre, le prochain congrès du Polisario en 2011 devrait entériner le retour aux armes. Ces 13es assises reportées d’une année «pour donner une chance au processus des négociations et de paix» s’annoncent cruciales.
Une grenade dégoupillée
«Cette année a été importante, dans le sens qu’elle a permis de donner une visibilité sur la stratégie à adopter à l’avenir», glisse Taleb Omar, qui ne s’est pas encombré de formule pour évoquer la reprise des armes. Son argument ?
«En 35 ans de lutte, les seize années de combat ont été plus porteuses que les dix-neuf ans de diplomatie», regrette-t-il.
Taleb Omar révèle qu’«une grande partie des combattants et militants sahraouis pense que la période de la lutte armée a été plus bénéfique dans le combat pour la liberté». Et pour cause, «ce fut la période qui a amené le régime marocain à accepter le principe de l’organisation d’un référendum d’autodétermination, après des années de refus», dit-il.
C’est dire qu’un consensus national semble se dégager sur l’illusion d’une autodétermination du peuple sahraoui par la voie diplomatique, compte tenu de l’alignement clair des Etats-Unis, de la France mais surtout de l’Espagne sur la thèse du Maroc.Ce dernier s’emploie à coups de millions de dollars et d’une propagande intensive à s’acheter des soutiens, quitte à tordre le cou à la légalité internationale.
Cette dure réalité, les responsables sahraouis et leur peuple l’ont irrémédiablement comprise. Et dans la bouche d’un Premier ministre, la perspective de reprendre les armes est déjà une grenade dégoupillée en attendant qu’elle explose au nez et à la barbe du Maroc et de ses sponsors à l’ONU.
Elwatan
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