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la Biographie des Compagnons du Prophete

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  • #46
    An-Nu`mân Ibn Muqarrin

    Biographie N° 24

    An-Nu`mân Ibn Muqarrin

    La tribu de Muzaynah était installée à quelque distance de Yathrib
    sur la route caravanière qui la reliait à la Mecque. La nouvelle de
    l'arrivée du Prophète à Yathrib — paix et bénédiction sur lui — se
    propagea rapidement et parvint très vite à Muzaynah par les membres
    du clan qui avaient fait l'aller-retour.
    Une nuit, le chef de la tribu, An-Nu`mân Ibn Muqarrin, s'assit parmi
    les aînés et d'autres membres du clan, puis s'adressa à eux :
    — " Ô mon peuple, par Dieu — Exalté Soit-Il —, nous n'avons appris
    que du bien au sujet de Muhammad — paix et bénédiction sur lui —, et
    sa mission n'évoque que clémence, bonté et justice. Quel est notre
    problème ? Qu'avons-nous à hésiter tandis que tous accourent vers
    lui ? "
    — " En ce qui me concerne, poursuivit-il, j'ai pris la décision de
    partir très tôt demain le rejoindre. Que ceux d'entre vous qui
    souhaitent m'accompagner se préparent. "
    An-Nu`mân était sans nul doute un chef persuasif. Ses paroles
    produisirent un grand effet sur les membres de son clan. Le matin
    suivant, ses dix frères et quatre cents cavaliers de Muzaynah
    étaient prêts à partir avec lui à Yathrib afin de rencontrer le
    Prophète — sur lui la paix et la bénédiction — et d'embrasser
    l'islam.
    Cependant, An-Nu`mân se sentit embarrassé de se rendre auprès du
    Prophète — sur lui la paix et la bénédiction — avec une suite aussi
    nombreuse sans rien apporter, ni pour lui ni pour les musulmans. Il
    n'y avait certes pas grand-chose qu'il put offrir. L'année écoulée
    avait été une année de sécheresse et de famine pour le clan de
    Muzaynah. Très peu de bétail et de récoltes y avaient survécu. An-
    Nu`mân fit tout de même le tour des demeures des hommes de sa tribu
    afin de rassembler le peu de chèvres et de moutons qu'il restait. Il
    conduisit ce troupeau à Médine. Puis, en présence du Prophète — paix
    et bénédiction sur lui —, ses hommes et lui-même annoncèrent leur
    conversion à l'islam.
    Médine toute entière était émue et enthousiasmée par la venue d'An-
    Nu`mân et de ses compagnons. Jamais auparavant autant de personnes —
    une famille de onze frères ainsi que 400 cavaliers — n'avaient
    embrassé la religion en même temps. Le noble Prophète — sur lui la
    paix et la bénédiction —, très heureux, se réjouit grandement de cet
    événement. Nulle doute que la sincérité de leur effort fut acceptée
    et louée par Dieu Tout-Puissant — Exalté Soit-Il — lorsqu'Il révéla
    les paroles suivantes du Coran au Prophète — paix et bénédiction sur
    lui — :
    — " [Tel autre], parmi les Bédouins, croit en Allah et au Jour
    dernier et fait de ce qu'il dépense un moyen de se rapprocher
    d'Allah et de s'attirer les bénédictions du Messager. Effectivement
    c'est là pour eux un moyen sûr de se rapprocher d'Allah. Allah les
    introduira dans Sa grâce. Car Allah est Pardonneur et
    Miséricordieux. " (Coran, Sourate 9, At-Tawbah, verset 99)
    An-Nu`mân vécut sous la guidée du Prophète — paix et bénédiction sur
    lui — et participa à toutes les campagnes au cours desquelles il
    montra sa valeur et son dévouement. A l'époque d'Abû Bakr — que Dieu
    l'agrée —, lui et le peuple de Muzaynah jouèrent un rôle majeur et
    louable en mettant un terme à la discorde provoquée par l'apostasie.
    Pendant le califat de `Umar al-Faruq — que Dieu l'agrée —, An-Nu`mân
    se distingua particulièrement au cours des combats qui opposèrent
    les musulmans à l'Empire sassanide.
    Peu de temps avant la bataille de Qadisiyyah, le commandant des
    forces musulmanes, Sa`d Ibn Abi Waqqas, envoya une délégation à
    l'empereur sassanide, Yazdagird. Cette délégation fut conduite par
    An-Nu`mân Ibn Muqarrin, dont le principal but était d'inviter
    l'empereur à l'islam. Lorsque An-Nu`mân et sa délégation
    atteignirent Ctésiphon, la capitale sassanide, les gens de la ville
    les regardèrent avec étonnement, non sans mépris. Ils regardèrent
    avec dédain leur apparence simple, leurs vêtements et leurs
    chaussures frustes ainsi que la pauvreté d'apparat de leurs
    montures. Les musulmans ne furent nullement déconcertés par cet
    accueil et demandèrent à être reçus par Yazdagird. Il leur accorda
    une audience, convoqua un interprète et lui dit :
    — " Dis-leur : " Pourquoi êtes-vous venus à nous et pourquoi voulez-
    vous nous envahir ? Peut-être avez-vous quelque intention à notre
    égard et cherchez-vous à vous risquer à nous affronter parce que
    vous êtes pour nous une source de préoccupation. Pourtant, nous ne
    souhaitons pas vous punir. " "
    An-Nu`mân se tourna vers ses hommes et dit : " Si vous le souhaitez,
    je lui répondrai en votre nom. Mais si l'un d'entre vous veut parler
    qu'il le fasse d'abord. " Les musulmans demandèrent à An-Nu`mân de
    parler, puis ils se tournèrent vers l'empereur et lui dirent : " Cet
    homme parle en notre nom à tous alors écoutez ce qu'il a à vous
    dire. "
    An-Nu`mân commença par louer et glorifier Dieu — Exalté soit-Il — et
    invoquer la paix et la bénédiction sur le Prophète — paix et
    bénédiction sur lui. Puis il dit :
    " Certes Dieu — Exalté soit-Il — a été bon et miséricordieux envers
    nous et Il nous a envoyé un Messager pour nous montrer la bonne voie
    et nous commander de la suivre, pour nous apprendre ce qui est mal
    et nous l'interdire. Le Messager — paix et bénédiction sur lui —
    nous a promis que si nous répondions à son appel, Dieu — Exalté soit-
    Il — nous accorderait ce qui est bon dans ce monde et dans l'autre
    [dans l'Au-delà].
    Peu de temps s'est écoulé depuis cette promesse, pourtant Dieu —
    Exalté soit-Il — nous a donné l'abondance, alors que nous souffrions
    des privations et des difficultés, l'honneur au lieu de
    l'humiliation, la clémence et la fraternité à la place de nos
    anciennes inimitiés.
    Le Messager — paix et bénédiction sur lui — nous a ordonné d'appeler
    l'humanité à ce qui est meilleur pour elle en commençant par ceux
    qui sont nos voisins.
    Ainsi nous vous invitons à embrasser notre religion. C'est une
    religion qui embellit et favorise tout ce qui est bon et qui déteste
    et décourage tout ce qui est laid et répréhensible. C'est une
    religion qui mène les croyants des ténèbres de la tyrannie et de
    l'incroyance à la lumière et à la justice de la foi.
    Si vous nous répondez favorablement et si vous acceptez l'islam
    comme votre religion, notre devoir est de vous remettre le Livre de
    Dieu — Exalté soit-Il —, le noble Coran et de vous aider à vous
    conformer à ses principes et de régner selon ses lois. Puis nous
    nous en irons et nous vous laisserons vous occuper de vos propres
    affaires.
    Cependant si vous refusez de vous convertir à l'islam, nous vous
    prélèverons une taxe, la jizya, en échange de laquelle nous vous
    accorderons notre protection. Si vous refusez de donner la jizya,
    nous vous déclarerons la guerre. "
    Yazdagird, fâché et furieux après ce qu'il avait entendu, dit non
    sans dérision : " Je ne connais aucune nation sur terre plus
    misérable que la vôtre et dont les membres sont si peu nombreux,
    aussi divisés et dont la condition est plus mauvaise. Nous avions
    l'habitude de déléguer les affaires vous concernant à nos
    gouverneurs provinciaux qui exigèrent de vous l'obéissance à notre
    souveraineté. "

    a suivre
    "L'habit ne fait pas le moine", certes... mais... "si tu cherche un moine, cherche-le parmi ceux qui portent l'habit"...

