SUITE
Le Jugement des Qurayza
Quand les Qurayza se furent rendus, le Prophète ordonna que les hommes soient mis d'un côté, les mains liées, et que les femmes et les enfants soient mis d'un autre côté. Les musulmans de la tribu des Aws se sentirent obligés de demander la clémence du Prophète pour leurs anciens alliés. Il était clair que des liens puissants avaient autrefois uni les Aws et les Qurayza, et que les Aws étaient enclins à l'indulgence envers leurs anciens alliés, malgré leur trahison. Lorsque les Aws allèrent intercéder auprès du Prophète, il leur dit : « Accepteriez-vous que je confie mon différend avec vos anciens alliés au jugement de l'un des vôtres ? »
Les Aws furent très satisfaits de cette proposition qu'ils s'empressèrent d'accepter. Le Prophète leur dit alors de demander aux Qurayza de choisir comme arbitre un membre des Aws. Leur choix se porta sur le chef de la tribu des Aws, Sa'd ibn Mu'âdh. Certains récits avancent que c'était le Prophète qui avait choisi Sa'd ibn Mu'âdh pour juger du cas des Qurayza. Que le choix ait été celui du Prophète ou celui des Qurayza eux-mêmes, Sa'd était l'homme qu'il fallait pour prononcer le jugement.
Les Aws ne manqueraient pas d'accepter le jugement plus facilement s'il était formulé par leur propre chef. En outre, rien n'aurait pu être plus équitable envers les Qurayza que de désigner leur propre allié pour les juger. Nous avons mentionné précédemment que Sa'd ibn Mu'âdh avait été blessé lors des accrochages qui s'étaient produits au cours du siège imposé aux musulmans par les Quraysh et les Ghatafân. Il était soigné pour sa blessure sous une tente-infirmerie dressée par une femme du nom de Rufayda bint al-Hârith. C'était le Prophète qui avait demandé aux Aws de faire soigner Sa'd sous la tente de Rufayda afin de pouvoir lui rendre visite pendant le siège des Qurayza.
Quand il fut désigné comme arbitre du sort des Qurayza, des gens de sa tribu vinrent le chercher pour le conduire auprès du Prophète. Ils lui amenèrent un âne à monter et tintèrent de le persuader de faire preuve d'indulgence. Ils lui dirent : « Sois généreux envers tes alliés, Abu Amr. Le Prophète t'a choisi pour les juger afin que lu sois généreux envers eux. Tu sais que Abdullâh ibn Ubayy a été généreux envers ses alliés. »
Sa'd choisit d'abord le silence. Quand il fut las de leur insistance, il dit : « Il est temps que Sa'd cesse de se préoccuper des critiques, quand il s'agit d'un acte par lequel il espère plaire à Dieu. » On relate que ses contribules comprirent par ces paroles qu'il ne comptait pas laisser ses sympathies et les leurs intervenir dans son jugement. Certains d'entre eux retournèrent donc annoncer aux leurs que le jugement qui attendait les Qurayza serait terrible, avant même que Sa'd n'ait atteint la tente du Prophète.
