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Marzouki : "L'esprit colonial, c'est fini"

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  • Marzouki : "L'esprit colonial, c'est fini"

    Dans une interview exclusive au JDD, le nouveau président de la République tunisienne, Moncef Marzouki, fustige la condescendance française envers son pays.

    Il y a moins d’un an, il était encore l’un des principaux opposants au régime. Après des années d’exil en France, Moncef Marzouki, 66 ans, est devenu lundi président de la République tunisienne. Avant-hier, dans le bureau occupé durant vingt-trois ans par Ben Ali, au cœur du sublime palais de Carthage, le nouveau chef de l’État, qui refuse toujours de porter la cravate, a reçu le JDD. À l’aube du premier anniversaire de l’immolation par le feu de Mohamed Bouazizi à Sidi Bouzid.
    Le 18 janvier, vous rentriez d’exil, ce lundi 12 décembre, vous êtes devenu président de la République. Racontez-nous ces deux journées…
    Elles font partie, avec la naissance de mes deux filles, des plus beaux jours de ma vie. À partir de 2004, j’ai tenté à trois reprises de rentrer en Tunisie. À chaque fois, on m’a empêché de respirer, on m’a mené une vie de chien. Le 18 janvier, cela faisait cinq ans que je n’étais pas revenu. Ce fut comme un rêve auquel j’avais fini par ne plus croire. J’ai dû me pincer pour y croire. Je savais que le régime de Ben Ali, qui s’était mis à dos toutes les couches sociales de la population, des islamistes aux militants des droits de l’homme et aux intellectuels, allait s’écrouler un jour, mais pas si vite. En réalité, Ben Ali avait accumulé autour de ce palais tant de bois mort qu’il a suffi d’une étincelle, venue de Sidi Bouzid, pour mettre fin à ce régime odieux. Une bande de malfrats gouvernait la Tunisie. Imaginez des mafieux de la Côte d’Azur ou Mesrine à l’Élysée : c’était ça, la Tunisie de Ben Ali, que les grandes puissances présentaient comme le sauveur de la démocratie…
    «Pour la première fois, les islamistes acceptent la démocratie et les droits de l’Homme»
    Les grandes puissances, à commencer par la France. Vous dites, au sujet de la France, que les bras vous en tombent. Pourquoi?
    J’ai très peu apprécié des considérations culturalistes, pour ne pas dire racistes, formulées à Paris par certains, dont l’ancien ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine, qui se demande si l’Occident doit exporter sa démocratie. Comme si la démocratie était propre aux pays occidentaux. Je suis francophone et francophile, je serai un pont entre la France et la Tunisie, nous travaillerons cordialement mais je constate que les Français sont souvent ceux qui comprennent le moins le monde arabe, alors que ce devrait être le contraire. Les Français sont prisonniers d’une doxa au sujet de l’islam.
    Vous réclamez que la Tunisie soit considérée par la France autrement que comme un "client" pour ses entreprises…
    Oui, ça, c’est fini. Je ne suis pas comme Ben Ali, je suis un président légitime, je tire ma force du peuple. Je n’ai pas besoin d’aller chercher ma légitimité à l’étranger. Tous les régimes dictatoriaux du monde arabe avaient besoin de la légitimation du monde occidental pour exister. Ne serait-ce que parce qu’ils avaient planqué leur fric là-bas. Moi, je n’ai aucun compte en Suisse ou en France. Je suis désormais le président indépendant d’un pays indépendant. L’esprit colonial, c’est terminé. La révolution de janvier 2011 nous a donné la démocratie, la République et finalement l’indépendance.
    Quel président serez-vous?
    Je serai moi-même. Ce palais a été durant des décennies une forteresse, il deviendra une maison de verre ouverte à tout le monde. J’incarnerai la transparence. Ce palais, sous Ben Ali, était le temple de la corruption. Il était le plus grand commissariat du pays, il deviendra le domaine des droits de l’homme. J’ai décidé que tous les autres palais de Ben Ali seront vendus. Je racle les fonds de tiroir pour soigner les blessés de la révolution. Les gens me préviennent : "Attention, la fonction va te transformer." J’ai la prétention de penser que c’est moi qui vais transformer cette fonction.
    Qu’est-ce qui rapproche Moncef Marzouki, ancien défenseur de la laïcité et des droits de l’Homme, de Rached Ghannouchi, homme fort du parti islamiste Ennahda, vainqueur des dernières élections?
    Nous avons une histoire commune : nous sommes deux enfants pauvres du Sud, deux anciennes victimes de Bourguiba puis de Ben Ali, deux anciens exilés. Je prétends que j’ai aidé à rapprocher les islamistes de la démocratie et des droits de l’Homme ; eux m’ont influencé en me persuadant que vous ne pouvez pas réformer ce pays sans prendre en considération la religion et l’histoire. Mais pour les idées, je reste pétri par la culture rationaliste occidentale, celle des Lumières ; eux davantage par la culture traditionaliste religieuse. Je ferai aussi de mon bureau un observatoire de toutes les violations des droits de l’homme et de la femme. Ce contrat de gouvernement que nous avons rédigé est un bon contrat. Pour la première fois, les islamistes acceptent la démocratie et les droits de l’homme. Les craintes à l’égard d’Ennahda sont absurdes. Ceux qui crient au loup sont soit de mauvaise foi, soit des ignorants.
    Beaucoup craignent pourtant qu’à court terme, rien ne puisse résister à Ennahda…
    Le temps montrera à quel point l’approche des Occidentaux est absurde. Notre société recèle une partie conservatrice et une autre moderne. L’expression politique du conservatisme, c’est l’islamisme. Vous avez des partis démocrates-chrétiens en Europe, nous avons un parti démocrate islamiste. Prétendre que nous avons vendu notre âme au diable en nous alliant aux islamistes relève du fantasme.
    Les heurts à l’université de Tunis il y a deux semaines autour du port du niqab à l’intérieur de l’établissement est-ce un fantasme?
    Encore un mauvais exemple français. Il y a 300.000 étudiants en Tunisie, dont la moitié de filles. Sur ces 150.000 étudiantes, il y a peut-être 20% de jeunes voilées dont une, une seule, qui veut porter le niqab. On fait toute une histoire pour une étudiante. Il y a 700.000 chômeurs dans ce pays. Comment pouvons-nous nous focaliser sur autre chose que la lutte contre le chômage ? Cette histoire de niqab relève de la liberté individuelle de chacune. Qu’on en finisse et qu’on parle de sujets importants. Celui-ci est tout à fait marginal, il n’existe pas pour moi. Il ne m’intéresse même pas.

