SUITE
Le Prophète ne répondit pas et 'Abdullâh répéta ce qu'il avait dit d'un ton rude. Le Prophète se contenta de se détourner. 'Abdullâh mit alors la main dans l'armure du Prophète, qui lui demanda de le lâcher. 'Abdullâh n'écouta pas. Le Prophète se mit en colère et lui dit : « Lâche-moi ! » Abdullâh répliqua : « Je ne te lâcherai pas tant que tu ne te montreras pas généreux envers mes alliés. Ce sont 700 combattants qui me protégeaient contre tous mes ennemis et tu viens les achever en une seule journée. Je suis un homme qui craint les revirements du sort. » Le Prophète répondit alors : « Ils sont à toi. »
Lorsque les juifs de Qaynuqâ' virent que le siège était rude et qu'ils ne recevraient aucun secours des autres tribus juives ni de leurs alliés, ils comprirent que l'affaire était perdue. Envahis par la peur, ils décidèrent de demander au Prophète de les laisser quitter Médine. Il accepta leur offre de quitter la ville et les laissa partir avec leurs femmes et leurs enfants à condition qu'ils laissent derrière eux leurs biens et leurs armes. Il désigna leur ancien allié, 'Ubâda ibn as-Sâmit, pour superviser leur départ : c'était là un geste très généreux de la part du Prophète car 'Ubâda ne manquerait pas de les traiter avec bonté. C'est ainsi que la première tribu juive quitta Médine.
Il est clair qu'en la circonstance, le Prophète adopta une attitude relativement indulgente envers les hypocrites et cette tribu juive. Bien que Abdullâh ibn Ubayy se soit comporté avec autant d'insolence et ait mis le Prophète en colère, ce dernier ne laissa pas la colère dicter ses actes : il permit à Abdullâh de conserver son alliance avec les juifs de Qaynuqâ' et les autorisa à quitter Médine en paix avec leurs femmes et leurs enfants.
Cette attitude modérée ne fit guère d'effet sur Abdullâh, qui demeura hostile à l'islam tout en se proclamant musulman. À diverses reprises, il prit des positions qui nuirent gravement à la cause de l'islam. Certains historiens suggèrent que si le Prophète s'était montré intransigeant avec lui dès le début, il aurait réfléchi à deux fois avant d'adopter à nouveau une posture hostile. Cet argument ne tient toutefois pas compte du fait que Abdullâh disposait d'un fort soutien chez ceux des Arabes de Médine qui considéraient l'islam avec haine et suspicion. Abdullâh était un homme très influent. Avant l'émigration du Prophète à Médine, des préparatifs étaient en cours pour le proclamer roi de Médine. Ce ne fut qu'en raison de l'avènement de l'islam à Médine que cette position lui échappa.
Le principal objectif du Prophète était d'élargir la base de l'islam et de le diffuser de toutes parts. Il considérait qu'une confrontation entre ses partisans et les Arabes de Médine aurait un effet négatif sur la cause de l'islam en dehors de la ville. D'autres tribus arabes y verraient un simple conflit interne entre deux groupes de musulmans : ils ne pouvaient pas savoir que Abdullâh et ses partisans n'étaient pas de vrais musulmans, puisqu'ils s'en donnaient l'apparence. La rumeur se répandrait que Muhammad tuait ses propres adeptes.
Cela ne pourrait que donner aux autres tribus et nations une idée extrêmement fausse de l'islam et de son message. Le mal généré par une telle attitude dépasserait donc de loin les avantages qu'aurait pu apporter une plus grande fermeté envers les hypocrites. En revanche, la confrontation avec la tribu de Qaynuqâ' était inévitable. Les relations n'avaient pas été calmes entre eux et les musulmans au cours des dix-huit mois écoulés depuis l'émigration du Prophète à Médine. Il était clair que cette tribu encourageait les hypocrites à s'opposer à l'islam et tentait de semer la discorde entre les deux principaux groupes de musulmans, les muhâjirûn (qui avaient émigré de La Mecque) et les ansâr (originaires de Médine).