Lorsque Sa'd arriva, le Prophète dit à ses compagnons : « Levez-vous pour accueillir votre maître. » Ils se levèrent en deux rangs et chacun salua Sa'd à tour de rôle. Puis le Prophète lui dit qu'il avait été choisi pour juger les Qurayza. Sa'd répondit : « C'est à Dieu et Son messager qu'il appartient de juger. » Le Prophète lui dit que c'était Dieu qui lui enjoignait de donner son verdict. Sa'd se tourna alors vers les musulmans et leur demanda : « Me jurez-vous solennellement devant Dieu que mon jugement sera accepté comme définitif ? »
Quand ils répondirent à l'affirmative, il baissa la tête en signe de déférence au Prophète, tendit la main en direction de l'endroit où il était assis et demanda : « Cela concerne-t-il aussi ceux qui sont de ce côté ? » Le Prophète répondit : « Oui. » Sa'd demanda alors aux Qurayza s'ils accepteraient son jugement, quel qu'il soit. Ils répondirent que son verdict leur serait acceptable. Il leur demanda encore de s'engager solennellement à accepter le jugement qu'il prononcerait. Quand ils l'eurent fait, il prononça son verdict en ces termes : « Je décide que tous les hommes des Qurayza seront tués, que leurs biens seront partagés et que leurs femmes et leurs enfants seront réduits en esclavage. »
Le Prophète entérina le jugement et dit qu'il venait de Dieu. Le jugement fut alors exécuté. Sur ordre du Prophète, tous les Qurayza furent emmenés à Médine où les hommes furent détenus dans la maison d'Usâma ibn Zayd tandis que les femmes et les enfants étaient détenus dans la maison d'une femme appelée Kayysa bint al-Hârith. Leurs armes et leurs biens mobiliers furent aussi apportés à Médine tandis que leur bétail était laissé dans leurs champs. On leur donna des dattes à manger. Des fosses furent creusées sur la place du marché de Médine pour l'exécution des hommes de Qurayza, qui furent emmenés par groupes pour être décapités.
Quand on emmena Huyay ibn Akhtab pour le tuer, le Prophète lui dit : « Dieu ne t'a-t-Il pas livré à moi, ennemi de Dieu ? » Huyay répondit : « Certes, Dieu a choisi de te donner le dessus sur moi. Je ne me suis jamais reproché d'avoir adopté une attitude hostile envers toi. Mais celui qui n'est pas soutenu par Dieu est abandonné à l'humiliation. » Puis il se tourna vers ceux qui l'entouraient et dit : « Nous ne pouvons pas nous opposer au jugement de Dieu. C'est un sort que nous devons subir parce que Dieu l'a imposé aux Israélites. » Il fut alors exécuté.
Le Prophète ordonna que les prisonniers soient bien traités et qu'on leur donne à boire et à manger avant leur exécution. On attendit la fin de l'après-midi pour exécuter les condamnés, afin qu'ils n'aient pas à souffrir en plus de la chaleur brûlante d'une journée d'été. Un homme, Rifâ'a ibn Samuel, demanda la protection d'une femme des ansâr nommée Umm al-Mundhir. Celle-ci alla trouver le Prophète et lui demanda la grâce de Rifâ'a, qu'il lui accorda. Rifâ'a devait plus tard devenir musulman. Un vieil homme de la tribu de Qurayza du nom de Zubayr ibn Bâtâ avait rendu un service à un homme des ansâr appelé Thâbit ibn Qays.
Ce dernier, voulant faire un geste à son tour, alla trouver le Prophète et lui demanda la grâce de l'homme. Le Prophète gracia donc Zubayr et l'autorisa à sauver sa famille et ses biens. Cependant, lorsque Thâbit lui apporta la nouvelle, Zubayr répondit qu'il préférait mourir avec ses amis.
'Aïsha a relaté qu'une femme des Qurayza était assise en sa compagnie, en train de rire et de bavarder pendant que les hommes de sa tribu étaient tués. On l'appela alors et elle répondit. Quand Aïsha lui demanda pourquoi on l'appelait, elle dit : « Je vais être exécutée pour quelque chose que j'ai fait. » Aïsha a relaté :
« Je m'étonne encore de son insouciance et de la façon dont elle bavardait et riait alors qu'elle savait qu'on allait la tuer. » Elle fut la seule femme de Qurayza à être tuée, et son crime était d'avoir tué un musulman appelé Khallâd ibn Suwayd en lui lançant une grosse pierre.