    Alexandre Duyck, envoyé spécial à Tunis - Le Journal du Dimanche
    samedi 17 décembre 2011

  • #2
    Je ne suis pas comme Ben Ali, je suis un président légitime, je tire ma force du peuple

    Mais il se moque de nous celui-là !! depuis quand il a été élu par le peuple ?

    En réalité, Mr. Marzouki a été l’unique candidat - dont le dossier était complet (sic !!) - et présenté officiellement à Mustapha Ben Jaafar, président de l’Assemblée constituante; et c'est cette dernière et non le peuple qui l'a élu !!
    Kindness is the only language that the deaf can hear and the blind can see - Mark Twain

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    • #3
      Tous les régimes dictatoriaux du monde arabe avaient besoin de la légitimation du monde occidental pour exister.
      Vrai, si placés et soutenus par les occidentaux ils œuvreront pour eux.
      Il faut juste mettre un bémol aux déclarations, il y a la real politik et la situation sur le terrain. La France a toujours ses hommes en Tunisie ... qui n'est qu'un petit pays sis entre l'Algérie et la Libye, tous deux avec des régimes plus ou moins légitimes.
      وإن هذه أمتكم أمة واحدة

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      • #4
        Je prétends que j’ai aidé à rapprocher les islamistes de la démocratie et des droits de l’Homme ; eux m’ont influencé en me persuadant que vous ne pouvez pas réformer ce pays sans prendre en considération la religion et l’histoire.

        Mais pour les idées, je reste pétri par la culture rationaliste occidentale, celle des Lumières ; eux davantage par la culture traditionaliste religieuse. Je ferai aussi de mon bureau un observatoire de toutes les violations des droits de l’homme et de la femme. Ce contrat de gouvernement que nous avons rédigé est un bon contrat. Pour la première fois, les islamistes acceptent la démocratie et les droits de l’homme. Les craintes à l’égard d’Ennahda sont absurdes. Ceux qui crient au loup sont soit de mauvaise foi, soit des ignorants.
        Je salue la lucidité de cet homme…

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        • #5
          Le pauvre homme ne voit pas que, du Maroc à la Syrie, chaque révolution accomplie voudrait son Bani Sadr.
          Sauf qu'on n'exhilera, ni tuera les Bani Sadr. Les urnes auront raison d'eux.
          Frouut! Coup de vent.
          Kan hna w'rah!