Les juifs de Qaynuqâ' tentèrent même de persuader le Prophète de quitter Médine pour Jérusalem. Ils essayèrent aussi de le mettre dans l'embarras en posant des questions sur tous les aspects de la foi et de la religion, dans l'espoir que ces questions pousseraient certains de ses adeptes à reconsidérer leur attitude envers l'islam. Le Prophète resta cependant ferme face à toutes ces tentatives. Le Coran, dont la révélation se poursuivait, répondait à toutes leurs questions et donnait aux musulmans le dernier mot sur tous les aspects de la foi et de la religion.
Tout cela conduisit néanmoins à une escalade de la tension entre les deux camps. La tribu de Qaynuqâ', qui vivait au milieu des musulmans, fut la première tribu juive à tenter de s'opposer à eux. Il est difficile de comprendre comment les membres de cette tribu ont pu croire qu'ils pourraient être assez forts pour affronter les musulmans, d'autant plus que ces derniers venaient de remporter une victoire éclatante contre les Quraysh. Leur moral était donc excellent : ils étaient certains du soutien de Dieu et convaincus que Lui Seul leur avait accordé la victoire à Badr. Ils étaient conscients que s'ils étaient sincères dans leur soumission à Dieu, Il les soutiendrait dans toute confrontation.
Les dirigeants de Qaynuqâ' avaient probablement pensé que si les musulmans ne subissaient pas rapidement un coup sévère ou une défaite, ils ne feraient que devenir de plus en plus forts et que bientôt rien ne pourrait plus les arrêter. Ils se sont peut-être dit que c'était dans un affrontement avec les musulmans à ce moment précis que résidait leur meilleure chance d'obtenir la victoire.
Le cas d'un notable Juif
Un personnage important de la tribu juive d'an-Nadîr, Ka'b ibn al-Ashraf, fut tellement accablé par la défaite des Quraysh à Badr qu'il dit que la mort serait préférable à la vie maintenant que les chefs de Quraysh avaient été tués. Peu après la victoire des musulmans à Badr, Ka'b se rendit à La Mecque pour présenter ses condoléances aux Arabes païens et les encourager à se préparer à un autre affrontement où ils pourraient se venger de Muhammad et de ses compagnons.
Lorsqu'il était à La Mecque, il composa des poèmes condamnant les musulmans et particulièrement le Prophète et prenant ouvertement parti pour les idolâtres de Quraysh. Après un long séjour à La Mecque où il déploya tous ses efforts pour persuader les Quraysh de préparer une offensive contre les musulmans, il retourna à Médine où il commença, pour ainsi dire, à assener des coups bas aux musulmans.
Il rédigea des poèmes d'amour obscènes mentionnant des femmes musulmanes. C'était là une grave offense pour les musulmans, très attachés à leur honneur. Cela avait aussi pour but de causer des problèmes conjugaux dans certains foyers musulmans. L'homme était donc un ennemi déclaré, qui ne cachait pas son hostilité envers le Prophète et les musulmans en général.
Le Prophète se rendit compte qu'il fallait mettre fin aux agissements de Ka'b ibn al-Ashraf. Il dit donc à quelques-uns de ses compagnons : « Qui nous débarrassera de Ka'b ibn al-Ashraf, qui nous a déclaré si ouvertement son hostilité ? » Un homme des ansâr du nom de Muhammad ibn Maslama dit : « Je me porte volontaire, je le tuerai. » Cet homme demanda au Prophète, qui la lui accorda, la permission de faire semblant d'être opposé au Prophète avec ses amis.
Un groupe des ansâr, comprenant Muhammad ibn Maslama et Silkân ibn Salâma, alla trouver Ka'b. Silkân était le frère de lait de Ka'b, ayant eu la même nourrice. Ce facteur incitait donc à la confiance, et c'est pourquoi Silkân fut le premier à approcher Ka'b. Ils bavardèrent un moment et chacun récita à l'autre ses poèmes, dans une ambiance amicale. Ensuite, Silkân dit qu'il était venu dans un certain but mais qu'il voulait d'abord que Ka'b lui promette de garder son secret.