    Commentaire


    • #47
      suite et fin

      Puis, il poursuivit en adoucissant le ton de sa voix, tout en étant
      encore plus sarcastique :
      — " Quel que soit le besoin qui vous a poussés à venir à nous, nous
      sommes prêts à enrôler des hommes pour vous aider à rendre vos
      terres fertiles.Nous vêtirons vos chefs et vos notables et nous
      placerons un roi issu de notre peuple qui se montrera indulgent à
      votre égard. "
      Un des membres de la délégation de An-Nu`mân répondit vivement à
      cela. Yazdagird, pris d'une grande colère, s'écria : " Si ce n'était
      le fait qu'il ne sied pas d'exécuter des ambassadeurs, je vous
      détruirais jusqu'au dernier. Allez-vous en. Vous n'aurez rien de
      moi. Et dîtes à votre commandant que j'envoie Rustum contre lui pour
      vous enterrer, lui et vous tous, dans le fossé d'Al Qadisiyyah. "
      Yazdagird demanda qu'on fit apporter un panier plein de terre et
      commanda qu'il soit porté en dehors des portes de ville par celui
      d'entre les musulmans qui était considéré comme le plus noble et ce,
      en signe d'humiliation. Asim le fils de `Umar — que Dieu l'agrée —
      interpréta ceci comme étant un heureux présage et apporta la terre
      au commandant en chef en lui disant :
      — " Recevez nos félicitations pour la victoire. L'ennemi nous a
      volontairement livré son territoire. " S'ensuivit la bataille de
      Qadisiyyah. Après quatre jours de rude combat, les forces musulmanes
      remportèrent la victoire. Elle prépara le terrain aux conquêtes
      musulmanes des plaines de l'Euphrate et du Tigre. La capitale
      persane, Ctésiphon, fut prise. Suite à cela de nombreuses contrées
      furent conquises, tandis que les Perses se retiraient vers le nord.
      En dépit d'autres défaites et retraites, Yazdagird refusa de se
      rendre et s'acharna à lever de nouvelles taxes pour attaquer les
      musulmans et à fomenter des insurrections dans les provinces tombées
      sous leur contrôle. `Umar — que Dieu l'agrée — conseilla la
      modération à ses généraux et leur recommanda ne pas aller trop loin
      vers l'est.
      Cependant il reçut des nouvelles d'une mobilisation persane massive
      d'environ cent mille guerriers contre les musulmans. Il songea à
      quitter Médine pour faire face lui-même à cette extraordinaire
      menace. D'éminents musulmans de Médine le lui déconseillèrent
      vivement et lui suggérèrent à la place de désigner un commandant
      militaire apte à faire face à cette situation grave.
      — " Montrez-moi un homme que je puis nommer pour cette tâche " dit-
      il. " Vous connaissez votre armée mieux que quiconque, Ô Commandeur
      des Croyants ", répondirent-ils. Après un moment de réflexion,
      `Umar — que Dieu l'agrée — s'exclama :
      — " Par Dieu — Exalté soit-Il —, je nommerai comme commandant en
      chef de l'armée musulmane un homme qui, quand les deux armées
      s'affronteront, sera le plus actif. Il s'agit de An-Nu`mân Ibn
      Muqarrin Al-Muzanî. "
      `Umar lui adressa une lettre : " Du serviteur de Dieu — Exalté soit-
      Il —, `Umar Ibn Al-Khattâb à An-Nu`mân Ibn Muqarrin — que Dieu les
      agrée — :
      — " J'ai appris qu'un grand nombre de Perses se sont rassemblés pour
      vous combattre dans la ville de Nihawand. Lorsque cette lettre te
      parviendra, pars les affronter avec l'aide de Dieu — Exalté soit-Il —
      , avec les musulmans qui se trouvent avec toi. Ne les entraîne pas
      sur un terrain trop difficile de peur qu'ils soient blessés. Certes
      un seul croyant est plus cher à mes yeux que cent mille dinars. Que
      la paix soit sur toi. " "
      An-Nu`mân obéit aux ordres du Commandeur des Croyants et mobilisa
      les forces musulmanes. Il envoya en éclaireur un détachement de
      cavalerie pour une reconnaissance des environs de la ville. Alors
      qu'ils arrivaient aux abords de Nihawan, les chevaux s'arrêtèrent
      brusquement et refusèrent d'aller plus loin. Les cavaliers
      descendirent de leurs montures et découvrirent des clous de fer
      enfoncés dans les sabots des chevaux. Ils regardèrent autour d'eux
      et constatèrent que les abords de la ville étaient parsemées de ces
      clous pour stopper l'avancée de l'armée musulmane.
      Dès qu'il en fut informé, An-Nu`mân ordonna aux cavaliers de rester
      là où ils se trouvaient et d'allumer des feux à la tombée de la
      nuit, afin que l'ennemi les voie. Ils devaient également feindre la
      peur et faire croire à l'ennemi qu'ils battaient en retraite, afin
      de le faire sortir et pour qu'il débarrasse les environs de la ville
      des clous. La ruse fonctionna parfaitement. Quand les Perses virent
      que l'avant-garde de l'armée musulmane semblait abattue et vaincue,
      ils envoyèrent des ouvriers pour débarrasser les alentours des clous
      qu'ils avaient dispersés.
      Ces ouvriers furent capturés par la cavalerie musulmane qui prit le
      contrôle des abords de la ville. An-Nu`mân dressa le camp à la
      lisière de la ville et décida de lancer un assaut déterminant sur
      elle. Il s'adressa alors à ses soldats :
      — " Je dirai " Dieu est plus grand !" (Allahu akbar) à trois
      reprises. La première fois, préparez-vous (en faisant votre toilette
      et vos ablutions rituelles — wudû'). La deuxième fois, que chacun
      d'entre vous prépare ses armes et qu'il s'en revêtît. La troisième
      fois, j'irai affronter les ennemis de Dieu — Exalté soit-Il — et
      vous vous joindrez à moi au combat. "
      Il poursuivit :
      — " Et si An-Nu`mân devait périr, ne laissez personne s'attarder sur
      lui. Maintenant, je vais adresser une prière au Tout-Puissant —
      Exalté soit-Il — et j'aimerais que chacun d'entre vous dise Ameen. "
      Il pria de la sorte : " Que Dieu — Exalté soit-Il — accorde le
      martyr à An-Nu`mân en ce jour et qu'Il accorde la victoire aux
      musulmans. "
      A trois reprises An-Nu`mân cria Allahu akbar. A la troisième
      reprise, il plongea dans les rangs ennemis et les musulmans se
      précipitèrent derrière lui. Bien qu'ils se battirent à six contre
      un, ils infligèrent de terribles pertes aux Perses.
      An-Nu`mân reçut un coup mortel durant la bataille. Son frère prit la
      bannière de sa main, le recouvrit d'une burdah [1] et dissimula sa
      mort aux autres.
      Les forces musulmanes remportèrent la victoire. Les Perses ne purent
      jamais se relever de cette bataille que les historiens musulmans
      qualifièrent de " Victoire des victoires ".
      Une fois la bataille terminée, les soldats victorieux réclamèrent
      leur vaillant commandant. Son frère souleva la burda et dit : "
      Voici votre commandant. Dieu — Exalté soit-Il — lui a accordé la
      victoire et l'a béni en le faisant martyr. "
      On fit parvenir la nouvelle à `Umar — que Dieu l'agrée — à Médine.
      Un Compagnon, qui se trouvait avec lui, rapporte : " J'ai vu `Umar,
      puisse Dieu — Exalté soit-Il — être satisfait de lui. Quand il
      apprit la mort de An-Nu`mân Ibn Muqarrin, il mit sa tête dans ses
      mains et se mit à pleurer. "
      P.-S.
      Traduit de "Companions of The Prophet", Vol. 1, de Abdul Wâhid Hâmid.
      "L'habit ne fait pas le moine", certes... mais... "si tu cherche un moine, cherche-le parmi ceux qui portent l'habit"...