Le Prophète ordonna ensuite que les biens des Qurayza ainsi que leurs femmes et leurs enfants soient partagés entre les musulmans. Il choisit pour lui même l'une de leurs femmes, appelée Rayhâna bint Amr. Il proposa de l'épouser si elle devenait musulmane, mais elle refusa et dit qu'elle préférait rester esclave. Il la laissa pendant un certain temps, déçu qu'elle ait refusé l'islam. Quelque temps plus tard, Rayhâna adhéra à l'islam de son plein gré et le Prophète en fut très content.
Nous avons relaté que Sa'd avait été atteint d'une flèche au bras et sérieusement blessé pendant le siège de Médine. À l'époque, profondément préoccupé par le sort de l'islam, il avait imploré Dieu en disant : « Seigneur, si nous devons à nouveau affronter les Quraysh, préserve-moi pour ce combat. Il n'y a personne que je souhaite autant combattre pour Ta cause, que ceux qui se sont opposés à Ton Messager, qui l'ont rejeté et qui l'ont chassé de chez lui. Si, par contre, Tu as décidé que ce combat entre nous serait le dernier, je T'implore, Seigneur, de me faire accéder au martyre par cette blessure, mais épargne-moi jusqu'à ce que je voie notre conflit avec les Qurayza se terminer favorablement pour l'islam. »
La suite des événements indique clairement que Dieu entendit la prière de Sa'd. Sa blessure se cicatrisa temporairement pendant que le siège des Qurayza se poursuivait. Quand il s'acheva, ce fut lui qui fut choisi pour arbitrer leur cas. Quand son verdict eut été exécuté, Sa'd fut ramené à la mosquée où il était soigné. Pendant la nuit, sa blessure se rouvrit et il saigna abondamment. Nous possédons plusieurs récits qui, réunis, confirment que l'ange Gabriel apparut au Prophète cette nuit-là et lui demanda : « Muhammad, qui est ce mort pour qui les portes du Paradis se sont ouvertes et pour qui le Trône de Dieu a bougé ? »
Le Prophète se précipita à la tente où Sa'd était soigné et le trouva mort. Le Prophète fut très peiné par la perte de ce grand serviteur de l'islam, mais il était aussi heureux pour lui car il avait obtenu le martyre et son immense récompense.
La fin d'un opposant acharné
Sallâm était l'un des chefs de la tribu juive d'an-Nadîr. Avec Huyay ibn Akhrab, il avait joué un rôle central dans la formation de la coalition de tribus arabes qui avait attaqué Médine. Huyay avait été tué avec les Qurayza. Sallâm, quant à lui, avait trouvé refuge à Khaybar, une ville du centre de l'Arabie ou résidait la plus importante communauté juive de la région. Le Prophète savait que l'homme poursuivrait ses efforts pour nuire à l'Etat musulman : c'était donc un ennemi avec lequel aucune concession n'était possible.
Les deux tribus des ansâr, les Aws et les Khazraj, étaient déterminées à montrer au Prophète qu'elles étaient tout aussi dévouées l'une que l'autre à la cause de l'Islam. Si l'une des tribus réussissait à rendre un service à l'islam, l'autre s'efforçait de se hisser au même niveau. Lorsque le Prophète avait voulu se débarrasser de Ka'b Ibn al-Ashraf, le chef juif de la tribu de Qaynuqâ' qui insultait les femmes musulmanes et avait pris parti pour les Quraysh après leur défaite de Badr, c'étaient des hommes des Aws qui s'étaient chargés de son exécution.
Les Khazraj cherchaient à accomplir un acte d'une portée similaire pour être à égalité avec les Aws. Les Khazraj virent en Sallâm ibn Abî al-Huqayq l'occasion d'accomplir une action égale à celle des Aws. Un groupe d'entre eux demanda et obtint du Prophète la permission de préparer son assassinat. Cinq d'entre eux, menés par 'Abdullâh ibn Anîs, se rendirent à Khaybar pour le tuer. Au moment de partir, le Prophète leur rappela qu'ils ne devaient sous aucun prétexte tuer de femme ni d'enfant.