Ka'b ayant donné sa parole, Silkân dit : « La venue de cet homme [le Prophète ] et son installation parmi nous ont été pour nous un véritable désastre. Tous les Arabes sont maintenant contre nous et se sont unis dans leur hostilité envers nous. Nous sommes pratiquement en état de siège ; nos enfants souffrent ; nous endurons de graves difficultés et nous ne pouvons pas subvenir correctement aux besoins de nos enfants. »
Ka'b répondit : « Je suis Ibn al-Ashraf ! Je t'avais bien dit maintes fois que tu te trouverais dans cette situation. » Silkân dit alors : « Je suis venu t'acheter de la nourriture, et nous te donnerons un gage en garantie de notre dette. » Ka'b demanda s'ils seraient prêts à donner leurs femmes en gage. Silkân objecta qu'il était connu à Médine pour son penchant pour les femmes, et qu'il leur était impossible de lui confier les leurs. Ka'b leur proposa alors de lui donner leurs enfants en gage. Silkân répondit : « Tu veux nous couvrir de honte devant les Arabes. Je te dis que j'ai des amis qui partagent mon opinion. J'aimerais que tu les rencontres et que tu leur vendes ce dont ils ont besoin. Nous ferons tous une bonne affaire. Nous te donnerons assez de nos armes pour garantir le prix de la nourriture que tu nous vendras. »
Le but de Silkân était qu'Ibn al-Ashrâf ne s'étonne pas et n'éprouve pas de soupçons en les voyant arriver avec leurs armes. Ka'b répondit : « Vos armes seront un gage acceptable. » Silkân retourna auprès de ses compagnons et leur dit de se préparer. Ils se retrouvèrent chez le Prophète , puis ils se mirent en route, le Prophète les accompagnant une partie du chemin. Avant qu'ils ne se séparent, il bénit leur mission et implora Dieu de les aider.
Lorsqu'ils arrivèrent au fort de Ka'b, Silkân l'appela pour qu'il descende. Apparemment, Ka'b s'était marié récemment, mais il sauta de son lit pour répondre. Son épouse s'écarta tout en lui disant : « Tu es en guerre, et lorsqu'on est en guerre, on ne sort pas de son fort à une heure aussi avancée de la nuit. » Ka'b répondit : « C'est Silkân, Abu Na'ila. S'il m'avait trouvé endormi, il ne m'aurait pas réveillé. » Elle insista : « J'entends la trahison dans sa voix. » Ka'b dit : « L'homme [c'est-à-dire lui-même] répondrait même si on l'appelait pour le poignarder. »
A SUIVRE...
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Le Prophète ne répondit pas et 'Abdullâh répéta ce qu'il avait dit d'un ton rude. Le Prophète se contenta de se détourner. 'Abdullâh mit alors la main dans l'armure du Prophète, qui lui demanda de le lâcher. 'Abdullâh n'écouta pas. Le Prophète se mit en colère et lui dit : « Lâche-moi ! » Abdullâh répliqua : « Je ne te lâcherai pas tant que tu ne te montreras pas généreux envers mes alliés. Ce sont 700 combattants qui me protégeaient contre tous mes ennemis et tu viens les achever en une seule journée. Je suis un homme qui craint les revirements du sort. » Le Prophète répondit alors : « Ils sont à toi. »
Lorsque les juifs de Qaynuqâ' virent que le siège était rude et qu'ils ne recevraient aucun secours des autres tribus juives ni de leurs alliés, ils comprirent que l'affaire était perdue. Envahis par la peur, ils décidèrent de demander au Prophète de les laisser quitter Médine. Il accepta leur offre de quitter la ville et les laissa partir avec leurs femmes et leurs enfants à condition qu'ils laissent derrière eux leurs biens et leurs armes. Il désigna leur ancien allié, 'Ubâda ibn as-Sâmit, pour superviser leur départ : c'était là un geste très généreux de la part du Prophète car 'Ubâda ne manquerait pas de les traiter avec bonté. C'est ainsi que la première tribu juive quitta Médine.
Il est clair qu'en la circonstance, le Prophète adopta une attitude relativement indulgente envers les hypocrites et cette tribu juive. Bien que Abdullâh ibn Ubayy se soit comporté avec autant d'insolence et ait mis le Prophète en colère, ce dernier ne laissa pas la colère dicter ses actes : il permit à Abdullâh de conserver son alliance avec les juifs de Qaynuqâ' et les autorisa à quitter Médine en paix avec leurs femmes et leurs enfants.
