Kosovo: crainte de l'effet domino
20minutes.ch
Outre la Russie et la Serbie, de nombreux gouvernements réagissent négativement à l'indépendance du Kosovo. Dans les couloirs de l'ONU, la déclaration unilatérale de Pristina inquiète.
Embarrassés, des diplomates craignent un effet domino.
Si les Etats-Unis, plusieurs pays européens et latino-américains ne voient pas d'objection à l'indépendance du Kosovo, la communauté internationale est divisée.
De nombreux Etats ont des minorités aux revendications sécessionnistes. Ils se sentent visés par la démarche du Kosovo, qui ouvre, selon eux, la boîte de Pandore. Les premières réactions montrent que Pristina aura de la peine à trouver une majorité en sa faveur à l'Assemblée générale de l'ONU.
Tamouls et Kurdes
La réaction a été virulente lundi du côté du Sri Lanka. L'indépendance du Kosovo «pourrait établir un précédent délicat pour les relations internationales et les Etats souverains, et par conséquent représenter une grave menace pour la paix et la sécurité internationales», a déploré le ministère srilankais des Affaires étrangères.
Pour la minorité tamoule, à l'inverse, la reconnaissance de l'indépendance du Kosovo offrirait l'espoir de voir aboutir 30 ans de lutte pour l'autodétermination de la partie tamoule de l'île de l'Océan indien.
Autre pays hanté par le spectre de la sécession: la Turquie. Quelque 20 millions de Kurdes vivent entre le nord de l'Irak, la Syrie, l'Iran et la Turquie.
Le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) combat les forces turques depuis 1984 sans succès. La reconnaissance du Kosovo serait un nouvel encouragement pour les Kurdes. Ankara, il est vrai, est dans une position contradictoire, car elle soutient la reconnaissance de la République turque de Chypre du Nord autoproclamée, qui a salué l'indépendance du Kosovo.
Risque d'instabilité
L'inquiétude prévaut dans les Balkans. La Grèce est contre. Le ministre bulgare des Affaires étrangères Ivaïlo Kalfine voit un risque d'instabilité. Il redoute la résurgence de conflits gelés ou oubliés, en Transdniestrie (Moldavie), Abkhazie et Ossétie du sud (Géorgie), Nagorny-Karabakh, enclave arménienne au sein de l'Azerbaïdjan.
En Europe, l'Espagne, confrontée au mouvement séparatiste basque ETA depuis 40 ans, a exprimé son opposition. En Asie, l'Indonésie, contrainte d'abandonner le Timor en 1999, micro-Etat reconnu par l'ONU en 2002, redoute les aspirations sécessionnistes d'autres peuples, comme à Aceh et en Papouasie.
La Chine préoccupée
Pékin s'est déclaré «profondément préoccupé». La Chine est hostile à toute velléité séparatiste, en raison de Taïwan (où se prépare un référendum sur l'adhésion de l'île à l'ONU) et du Tibet. Elle pourrait jouer de son influence dans le tiers monde pour s'opposer à une reconnaissance du Kosovo, avec le soutien de divers pays africains, menacés par d'innombrables rébellions.
L'Inde et le Pakistan sont aussi confrontés à des séparatismes internes, du Cachemire au Baloutchistan. Dans les pays arabes, les réactions semblent plus mélangées. D'une part, les Albanais du Kosovo sont musulmans, d'autre part la reconnaissance du Kosovo serait un encouragement pour la création d'un Etat palestinien.
Mais le Maroc, confronté au problème du Sahara occidental, et le Soudan, confronté à la rébellion du Darfour, redoutent un précédent.
Embarras de Ban Ki-moon
Il n'est pas étonnant dans ces conditions que le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon ait conservé une attitude de neutralité. Il ne peut prendre position, dans un sens ou dans l'autre, sans indisposer de nombreux pays membres.
Reste que le Monténégro, autrefois partie de la Serbie comme le Kosovo, est devenu le 192e Etat membre de l'ONU en juin 2006 par consensus, sans susciter la moindre opposition, argumente le journaliste kosovar Nefail Maliqi. De même que la Slovénie, la Croatie, la Bosnie, la Macédoine, suite à la décomposition de la Yougoslavie. Pourquoi pas le Kosovo?