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      • #48
        Rabî`ah Ibn Ka`b

        Biographie N° 25

        Rabî`ah Ibn Ka`b

        Voici l'histoire de Rabî`ah, rapportée de ses propres mots :
        " J'étais encore jeune quand la lumière de la foi a rayonné en moi
        et quand mon cœur s'est ouvert aux enseignements de l'Islam. Lorsque
        mes yeux ont aperçu le Messager de Dieu — paix et bénédictions sur
        lui — pour la première fois, je l'ai aimé d'un amour qui envahit
        tout mon corps. Je l'aimais plus que toute autre personne.
        Un jour, je me dis : " Malheur à toi Rabî`ah. Pourquoi ne te mets-tu
        pas entièrement au service du Messager de Dieu — paix et
        bénédictions sur lui — ? Va le voir et propose-lui cela. S'il est
        satisfait de toi, tu trouveras le bonheur en étant auprès de lui. Tu
        seras comblé par ton amour pour lui et tu auras la chance d'obtenir
        le bien dans ce monde et dans l'autre.
        Ainsi, j'espérais qu'il m'accepterait à son service. Il n'anéantit
        pas mes espoirs. Il fut heureux de me prendre comme serviteur. À
        partir de ce jour, je vécus dans l'ombre du noble Prophète — paix et
        bénédictions sur lui —. J'allais avec lui partout où il allait. Je
        me déplaçais dans le même sens que lui, où qu'il allait. Chaque fois
        qu'il lançait un regard en ma direction, je faisais un bond pour
        rester à ses côtés. Chaque fois qu'il exprimait un besoin, je
        m'empressais d'y répondre.
        Je le servais tout au long de la journée. Lorsque que le jour
        arrivait à sa fin, qu'il avait prié la prière de l'Icha et qu'il
        s'était retiré dans sa maison, je pensais alors à partir. Mais je me
        disais aussitôt : " Où vas-tu aller, Rabî`ah ? Peut-être va-t-il
        falloir que tu fasses quelque chose pour le Prophète durant la
        nuit. "Alors je restais, assis à sa porte et ne m'éloignais pas du
        seuil de sa maison. Le Prophète passait une partie de la nuit en
        prière. Je l'entendais réciter le Chapitre ouvrant du Coran et il
        continuait à réciter certaines fois pendant le tiers ou le quart de
        la nuit. Alors, je commençais à fatiguer et je partais ou bien je
        laissais mes yeux se fermer et m'endormais.
        Le Prophète — paix et bénédictions sur lui — avait l'habitude,
        lorsque quelqu'un lui rendait service, de lui rendre ce service avec
        quelque chose d'encore plus excellent. Il voulait faire quelque
        chose pour moi en retour de mes services à son égard. Alors, un
        jour, il vint me voir et me dit :
        " Ô Rabî`ah Ibn Ka`b. "
        " Labbayk ya rasulullah wa sadayk - à tes ordres, Ô Messager de Dieu
        et que Dieu t'accorde le bonheur " répondis-je.
        " Demande-moi tout ce que tu veux et je te le donnerai. "
        Je réfléchis quelques instants puis je dis :
        " Laisse-moi un peu de temps, Ô Messager de Dieu, pour réfléchir à
        ce que je vais te demander. Puis, je te le ferai savoir. "
        Il accepta.
        À cette époque, j'étais jeune et pauvre. Je n'avais ni famille, ni
        richesse, ni lieu ou résider. Je prenais refuge dans la Suffah de la
        mosquée avec les musulmans qui étaient pauvres comme moi. Les gens
        nous appelaient les " invités de l'Islam ". Chaque fois qu'un
        musulman apportait quelque chose par charité pour le Prophète — paix
        et bénédictions sur lui —, il nous envoyait tout. Et si quelqu'un
        lui faisait un présent, il en prenait une partie et laissait le
        reste pour nous.
        Ainsi, j'eus l'idée de demander au Prophète — paix et bénédictions
        sur lui — quelques biens matériels me permettant d'échapper à la
        pauvreté et de ressembler à tous ceux qui possédaient de l'argent,
        une femme et des enfants. Très vite, cependant, je me dis : "
        Puisses-tu périre Rabî`ah ! Ce monde n'est qu'éphémère et il va
        disparaître. Tu y as ta part de subsistance qu'Allâh t'a accordée et
        qui doit te parvenir. Le Prophète — paix et bénédictions sur lui — a
        sa place auprès de Dieu et aucune demande ne lui sera refusée.
        Demande-lui donc de demander à Allâh de t'accorder une récompense
        dans l'au-delà.
        Je fus heureux et satisfait de cette idée. J'allai voir le Prophète —
        paix et bénédictions sur lui — et il me demanda :
        " Qu'as-tu à me dire, Ô Rabî`ah ? "
        " Ô Messager de Dieu " dis-je " je te demande d'implorer Dieu le
        Très Haut en faveur afin qu'il fasse de moi ton compagnon au
        Paradis. "
        " Qui t'a conseillé de me demander une telle chose ? " Demanda le
        Prophète.
        " Non, par Dieu, dis-je, personne ne m'a conseillé. Mais quand tu
        m'as dit 'demande-moi tout ce que tu veux et je te le donnerai' j'ai
        d'abord pensé à te demander quelque chose des biens de ce monde.
        Puis, au bout d'un certain temps, je fus guidé vers le choix de te
        demander quelque chose de permanent et de durable au lieu de ce qui
        est éphémère et périssable. Ainsi, je t'ai demandé d'implorer Allâh
        en ma faveur afin que je sois ton compagnon au Paradis. "
        Le Prophète Paix et Bénédiction de Dieu sur lui garda le silence un
        long moment puis il demanda :
        " Une autre demande à part celle-ci Rabî`ah ? "
        " Non, Ô Messager de Dieu, rien ne peut aller avec ce que je t'ai
        demandé. "
        " Alors, dans ce cas, assiste-moi en faisant de multiples
        prosternations à Dieu. "
        Alors je commençai à me consacrer à la dévotion afin d'obtenir le
        bonheur d'être aux côtés du Prophète — paix et bénédictions sur lui —
        au Paradis tout comme j'ai eu le bonheur d'être à son service et
        d'être son compagnon dans ce bas monde.
        Peu de temps après, le Prophète — paix et bénédictions sur lui —
        m'appela et me demanda :
        " Ne veux-tu pas te marier, Rabî`ah ? "
        " Je ne veux pas que quoi que ce soit puisse me distraire de ton
        service. " Répondis-je. " De plus, ne n'ai rien à donner comme dote
        à une femme, ni de lieu pour la loger. "
        Le Prophète — paix et bénédictions sur lui — resta silencieux. Quand
        il me vit une autre fois, il me demanda : " Ne veux-tu pas te
        marier, Rabî`ah ? " Je lui donnai la même réponse. Puis, une fois
        seul, je regrettai ma réponse et me dit : " Malheur à toi, Rabî`ah.
        Par Dieu, le Prophète sait mieux que toi ce qui est bon pour toi
        dans ce monde et dans l'autre et il sait également mieux que toi ce
        que tu possèdes. Par Dieu, si le Prophète — paix et bénédictions sur
        lui — te demande si tu veux te marier, tu dois répondre de façon
        positive. "
        Longtemps après, le Prophète me demanda encore :
        " Ne veux-tu pas te marier Rabî`ah ? "
        " Oh ! Oui, Messager de Dieu " répondis-je, " mais qui acceptera de
        se marier avec moi alors que je suis dans l'état que tu sais ? "
        " Vas voir la famille d'untel et untel et dis-leur : le Prophète
        vous demande de me donner votre fille en mariage. "
        Timidement, je me rendis chez cette famille et dis :
        " Le Messager d'Allâh, Paix sur lui, m'a envoyé pour vous demander
        de me donner votre fille en mariage. "
        " Notre fille ? " Demandèrent-ils d'un air étonné.
        " Oui " répondis-je.
        " Bienvenue au Messager de Dieu et bienvenue à son messager. Par
        Dieu, Le messager du Messager de Dieu ne doit rentrer que si sa
        mission est accomplie. "
        Alors ils firent un contrat de mariage entre elle et moi. Je
        retournai auprès du Prophète et lui racontai :
        " Ô Messager de Dieu, je reviens du meilleur des foyers. Ils m'ont
        cru, ils m'ont accueilli et ils ont fait un contrat de mariage entre
        leur fille et moi. Mais où vais-je trouver sa dote ? "
        Le Prophète alla alors chercher Buraydah Ibn Al-Khasib, une des plus
        importantes personnes de ma tribu, les Banu Asiam, et il lui dit : "
        Ô Buraydah, rassemble le poids d'un noyau de date en or pour
        Rabî`ah ! "
        Il s'en chargea et le Prophète me dit : " Apporte-leur ceci et dit
        leur que c'est la dote pour leur fille " J'en fis autant et ils
        l'acceptèrent. Ils furent satisfaits et dirent : " C'est beaucoup et
        bien. " Je revins vers le Prophète et lui dis : " Je n'ai jamais vu
        de gens aussi généreux qu'eux. Ils furent satisfaits de ce que je
        leur ai apporté même si c'était peu… Où puis-je trouver quelque
        chose pour la célébration du mariage, Ô Prophète de Dieu ?"
        Le Prophète demanda à Burayda : " Trouve un bélier pour Rabî`ah ! "
        Ils me ramenèrent un gros bélier et le Prophète me dit : " Va voir
        Aishah et dit lui de te donner tout l'orge qu'elle possède. "
        Aishah me donna un sac contenant sept sâ` (unité de mesure) d'orge
        et dit : " Par Dieu, nous n'avons plus d'autre nourriture. " Je me
        rendis chez la famille de ma femme avec le bélier et l'orge. Ils
        dirent : " Nous préparerons l'orge, mais dit à tes amis de préparer
        le bélier pour toi. "
        Nous abattîmes, dépeçâmes et cuisinâmes le bélier. Nous avions donc
        du pain et de la viande pour la célébration du mariage. J'invitai le
        Prophète qui accepta mon invitation.
        Puis le Prophète m'offrit un bout de terre près de celui d'Abû Bakr.
        À partir de ce moment, l'ici-bas et les biens matériels commencèrent
        à me préoccuper. J'eus même une dispute avec Abû Bakr au sujet d'un
        palmier :
        " Il est sur ma terre ! " insistai-je.
        " Non, sur ma terre ! " répliqua Abû Bakr.
        Nous commençâmes à nous disputer. Abû Bakr me dit un mot qu'il
        regretta aussitôt et me dit :
        " Rabî`ah ! Dis-moi la même chose afin que cela soit considéré comme
        une riposte justifiée. "
        " Non par Dieu, je ne le ferai pas " dis-je.
        " Dans ce cas, répondit Abû Bakr, j'irai voir le Messager de Dieu
        pour me plaindre du fait que tu refuses de riposter contre moi. "
        Il se mit en route et je le suivis. Ma tribu, les Banu Asiam, se
        mirent également en route, me suivant et protestant avec
        indignation : " Il est celui qui a prononcé le mot en premier, et il
        va voir le Prophète avant toi pour se plaindre ! " Je me tournai
        vers eux et dis : " Malheur à vous ! Savez-vous qui est cette
        personne ? C'est As-Siddîq et il est l'aîné respecté des Musulmans.
        Retournez sur vos pas avant qu'il ne se retourne, ne vous voit et
        qu'il ne pense que vous êtes venus m'aider contre lui. Il serait
        alors encore plus énervé et irait voir le Prophète avec colère.
        Alors le Prophète se mettrait en colère pour lui. Puis Allâh se
        mettrait en colère pour eux, et ce serait la fin de Rabî`ah. " Ils
        firent demi-tour.
        Abû Bakr alla trouver le Prophète — paix et bénédictions sur lui —
        et lui raconta l'incident qui avait eu lieu. Le Prophète — paix et
        bénédictions sur lui — leva la tête et me dit :
        " Ô Rabî`ah ! Qu'est-ce qui ne va pas entre toi et Abû Bakr As-
        Siddiq ? "
        " Messager de Dieu, il voulait que je lui dise les mêmes mots qu'il
        a prononcés à mon égard et je ne l'ai pas fait. "
        " Oui, ne lui dis pas les mêmes mots que ceux qu'il t'a dits. À la
        place, dis : " qu'Allâh te pardonne Abû Bakr ! "
        Abû Bakr s'en alla en disant, les larmes aux yeux : " Qu'Allâh te
        récompense grandement, Ô Rabî`ah Ibn Ka`b ! Qu'Allâh te récompense
        grandement, Ô Rabî`ah Ibn Ka`b ! "
        P.-S.
        Traduit de "Companions of The Prophet", Vol. 1, de Abdul Wâhid Hâmid.
        "L'habit ne fait pas le moine", certes... mais... "si tu cherche un moine, cherche-le parmi ceux qui portent l'habit"...

