Le journal El Watan a publié une contribution qui met l’accent sur les mauvais services rendus aux fidèles et le préjudice porté à l’économie par certains imams et personnes qui interviennent à la radio et à la télévision, lorsqu’ils abordent la question très complexe du riba, sans chercher à nuancer leurs propos. Ils affirment non seulement, que le riba est, bien entendu, illicite, mais aussi que la relation avec les banques traditionnelles l’est également.
Des sociétés, ou des particuliers, qui ont des projets à réaliser avec le concours bancaire ou qui ont des sommes d’argent disponibles qu’ils envisagent de placer auprès des banques, se trouvent obligés, dans le cas où ils suivent ces avis, de renoncer à leurs projets ou placements. Comment concevoir, dans les temps modernes, le fonctionnement de l’économie d’un pays et son développement sans l’existence d’un réseau de banques ? Et comment concevoir qu’une banque puisse exercer ses activités sans une clientèle diversifiée ? J’ai entendu ces derniers temps quelqu’un poser à un des «spécialistes» des questions à caractère religieux, qui ont des émissions régulières à la radio et à la télévision, la question suivante : «J’ai obtenu 80 000 dinars d’intérêts d’une banque et je voudrais les donner à un parent dans le besoin pour se loger. Est-ce que c’est permis ?».
Sur un ton péremptoire, catégorique, la réponse est «Non ! C’est illicite», sans aucune explication. Que doit faire cet auditeur s’il suit l’avis de ce «spécialiste» qui est censé éclairer et orienter les fidèles ? Faut-il qu’il renonce aux intérêts et les laisse à la banque ? Faut-il qu’il tire les billets de la banque et les jette au feu ? Cette question des intérêts bancaires s’est posée à la Banque islamique de développement (BID) qui est domiciliée à Djeddah. C’est l’une des premières banques islamiques créées au début des années 1970, en même temps que Dar el mal al islami, du prince Mohamed el-Fayçal, fils du défunt roi Fayçal.
La BID, en tant que banque islamique, exerce ses activités conformément à la charia. Elle appartient aux Etats des pays membres dont le nombre est actuellement de 56. Au moment de sa création, en 1975, la gestion de la part de son capital versée par les Etats actionnaires a été confiée à la Sama (Banque centrale d’Arabie Saoudite). La BID, à l’époque, était à ses débuts et comme son objectif était de financer des projets d’infrastructures dans les pays membres, ces derniers n’avaient pas encore de projets prêts pour les lui soumettre conformément à ses procédures.
La Sama a donc placé les fonds de la BID, comme ses propres liquidités d’ailleurs, dans des bons des Trésors occidentaux, des bons du Trésor américain, notamment, et auprès des grandes banques internationales. Les fonds de la BID ont produit des intérêts, bien entendu, représentant des millions de dollars, du fait du montant placé qui était très important. Ces intérêts ont posé un véritable dilemme à la BID. Fallait-il les garder et leur trouver une utilisation, les laisser à la Sama, ou les restituer au Trésor américain et aux banques internationales ? Le président de la BID a eu l’intelligence de s’adresser, en dehors de l’Arabie Saoudite, à un jurisconsulte (fakih) de grande renommée et à l’esprit ouvert, qui s’appelle Mustapha Zarka.
Celui-ci a préparé une étude approfondie, bien documentée et bien argumentée sur la question, étude qui autorise la BID à utiliser ces intérêts. Il a proposé la constitution, avec ces intérêts, d’un fonds dont une partie des ressources serait utilisée pour aider les pays membres en cas de catastrophes naturelles, pour secourir les sinistrés, reconstruire les écoles, les hôpitaux, les infrastructures, etc. L’autre partie serait destinée à couvrir les pertes de change auxquelles est exposée la BID.
Depuis, la BID vient avec les ressources de ce fonds, qui ont beaucoup augmenté, au secours des pays membres et même des non-membres, victimes de catastrophes naturelles et en même temps finance notamment des projets de développement économique et social d’une grande utilité dans ces pays. Ces projets contribuent d’une manière appréciable à améliorer les conditions de vie, particulièrement celles des populations des pays pauvres.
