Zine Al Abidine Ben Ali et, à travers lui, toute la Tunisie, ont-ils été victimes d’un vaste complot ourdi par des puissances étrangères, en cet historique mois de janvier 2011 ? C’est en tout cas la thèse que le président déchu défend, si l’on se fie à une interview exclusive que lui attribue un site d’information tunisien, «Tunisie-secret» publiée hier dimanche.
Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - De son exil saoudien, Ben Ali fera ainsi d’éclatantes révélations qui, si elles venaient à se confirmer, jetteraient un cinglant discrédit sur ce que l’on a appelé «la Révolution du Jasmin». Affirmant n’avoir jamais donné d’ordre «ni oral, ni écrit» pour l’usage d’armes à balles réelles sur les manifestants, l’ancien homme fort de Tunis révélera que, «dès le 1er janvier 2011, nous savions que des voitures de location et des taxis parcouraient le nord et le sud du pays en donnant aux jeunes de l’argent, de la drogue sous forme de comprimés et de quoi fabriquer des cocktails Molotov.
Mais dès le 8 janvier, à la suite de rapports que j’ai eus sur les attaques de certains postes de police et de la Garde nationale par des éléments terroristes, où il y a eu des morts et des blessés, consigne a été donnée à l’ensemble des forces de l’ordre de faire usage de leurs armes en cas de légitime défense».
Mais en aucun cas, se défend Ben Ali, ni lui ni ses ministres de l’Intérieur et de la défense n’ont donné ordre de tirer sur les manifestants. Il lancera même ce défi : «Je suis prêt à répondre devant un tribunal indépendant de toutes les accusations qu’on m’a adressées.
C’est à ce moment-là que mes compatriotes sauront toute la vérité. Ils sauront qui a tué les manifestants et sous les ordres de qui.» L’ancien maître du palais de Carthage confiera même que lesdites révélations, il allait les faire le soir même de cet historique 14 janvier 2011, dans un discours qu’il avait prévu.
«Mon discours, affirmera-t-il, a été rédigé le 14 janvier, le matin. Je voulais le prononcer à 8h du soir. Les six pages sont restées sur mon bureau à Carthage, lorsque j’ai accompagné ma famille à l’aéroport (…) J’avais pris la décision de dire à mon peuple que j’ai servi toute ma vie, que le pays est en danger, que des groupes terroristes sont arrivés d’Europe et dont nous avons arrêté quelques-uns, que des cellules islamistes dormantes se sont réveillées, que nous avons été trahis par un pays arabe frère et un pays occidental ami.» Ben Ali parle certainement du Qatar et, fort probablement, des Etats-Unis ou alors de la France. Ben Ali revient également sur les circonstances de sa fuite, en ce 14 janvier 2011.
«On m’a persuadé que la vie de ma famille était en danger et qu’on ne pouvait plus assurer ma propre sécurité. J’ai agi comme tout père de famille en pareille circonstance. » Toutefois, tenait-il à préciser, «mon intention n’était pas du tout de quitter la Tunisie». Pour preuve, il argue le fait que «j’ai fini par embarquer dans l’avion sans mes médicaments et sans mes lunettes. En pensant revenir immédiatement après.
Je signale, ajoutera-t-il encore, que je n’ai jamais eu l’intention de me rendre en France à l’inverse de ce qui a été dit. J’ai hésité entre deux pays frères, le Royaume d’Arabie saoudite et l’Algérie. J’ai finalement été guidé vers la terre du Prophète». Mais le plus surprenant est à venir. Celui qui était alors l’encore tout-puissant président de Tunisie, dont la seule évocation du nom équivalait à un délit, avouera que, une fois en Arabie saoudite, et «une heure après notre arrivée, j’ai dit au revoir à ma famille que j’ai laissée partir sous bonne escorte et je suis resté dans l’aéroport.
C’était tard dans la nuit et j’ai attendu que l’avion fasse le plein en kérosène et que les cinq personnes de l’équipage se reposent un peu pour embarquer et repartir vers Tunis. Sans me prévenir, alors que j’attendais au salon d’honneur, l’avion a décollé sans moi à peine deux heures après notre arrivée».
Ben Ali n’a, donc, finalement pas «fui» mais a été piégé ! Si cette intervention de l’ex-président tunisien venait à être authentifiée, il va de soi que cela constituerait une véritable bombe qui remettra en cause tout ce qui a été dit, écrit et cru sur non seulement la «révolution du Jasmin» mais tout ce qu’on appelle «printemps arabe»...