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        • #49
          Abd Allâh Ibn Hudhâfah As-Sahmî

          Biographie N° 26

          Abd Allâh Ibn Hudhâfah As-Sahmî

          L'Histoire aurait pu ignorer cet homme tout comme elle avait ignoré
          des milliers d'Arabes avant lui. Rien en lui ne laissait prétendre à
          une quelconque attention ou renommée. La grandeur de l'Islam a
          néanmoins donné à `Abd Allâh Ibn Hudhâfah l'opportunité de
          rencontrer les deux principaux potentats de son époque : Chosroès,
          Roi de Perse et Héraclius, Empereur byzantin.
          L'histoire de sa rencontre avec Chosroès commença en l'an 6 après
          l'Hégire, lorsque le Prophète — paix et bénédiction de Dieu sur lui —
          chargea certains de ses Compagnons de remettre des lettres aux
          souverains en dehors de la Péninsule arabique afin de les inviter à
          l'Islam.
          Le Prophète — paix et bénédiction de Dieu sur lui — attacha une
          grande importance à cette mission dans la mesure où ces émissaires
          allaient se rendre dans des contrées lointaines avec lesquelles
          aucun accord ou traité n'avait été signé auparavant. Ils ne
          connaissaient ni leurs langues, ni les dispositions de leurs
          souverains. En dépit de cela, ils devaient inviter ces souverains à
          abandonner leur religion, à renoncer à leurs gloire et pouvoir et à
          adhérer à la religion d'un peuple plus ou moins assujetti.
          Indubitablement, ce projet était ambitieux et périlleux.
          Afin de leur communiquer son plan, le Prophète — paix et bénédiction
          de Dieu sur lui — rassembla ses compagnons et leur parla. Il
          commença par louer Allâh et Le remercier. Ensuite, il prononça
          l'attestation de foi et poursuivit ainsi :
          "Je veux envoyer certains d'entre vous aux souverains des contrées
          étrangères. Mais ne discutez pas avec moi comme les Israélites ont
          discuté avec Jésus, fils de Marie.
          — Ô Prophète d'Allâh, nous accomplirons ce que tu voudras que nous
          accomplissions, répondirent les Compagnons. Envoie-nous où tu veux. "
          Le Prophète chargea six Compagnons de ses lettres à l'attention des
          souverains arabes et étrangers. `Abd Allâh Ibn Hudhâfah fut choisi
          pour remettre l'invitation du Prophète à Chosroès, le roi de Perse.
          Après avoir fait ses adieux à son épouse et à son fils, il se mit en
          route. Seul, il traversa les montagnes et les vallées pour
          finalement atteindre le pays des Perses.
          Il demanda à rencontrer le roi, mentionnant aux gardes la lettre
          qu'il portait. Chosroès fit préparer sa salle d'audience et convoqua
          les membres de sa cour les plus distingués. Quand ils furent tous
          prêts, il fit venir l'émissaire. `Abd Allâh entra. Il vit le
          potentat perse vêtu de robes flottantes délicates et portant un haut
          turban arrangé de la plus délicate des manières, tandis que lui-même
          portait des vêtements simples et rudes de Bédouins. Il avançait
          néanmoins la tête haute et d'un pas ferme. L'honneur de l'Islam
          brûlait dans son cœur et le pouvoir de sa foi faisait palpiter son
          cœur.
          Voyant `Abd Allâh s'approcher de lui, Chosroès fit signe à l'un de
          ses hommes de prendre la lettre de sa main.
          — "Non, dit `Abd Allâh. Le Prophète m'a ordonné de te remettre cette
          lettre en main propre et je ne désobéirai pas au Messager d'Allâh.
          — Qu'on le laisse s'approcher, ordonna Chosroès à ses gardes."
          `Abd Allâh s'avança et lui tendit la lettre. Chosroès fit appel à un
          savant arabe d' Al-Hîrah pour la lecture de son contenu. Il commença
          ainsi : "Au nom de Dieu, Clément et Miséricordieux. De la part de
          Muhammad, Messager de Dieu, à Chosroès, souverain de la Perse. Que
          la paix soit sur celui qui suit la vraie voie."
          A peine eut-il entendu ces quelques mots que le visage de Chosroès
          devint rouge de colère et la sueur commençait à perler autour de son
          cou. Il arracha la lettre des mains du savant et la tailla en pièces
          sans savoir ce qu'elle contenait d'autre et cria : "Ose-t-il
          m'écrire ainsi alors qu'il est mon esclave ?" Il n'avait pas
          supporté de ne pas avoir son nom précédant celui du Prophète dans la
          lettre. Il ordonna l'expulsion de `Abd Allâh de l'assemblée.
          `Abd Allâh fut emmené sans savoir ce qu'il allait advenir de lui.
          Allait-on l'exécuter ou le libérer ? Il n'attendit cependant pas de
          le découvrir. Il résolut : "Par Allâh, peu m'importe mon sort alors
          que la lettre du Prophète a été si mal traitée." Il parvint à
          retrouver son chameau et à s'échapper.
          Lorsque la colère de Chosroès se fut apaisée, il demanda à ce qu'on
          lui amène `Abd Allâh. Mais, on ne le trouvait nulle part. Les gardes
          perses le cherchèrent jusque dans la Péninsule arabique où ils se
          rendirent compte qu'il les avait devancés. De retour à Médine, `Abd
          Allâh raconta au Prophète comment Chosroès avait déchiré sa lettre
          en morceaux. La seule réponse du Prophète fut : "Puisse Allâh
          déchirer son royaume !"
          Pendant ce temps, Chosroès écrivit à Bâdhân, son gouverneur au
          Yémen, d'envoyer deux hommes forts pour récupérer "cet homme apparu
          dans le Hedjaz" et pour le ramener en Perse. Bâdhân remit une lettre
          à deux de ses hommes dans laquelle il ordonnait au Prophète — paix
          et bénédiction de Dieu sur lui — de suivre sans attendre les deux
          hommes jusqu'à Chosroès. Par ailleurs, il chargea ses hommes de
          rassembler un maximum d'informations sur le Prophète — paix et
          bénédiction de Dieu sur lui — et sur son Message. Les hommes
          avançaient rapidement. A At-Tâ'if, ils rencontrèrent quelques
          commerçants qurayshites qu'ils interrogèrent à propos de
          Muhammad. "Il est à Yathrib", leur dirent-ils. Heureux, les
          commerçants poursuivirent leur route jusque La Mecque. Ils
          annoncèrent la bonne nouvelle à Quraysh : "Réjouissez-vous. Chosroès
          est à la recherche de Muhammad et il va nous débarrasser de lui."
          Pendant ce temps, les deux hommes rejoignirent Médine où ils
          rencontrèrent le Prophète — paix et Bénédiction de Dieu sur lui. Ils
          l'informèrent de leur mission : "Le Roi des rois, Chosroès, a
          demandé à notre souverain Bâdhân d'envoyer ses hommes te chercher.
          Aussi sommes-nous venus t'emmener avec nous. Si tu viens avec nous
          de plein gré, Chosroès sera bon envers toi et t'épargnera toute
          punition. En revanche, si tu refuses, tu connaîtras le châtiment.
          Sache qu'il a le pouvoir de te détruire toi et ton peuple."