Le «fakih» en question a considéré donc que les intérêts bancaires peuvent être utilisés utilement, contrairement à nos spécialistes religieux qui n’ont probablement qu’une connaissance sommaire du riba et encore plus sommaire des opérations de banque. Ils ne font que répéter les points de vue de théologiens qui ont vécu il y a plusieurs siècles ou d’autres «spécialistes religieux» de notre temps vivant au Moyen-Orient, qui se réfèrent également, en ce qui concerne cette question du riba, aux anciens maîtres. Ces spécialistes étrangers interviennent, eux-aussi, sur les chaînes de télévision à caractère religieux, qui prolifèrent à l’heure actuelle.
Certaines de ces chaînes organisent des émissions sur les djinns, les anges et leurs catégories, la sorcellerie, l’interprétation des rêves, etc. Ils répandent des idées, comme par exemple, la chevelure des femmes, qui est leur parure naturelle, est «aâwra» (mot qui désigne les parties intimes de l’être humain) et certains vont jusqu’à soutenir que la femme, elle-même, est «aâwra». C’est ce qui a poussé plusieurs femmes à se couvrir la tête, d’autres à ne rien laisser apparaître de leur corps, parfois même les yeux, en mettant sur le visage un léger voile, ce qui leur donne l’allure de fantômes. Ces religieux complexent ainsi les femmes et les invitent à «étouffer» leur féminité.
Ces aspects n’ont rien à voir avec le riba, mais sont cités pour souligner que ces spécialistes entretiennent le plus souvent des croyances superstitieuses et des idées rétrogrades dans tous les domaines. Ils mettent l’accent sur les formes, la tenue, les apparences et réduisent la religion à une pratique mécanique des rites. Alors que la pratique des rites a essentiellement pour objectif de nous rendre meilleurs. Ils font ainsi perdre de vue ce qui constitue l’essence de l’islam, c’est-à-dire la tolérance, la modération, la rectitude dans nos comportements et dans nos relations avec les autres êtres humains sans aucune discrimination, le respect des valeurs morales, la pratique du bien en faveur des autres, du pays, de la cité, de l’environnement, etc.
Ils font perdre à ceux qui leur font confiance et tiennent compte de leurs recommandations, toute faculté de raisonner, de distinguer par eux-mêmes entre le bien et le mal. Pour revenir à la question du riba, qui signifie en arabe «augmentation, surplus», il est déclaré illicite par référence à des versets du Coran, où il est évoqué huit fois. Le verset le plus cité est celui dont la traduction est la suivante : «Dieu a permis le commerce et il a interdit le riba.»
Le Coran ne donne pas d’explication à ce sujet. Les exégètes mentionnent, pour illustrer la question du riba, des types de transactions indiquées par le Prophète ou ses compagnons. Parfois, les mêmes types de transactions ont fait l’objet de témoignages contradictoires de la part des compagnons du Prophète, les uns disent qu’ils sont illicites, les autres, qu’ils sont licites. D’une manière générale, les transactions liées au riba, qui étaient interdites du temps du Prophète, sont les transactions effectuées par des gens malhonnêtes, sans scrupules, sous forme de trocs déséquilibrés et inéquitables pour l’une des parties ou de prêts accordés avec des taux d’intérêt exorbitants.
Le nombre de citations et de termes très sévères utilisés dans certains versets laisse supposer que le riba était un fléau très répandu du temps du Prophète et menaçait l’image de La Mecque, réputée pour être une cité marchande. L’interdiction du riba est intervenue pour des raisons religieuses et morales et non financières, puisque les banques n’existaient pas du temps du Prophète, ni des siècles après, où cette question du riba a été traitée par les exégètes auxquels on continue de se référer encore. La question se complique dans les temps modernes, parce qu’on assimile le taux d’intérêt appliqué par les banques au riba.
Les arguments avancés pour justifier cette assimilation sont nombreuses. On peut se limiter seulement à celui qui dit que le taux d’intérêt bancaire est fixé à un niveau déterminé à l’avance sans tenir compte des risques encourus par l’emprunteur ni du résultat réalisé à la suite de l’utilisation du montant du prêt. Ceux qui contestent l’assimilation de l’intérêt bancaire au riba ont également leurs arguments. C’est ainsi qu’ils soulignent que les banques ont leurs activités réglementées et contrôlées, qui n’ont rien à voir avec les transactions et les opérations effectuées du temps du Prophète et des siècles après. Elles tiennent compte des risques et elles ont même créé des structures spéciales pour les évaluer et les éviter...
