Algérie-Maroc : Quand le business ouvre la frontière !

La frontière algéro-marocaine sera-t-elle rouverte prochainement ? Les déclarations empreintes de «signaux positifs» émanant des plus hautes autorités des deux côtés de la frontière se multiplient. Maghnia attend depuis 18 ans la levée tant attendue des barrières dressées sur son poste frontalier.
Maghnia
de notre envoyé
Mercredi 1er février. Sur le poste frontalier Akid Lotfi, à une dizaine de kilomètres de Maghnia, il règne un calme plat. Un calme qui dure depuis 18 ans ! Les barrières sont fermées. Aucun signe ne préfigure d’une imminence de la réouverture de la frontière.
Depuis quelques années, la moindre opération d’entretien des édifices publics est aussitôt interprétée comme un signe d’ouverture imminente de la fameuse frontière. Il suffit que des agents nettoient, passent une couche de peinture, taillent les arbustes ou effectuent un anodin désherbage, que cela est interprété à tort comme un signe de l’imminence de l’ouverture de la frontière. «Ce ne sont que des rumeurs. Moi je n’y crois pas, depuis le temps qu’on en parle», dit, résigné, un habitant de Akid Lotfi, tout petit village plat constitué d’un pâté de maisons séparées par un asphalte poussiéreux. D’ici l’on aperçoit le drapeau marocain. Le royaume est à peine à quelques centaines de mètres d’ici. «Ici, la majorité de la population souhaite évidemment la réouverture de la frontière», affirme Adel, chauffeur de taxi.
«Si les frontières étaient rouvertes, il y aurait plus de travail. Le tourisme à destination du Maroc boostera le commerce à Maghnia. Tout le monde sera content», dit Adel au volant de sa vieille Peugeot. «Moi, je suis contre la réouverture, car, il y aurait un rush sur les produits subventionnés comme le lait et le pain», dit, de son côté, un habitant du village. «Ceux d’ici qui sont contre la réouverture des frontières sont une minorité qui a des intérêts en tirant des ficelles des activités informelles», insiste Adel. «Si la frontière était rouverte, il y aurait plus de rentabilité pour les commerces qui tireront profit des escales des touristes qui se rendraient au Maroc. Ces derniers s’acquitteront, d’ailleurs, d’une taxe de sortie du territoire qui alimentera la caisse de la Maghnia», explique le chauffeur.
«Les pays du Maghreb doivent instaurer une monnaie unique», souhaite le jeune conducteur. «La fermeture de la frontière n’arrange que les contrebandiers», estime un commerçant de Maghnia. Chef-lieu deيdaïra à vocation agricole (connu notamment pour la culture de la pomme de terre, de la pastèque et du melon), Maghnia tire essentiellement profit de sa proximité avec le tracer frontalier qui lui a fait naître une âme éminemment commerciale. Conséquence : la population a triplé en deux décennies. Aujourd’hui, cette immense cité compte près de 250 000 âmes. Elle a attiré des Algériens venus, ces dernières années, des 48 wilayas. L’informel occupe une place prépondérante dans l’économie locale. «Peu de chômeurs sollicitent l’Ansej et la CNAC pour lancer leurs projets. Ils préfèrent plutôt se lancer dans le business informel», souligne un cadre habitant Maghnia.
«En 1988, la frontière a été rouverte. Mais les beaux jours n’ont duré que six courtes années», déplore, nostalgique, le chauffeur de taxi. Il faut prendre un avion pour se rendre au royaume chérifien. Pour autant, les liens avec l’autre côté de la frontière n’ont jamais été rompus en dépit des barrières frontalières. «Beaucoup achètent un billet d’avion ouvert sur une année, entrent par avion au Maroc, puis au retour, ils empruntent, illégalement, la voie terrestre. Ainsi, ils font des allers-retours autant qu’ils souhaitent, et, en cas de contrôle par la police, ils montrent le billet d’avion et le passeport sur lequel est apposé le sceau d’entrée sur le territoire marocain», relate un habitant.