          a suivre
          "L'habit ne fait pas le moine", certes... mais... "si tu cherche un moine, cherche-le parmi ceux qui portent l'habit"...

          Commentaire


          • #50
            suite et fin

            Le Prophète — paix et bénédiction de Dieu sur lui — sourit et leur
            dit : "Retournez à vos montures pour aujourd'hui et revenez demain."
            Le lendemain, ils vinrent chercher le Prophète :
            — "Es-tu prêt à aller rencontrer Chosroès ?
            — A partir d'aujourd'hui, vous ne verrez plus Chosroès, répondit le
            Prophète. Dieu l'a tué et son fils Siroès a pris sa place telle nuit
            de tel mois."
            Les deux hommes, complètement abasourdis, fixèrent le Prophète —
            paix et bénédiction de Dieu sur lui.
            — "Sais-tu ce que tu dis ? demandèrent-ils. Veux-tu que nous en
            informions Bâdhân ?
            — Oui, répondit le Prophète, et dîtes-lui que ma religion m'a
            informé de ce qui est arrivé au royaume de Chosroès et dites-lui
            également que s'il se convertit à l'Islam, je ferai de lui le
            souverain de ce qu'il contrôle aujourd'hui."
            Les deux hommes repartirent au Yémen et rapportèrent à Bâdhân ce qui
            s'était passé. Bâdhân dit : "Si ce que Muhammad a dit est vrai, il
            est certainement alors Prophète. Sinon, nous verrons ce qu'il
            adviendra de lui."
            Peu de temps après, Bâdhân reçut une lettre de Siroès où il
            disait : "J'ai tué Chosroès en raison de la tyrannie qu'il imposait
            au peuple. Il légitimait le meurtre des chefs, la capture de leurs
            épouses et l'expropriation de leurs richesses. Lorsque tu recevras
            cette lettre, que ceux qui sont avec toi me prêtent allégeance."
            Dès qu'il eut terminé de lire la lettre de Siroès, il la jeta et
            annonça son entrée dans l'Islam. Les Perses du Yémen se convertirent
            avec lui. Voilà l'histoire de la rencontre de `Abd Allâh Ibn
            Hudhâfah avec le Roi perse.
            Sa rencontre avec l'Empereur romain eut lieu durant le Califat de
            `Umar Ibn Al-Khattâb. Son histoire est toute aussi étonnante.
            En l'an 19 de l'Hégire, `Umar envoya une armée lutter contre les
            Byzantins. `Abd Allâh Ibn Hudhâfah en faisait partie. L'Empereur
            byzantin fut informé de l'avancée d'une troupe musulmane. Il avait
            entendu parler de la sincérité de leur foi et de leur volonté à
            sacrifier leur vie pour Allâh et Son Prophète. Aussi demanda-t-il à
            voir un prisonnier musulman.
            Allâh voulut que ce captif soit `Abd Allâh Ibn Hudhâfah. L'Empereur
            observa longuement le musulman qu'on lui présenta. Spontanément, il
            lui dit :
            — "Je vais te faire une proposition.
            — Laquelle ? demanda `Abd Allâh.
            — Je te demande de te convertir au christianisme en échange de ta
            liberté et de ma protection."
            De fureur, `Abd Allâh s'exclama :
            — "Plutôt mourir mille fois que d'accepter ce que tu me demandes."
            — Je vois que tu es un homme fier. Néanmoins, si tu acceptes ma
            proposition, je partagerai mon pouvoir avec toi et ferai de toi mon
            conseiller."
            Le prisonnier, entravé par les fers, sourit et dit :
            — "Par Allâh, quand bien même tu me donnerais tous tes biens ainsi
            que ceux des Arabes jamais je renoncerai à la religion de Muhammad.
            — Alors je te tuerai.
            — Fais ce que tu veux."
            L'Empereur le fit mettre sur une croix. Ses soldats reçurent l'ordre
            de lui jeter des lances, d'abord sur ses mains, puis sur ses pieds,
            toujours en l'incitant à accepter le christianisme ou tout du moins
            à renoncer à sa religion. Il persista dans son refus. L'Empereur le
            fit descendre de la croix. Il demanda qu'on amène un grand chaudron
            plein d'huile bouillante. Il fit ensuite venir deux autres
            prisonniers musulmans et il fit jeter l'un d'eux dans l'huile
            bouillante. La chair du prisonnier grésillait et bientôt on put voir
            ses os. L'empereur se tourna vers Abdullah et l'invita une fois de
            plus à se convertir au christianisme.
            Quelle terrible épreuve ! Toutefois, il resta ferme et l'Empereur
            finit par abandonner. Il ordonna qu'on jette `Abd Allâh dans le
            chaudron. Alors qu'on l'emmenait, il commença à pleurer. L'Empereur
            crut l'avoir vaincu et le fit revenir. Une dernière fois, il demanda
            à `Abd Allâh de devenir chrétien mais à sa grande surprise, `Abd
            Allâh refusa.
            — "Maudit sois-tu ! Pourquoi pleurais-tu alors ?, cria l'empereur.
            — Je pleurais, dit `Abd Allâh, parce que je me disais : "Tu vas
            maintenant être jeté dans ce chaudron et ton âme s'en ira." Que
            n'aurais-je donné pour avoir autant d'âmes que j'ai de poils sur le
            corps afin qu'elles soient toutes jetées dans ce chaudron pour la
            Cause d'Allâh."
            Le tyran dit alors : "Baiserais-tu ma tête contre ta liberté ?"
            — "Et celle de tous les prisonniers musulmans ?, demanda `Abd Allâh."
            L'Empereur accepta. `Abd Allâh pensa : "Lui, un ennemi de l'Islam !
            J'embrasse sa tête et il me libère ainsi que tous les prisonniers
            musulmans. Il n'y a certainement pas de mal à cela." Il s'approcha
            alors de l'Empereur et lui baisa la tête. Tous les prisonniers
            musulmans furent libérés et remis à `Abd Allâh.
            Finalement, `Abd Allâh Ibn Hudhâfah retourna auprès de `Umar Ibn Al-
            Khattab et lui conta son histoire. `Umar, très heureux du
            dénouement, dit à l'attention des prisonniers : "Tout musulman, à
            commencer par moi-même, a le devoir d'embrasser la tête de `Abd
            Allâh Ibn Hudhâfah."
            `Umar se leva donc et baisa la tête de `Abd Allâh Ibn Hudhâfah.
            P.-S.
            Traduit de l'anglais du site Youngmuslims.ca.
            "L'habit ne fait pas le moine", certes... mais... "si tu cherche un moine, cherche-le parmi ceux qui portent l'habit"...