Des sociétés, ou des particuliers, qui ont des projets à réaliser avec le concours bancaire ou qui ont des sommes d’argent disponibles qu’ils envisagent de placer auprès des banques, se trouvent obligés, dans le cas où ils suivent ces avis, de renoncer à leurs projets ou placements. Comment concevoir, dans les temps modernes, le fonctionnement de l’économie d’un pays et son développement sans l’existence d’un réseau de banques ? Et comment concevoir qu’une banque puisse exercer ses activités sans une clientèle diversifiée ? J’ai entendu ces derniers temps quelqu’un poser à un des «spécialistes» des questions à caractère religieux, qui ont des émissions régulières à la radio et à la télévision, la question suivante : «J’ai obtenu 80 000 dinars d’intérêts d’une banque et je voudrais les donner à un parent dans le besoin pour se loger. Est-ce que c’est permis ?».
Sur un ton péremptoire, catégorique, la réponse est «Non ! C’est illicite», sans aucune explication. Que doit faire cet auditeur s’il suit l’avis de ce «spécialiste» qui est censé éclairer et orienter les fidèles ? Faut-il qu’il renonce aux intérêts et les laisse à la banque ? Faut-il qu’il tire les billets de la banque et les jette au feu ? Cette question des intérêts bancaires s’est posée à la Banque islamique de développement (BID) qui est domiciliée à Djeddah. C’est l’une des premières banques islamiques créées au début des années 1970, en même temps que Dar el mal al islami, du prince Mohamed el-Fayçal, fils du défunt roi Fayçal.
La BID, en tant que banque islamique, exerce ses activités conformément à la charia. Elle appartient aux Etats des pays membres dont le nombre est actuellement de 56. Au moment de sa création, en 1975, la gestion de la part de son capital versée par les Etats actionnaires a été confiée à la Sama (Banque centrale d’Arabie Saoudite). La BID, à l’époque, était à ses débuts et comme son objectif était de financer des projets d’infrastructures dans les pays membres, ces derniers n’avaient pas encore de projets prêts pour les lui soumettre conformément à ses procédures.
La Sama a donc placé les fonds de la BID, comme ses propres liquidités d’ailleurs, dans des bons des Trésors occidentaux, des bons du Trésor américain, notamment, et auprès des grandes banques internationales. Les fonds de la BID ont produit des intérêts, bien entendu, représentant des millions de dollars, du fait du montant placé qui était très important. Ces intérêts ont posé un véritable dilemme à la BID. Fallait-il les garder et leur trouver une utilisation, les laisser à la Sama, ou les restituer au Trésor américain et aux banques internationales ? Le président de la BID a eu l’intelligence de s’adresser, en dehors de l’Arabie Saoudite, à un jurisconsulte (fakih) de grande renommée et à l’esprit ouvert, qui s’appelle Mustapha Zarka.
Celui-ci a préparé une étude approfondie, bien documentée et bien argumentée sur la question, étude qui autorise la BID à utiliser ces intérêts. Il a proposé la constitution, avec ces intérêts, d’un fonds dont une partie des ressources serait utilisée pour aider les pays membres en cas de catastrophes naturelles, pour secourir les sinistrés, reconstruire les écoles, les hôpitaux, les infrastructures, etc. L’autre partie serait destinée à couvrir les pertes de change auxquelles est exposée la BID.
Depuis, la BID vient avec les ressources de ce fonds, qui ont beaucoup augmenté, au secours des pays membres et même des non-membres, victimes de catastrophes naturelles et en même temps finance notamment des projets de développement économique et social d’une grande utilité dans ces pays. Ces projets contribuent d’une manière appréciable à améliorer les conditions de vie, particulièrement celles des populations des pays pauvres.