Source: SDA/ATS
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Outre la Russie et la Serbie, de nombreux gouvernements réagissent négativement à l'indépendance du Kosovo. Dans les couloirs de l'ONU, la déclaration unilatérale de Pristina inquiète.
Embarrassés, des diplomates craignent un effet domino.
Si les Etats-Unis, plusieurs pays européens et latino-américains ne voient pas d'objection à l'indépendance du Kosovo, la communauté internationale est divisée.
De nombreux Etats ont des minorités aux revendications sécessionnistes. Ils se sentent visés par la démarche du Kosovo, qui ouvre, selon eux, la boîte de Pandore. Les premières réactions montrent que Pristina aura de la peine à trouver une majorité en sa faveur à l'Assemblée générale de l'ONU.
Tamouls et Kurdes
La réaction a été virulente lundi du côté du Sri Lanka. L'indépendance du Kosovo «pourrait établir un précédent délicat pour les relations internationales et les Etats souverains, et par conséquent représenter une grave menace pour la paix et la sécurité internationales», a déploré le ministère srilankais des Affaires étrangères.
Pour la minorité tamoule, à l'inverse, la reconnaissance de l'indépendance du Kosovo offrirait l'espoir de voir aboutir 30 ans de lutte pour l'autodétermination de la partie tamoule de l'île de l'Océan indien.
Autre pays hanté par le spectre de la sécession: la Turquie. Quelque 20 millions de Kurdes vivent entre le nord de l'Irak, la Syrie, l'Iran et la Turquie.
Le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) combat les forces turques depuis 1984 sans succès. La reconnaissance du Kosovo serait un nouvel encouragement pour les Kurdes. Ankara, il est vrai, est dans une position contradictoire, car elle soutient la reconnaissance de la République turque de Chypre du Nord autoproclamée, qui a salué l'indépendance du Kosovo.
Risque d'instabilité
L'inquiétude prévaut dans les Balkans. La Grèce est contre. Le ministre bulgare des Affaires étrangères Ivaïlo Kalfine voit un risque d'instabilité. Il redoute la résurgence de conflits gelés ou oubliés, en Transdniestrie (Moldavie), Abkhazie et Ossétie du sud (Géorgie), Nagorny-Karabakh, enclave arménienne au sein de l'Azerbaïdjan.
En Europe, l'Espagne, confrontée au mouvement séparatiste basque ETA depuis 40 ans, a exprimé son opposition. En Asie, l'Indonésie, contrainte d'abandonner le Timor en 1999, micro-Etat reconnu par l'ONU en 2002, redoute les aspirations sécessionnistes d'autres peuples, comme à Aceh et en Papouasie.
La Chine préoccupée
Pékin s'est déclaré «profondément préoccupé». La Chine est hostile à toute velléité séparatiste, en raison de Taïwan (où se prépare un référendum sur l'adhésion de l'île à l'ONU) et du Tibet. Elle pourrait jouer de son influence dans le tiers monde pour s'opposer à une reconnaissance du Kosovo, avec le soutien de divers pays africains, menacés par d'innombrables rébellions.
L'Inde et le Pakistan sont aussi confrontés à des séparatismes internes, du Cachemire au Baloutchistan. Dans les pays arabes, les réactions semblent plus mélangées. D'une part, les Albanais du Kosovo sont musulmans, d'autre part la reconnaissance du Kosovo serait un encouragement pour la création d'un Etat palestinien.
Mais le Maroc, confronté au problème du Sahara occidental, et le Soudan, confronté à la rébellion du Darfour, redoutent un précédent.
Embarras de Ban Ki-moon
Il n'est pas étonnant dans ces conditions que le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon ait conservé une attitude de neutralité. Il ne peut prendre position, dans un sens ou dans l'autre, sans indisposer de nombreux pays membres.
Reste que le Monténégro, autrefois partie de la Serbie comme le Kosovo, est devenu le 192e Etat membre de l'ONU en juin 2006 par consensus, sans susciter la moindre opposition, argumente le journaliste kosovar Nefail Maliqi. De même que la Slovénie, la Croatie, la Bosnie, la Macédoine, suite à la décomposition de la Yougoslavie. Pourquoi pas le Kosovo?
Source: SDA/ATS
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