            Commentaire


            • #51
              Biographie N° 27

              Abd Allâh Ibn Jahsh

              `Abd Allâh Ibn Jahsh était l'un des cousins du Prophète et sa sœur,
              Zaynab Bint Jahsh était également l'une des épouses du Prophète. Il
              fut le premier à diriger une expédition musulmane.
              `Abd Allâh Ibn Jahsh se convertit à l'Islam avant l'arrivée du
              Prophète — paix et bénédictions sur lui — à la Maison d'Al-Arqam qui
              devint par la suite le point de rencontre, l'école et le refuge des
              premiers musulmans. Il fut par conséquent l'un de tous premiers à
              accepter le Message.
              Lorsque le Prophète — paix et bénédictions sur lui — autorisa ses
              compagnons à émigrer vers Médine afin de fuir la persécution des
              Qurayshites, `Abd Allâh Ibn Jahsh était le deuxième à partir,
              précédé par Abû Salamah. L'émigration n'était pas une expérience
              nouvelle pour `Abd Allâh. Lui et quelques membres de sa famille
              avaient déjà migré vers l'Abyssinie. Néanmoins, cette fois
              l'émigration allait s'opérer à une bien plus grande échelle. Famille
              proche ou éloignée, hommes, femmes et enfants, tous étaient du
              voyage. En fait, c'était tout son clan, converti à l'Islam qui
              l'accompagnait.
              Il régnait une atmosphère de désolation sur La Mecque quand ils
              quittèrent la ville. Les maisons semblaient tristes à croire que
              personne n'y avait jamais vécu auparavant. Plus aucun bruit ne
              s'échappait des murs silencieux.
              Le clan de `Abd Allâh était parti depuis peu lorsque les chefs
              Qurayshites alertés quadrillèrent les quartiers de la ville afin de
              savoir qui était parti et qui était resté. Parmi ces chefs, se
              trouvaient Abû Jahl et Utbah Ibn Rabi`ah. Utbah frappait aux portes
              des maisons des Banû Jahsh et criait :
              " Les maisons des Banu Jahsh se sont vidées et elles pleurent leurs
              occupants.
              - Qui étaient ces gens après tout, répondit Abû Jahl avec dérision,
              pour que leurs maisons les pleurent."
              Il s'appropria la maison de `Abd Allâh Ibn Jahsh, la plus belle et
              la plus riche des demeures. Il se servit librement dans ce qu'elle
              contenait tel un roi dans sa cour.
              Plus tard, `Abd Allâh Ibn Jahsh apprit qu'Abû Jahl avait pris
              possession de ses biens et le mentionna au Prophète — paix et
              bénédictions sur lui — qui répondit : " N'es-tu pas satisfait, O
              `Abd Allâh, de la maison au Paradis qu'Allâh t'a donnée en
              échange ? "
              `Abd Allâh Ibn Jahsh venait tout juste de s'installer à Médine. À
              peine venait-il de goûter au calme et à la paix sous la protection
              des Ansars qu'il eut à s'exposer au test le plus éprouvant de toute
              sa vie et à accomplir la mission la plus difficile depuis sa
              conversion.
              Le Prophète — paix et bénédictions sur lui — assigna à huit de ses
              compagnons, dont `Abd Allâh Ibn Jahsh et Sa`d Ibn Abî Waqqâs la
              toute première mission militaire.
              " Je nomme commandant celui d'entre vous qui est le plus endurant
              face à la faim et à la soif", dit le Prophète en tendant l'étendard
              à `Abd Allâh Ibn Jahsh. Ce geste fit de lui le premier émir d'un
              contingent de croyants.
              Le Prophète — paix et bénédictions sur lui — lui donna des
              instructions précises sur la route à suivre. Il lui remit également
              une lettre que `Abd Allâh ne devait lire qu'au bout du deuxième jour
              de voyage.
              Obéissant aux ordres du Prophète, `Abd Allâh regarda le contenu de
              la lettre après les deux jours de voyage. Elle disait : " Quand tu
              auras lu cette lettre, continuez à avancer jusqu'à atteindre un
              endroit appelé Nakhlah entre At-Ta'if et la Mecque. De là, observez
              les Qurayshites et rassemblez un maximum d'informations sur
              eux.". "A tes ordres, O Prophète de Dieu ", s'exclama `Abd Allâh
              quand il eut terminé la lecture de la lettre.
              Il fit part à ses compagnons du contenu de la lettre : " Le Prophète
              nous commande de nous diriger vers Nakhlah afin d'observer les
              Qurayshites et d'en apprendre un maximum de choses sur eux. Il m'a
              également ordonné de ne pas emmener avec moi quiconque serait opposé
              au but de cette expédition. Celui qui souhaite mourir en martyr et
              est complètement d'accord avec cette expédition peut m'accompagner.
              Quant à ce lui qui n'est pas d'accord, il peut repartir sans
              qu'aucun reproche ne lui soit fait."
              " À tes ordres, O Messager d'Allâh, répondirent-ils tous. Nous irons
              avec toi `Abd Allâh, où que le Prophète ait ordonné d'aller. "
              Le groupe poursuivit sa route jusqu'à Nakhlah, où ils se déplaçaient
              entre les cols des montagnes à la recherche d'informations sur les
              mouvements des Qurayshites. Ils virent ainsi au loin une caravane
              qurayshite. Quatre hommes : Amr Ibn Al-Hadrami, Hukm Ibn Jaysan,
              `Uthmân Ibn `Abd Allâh et son frère Mughirah escortaient les
              marchandises ; des peaux, des raisins secs et d'autres produits du
              commerce de quraysh.
              Les Compagnons se consultèrent. C'était le dernier jour des mois
              sacrés. " Si nous les tuons, s'accordèrent-ils, nous violerions les
              mois sacrés et nous nous exposerions à la colère de tous les Arabes.
              Si nous attendons que ce dernier jour s'écoule sans rien faire, ils
              auront le temps d'atteindre La Mecque et seront alors hors
              d'atteinte."
              Après réflexion, ils conclurent de s'attaquer à la caravane et de
              s'emparer de la marchandise qu'elle transportait. Deux hommes furent
              faits prisonniers, un fut tué et le dernier réussit à s'échapper.
              `Abd Allâh Ibn Jahsh et ses hommes emportèrent à Médine les deux
              prisonniers et le butin. Ils allèrent trouver le Prophète et lui
              racontèrent ce qu'il s'était passé. Le Prophète fut très contrarié
              et condamna fermement leur initiative.
              " Par Allâh, je ne vous ai pas demandé de vous battre. Je souhaitais
              simplement que vous rassembliez des informations sur les Qurayshites
              et que vous observiez leurs mouvements. " Il gracia les deux
              prisonniers et ne toucha pas au butin.
              `Abd Allâh Ibn Jahsh et ses hommes comprirent alors qu'ils étaient
              tombés dans la disgrâce et que leur désobéissance au Prophète leur
              vaudrait la ruine.
              Le poids de leur erreur se fit encore plus lourd dès lors que leurs
              autres frères musulmans les évitaient et les désignaient comme
              étant "ceux qui avaient désobéi au Prophète".
              Leur déconfiture augmenta quand ils apprirent que les Qurayshites
              avaient pris l'incident pour prétexte afin de discréditer le
              Prophète et le dénoncer auprès des autres tribus. Ils disaient : "
              Muhammad a profané le mois sacré. Il a versé notre sang, il a volé
              nos richesses et a capturé nos hommes. "
              Imaginez la tristesse que `Abd Allâh Ibn Jahsh et ses compagnons
              éprouvaient, sans parler de l'embarras dans lequel ils avaient mis
              le Prophète.
              Ils étaient amèrement tourmentés et l'agonie leur pesait lourdement.
              Enfin, Allâh, Loué soit-Il, révéla au Prophète qu'Il était satisfait
              de ce qu'ils avaient fait. Quelle ne fut pas leur joie à la
              révélation de cette bonne nouvelle ! On venait les embrasser et les
              féliciter tout en récitant ce que le Coran a dit de leur acte.
              "Ils t'interrogent sur le fait de faire la guerre pendant les mois
              sacrés. - Dis : ‹Y combattre est un péché grave, mais plus grave
              encore auprès d'Allâh est de faire obstacle au sentier d'Allâh,
              d'être impie envers Celui-ci et la Mosquée sacrée, et d'en expulser
              ses habitants. L'association est plus grave que le meurtre.› "
              (Sourate Al-Baqarah 2, verset 212)
              Ces versets bénis rassurèrent le Prophète. `Abd Allâh Ibn Jahsh et
              ses compagnons avaient retrouvés son agrément. Le Prophète — paix et
              bénédictions sur lui — prit possession des produits de la caravane
              et exigea des rançons pour les prisonniers. L'expédition de `Abd
              Allâh marqua certainement les débuts de la communauté musulmane…
              S'ensuivit la bataille de Badr, à laquelle `Abd Allâh Ibn Jahsh
              participa et où il fut une fois encore éprouvé. Sa foi n'en demeura
              pas moins égale et constante.
              De la bataille d'Uhud, on retiendra une histoire inoubliable qui
              impliqua `Abd Allâh Ibn Jahsh et son ami Sa`d Ibn Abî Waqqâs.
              Laissons Sa`d nous en faire le récit :
              " Pendant la bataille, `Abd Allâh me demanda : " N'invoques-tu pas
              Allâh ? " Je lui répondis que oui. Nous nous mîmes de côté et je
              priais : " O Seigneur ! Quand je rencontrerai l'ennemi, fasse que ce
              soit un homme d'une force et d'une hargne immense. Accorde-moi la
              victoire sur lui. Fasse que je le tue et que j'obtienne son
              butin ! " À mon invocation, `Abd Allâh dit Amin et pria ensuite : "
              Puisses-Tu faire de moi un homme de haut rang et d'une force sans
              pareille. Je me battrai pour Toi, O Seigneur quand l'ennemi se
              battra contre moi. Il me prendra, me tranchera nez et oreilles et
              lorsque je Te rencontrerai Tu diras : " Pourquoi t'a-t-on coupé le
              nez et les oreilles ? " Je répondrai alors : " Pour Toi et pour Ton
              Prophète. " Et là Tu diras : " Tu as dis vrai "…
              Sa`d poursuit l'histoire : L'invocation de `Abd Allâh Ibn Jahsh
              valait mieux que la mienne. Je le trouvai à la fin de la journée. Il
              était mort et mutilé, son nez et ses oreilles attachés à un arbre
              plus loin."
              Allâh répondit à la prière de `Abd Allâh Ibn Jahsh et lui offrit la
              bénédiction de mourir en martyr (le martyre), tout comme Il l'avait
              accordée à son oncle, Hamzah Ibn `Abd Al-Muttalib. Le noble
              Prophète — paix et bénédictions sur lui — les enterra ensemble dans
              une même tombe. Il versa ses larmes pures sur cette terre, terre de
              martyre.
              P.-S.
              Traduit de "Companions of The Prophet" , Vol. 1, de Abdul Wâhid
              Hâmid.
              "L'habit ne fait pas le moine", certes... mais... "si tu cherche un moine, cherche-le parmi ceux qui portent l'habit"...

