Voilà l'in terview d'un autre marocain.
De nom allez vous le traiter
Montasser Essakhi. Animateur du Mouvement du 20 février à Rabat
«Nous rêvons d’un Maroc où il serait possible de rêver»


A 23 ans, il tient déjà un discours digne des vétérans de la politique. Montasser Essakhi est une de ces figures de la jeunesse marocaine qui ont fait trembler le trône. La fièvre référendaire passée, il part à la mobilisation. Pour lui et le Mouvement du 20 février, l’adoption de la nouvelle Constitution est «un non-événement». Pas question d’arrêter la lutte avant l’instauration de la démocratie dans le royaume.
- Après l’adoption du référendum, votre mouvement ne risque-t-il pas de s’essouffler ?
Je pense tout le contraire. Le Mouvement du 20 février prendra de l’ampleur car les gens vont se rendre compte rapidement que la réforme constitutionnelle adoptée n’est pas une réponse sérieuse aux revendications des Marocains. Il y aura encore des gens qui vont manifester en nombre important dans toutes les villes marocaines. Les manifestations d’aujourd’hui (l’entretien a été réalisé avant la manifestation de dimanche, ndlr), donneront un souffle nouveau au Mouvement du 20 février. Notre mouvement n’est pas lié à la Constitution ni aux résultats du référendum. Nos revendications dépassent largement ce que propose ce texte. Notre principale revendication est l’instauration d’une réelle monarchie parlementaire et la mise sous le contrôle du Parlement de l’institution militaire. Cependant, notre mouvement a mis en avant d’autres revendications qui ne se règlent pas par des textes, mais par des décisions à même de rendre aux Marocains leur dignité. Nous avons exigé la fin de la corruption et la traduction devant la justice de tous ses symboles, la libération de tous les détenus politiques. Nous avons aussi des revendications liées aux conditions sociales et économiques. Il faut en finir avec l’économie de rente et enfin consacrer la répartition équitable des richesses du pays.
- Ne craignez-vous pas d’être taxés de jusqu’au-boutiste ?
Nous ne demandons pas la lune, mais des choses très simples à réaliser : la démocratie, la liberté et la justice sociale. Rendre aux Marocains leur dignité. En quoi sommes-nous jusqu’au-boutiste ? Si certains, aujourd’hui, se réjouissent qu’il y ait une nouvelle Constitution, c’est grâce au Mouvement.
Ces élites politiques doivent comprendre que le monde a changé autour de nous et que le Maroc ne doit pas rester à la traîne. Nous disposons d’énormes potentialités pour faire de notre pays un havre de démocratie et de liberté. Nous disons à ceux qui passent leur temps à donner des leçons que cette jeunesse marocaine est désormais responsable. Ils doivent savoir que plus jamais la dictature ne sera acceptée.
- Certains acteurs politiques estiment que la nouvelle Constitution consacre des avancées importantes…
Ce sont ces mêmes acteurs qui disaient,
il y a dix ans, que le Maroc est un pays démocratique. Vous savez, la plupart des partis politiques marocains sont en déphasage avec les réalités du pays. Leur proximité avec le pouvoir leur a fait perdre le bon sens de l’analyse.Ils ont de gros intérêts à préserver, donc naturellement, ils seront contre toute idée de changement qui risquerait de mettre en péril leurs privilèges.
- Vous êtes également militant de l’Union socialiste de forces populaires (USFP), qui a pourtant soutenu le projet de réforme. Vous n’avez pas respecté la consigne de votre parti…
Non seulement nous n’avons pas respecté cette consigne, mais j’ai fait une campagne très active pour le boycott. Surtout pas question de briser le front du 20 Février qui a su redonner espoir aux Marocains.
J’appartiens à un courant des «Unionistes du 20 février» qui demande également la réforme, même au sein du parti. L’USFP a une lecture des événements et de la situation politique du pays qui consiste à dire qu’il ne faut pas rendre la situation plus complexe et que le système du pouvoir n’a pas de réponse immédiate, donc la transition doit attendre. Une vision que nous ne partageons pas. Nous avons trop attendu, nous voulons ce changement là et maintenant. Depuis 1998, on nous parle de transition, mais les choses n’ont pas bougé. Bien au contraire, au bout de 11 ans de règne, nous nous retrouvons dans le camp des pays despotiques.
- Quel est votre rêve en tant que jeune Marocain ?
Comme tous les Marocains jeunes, vieux, femmes et hommes, nous rêvons d’un Maroc démocratique où la dignité humaine est sacrée. Nous voulons être des hommes et des femmes libres. Nous voulons une répartition équitable des richesses pour en finir avec la misère. Cela ne peut se faire qu’avec la fin du système du makhzen et toutes ses ramifications, ses appareils, ses chouyoukh et ses bachawate. Avec la fin, également, de l’économie de rente qui favorise le clientélisme, le copinage et la corruption. Nous rêvons tout simplement d’un Maroc où le rêve serait possible.