Kamel Amarni - (Le Soir d'Algérie)
Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - De son exil saoudien, Ben Ali fera ainsi d’éclatantes révélations qui, si elles venaient à se confirmer, jetteraient un cinglant discrédit sur ce que l’on a appelé «la Révolution du Jasmin». Affirmant n’avoir jamais donné d’ordre «ni oral, ni écrit» pour l’usage d’armes à balles réelles sur les manifestants, l’ancien homme fort de Tunis révélera que, «dès le 1er janvier 2011, nous savions que des voitures de location et des taxis parcouraient le nord et le sud du pays en donnant aux jeunes de l’argent, de la drogue sous forme de comprimés et de quoi fabriquer des cocktails Molotov.
Mais dès le 8 janvier, à la suite de rapports que j’ai eus sur les attaques de certains postes de police et de la Garde nationale par des éléments terroristes, où il y a eu des morts et des blessés, consigne a été donnée à l’ensemble des forces de l’ordre de faire usage de leurs armes en cas de légitime défense».
Mais en aucun cas, se défend Ben Ali, ni lui ni ses ministres de l’Intérieur et de la défense n’ont donné ordre de tirer sur les manifestants. Il lancera même ce défi : «Je suis prêt à répondre devant un tribunal indépendant de toutes les accusations qu’on m’a adressées.
C’est à ce moment-là que mes compatriotes sauront toute la vérité. Ils sauront qui a tué les manifestants et sous les ordres de qui.» L’ancien maître du palais de Carthage confiera même que lesdites révélations, il allait les faire le soir même de cet historique 14 janvier 2011, dans un discours qu’il avait prévu.
«Mon discours, affirmera-t-il, a été rédigé le 14 janvier, le matin. Je voulais le prononcer à 8h du soir. Les six pages sont restées sur mon bureau à Carthage, lorsque j’ai accompagné ma famille à l’aéroport (…) J’avais pris la décision de dire à mon peuple que j’ai servi toute ma vie, que le pays est en danger, que des groupes terroristes sont arrivés d’Europe et dont nous avons arrêté quelques-uns, que des cellules islamistes dormantes se sont réveillées, que nous avons été trahis par un pays arabe frère et un pays occidental ami.» Ben Ali parle certainement du Qatar et, fort probablement, des Etats-Unis ou alors de la France. Ben Ali revient également sur les circonstances de sa fuite, en ce 14 janvier 2011.
«On m’a persuadé que la vie de ma famille était en danger et qu’on ne pouvait plus assurer ma propre sécurité. J’ai agi comme tout père de famille en pareille circonstance. » Toutefois, tenait-il à préciser, «mon intention n’était pas du tout de quitter la Tunisie». Pour preuve, il argue le fait que «j’ai fini par embarquer dans l’avion sans mes médicaments et sans mes lunettes. En pensant revenir immédiatement après.
Je signale, ajoutera-t-il encore, que je n’ai jamais eu l’intention de me rendre en France à l’inverse de ce qui a été dit. J’ai hésité entre deux pays frères, le Royaume d’Arabie saoudite et l’Algérie. J’ai finalement été guidé vers la terre du Prophète». Mais le plus surprenant est à venir. Celui qui était alors l’encore tout-puissant président de Tunisie, dont la seule évocation du nom équivalait à un délit, avouera que, une fois en Arabie saoudite, et «une heure après notre arrivée, j’ai dit au revoir à ma famille que j’ai laissée partir sous bonne escorte et je suis resté dans l’aéroport.
C’était tard dans la nuit et j’ai attendu que l’avion fasse le plein en kérosène et que les cinq personnes de l’équipage se reposent un peu pour embarquer et repartir vers Tunis. Sans me prévenir, alors que j’attendais au salon d’honneur, l’avion a décollé sans moi à peine deux heures après notre arrivée».
Ben Ali n’a, donc, finalement pas «fui» mais a été piégé ! Si cette intervention de l’ex-président tunisien venait à être authentifiée, il va de soi que cela constituerait une véritable bombe qui remettra en cause tout ce qui a été dit, écrit et cru sur non seulement la «révolution du Jasmin» mais tout ce qu’on appelle «printemps arabe»...
Kamel Amarni - (Le Soir d'Algérie)
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