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              • #52
                Biographie N° 28

                Uqbah Ibn `Âmir

                Après un voyage long et épuisant, le Prophète, paix et bénédiction
                de Dieu sur lui, arriva finalement aux portes de Yathrib. Les
                habitants de la cité sortirent pour l'accueillir, et une foule se
                réunit, envahissant les rues étroites de la ville. Certains étaient
                montés sur les toits des maisons en répétant allègrement les
                formule "Lâ ilâha illallâh&, Il n'y a de dieu que Dieu" et "Allâhu
                akbar, Dieu est le plus Grand". Ils manifestaient ainsi leur joie de
                rencontrer le Prophète de la Miséricorde et son loyal compagnon, Abû
                Bakr As-Siddîq. Les petites filles de la cité défilaient également
                avec entrain, et tout en agitant leurs jonquilles, elles
                fredonnaient en guise de bienvenue ce poème désormais célèbre :
                Tala`al-badru `alaynâ *** Min thaniyyâtil-wadâ'
                Wajabash-shukru `alaynâ *** Mâ da`â lillâhi dâ`
                Ayyuhal-mab`ûthu fînâ *** Ji'ta bil-amril-mutâ`
                Ji'ta sharraftal-madînah *** Marhabay-yâ khayra dâ`
                Traduction
                La pleine lune s'est levée sur nous, depuis les collines de
                Thaniyyât Al-Wadâ`.
                La gratitude s'impose à nous, aussi longtemps qu'un prédicateur
                appellera à Dieu.
                Ô toi qui a été envoyé parmi nous ! Tu es venu avec un commandement
                auxquels nous obéirons.
                Tu es venu et tu as fait honneur à notre cité. Sois le bienvenu ! Ô
                toi le meilleur des prédicateurs !
                Durant toute la procession du Saint Prophète, les gens manifestaient
                leur joie sur son passage, versant des larmes de bonheur et souriant
                joyeusement, le cœur rempli d'allégresse.
                Loin de ces scènes de jubilation, se trouvait un jeune homme du nom
                de `Uqbah Ibn `Âmir Al-Juhanî. Il s'en était allé aux vastes
                lisières du désert, afin de faire paître son troupeau de moutons et
                de chèvres dans une végétation rarissime. Il avait longtemps erré à
                la recherche de fourrage pour ses bêtes affamées. Il était difficile
                de trouver un bon terrain de pâturage, et il appréhendait
                constamment que son troupeau périsse. Ils étaient tout ce qu'il
                possédait et il ne souhaitait pas les perdre.
                L'allégresse qui avait envahi Yathrib, connue désormais comme la
                Cité Radieuse du Prophète, s'était bientôt répandue et avait atteint
                tous les coins du territoire. La bonne nouvelle de l'arrivée du
                Prophète parvint finalement à `Uqbah alors qu'il veillait sur son
                troupeau loin dans ce désert ingrat. Sa réaction face à cette
                nouvelle fut immédiate. Il relate lui-même l'histoire de sa
                rencontre avec le Prophète : "Le Prophète, paix et bénédiction de
                Dieu sur lui, était venu à Médine alors que je veillais sur mon
                troupeau. Lorsque j'appris la nouvelle de son arrivée, je me mis
                immédiatement en route pour le rencontrer. Dès que je le vis, je lui
                demandai : "Acceptes-tu mon serment d'allégeance, Ô Messager de
                Dieu ?
                - Et qui es-tu ? me demanda t-il.
                - `Uqbah Ibn `Âmir Al-Juhanî, lui répondis-je.
                - Lequel préfères-tu, demanda le Prophète, le serment d'un nomade ou
                celui d'un Emigré ?
                - Le serment d'un Emigré, répondis-je." Le Messager de Dieu prit
                alors mon serment d'allégeance comme il le fit avec les Emigrés. Je
                passai la nuit en sa compagnie en ville et retournai ensuite à mon
                troupeau.
                Nous étions douze à avoir embrassé l'Islam mais nous vivions loin de
                la cité, occupés à garder nos moutons et nos chèvres en rase
                campagne. Nous parvînmes à la conclusion qu'il était préférable pour
                nous de nous rendre chaque jour auprès du Prophète de manière à nous
                instruire sur notre religion et à écouter les récits des révélations
                divines qu'il recevait. Je dis aux autres : "Nous irons voir le
                Messager de Dieu - paix et bénédiction de Dieu sur lui - chacun
                notre tour. Ceux d'entre vous qui souhaitent partir peuvent me
                laisser leurs troupeaux car je suis trop inquiet au sujet de mon
                propre troupeau pour laisser à quiconque le soin de s'en occuper."
                Chaque jour, mes amis partaient, un par un, voir le Prophète, me
                laissant le soin de veiller sur leur troupeau. A leur retour, chacun
                m'informait de ce qu'il avait appris et je pus ainsi bénéficier des
                enseignements qu'ils avaient reçus. Très vite, cependant, je me
                ressaisis et me dis : "Honte à toi ! Est-ce pour un troupeau de
                moutons que tu demeures maigre et misérable, ratant l'opportunité
                d'être en la compagnie du Prophète et de lui parler directement sans
                intermédiaire ?&quot Suite à cela, je laissai mon troupeau et partis
                pour Médine. Je restai dans la mosquée près du Messager de Dieu,
                paix et bénédiction de Dieu sur lui."
                `Uqbah n'eut aucune raison de regretter cette décision capitale. En
                moins de dix ans, il était devenu l'un des personnages les plus
                distingués parmi les Compagnons du Prophète et un excellent
                récitateur du Coran. Il devint également un commandant militaire, et
                plus tard, un éminent gouverneur musulman lorsque l'Islam se
                propagea d'Est en Ouest avec une rapidité fulgurante. Il n'avait
                jamais imaginé, lorsqu'il quittait son troupeau pour suivre les
                enseignements du noble Prophète, qu'il serait un jour en tête des
                forces musulmanes qui libérèrent la fertile Damas - connue alors
                sous l'appellation de Mère de l'Univers. Il n'avait jamais imaginé
                non plus qu'un jour il aurait une maison bien à lui, pourvue de
                jardins verdoyants, ni qu'il serait l'un des commandants qui
                contribuèrent à la libération de l'Égypte, alors connue comme
                l'Émeraude du Monde, ni qu'il serait l'un de ses gouverneurs.
                Cette décision fut néanmoins prise. Seul, sans aucun bien ni
                famille, `Uqbah quitta le désert pour se rendre à Médine. Il resta
                avec ceux qui étaient dans la même condition que lui à la Suffah,
                cette partie supérieure de la mosquée du Prophète, situé près de sa
                demeure. La Suffah était une sorte d'espace d'accueil où les gens
                tels que `Uqbah demeuraient afin d'être proches du Prophète. Ils
                étaient connus comme étant les Ashâb As-Suffah, les Gens de la
                Suffah, et le Prophète les désigna un jour comme les Invités de
                l'Islam.
                Du fait qu'ils n'avaient aucun revenu, le Prophète partageait
                toujours sa nourriture avec eux, et encourageait les autres à se
                montrer généreux envers ces "invités". Ils passaient la majeure
                partie de leur temps à étudier le Coran et à s'instruire sur
                l'Islam. Quelle merveilleuse opportunité avaient-ils là ! Ils
                étaient proches du Prophète et constamment en contact avec lui. Le
                Prophète avait une affection spéciale pour eux, il était
                bienveillant à leur égard et prenait soin de les éduquer et de
                pourvoir à leurs besoins quels qu'ils soient. `Uqbah cita un exemple
                de la manière dont le Prophète les instruisait et leur dispensait
                ses enseignements : "Un jour, le Prophète - paix et bénédiction de
                Dieu sur lui - vint nous voir alors que nous étions assemblés à la
                Suffah. Il nous demanda : 'Lequel d'entre vous souhaite partir
                chaque jour en dehors de la ville ou dans une vallée pour se
                procurer deux magnifiques chameaux noirs ?' [1]
                - Tout le monde le souhaite, ô Messager de Dieu, répondions-nous
                tous en chœur.
                - Dorénavant, dit-il, chacun d'entre vous ira à la mosquée apprendre
                deux versets du Livre de Dieu. Ceci est meilleur pour lui que deux
                chameaux ; trois versets sont meilleurs que trois chameaux ; quatre
                versets sont meilleurs que quatre chameaux.'"
                De cette façon, le Prophète s'efforçait d'inciter ceux qui avaient
                accepté l'Islam à changer leur attitude. L'objectif était de
                réformer leur obsession d'acquérir et d'amasser des biens de ce
                monde en une attitude de dévotion au savoir. Cet exemple simple
                relaté par le Prophète les avait fortement motivés à acquérir le
                savoir.