A SUIVRE...
Le Jugement des Qurayza
Quand les Qurayza se furent rendus, le Prophète ordonna que les hommes soient mis d'un côté, les mains liées, et que les femmes et les enfants soient mis d'un autre côté. Les musulmans de la tribu des Aws se sentirent obligés de demander la clémence du Prophète pour leurs anciens alliés. Il était clair que des liens puissants avaient autrefois uni les Aws et les Qurayza, et que les Aws étaient enclins à l'indulgence envers leurs anciens alliés, malgré leur trahison. Lorsque les Aws allèrent intercéder auprès du Prophète, il leur dit : « Accepteriez-vous que je confie mon différend avec vos anciens alliés au jugement de l'un des vôtres ? »
Les Aws furent très satisfaits de cette proposition qu'ils s'empressèrent d'accepter. Le Prophète leur dit alors de demander aux Qurayza de choisir comme arbitre un membre des Aws. Leur choix se porta sur le chef de la tribu des Aws, Sa'd ibn Mu'âdh. Certains récits avancent que c'était le Prophète qui avait choisi Sa'd ibn Mu'âdh pour juger du cas des Qurayza. Que le choix ait été celui du Prophète ou celui des Qurayza eux-mêmes, Sa'd était l'homme qu'il fallait pour prononcer le jugement.
Les Aws ne manqueraient pas d'accepter le jugement plus facilement s'il était formulé par leur propre chef. En outre, rien n'aurait pu être plus équitable envers les Qurayza que de désigner leur propre allié pour les juger. Nous avons mentionné précédemment que Sa'd ibn Mu'âdh avait été blessé lors des accrochages qui s'étaient produits au cours du siège imposé aux musulmans par les Quraysh et les Ghatafân. Il était soigné pour sa blessure sous une tente-infirmerie dressée par une femme du nom de Rufayda bint al-Hârith. C'était le Prophète qui avait demandé aux Aws de faire soigner Sa'd sous la tente de Rufayda afin de pouvoir lui rendre visite pendant le siège des Qurayza.
Quand il fut désigné comme arbitre du sort des Qurayza, des gens de sa tribu vinrent le chercher pour le conduire auprès du Prophète. Ils lui amenèrent un âne à monter et tintèrent de le persuader de faire preuve d'indulgence. Ils lui dirent : « Sois généreux envers tes alliés, Abu Amr. Le Prophète t'a choisi pour les juger afin que lu sois généreux envers eux. Tu sais que Abdullâh ibn Ubayy a été généreux envers ses alliés. »
Sa'd choisit d'abord le silence. Quand il fut las de leur insistance, il dit : « Il est temps que Sa'd cesse de se préoccuper des critiques, quand il s'agit d'un acte par lequel il espère plaire à Dieu. » On relate que ses contribules comprirent par ces paroles qu'il ne comptait pas laisser ses sympathies et les leurs intervenir dans son jugement. Certains d'entre eux retournèrent donc annoncer aux leurs que le jugement qui attendait les Qurayza serait terrible, avant même que Sa'd n'ait atteint la tente du Prophète.