Cette attitude modérée ne fit guère d'effet sur Abdullâh, qui demeura hostile à l'islam tout en se proclamant musulman. À diverses reprises, il prit des positions qui nuirent gravement à la cause de l'islam. Certains historiens suggèrent que si le Prophète s'était montré intransigeant avec lui dès le début, il aurait réfléchi à deux fois avant d'adopter à nouveau une posture hostile. Cet argument ne tient toutefois pas compte du fait que Abdullâh disposait d'un fort soutien chez ceux des Arabes de Médine qui considéraient l'islam avec haine et suspicion. Abdullâh était un homme très influent. Avant l'émigration du Prophète à Médine, des préparatifs étaient en cours pour le proclamer roi de Médine. Ce ne fut qu'en raison de l'avènement de l'islam à Médine que cette position lui échappa.
Le principal objectif du Prophète était d'élargir la base de l'islam et de le diffuser de toutes parts. Il considérait qu'une confrontation entre ses partisans et les Arabes de Médine aurait un effet négatif sur la cause de l'islam en dehors de la ville. D'autres tribus arabes y verraient un simple conflit interne entre deux groupes de musulmans : ils ne pouvaient pas savoir que Abdullâh et ses partisans n'étaient pas de vrais musulmans, puisqu'ils s'en donnaient l'apparence. La rumeur se répandrait que Muhammad tuait ses propres adeptes.
Cela ne pourrait que donner aux autres tribus et nations une idée extrêmement fausse de l'islam et de son message. Le mal généré par une telle attitude dépasserait donc de loin les avantages qu'aurait pu apporter une plus grande fermeté envers les hypocrites. En revanche, la confrontation avec la tribu de Qaynuqâ' était inévitable. Les relations n'avaient pas été calmes entre eux et les musulmans au cours des dix-huit mois écoulés depuis l'émigration du Prophète à Médine. Il était clair que cette tribu encourageait les hypocrites à s'opposer à l'islam et tentait de semer la discorde entre les deux principaux groupes de musulmans, les muhâjirûn (qui avaient émigré de La Mecque) et les ansâr (originaires de Médine).
Les juifs de Qaynuqâ' tentèrent même de persuader le Prophète de quitter Médine pour Jérusalem. Ils essayèrent aussi de le mettre dans l'embarras en posant des questions sur tous les aspects de la foi et de la religion, dans l'espoir que ces questions pousseraient certains de ses adeptes à reconsidérer leur attitude envers l'islam. Le Prophète resta cependant ferme face à toutes ces tentatives. Le Coran, dont la révélation se poursuivait, répondait à toutes leurs questions et donnait aux musulmans le dernier mot sur tous les aspects de la foi et de la religion.
Tout cela conduisit néanmoins à une escalade de la tension entre les deux camps. La tribu de Qaynuqâ', qui vivait au milieu des musulmans, fut la première tribu juive à tenter de s'opposer à eux. Il est difficile de comprendre comment les membres de cette tribu ont pu croire qu'ils pourraient être assez forts pour affronter les musulmans, d'autant plus que ces derniers venaient de remporter une victoire éclatante contre les Quraysh. Leur moral était donc excellent : ils étaient certains du soutien de Dieu et convaincus que Lui Seul leur avait accordé la victoire à Badr. Ils étaient conscients que s'ils étaient sincères dans leur soumission à Dieu, Il les soutiendrait dans toute confrontation.
Les dirigeants de Qaynuqâ' avaient probablement pensé que si les musulmans ne subissaient pas rapidement un coup sévère ou une défaite, ils ne feraient que devenir de plus en plus forts et que bientôt rien ne pourrait plus les arrêter. Ils se sont peut-être dit que c'était dans un affrontement avec les musulmans à ce moment précis que résidait leur meilleure chance d'obtenir la victoire.
Le cas d'un notable Juif
Un personnage important de la tribu juive d'an-Nadîr, Ka'b ibn al-Ashraf, fut tellement accablé par la défaite des Quraysh à Badr qu'il dit que la mort serait préférable à la vie maintenant que les chefs de Quraysh avaient été tués. Peu après la victoire des musulmans à Badr, Ka'b se rendit à La Mecque pour présenter ses condoléances aux Arabes païens et les encourager à se préparer à un autre affrontement où ils pourraient se venger de Muhammad et de ses compagnons.