La frontière algéro-marocaine sera-t-elle rouverte prochainement ? Les déclarations empreintes de «signaux positifs» émanant des plus hautes autorités des deux côtés de la frontière se multiplient. Maghnia attend depuis 18 ans la levée tant attendue des barrières dressées sur son poste frontalier.
Maghnia
de notre envoyé
Mercredi 1er février. Sur le poste frontalier Akid Lotfi, à une dizaine de kilomètres de Maghnia, il règne un calme plat. Un calme qui dure depuis 18 ans ! Les barrières sont fermées. Aucun signe ne préfigure d’une imminence de la réouverture de la frontière.
Depuis quelques années, la moindre opération d’entretien des édifices publics est aussitôt interprétée comme un signe d’ouverture imminente de la fameuse frontière. Il suffit que des agents nettoient, passent une couche de peinture, taillent les arbustes ou effectuent un anodin désherbage, que cela est interprété à tort comme un signe de l’imminence de l’ouverture de la frontière. «Ce ne sont que des rumeurs. Moi je n’y crois pas, depuis le temps qu’on en parle», dit, résigné, un habitant de Akid Lotfi, tout petit village plat constitué d’un pâté de maisons séparées par un asphalte poussiéreux. D’ici l’on aperçoit le drapeau marocain. Le royaume est à peine à quelques centaines de mètres d’ici. «Ici, la majorité de la population souhaite évidemment la réouverture de la frontière», affirme Adel, chauffeur de taxi.
«Si les frontières étaient rouvertes, il y aurait plus de travail. Le tourisme à destination du Maroc boostera le commerce à Maghnia. Tout le monde sera content», dit Adel au volant de sa vieille Peugeot. «Moi, je suis contre la réouverture, car, il y aurait un rush sur les produits subventionnés comme le lait et le pain», dit, de son côté, un habitant du village. «Ceux d’ici qui sont contre la réouverture des frontières sont une minorité qui a des intérêts en tirant des ficelles des activités informelles», insiste Adel. «Si la frontière était rouverte, il y aurait plus de rentabilité pour les commerces qui tireront profit des escales des touristes qui se rendraient au Maroc. Ces derniers s’acquitteront, d’ailleurs, d’une taxe de sortie du territoire qui alimentera la caisse de la Maghnia», explique le chauffeur.
«Les pays du Maghreb doivent instaurer une monnaie unique», souhaite le jeune conducteur. «La fermeture de la frontière n’arrange que les contrebandiers», estime un commerçant de Maghnia. Chef-lieu deيdaïra à vocation agricole (connu notamment pour la culture de la pomme de terre, de la pastèque et du melon), Maghnia tire essentiellement profit de sa proximité avec le tracer frontalier qui lui a fait naître une âme éminemment commerciale. Conséquence : la population a triplé en deux décennies. Aujourd’hui, cette immense cité compte près de 250 000 âmes. Elle a attiré des Algériens venus, ces dernières années, des 48 wilayas. L’informel occupe une place prépondérante dans l’économie locale. «Peu de chômeurs sollicitent l’Ansej et la CNAC pour lancer leurs projets. Ils préfèrent plutôt se lancer dans le business informel», souligne un cadre habitant Maghnia.
«En 1988, la frontière a été rouverte. Mais les beaux jours n’ont duré que six courtes années», déplore, nostalgique, le chauffeur de taxi. Il faut prendre un avion pour se rendre au royaume chérifien. Pour autant, les liens avec l’autre côté de la frontière n’ont jamais été rompus en dépit des barrières frontalières. «Beaucoup achètent un billet d’avion ouvert sur une année, entrent par avion au Maroc, puis au retour, ils empruntent, illégalement, la voie terrestre. Ainsi, ils font des allers-retours autant qu’ils souhaitent, et, en cas de contrôle par la police, ils montrent le billet d’avion et le passeport sur lequel est apposé le sceau d’entrée sur le territoire marocain», relate un habitant.
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