Hacen Ouali
EL WATAN
De nom allez vous le traiter
Montasser Essakhi. Animateur du Mouvement du 20 février à Rabat
«Nous rêvons d’un Maroc où il serait possible de rêver»


A 23 ans, il tient déjà un discours digne des vétérans de la politique. Montasser Essakhi est une de ces figures de la jeunesse marocaine qui ont fait trembler le trône. La fièvre référendaire passée, il part à la mobilisation. Pour lui et le Mouvement du 20 février, l’adoption de la nouvelle Constitution est «un non-événement». Pas question d’arrêter la lutte avant l’instauration de la démocratie dans le royaume.
- Après l’adoption du référendum, votre mouvement ne risque-t-il pas de s’essouffler ?
Je pense tout le contraire. Le Mouvement du 20 février prendra de l’ampleur car les gens vont se rendre compte rapidement que la réforme constitutionnelle adoptée n’est pas une réponse sérieuse aux revendications des Marocains. Il y aura encore des gens qui vont manifester en nombre important dans toutes les villes marocaines. Les manifestations d’aujourd’hui (l’entretien a été réalisé avant la manifestation de dimanche, ndlr), donneront un souffle nouveau au Mouvement du 20 février. Notre mouvement n’est pas lié à la Constitution ni aux résultats du référendum. Nos revendications dépassent largement ce que propose ce texte. Notre principale revendication est l’instauration d’une réelle monarchie parlementaire et la mise sous le contrôle du Parlement de l’institution militaire. Cependant, notre mouvement a mis en avant d’autres revendications qui ne se règlent pas par des textes, mais par des décisions à même de rendre aux Marocains leur dignité. Nous avons exigé la fin de la corruption et la traduction devant la justice de tous ses symboles, la libération de tous les détenus politiques. Nous avons aussi des revendications liées aux conditions sociales et économiques. Il faut en finir avec l’économie de rente et enfin consacrer la répartition équitable des richesses du pays.
- Ne craignez-vous pas d’être taxés de jusqu’au-boutiste ?
Nous ne demandons pas la lune, mais des choses très simples à réaliser : la démocratie, la liberté et la justice sociale. Rendre aux Marocains leur dignité. En quoi sommes-nous jusqu’au-boutiste ? Si certains, aujourd’hui, se réjouissent qu’il y ait une nouvelle Constitution, c’est grâce au Mouvement.
Ces élites politiques doivent comprendre que le monde a changé autour de nous et que le Maroc ne doit pas rester à la traîne. Nous disposons d’énormes potentialités pour faire de notre pays un havre de démocratie et de liberté. Nous disons à ceux qui passent leur temps à donner des leçons que cette jeunesse marocaine est désormais responsable. Ils doivent savoir que plus jamais la dictature ne sera acceptée.
- Certains acteurs politiques estiment que la nouvelle Constitution consacre des avancées importantes…
Ce sont ces mêmes acteurs qui disaient,
il y a dix ans, que le Maroc est un pays démocratique. Vous savez, la plupart des partis politiques marocains sont en déphasage avec les réalités du pays. Leur proximité avec le pouvoir leur a fait perdre le bon sens de l’analyse.Ils ont de gros intérêts à préserver, donc naturellement, ils seront contre toute idée de changement qui risquerait de mettre en péril leurs privilèges.
- Vous êtes également militant de l’Union socialiste de forces populaires (USFP), qui a pourtant soutenu le projet de réforme. Vous n’avez pas respecté la consigne de votre parti…
Non seulement nous n’avons pas respecté cette consigne, mais j’ai fait une campagne très active pour le boycott. Surtout pas question de briser le front du 20 Février qui a su redonner espoir aux Marocains.
J’appartiens à un courant des «Unionistes du 20 février» qui demande également la réforme, même au sein du parti. L’USFP a une lecture des événements et de la situation politique du pays qui consiste à dire qu’il ne faut pas rendre la situation plus complexe et que le système du pouvoir n’a pas de réponse immédiate, donc la transition doit attendre. Une vision que nous ne partageons pas. Nous avons trop attendu, nous voulons ce changement là et maintenant. Depuis 1998, on nous parle de transition, mais les choses n’ont pas bougé. Bien au contraire, au bout de 11 ans de règne, nous nous retrouvons dans le camp des pays despotiques.
- Quel est votre rêve en tant que jeune Marocain ?
Comme tous les Marocains jeunes, vieux, femmes et hommes, nous rêvons d’un Maroc démocratique où la dignité humaine est sacrée. Nous voulons être des hommes et des femmes libres. Nous voulons une répartition équitable des richesses pour en finir avec la misère. Cela ne peut se faire qu’avec la fin du système du makhzen et toutes ses ramifications, ses appareils, ses chouyoukh et ses bachawate. Avec la fin, également, de l’économie de rente qui favorise le clientélisme, le copinage et la corruption. Nous rêvons tout simplement d’un Maroc où le rêve serait possible.
Hacen Ouali
EL WATAN
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