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Maroc: mort d'Abraham Serfaty, opposant à Hassan II

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  • #31
    Vu ce qu'il defendait, vu ses prises de positions et vu le courant ideologique dans lequel il s'est battu toute sa vie... je serai curieux que tu me donnes tes references qui indiqueraient qu'il a changé de position. Ce mec la a été communiste, marxiste, leniniste et trotskiste. Je le vois mal changé d'avis. Apres peut etre pour pouvoir revenir au maroc (chose que lui a accordé M6 que tres recemment) il s'est ravisé. Donnant Donnant.

    Mehdoche
    ........................
    Je passe sur tes contradictions concernant l'homme tantôt il est un homme de principes , tantôt il fait du donnant donnant.
    Pour les références exigées , voilà une interview où il s'exprime clairement

    Alternance au Maroc
    Une interview d'Abraham Serfaty



    Le roi du Maroc Hassan II a nommé Premier ministre Abderrahmane Youssoufi, dont le parti, l'Union socialiste des forces populaires, était arrivé en tête lors des législatives de novembre 1997. L'arrivée au pouvoir de cet opposant de longue date pourra-t-elle amorcer les changements profonds dont le Maroc a un urgent besoin, tant sur le plan social que sur le plan démocratique ?
    Quelle est ta première réaction après la nomination d'Abderrahmane Youssoufi comme Premier ministre ?
    Abraham Serfaty - Je suis très satisfait. Abderrahmane Youssoufi est un socialiste, un véritable homme de gauche, qui a lutté toute sa vie pour le progrès au Maroc. Il a fait de la prison et connu l'exil, avant l'indépendance mais aussi après, pendant toutes ces années de tyrannie. C'est une avancée importante, cela fait trente-huit ans qu'il n'y a pas eu de socialiste au pouvoir au Maroc. Evidemment, l'avancée dépendra de la composition du gouvernement. On entend dire qu'il sera obligé d'accepter l'actuel ministre de l'Intérieur, Driss Basri (1), au même poste. La Constitution permet au Premier ministre de composer son gouvernement et de ne pas accepter cet homme, mais c'est aussi une question de rapport de forces. À mon avis, il pourrait le refuser, mais cela dépendra des rapports avec le roi, et de l'environnement politique, dans son propre parti, dans la gauche marocaine, etc. Nous le saurons dans les prochains jours.
    Pourquoi Hassan II a-t-il voulu l'alternance ?
    A. Serfaty - Il l'a voulue pour une série de raisons. D'abord le Maroc est dans une impasse totale, va vers une crise sociale d'envergure. La gauche ou l'opposition au pouvoir, peut, non pas résoudre tous les problèmes du jour au lendemain, mais au moins commencer à donner une lueur d'espoir aux gens et éviter par là même un ras de marée islamiste qui pèse sur le Maroc. C'est je crois la première raison. Ensuite, des pressions extérieures, notamment de la France, vont dans ce sens-là également. Enfin, la question du Sahara devra être résolue cette année, et la politique conduite jusqu'à présent par Driss Basri mène à un désastre total.
    Penses-tu que A. Youssoufi et le gouvernement disposeront d'une autonomie suffisante face au roi pour mettre en chantier les réformes nécessaires, notamment sur le plan social et celui des droits démocratiques ?
    A. Serfaty - C'est vraiment une question de bataille. La Constitution donne au Premier ministre, investi par la Chambre des députés, des pouvoirs importants qui devraient lui permettre de gouverner pour l'essentiel, et d'éviter que le roi gouverne à sa place. Mais pour imposer cette réalité, il faut une bataille, il faut que toute la gauche s'y mette. J'ai vu récemment un reportage télévisé sur une journée de Christophe Aguiton, qui disait à ses camarades, pendant le mouvement des chômeurs, "nous ne sommes pas contre le gouvernement mais nous devons en être le moteur" : c'est encore plus nécessaire au Maroc.
    La majorité sur laquelle s'appuiera le gouvernement, ainsi que ce dernier, risquent d'être assez hétéroclites...
    A. Serfaty - La majorité ne peut se constituer qu'avec l'apport extérieur au Bloc démocratique (2) du Rassemblement national des indépendants dirigé par Ahmed Osman. C'est un mouvement lui-même hétéroclite mais marqué, notamment par son leader, de modernité. Bien sûr c'est un parti libéral, au sens capitaliste du terme, mais il n'est pas lié aux vieilles structures moyenâgeuses du Maroc. Il peut participer à un pas en avant. L'autre composante vraisemblablement nécessaire est un parti moins important, le Mouvement national populaire, qui s'est récemment différencié de ces anciennes structures féodales mais berbéristes auxquelles il était lié auparavant. Il veut aussi faire avancer la question berbère, ce qui est très important au Maroc. Même s'il est vrai que c'est une majorité hétéroclite et fragile, je pense qu'elle pourra tenir le temps nécessaire pour qu'une avancée ait lieu au Maroc, dans la mesure où Youssoufi propose un programme de gouvernement ancré sur les aspirations populaires profondes.

