Damas accepte le «plan de paix» concocté par la Ligue arabe. Il permet au régime de renforcer son image de rempart contre le chaos
Le régime syrien a annoncé hier accepter le plan de «sortie de crise» que lui a proposé la Ligue arabe, dont les ministres étaient réunis hier au Caire. Le document prévoit «l’arrêt total de la violence pour protéger les civils, la libération des personnes incarcérées en raison des événements actuels, l’évacuation des villes et zones en proie à des conflits armés, et l’autorisation d’accès aux organisations de la Ligue arabe et aux médias arabes et internationaux». Il prévoit également que «le comité ministériel arabe mènera des consultations avec le gouvernement et les différents partis de l’opposition syrienne en vue d’un dialogue national».
Un tournant dans le conflit qui a fait 3000 morts en huit mois? «Il faut comprendre que ce plan n’est que pure cosmétique, c’est avant tout un moyen pour le Qatar et l’Arabie saoudite, à l’origine de l’initiative, de sauver la face dans leur diplomatie régionale», avance Fabrice Balanche, membre du Groupe de recherches et d’études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient à la Maison de l’Orient, à Lyon. Pour cet expert de la Syrie, le plan de la Ligue arabe engage le régime de Bachar el-Assad à pas grand-chose.
«Quand Bachar el-Assad s’engage à parler avec l’opposition, c’est celle qui est tolérée, soit contrôlée, par le régime. Il ne reconnaît évidemment pas le Conseil national syrien.» Ce dernier a d’ailleurs réagi hier en affirmant que Damas avait répondu à la proposition de la Ligue arabe «par une escalade de la répression».
Vers une guerre civile?
De fait, le plan de la Ligue arabe sert plutôt les intérêts de Bachar el-Assad, lui permettant de mettre à son compte la volonté d’apaisement: «Le discours d’el-Assad a toujours été de clamer que sans lui, c’est le chaos. Or, plus on avance dans la crise, plus on voit que la contestation pacifique s’essouffle, pour laisser place à un conflit communautaire et armé. Autrement dit, le régime est en train de réussir à se maintenir grâce aux signes tangibles d’évolution vers la guerre civile.»
Les affrontements qui se multiplient ces derniers jours entre l’armée régulière, dont la hiérarchie est à majorité alaouite, et les 10 000 sunnites qui forment les rangs des déserteurs en sont l’illustration. Hier encore, ces affrontements ont fait quinze morts du côté des forces syriennes, dont huit en riposte à une attaque d’ouvriers sunnites abattus le matin même dans leur usine, près d’Homs, par un groupe armé fidèle au régime. Là, on n’est plus dans le cas de figure de la répression sanglante par le régime des manifestations de rue, réclamant des réformes démocratiques et des avancées sociales.
Si celles-ci demeurent, elles se font de plus en plus rares, selon Fabrice Balanche. «Les arrestations systématiques, 15 000 à 20 000, d’opposants ont fini par instaurer la peur dans la population. Au bout d’un moment, ça finit par calmer.»
Mines aux frontières
La stratégie du régime consiste aussi à poser des mines aux frontières, notamment le long du Liban, pour empêcher tant l’entrée d’armes sur le territoire que la fuite d’opposants. Hier, la Campagne internationale contre les mines antipersonnel, dont le siège est à Genève, a signifié qu’il n’y a «aucune justification à l’utilisation de telles armes frappant sans distinction les civils, quelles que soient les circonstances».
Elle a demandé à l’armée syrienne de cesser immédiatement de poser des mines et de détruire celles déjà déployées.
Cathy Macherel
Tribune de Genève
Le régime syrien a annoncé hier accepter le plan de «sortie de crise» que lui a proposé la Ligue arabe, dont les ministres étaient réunis hier au Caire. Le document prévoit «l’arrêt total de la violence pour protéger les civils, la libération des personnes incarcérées en raison des événements actuels, l’évacuation des villes et zones en proie à des conflits armés, et l’autorisation d’accès aux organisations de la Ligue arabe et aux médias arabes et internationaux». Il prévoit également que «le comité ministériel arabe mènera des consultations avec le gouvernement et les différents partis de l’opposition syrienne en vue d’un dialogue national».
Un tournant dans le conflit qui a fait 3000 morts en huit mois? «Il faut comprendre que ce plan n’est que pure cosmétique, c’est avant tout un moyen pour le Qatar et l’Arabie saoudite, à l’origine de l’initiative, de sauver la face dans leur diplomatie régionale», avance Fabrice Balanche, membre du Groupe de recherches et d’études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient à la Maison de l’Orient, à Lyon. Pour cet expert de la Syrie, le plan de la Ligue arabe engage le régime de Bachar el-Assad à pas grand-chose.
«Quand Bachar el-Assad s’engage à parler avec l’opposition, c’est celle qui est tolérée, soit contrôlée, par le régime. Il ne reconnaît évidemment pas le Conseil national syrien.» Ce dernier a d’ailleurs réagi hier en affirmant que Damas avait répondu à la proposition de la Ligue arabe «par une escalade de la répression».
Vers une guerre civile?
De fait, le plan de la Ligue arabe sert plutôt les intérêts de Bachar el-Assad, lui permettant de mettre à son compte la volonté d’apaisement: «Le discours d’el-Assad a toujours été de clamer que sans lui, c’est le chaos. Or, plus on avance dans la crise, plus on voit que la contestation pacifique s’essouffle, pour laisser place à un conflit communautaire et armé. Autrement dit, le régime est en train de réussir à se maintenir grâce aux signes tangibles d’évolution vers la guerre civile.»
Les affrontements qui se multiplient ces derniers jours entre l’armée régulière, dont la hiérarchie est à majorité alaouite, et les 10 000 sunnites qui forment les rangs des déserteurs en sont l’illustration. Hier encore, ces affrontements ont fait quinze morts du côté des forces syriennes, dont huit en riposte à une attaque d’ouvriers sunnites abattus le matin même dans leur usine, près d’Homs, par un groupe armé fidèle au régime. Là, on n’est plus dans le cas de figure de la répression sanglante par le régime des manifestations de rue, réclamant des réformes démocratiques et des avancées sociales.
Si celles-ci demeurent, elles se font de plus en plus rares, selon Fabrice Balanche. «Les arrestations systématiques, 15 000 à 20 000, d’opposants ont fini par instaurer la peur dans la population. Au bout d’un moment, ça finit par calmer.»
Mines aux frontières
La stratégie du régime consiste aussi à poser des mines aux frontières, notamment le long du Liban, pour empêcher tant l’entrée d’armes sur le territoire que la fuite d’opposants. Hier, la Campagne internationale contre les mines antipersonnel, dont le siège est à Genève, a signifié qu’il n’y a «aucune justification à l’utilisation de telles armes frappant sans distinction les civils, quelles que soient les circonstances».
Elle a demandé à l’armée syrienne de cesser immédiatement de poser des mines et de détruire celles déjà déployées.
Cathy Macherel
Tribune de Genève
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