Lorsque Sa'd arriva, le Prophète dit à ses compagnons : « Levez-vous pour accueillir votre maître. » Ils se levèrent en deux rangs et chacun salua Sa'd à tour de rôle. Puis le Prophète lui dit qu'il avait été choisi pour juger les Qurayza. Sa'd répondit : « C'est à Dieu et Son messager qu'il appartient de juger. » Le Prophète lui dit que c'était Dieu qui lui enjoignait de donner son verdict. Sa'd se tourna alors vers les musulmans et leur demanda : « Me jurez-vous solennellement devant Dieu que mon jugement sera accepté comme définitif ? »
Quand ils répondirent à l'affirmative, il baissa la tête en signe de déférence au Prophète, tendit la main en direction de l'endroit où il était assis et demanda : « Cela concerne-t-il aussi ceux qui sont de ce côté ? » Le Prophète répondit : « Oui. » Sa'd demanda alors aux Qurayza s'ils accepteraient son jugement, quel qu'il soit. Ils répondirent que son verdict leur serait acceptable. Il leur demanda encore de s'engager solennellement à accepter le jugement qu'il prononcerait. Quand ils l'eurent fait, il prononça son verdict en ces termes : « Je décide que tous les hommes des Qurayza seront tués, que leurs biens seront partagés et que leurs femmes et leurs enfants seront réduits en esclavage. »
Le Prophète entérina le jugement et dit qu'il venait de Dieu. Le jugement fut alors exécuté. Sur ordre du Prophète, tous les Qurayza furent emmenés à Médine où les hommes furent détenus dans la maison d'Usâma ibn Zayd tandis que les femmes et les enfants étaient détenus dans la maison d'une femme appelée Kayysa bint al-Hârith. Leurs armes et leurs biens mobiliers furent aussi apportés à Médine tandis que leur bétail était laissé dans leurs champs. On leur donna des dattes à manger. Des fosses furent creusées sur la place du marché de Médine pour l'exécution des hommes de Qurayza, qui furent emmenés par groupes pour être décapités.
Quand on emmena Huyay ibn Akhtab pour le tuer, le Prophète lui dit : « Dieu ne t'a-t-Il pas livré à moi, ennemi de Dieu ? » Huyay répondit : « Certes, Dieu a choisi de te donner le dessus sur moi. Je ne me suis jamais reproché d'avoir adopté une attitude hostile envers toi. Mais celui qui n'est pas soutenu par Dieu est abandonné à l'humiliation. » Puis il se tourna vers ceux qui l'entouraient et dit : « Nous ne pouvons pas nous opposer au jugement de Dieu. C'est un sort que nous devons subir parce que Dieu l'a imposé aux Israélites. » Il fut alors exécuté.
Le Prophète ordonna que les prisonniers soient bien traités et qu'on leur donne à boire et à manger avant leur exécution. On attendit la fin de l'après-midi pour exécuter les condamnés, afin qu'ils n'aient pas à souffrir en plus de la chaleur brûlante d'une journée d'été. Un homme, Rifâ'a ibn Samuel, demanda la protection d'une femme des ansâr nommée Umm al-Mundhir. Celle-ci alla trouver le Prophète et lui demanda la grâce de Rifâ'a, qu'il lui accorda. Rifâ'a devait plus tard devenir musulman. Un vieil homme de la tribu de Qurayza du nom de Zubayr ibn Bâtâ avait rendu un service à un homme des ansâr appelé Thâbit ibn Qays.
Ce dernier, voulant faire un geste à son tour, alla trouver le Prophète et lui demanda la grâce de l'homme. Le Prophète gracia donc Zubayr et l'autorisa à sauver sa famille et ses biens. Cependant, lorsque Thâbit lui apporta la nouvelle, Zubayr répondit qu'il préférait mourir avec ses amis.
'Aïsha a relaté qu'une femme des Qurayza était assise en sa compagnie, en train de rire et de bavarder pendant que les hommes de sa tribu étaient tués. On l'appela alors et elle répondit. Quand Aïsha lui demanda pourquoi on l'appelait, elle dit : « Je vais être exécutée pour quelque chose que j'ai fait. » Aïsha a relaté :
« Je m'étonne encore de son insouciance et de la façon dont elle bavardait et riait alors qu'elle savait qu'on allait la tuer. » Elle fut la seule femme de Qurayza à être tuée, et son crime était d'avoir tué un musulman appelé Khallâd ibn Suwayd en lui lançant une grosse pierre.