    Quelles tâches attendent le gouvernement?
    A. Serfaty - La première cette année sera le Sahara occidental. Il faut absolument avancer dans la voie d'une solution ni vainqueurs ni vaincus. Je ne sais pas si la majorité et le futur gouvernement seront convaincus de cette solution, il existe encore des illusions sur la possibilité de gagner l'intégration pure et simple du Sahara au Maroc, ce qui est tout à fait impossible. En revanche, une solution négociée de type confédération, avec un Etat sahraoui ou une structure politique sahraouie autonome mais associée au Maroc, peut être positive tant pour le peuple sahraoui que pour le peuple marocain. Je pense que Youssoufi est assez intelligent et lucide pour comprendre cela.


    La question prévue actuellement pour le référendum sur le Sahara occidental porte sur l'intégration ou l'indépendance. Mais les deux parties peuvent négocier un accord - et je pense que la France pourrait aider à cette négociation - envisageant que, dans le cas où l'indépendance l'emporte, se mette en place un accord d'association entre les deux Etats, et dans le cas où le scrutin débouche sur l'intégration - ce que je ne crois pas possible - une très large autonomie soit consacrée par avance.
    La seconde tâche, dans le même temps, c'est évidemment la question sociale, les problèmes agraires, l'enseignement, des problèmes vitaux sur lesquels le gouvernement aura fort à faire pour sortir de l'ornière actuelle, mais toujours avec l'appui autonome de la gauche marocaine et de la société civile.
    Quant à la question berbère, le problème est celui de toute la structure politique marocaine, qui doit aller vers une très large décentralisation. Des provinces qui ont des caractéristiques très spécifiques, enracinées dans l'histoire, doivent avoir des niveaux d'autonomie relativement importants. Dans ce cadre-là, on peut instaurer par exemple l'enseignement de la langue berbère, en parallèle à celui de l'arabe.
    Si le gouvernement se consolide dans cette voie, il peut être un élément important pour l'instauration de la démocratie dans tout le Maghreb, et pour l'instauration de liens de complémentarité et d'union fraternelle avec l'Europe et notamment avec la France.
    Quelles sont ces forces de la société civile?
    A. Serfaty - Au cours de ces dernières années, un élément essentiel est le développement de la société civile. Un des mouvements les plus importants, bien antérieur au mouvement français, est celui des chômeurs diplômés, qui sont plusieurs dizaines de milliers, très actifs et mobilisés. Le mouvement syndical a des traditions importantes. Le mouvement des femmes, plus faible, existe néanmoins. Le mouvement d'affirmation de la langue et de la culture berbères est également très important. Toute une série de mouvements commencent à s'affirmer, et pourront s'affirmer davantage s'il existe une percée de liberté. Le mouvement étudiant a été très largement pénétré depuis déjà une quinzaine d'années par le mouvement islamiste, mais il demeure dans nombre d'universités des traditions de lutte progressiste ; d'autre part je pense que les jeunes qui ont adhéré aux mouvements islamistes peuvent s'orienter vers autre chose que des rêves mythiques, notamment vers des objectifs concrets comme la justice sociale, qui est le fondement même de leur adhésion à l'islamisme. Dans ce cas, le mouvement étudiant pourrait retrouver la vitalité qu'il avait connue auparavant.
    Je dis souvent que l'optimisme consiste à dégager, dans une situation donnée, les voies positives. Aujourd'hui des voies positives s'ouvrent, il existe aussi des obstacles très importants, et il faut se battre pour que les voies positives l'emportent.

    Propos recueillis par Laurence Fesquet
    Dernière modification par FRIMIJA, 19 novembre 2010, 23h59.

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    • #32
      Rien que pour Mehdoche (et pour quoi pas pour d'autres) pour en finir,une fois pour toutes) au lendemain de la mort de cet humaniste avant tout .

      Quelles tâches attendent le gouvernement?
      A. Serfaty - La première cette année sera le Sahara occidental. Il faut absolument avancer dans la voie d'une solution ni vainqueurs ni vaincus. Je ne sais pas si la majorité et le futur gouvernement seront convaincus de cette solution, il existe encore des illusions sur la possibilité de gagner l'intégration pure et simple du Sahara au Maroc, ce qui est tout à fait impossible. En revanche, une solution négociée de type confédération, avec un Etat sahraoui ou une structure politique sahraouie autonome mais associée au Maroc, peut être positive tant pour le peuple sahraoui que pour le peuple marocain. Je pense que Youssoufi est assez intelligent et lucide pour comprendre cela.

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