Le «fakih» en question a considéré donc que les intérêts bancaires peuvent être utilisés utilement, contrairement à nos spécialistes religieux qui n’ont probablement qu’une connaissance sommaire du riba et encore plus sommaire des opérations de banque. Ils ne font que répéter les points de vue de théologiens qui ont vécu il y a plusieurs siècles ou d’autres «spécialistes religieux» de notre temps vivant au Moyen-Orient, qui se réfèrent également, en ce qui concerne cette question du riba, aux anciens maîtres. Ces spécialistes étrangers interviennent, eux-aussi, sur les chaînes de télévision à caractère religieux, qui prolifèrent à l’heure actuelle.
Certaines de ces chaînes organisent des émissions sur les djinns, les anges et leurs catégories, la sorcellerie, l’interprétation des rêves, etc. Ils répandent des idées, comme par exemple, la chevelure des femmes, qui est leur parure naturelle, est «aâwra» (mot qui désigne les parties intimes de l’être humain) et certains vont jusqu’à soutenir que la femme, elle-même, est «aâwra». C’est ce qui a poussé plusieurs femmes à se couvrir la tête, d’autres à ne rien laisser apparaître de leur corps, parfois même les yeux, en mettant sur le visage un léger voile, ce qui leur donne l’allure de fantômes. Ces religieux complexent ainsi les femmes et les invitent à «étouffer» leur féminité.
Ces aspects n’ont rien à voir avec le riba, mais sont cités pour souligner que ces spécialistes entretiennent le plus souvent des croyances superstitieuses et des idées rétrogrades dans tous les domaines. Ils mettent l’accent sur les formes, la tenue, les apparences et réduisent la religion à une pratique mécanique des rites. Alors que la pratique des rites a essentiellement pour objectif de nous rendre meilleurs. Ils font ainsi perdre de vue ce qui constitue l’essence de l’islam, c’est-à-dire la tolérance, la modération, la rectitude dans nos comportements et dans nos relations avec les autres êtres humains sans aucune discrimination, le respect des valeurs morales, la pratique du bien en faveur des autres, du pays, de la cité, de l’environnement, etc.
Ils font perdre à ceux qui leur font confiance et tiennent compte de leurs recommandations, toute faculté de raisonner, de distinguer par eux-mêmes entre le bien et le mal. Pour revenir à la question du riba, qui signifie en arabe «augmentation, surplus», il est déclaré illicite par référence à des versets du Coran, où il est évoqué huit fois. Le verset le plus cité est celui dont la traduction est la suivante : «Dieu a permis le commerce et il a interdit le riba.»
Le Coran ne donne pas d’explication à ce sujet. Les exégètes mentionnent, pour illustrer la question du riba, des types de transactions indiquées par le Prophète ou ses compagnons. Parfois, les mêmes types de transactions ont fait l’objet de témoignages contradictoires de la part des compagnons du Prophète, les uns disent qu’ils sont illicites, les autres, qu’ils sont licites. D’une manière générale, les transactions liées au riba, qui étaient interdites du temps du Prophète, sont les transactions effectuées par des gens malhonnêtes, sans scrupules, sous forme de trocs déséquilibrés et inéquitables pour l’une des parties ou de prêts accordés avec des taux d’intérêt exorbitants.
Le nombre de citations et de termes très sévères utilisés dans certains versets laisse supposer que le riba était un fléau très répandu du temps du Prophète et menaçait l’image de La Mecque, réputée pour être une cité marchande. L’interdiction du riba est intervenue pour des raisons religieuses et morales et non financières, puisque les banques n’existaient pas du temps du Prophète, ni des siècles après, où cette question du riba a été traitée par les exégètes auxquels on continue de se référer encore. La question se complique dans les temps modernes, parce qu’on assimile le taux d’intérêt appliqué par les banques au riba.
Les arguments avancés pour justifier cette assimilation sont nombreuses. On peut se limiter seulement à celui qui dit que le taux d’intérêt bancaire est fixé à un niveau déterminé à l’avance sans tenir compte des risques encourus par l’emprunteur ni du résultat réalisé à la suite de l’utilisation du montant du prêt. Ceux qui contestent l’assimilation de l’intérêt bancaire au riba ont également leurs arguments. C’est ainsi qu’ils soulignent que les banques ont leurs activités réglementées et contrôlées, qui n’ont rien à voir avec les transactions et les opérations effectuées du temps du Prophète et des siècles après. Elles tiennent compte des risques et elles ont même créé des structures spéciales pour les évaluer et les éviter...
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