Le Prophète ordonna ensuite que les biens des Qurayza ainsi que leurs femmes et leurs enfants soient partagés entre les musulmans. Il choisit pour lui même l'une de leurs femmes, appelée Rayhâna bint Amr. Il proposa de l'épouser si elle devenait musulmane, mais elle refusa et dit qu'elle préférait rester esclave. Il la laissa pendant un certain temps, déçu qu'elle ait refusé l'islam. Quelque temps plus tard, Rayhâna adhéra à l'islam de son plein gré et le Prophète en fut très content.
Nous avons relaté que Sa'd avait été atteint d'une flèche au bras et sérieusement blessé pendant le siège de Médine. À l'époque, profondément préoccupé par le sort de l'islam, il avait imploré Dieu en disant : « Seigneur, si nous devons à nouveau affronter les Quraysh, préserve-moi pour ce combat. Il n'y a personne que je souhaite autant combattre pour Ta cause, que ceux qui se sont opposés à Ton Messager, qui l'ont rejeté et qui l'ont chassé de chez lui. Si, par contre, Tu as décidé que ce combat entre nous serait le dernier, je T'implore, Seigneur, de me faire accéder au martyre par cette blessure, mais épargne-moi jusqu'à ce que je voie notre conflit avec les Qurayza se terminer favorablement pour l'islam. »
La suite des événements indique clairement que Dieu entendit la prière de Sa'd. Sa blessure se cicatrisa temporairement pendant que le siège des Qurayza se poursuivait. Quand il s'acheva, ce fut lui qui fut choisi pour arbitrer leur cas. Quand son verdict eut été exécuté, Sa'd fut ramené à la mosquée où il était soigné. Pendant la nuit, sa blessure se rouvrit et il saigna abondamment. Nous possédons plusieurs récits qui, réunis, confirment que l'ange Gabriel apparut au Prophète cette nuit-là et lui demanda : « Muhammad, qui est ce mort pour qui les portes du Paradis se sont ouvertes et pour qui le Trône de Dieu a bougé ? »
Le Prophète se précipita à la tente où Sa'd était soigné et le trouva mort. Le Prophète fut très peiné par la perte de ce grand serviteur de l'islam, mais il était aussi heureux pour lui car il avait obtenu le martyre et son immense récompense.
La fin d'un opposant acharné
Sallâm était l'un des chefs de la tribu juive d'an-Nadîr. Avec Huyay ibn Akhrab, il avait joué un rôle central dans la formation de la coalition de tribus arabes qui avait attaqué Médine. Huyay avait été tué avec les Qurayza. Sallâm, quant à lui, avait trouvé refuge à Khaybar, une ville du centre de l'Arabie ou résidait la plus importante communauté juive de la région. Le Prophète savait que l'homme poursuivrait ses efforts pour nuire à l'Etat musulman : c'était donc un ennemi avec lequel aucune concession n'était possible.
Les deux tribus des ansâr, les Aws et les Khazraj, étaient déterminées à montrer au Prophète qu'elles étaient tout aussi dévouées l'une que l'autre à la cause de l'Islam. Si l'une des tribus réussissait à rendre un service à l'islam, l'autre s'efforçait de se hisser au même niveau. Lorsque le Prophète avait voulu se débarrasser de Ka'b Ibn al-Ashraf, le chef juif de la tribu de Qaynuqâ' qui insultait les femmes musulmanes et avait pris parti pour les Quraysh après leur défaite de Badr, c'étaient des hommes des Aws qui s'étaient chargés de son exécution.
Les Khazraj cherchaient à accomplir un acte d'une portée similaire pour être à égalité avec les Aws. Les Khazraj virent en Sallâm ibn Abî al-Huqayq l'occasion d'accomplir une action égale à celle des Aws. Un groupe d'entre eux demanda et obtint du Prophète la permission de préparer son assassinat. Cinq d'entre eux, menés par 'Abdullâh ibn Anîs, se rendirent à Khaybar pour le tuer. Au moment de partir, le Prophète leur rappela qu'ils ne devaient sous aucun prétexte tuer de femme ni d'enfant.
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