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          • #6
            Pour sûr il est

            Pompeux !


            ../..
            “La vérité est rarement enterrée, elle est juste embusquée derrière des voiles de pudeur, de douleur, ou d’indifférence; encore faut-il que l’on désire passionnément écarter ces voiles” Amin Maalouf

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            • #7
              Vous êtes trop pessimistes ....
              Il y a de l'espoir ...
              La bonne gouvernance peut changer beaucoup de choses

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              • #8
                Moi j'aime bien ce qu'il dit, il semble à la fois lucide et déterminé reste à savoir de quelle marge de manœuvre il disposera et si ces paroles se traduiront par des actes.
                Wait and see.
                Hope is the little voice you hear whisper "maybe" when it seems the entire world is shouting "no!"

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                • #9
                  Carthage

                  Ils y en a qui vie que du Parti du `refus`, ils ne font que décortiquer pour trouver la moindre faille pour dénigrer, refuser, rejeter. C'est un mode de vie
                  La haine aveugle

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                  • #10
                    Qu’est-ce qui rapproche Moncef Marzouki, ancien défenseur de la laïcité et des droits de l’Homme, de Rached Ghannouchi, homme fort du parti islamiste Ennahda, vainqueur des dernières élections?
                    Nous avons une histoire commune : nous sommes deux enfants pauvres du Sud, deux anciennes victimes de Bourguiba puis de Ben Ali, deux anciens exilés. Je prétends que j’ai aidé à rapprocher les islamistes de la démocratie et des droits de l’Homme ; eux m’ont influencé en me persuadant que vous ne pouvez pas réformer ce pays sans prendre en considération la religion et l’histoire. Mais pour les idées, je reste pétri par la culture rationaliste occidentale, celle des Lumières ; eux davantage par la culture traditionaliste religieuse. Je ferai aussi de mon bureau un observatoire de toutes les violations des droits de l’homme et de la femme. Ce contrat de gouvernement que nous avons rédigé est un bon contrat. Pour la première fois, les islamistes acceptent la démocratie et les droits de l’homme. Les craintes à l’égard d’Ennahda sont absurdes. Ceux qui crient au loup sont soit de mauvaise foi, soit des ignorants.
                    voilà les paroles d'un homme sage et raisonnable ...
                    c'est l'homme qu'il faut pour la tunisie ..modéré et rassembleur ..
                    il me rappelle boudiaf allah yarahmou..
                    ارحم من في الارض يرحمك من في السماء
                    On se fatigue de voir la bêtise triompher sans combat.(Albert Camus)

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                    • #11

                      Carthage

                      Ils y en a qui vie que du Parti du `refus`, ils ne font que décortiquer pour trouver la moindre faille pour dénigrer, refuser, rejeter. C'est un mode de vie
                      toujours adeptes des namimattes ....
                      vous ne changerez jamais ...
                      ارحم من في الارض يرحمك من في السماء
                      On se fatigue de voir la bêtise triompher sans combat.(Albert Camus)

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                      • #12
                        Est ce que tu fais partie de ce parti, ni gauchiste, ni centriste, ni islamiste, ni droite, ni goud. le parti de wah wah wah!!!???
                        La haine aveugle

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                        • #13
                          Est ce que tu fais partie de ce parti, ni gauchiste, ni centriste, ni islamiste, ni droite, ni goud. le parti de wah wah wah!!!???
                          je ne sais pas ..
                          ce qui est sur , c'est que je ne fais partie du parti des algériens qui vont chez les tunisiens pour casser du sucre sur les marocains..sournoisement...
                          ارحم من في الارض يرحمك من في السماء
                          On se fatigue de voir la bêtise triompher sans combat.(Albert Camus)

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                          • #14
                            ah non mais moi le marroki je n'ai pas mentionner le mot Algerien chez le tunisien.
                            La haine aveugle

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                            • #15
                              ah non mais moi le marroki je n'ai pas mentionner le mot Algerien chez le tunisien.
                              trop fin pour ça ...
                              ارحم من في الارض يرحمك من في السماء
                              On se fatigue de voir la bêtise triompher sans combat.(Albert Camus)

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