Lorsqu'il était à La Mecque, il composa des poèmes condamnant les musulmans et particulièrement le Prophète et prenant ouvertement parti pour les idolâtres de Quraysh. Après un long séjour à La Mecque où il déploya tous ses efforts pour persuader les Quraysh de préparer une offensive contre les musulmans, il retourna à Médine où il commença, pour ainsi dire, à assener des coups bas aux musulmans.
Il rédigea des poèmes d'amour obscènes mentionnant des femmes musulmanes. C'était là une grave offense pour les musulmans, très attachés à leur honneur. Cela avait aussi pour but de causer des problèmes conjugaux dans certains foyers musulmans. L'homme était donc un ennemi déclaré, qui ne cachait pas son hostilité envers le Prophète et les musulmans en général.
Le Prophète se rendit compte qu'il fallait mettre fin aux agissements de Ka'b ibn al-Ashraf. Il dit donc à quelques-uns de ses compagnons : « Qui nous débarrassera de Ka'b ibn al-Ashraf, qui nous a déclaré si ouvertement son hostilité ? » Un homme des ansâr du nom de Muhammad ibn Maslama dit : « Je me porte volontaire, je le tuerai. » Cet homme demanda au Prophète, qui la lui accorda, la permission de faire semblant d'être opposé au Prophète avec ses amis.
Un groupe des ansâr, comprenant Muhammad ibn Maslama et Silkân ibn Salâma, alla trouver Ka'b. Silkân était le frère de lait de Ka'b, ayant eu la même nourrice. Ce facteur incitait donc à la confiance, et c'est pourquoi Silkân fut le premier à approcher Ka'b. Ils bavardèrent un moment et chacun récita à l'autre ses poèmes, dans une ambiance amicale. Ensuite, Silkân dit qu'il était venu dans un certain but mais qu'il voulait d'abord que Ka'b lui promette de garder son secret.
Ka'b ayant donné sa parole, Silkân dit : « La venue de cet homme [le Prophète ] et son installation parmi nous ont été pour nous un véritable désastre. Tous les Arabes sont maintenant contre nous et se sont unis dans leur hostilité envers nous. Nous sommes pratiquement en état de siège ; nos enfants souffrent ; nous endurons de graves difficultés et nous ne pouvons pas subvenir correctement aux besoins de nos enfants. »
Ka'b répondit : « Je suis Ibn al-Ashraf ! Je t'avais bien dit maintes fois que tu te trouverais dans cette situation. » Silkân dit alors : « Je suis venu t'acheter de la nourriture, et nous te donnerons un gage en garantie de notre dette. » Ka'b demanda s'ils seraient prêts à donner leurs femmes en gage. Silkân objecta qu'il était connu à Médine pour son penchant pour les femmes, et qu'il leur était impossible de lui confier les leurs. Ka'b leur proposa alors de lui donner leurs enfants en gage. Silkân répondit : « Tu veux nous couvrir de honte devant les Arabes. Je te dis que j'ai des amis qui partagent mon opinion. J'aimerais que tu les rencontres et que tu leur vendes ce dont ils ont besoin. Nous ferons tous une bonne affaire. Nous te donnerons assez de nos armes pour garantir le prix de la nourriture que tu nous vendras. »
Le but de Silkân était qu'Ibn al-Ashrâf ne s'étonne pas et n'éprouve pas de soupçons en les voyant arriver avec leurs armes. Ka'b répondit : « Vos armes seront un gage acceptable. » Silkân retourna auprès de ses compagnons et leur dit de se préparer. Ils se retrouvèrent chez le Prophète , puis ils se mirent en route, le Prophète les accompagnant une partie du chemin. Avant qu'ils ne se séparent, il bénit leur mission et implora Dieu de les aider.
Lorsqu'ils arrivèrent au fort de Ka'b, Silkân l'appela pour qu'il descende. Apparemment, Ka'b s'était marié récemment, mais il sauta de son lit pour répondre. Son épouse s'écarta tout en lui disant : « Tu es en guerre, et lorsqu'on est en guerre, on ne sort pas de son fort à une heure aussi avancée de la nuit. » Ka'b répondit : « C'est Silkân, Abu Na'ila. S'il m'avait trouvé endormi, il ne m'aurait pas réveillé. » Elle insista : « J'entends la trahison dans sa voix. » Ka'b dit : « L'homme [c'est-à-dire lui-même] répondrait même si on l'appelait pour le poignarder. »
A SUIVRE...
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