Alors que l'Union européenne et les Etats-Unis souhaitent une coopération plus étroite entre les pays du Maghreb, ces derniers traînent des pieds, sans comprendre qu'ils ont tout à y gagner, estime Le Quotidien d'Oran.
Le processus de Barcelone, ce projet de coopération entre l'Union européenne et le sud de la Méditerranée, est presque mort. Parlons donc d'Union méditerranéenne. Au nord de la Méditerranée, on semble y penser pour redonner de la consistance à un processus aux résultats peu probants. Ce sera l'un des thèmes que doit évoquer le 31 mai Nicolas Sarkozy avec le Premier ministre espagnol, José Luis Zapatero.
Chez les Européens, un consensus semble se mettre en place pour relancer le partenariat entre les deux rives de la Méditerranée. Mais apparemment à un niveau plus ramassé, celui des 5+5. Cela présenterait l'avantage d'évacuer la question centrale du Moyen-Orient, sur laquelle l'Europe – c'est un constat fait même par des Européens – n'a pas d'influence notable. Le fait est que, dans certains domaines comme celui de la défense, le 5+5 paraît si bien fonctionner qu'il devient une sorte de modèle. Son format paraît plus gérable que la vaste entreprise lancée par le processus de Barcelone.
On peut aussi déceler une certaine "impatience" en Europe face à l'émergence d'une concurrence chinoise, voire moyen-orientale, au Maghreb. Mais ce qui est le plus fort – et les Espagnols le manifestent désormais plus ouvertement –, c'est qu'au Maghreb il faut "débloquer" les choses et mettre fin au statu quo. Le gouvernement espagnol, fortement critiqué en Espagne au sujet de sa politique concernant le Sahara occidental, maintient qu'il ne s'est pas aligné sur le Maroc, mais qu'il est pour que les choses "bougent" et que l'on sorte de ce statu quo qui dure depuis 1975. D'où une disposition à écouter toutes les propositions qui feraient "bouger" les lignes...
S'il ne faut pas nécessairement prendre pour argent comptant les protestations de "neutralité" de Madrid, il ne faut pas pour autant occulter le fait que le statu quo maghrébin est d'abord désolant pour les Maghrébins eux-mêmes. C'est encore plus affligeant de constater que, pour des raisons qui leur sont propres, les pays européens et les Américains paraissent plus "maghrébins" que les Maghrébins eux-mêmes.
Sans avoir à revenir sur l'Histoire, on n'a guère besoin de brillantes démonstrations pour savoir que l'avenir des peuples de la région est dans la construction maghrébine, et que c'est, avec la démocratie, le seul horizon sérieux. Faut-il attendre qu'on y soit poussé et contraint de l'extérieur ? Ne croyons surtout pas que ce n'est pas envisageable et qu'on n'aura pas en définitive un Maghreb "uni" dont les contours auront été dessinés en dehors de nous. Le statu quo au niveau maghrébin s'alimente des statu quo politiques internes. Les deux, en durant, créent les conditions de tentatives de "déblocage" venant de l'extérieur.
Il y a manifestement un intérêt économique pour le Maghreb qui ne peut s'accommoder, à terme, des cloisonnements nationaux. Il est temps que le Maghreb redevienne une priorité politique maghrébine. Car, si nous ne le faisons pas nous-mêmes, on le fera pour nous. Et sans doute contre nous.
http://www.courrierinternational.com...p?obj_id=74470
Le processus de Barcelone, ce projet de coopération entre l'Union européenne et le sud de la Méditerranée, est presque mort. Parlons donc d'Union méditerranéenne. Au nord de la Méditerranée, on semble y penser pour redonner de la consistance à un processus aux résultats peu probants. Ce sera l'un des thèmes que doit évoquer le 31 mai Nicolas Sarkozy avec le Premier ministre espagnol, José Luis Zapatero.
Chez les Européens, un consensus semble se mettre en place pour relancer le partenariat entre les deux rives de la Méditerranée. Mais apparemment à un niveau plus ramassé, celui des 5+5. Cela présenterait l'avantage d'évacuer la question centrale du Moyen-Orient, sur laquelle l'Europe – c'est un constat fait même par des Européens – n'a pas d'influence notable. Le fait est que, dans certains domaines comme celui de la défense, le 5+5 paraît si bien fonctionner qu'il devient une sorte de modèle. Son format paraît plus gérable que la vaste entreprise lancée par le processus de Barcelone.
On peut aussi déceler une certaine "impatience" en Europe face à l'émergence d'une concurrence chinoise, voire moyen-orientale, au Maghreb. Mais ce qui est le plus fort – et les Espagnols le manifestent désormais plus ouvertement –, c'est qu'au Maghreb il faut "débloquer" les choses et mettre fin au statu quo. Le gouvernement espagnol, fortement critiqué en Espagne au sujet de sa politique concernant le Sahara occidental, maintient qu'il ne s'est pas aligné sur le Maroc, mais qu'il est pour que les choses "bougent" et que l'on sorte de ce statu quo qui dure depuis 1975. D'où une disposition à écouter toutes les propositions qui feraient "bouger" les lignes...
S'il ne faut pas nécessairement prendre pour argent comptant les protestations de "neutralité" de Madrid, il ne faut pas pour autant occulter le fait que le statu quo maghrébin est d'abord désolant pour les Maghrébins eux-mêmes. C'est encore plus affligeant de constater que, pour des raisons qui leur sont propres, les pays européens et les Américains paraissent plus "maghrébins" que les Maghrébins eux-mêmes.
Sans avoir à revenir sur l'Histoire, on n'a guère besoin de brillantes démonstrations pour savoir que l'avenir des peuples de la région est dans la construction maghrébine, et que c'est, avec la démocratie, le seul horizon sérieux. Faut-il attendre qu'on y soit poussé et contraint de l'extérieur ? Ne croyons surtout pas que ce n'est pas envisageable et qu'on n'aura pas en définitive un Maghreb "uni" dont les contours auront été dessinés en dehors de nous. Le statu quo au niveau maghrébin s'alimente des statu quo politiques internes. Les deux, en durant, créent les conditions de tentatives de "déblocage" venant de l'extérieur.
Il y a manifestement un intérêt économique pour le Maghreb qui ne peut s'accommoder, à terme, des cloisonnements nationaux. Il est temps que le Maghreb redevienne une priorité politique maghrébine. Car, si nous ne le faisons pas nous-mêmes, on le fera pour nous. Et sans doute contre nous.
http://www.courrierinternational.com...p?obj_id=74470
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