                a suivre
                "L'habit ne fait pas le moine", certes... mais... "si tu cherche un moine, cherche-le parmi ceux qui portent l'habit"...

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                • #53
                  suite et fin

                  A d'autres occasions, les Gens de la Suffah posaient des questions
                  au Prophète afin de mieux connaître leur religion. `Uqbah se rappela
                  avoir un jour demandé au Prophète : "Qu'est-ce que le salut ?
                  - Surveille tes propos, rends ta maison spacieuse pour les invités
                  et médite sur tes erreurs, répondit le Prophète."
                  Même en dehors de la mosquée, `Uqbah s'efforçait toujours de rester
                  près du Prophète. Lors de ses déplacements, il prenait souvent les
                  rênes de la mule du Prophète, le conduisant là où il désirait. Par
                  moments, il se contentait de suivre le Prophète, paix et bénédiction
                  de Dieu sur lui, ce qui lui valut le titre de "Doublure du
                  Prophète". A d'autres occasions encore, le Prophète descendait de sa
                  monture, et permettait à `Uqbah de monter pendant que lui-même
                  marchait. `Uqbah relata une de ces occasions : "Je pris les rênes de
                  la mule du Prophète alors que nous passions devant quelques
                  palmeraies de Médine. '`Uqbah, me dit le Prophète, ne souhaites-tu
                  pas monter à ma place ?' Ma première pensée fut de décliner
                  l'invitation mais je ressentis que cela aurait pu être un signe de
                  désobéissance au Prophète. Je répondis donc : 'Oui, ô Messager de
                  Dieu'. Le Prophète descendit de sa mule, et je montai à sa place,
                  obéissant à sa volonté. Il commença à marcher, et je descendis de la
                  mule à mon tour peu de temps après. Le Prophète remonta et me
                  dit : '`Uqbah, souhaites-tu que je t'enseigne deux sourates dont
                  personne n'a encore pris connaissance ?' 'Certainement, ô Messager
                  de Dieu', répondis-je. Il me récita alors "Qul a`ûdhu bi-rabbil-
                  falaq" et "Qul a`ûdhu bi-rabbin-nâs" (les deux dernières sourates du
                  Coran). J'ai ensuite prononcé l'appel préliminaire (iqâmah) à la
                  prière. Le Prophète dirigea la prière et récita ces deux sourates.
                  Après cela, il dit : 'Lis ces deux sourates avant de te coucher et à
                  ton réveil'."
                  Ces exemples démontrent, par excellence, l'enseignement continu
                  dispensé par le Prophète, que ce soit à la maison, à la mosquée ou
                  lors de ses déplacements en monture ou à pied.
                  Deux préoccupations étaient au centre de la vie de `Uqbah : l'une
                  était la recherche du savoir et l'autre, le jihâd dans le Sentier de
                  Dieu. Il mettait toute son énergie dans la poursuite de ces deux
                  objectifs.
                  Du point de vue de l'enseignement, il buvait avidement à la fontaine
                  de savoir que représentait le Messager de Dieu. `Uqbah devint à la
                  fois un récitateur du Coran distingué, un transmetteur de hadiths du
                  Prophète, un juriste, un expert en héritage selon la Loi islamique,
                  un homme de lettres, un orateur et un poète.
                  Lorsqu'il récitait le Coran, il avait une voix des plus plaisantes.
                  A la tombée de la nuit, lorsque l'univers tout entier semblait
                  paisible et tranquille, il avait pour habitude d'ouvrir le Livre de
                  Dieu et de réciter ses versets captivants. Les cœurs des nobles
                  Compagnons étaient alors comme attirés par sa récitation du Coran.
                  Ils tremblaient de tout leur corps et étaient émus aux larmes par la
                  crainte de Dieu que leur inspirait la récitation de `Uqbah.
                  Un jour, `Umar Ibn Al-Khattâb l'invita et lui dit : "Récite-moi un
                  passage du Livre de Dieu, ô `Uqbah.
                  - Oui, ô Commandeur des Croyants, dit `Uqbah qui se mit à réciter."
                  ` Umar versa des larmes au point que sa barbe en fut trempée.
                  `Uqbah laissa de son vivant une copie du Coran qu'il avait écrite de
                  sa propre main. Il est dit que cette copie existait encore jusqu'à
                  récemment en Égypte dans l'illustre mosquée qui, en souvenir de
                  `Uqbah Ibn `Âmir, a pris son nom. A la fin du texte était
                  écrit : "Écrit par `Uqbah Ibn `Âmir Al-Juhanî". Ce codex de `Uqbah
                  était l'une des premières copies du Coran existantes mais elle a été
                  égarée dans son intégralité avec d'autres documents de par la
                  négligence des musulmans.
                  Du point de vue du jihâd, il suffit de savoir que `Uqbah a combattu
                  près du Prophète, paix et bénédiction de Dieu sur lui, à la bataille
                  de Uhud et dans tous les autres combats militaires qui
                  s'ensuivirent. Il était également l'un des vaillants soldats de la
                  cavalerie qui participa à la bataille de Damas. En signe de
                  reconnaissance pour ses bons et loyaux services, le commandant
                  deorces musulmanes, Abû `Ubaydah Ibn Al-Jarrâh, l'envoya à Médine
                  transmettre la nouvelle de la libération de Damas à `Umar Ibn Al-
                  Khattâb. `Uqbah passa huit jours et sept nuits, du vendredi au
                  vendredi, dans une marche forcenée et continue afin d'apporter les
                  nouvelles à `Umar.
                  `Uqbah était l'un des commandants des forces musulmanes qui
                  libérèrent l'Égypte. Il fut gouverneur musulman d'Égypte pendant
                  trois ans ; suite à cela, il reçut l'ordre du Calife Mu`âwiyah pour
                  organiser une expédition navale vers les îles de Rhodes dans la Mer
                  Méditerranée.
                  Au sujet de son enthousiasme dans le combat, il suffit de rappeler
                  que `Uqbah a laissé à la postérité de nombreux hadîths du Prophète à
                  ce sujet. Il excellait dans la narration de ce type d'évènements aux
                  musulmans. Un de ses passe-temps favoris était de pratiquer la
                  chasse à l'arc.
                  `Uqbah se trouvait en Égypte lorsqu'il tomba gravement malade. Il
                  rassembla ses enfants autour de lui et leur donna ses derniers
                  conseils : "Mes enfants, je vous mets en garde contre trois choses :
                  n'acceptez les dires que j'ai attribués au Prophète, paix et
                  bénédiction de Dieu sur lui, que s'ils vous proviennent d'une source
                  sûre ; ne contractez pas de dettes ou d'emprunts même si vous
                  occupez la position d'un imam ; ne composez pas de poésie car vos
                  cœurs pourraient être distraits du Coran."
                  `Uqbah Ibn `Âmir Al-Juhanî, le récitateur du Coran, le savant, le
                  chevalier, décéda en Égypte et fut enterré au pied de la vallée du
                  Mont Muqattam.
                  P.-S.
                  Traduit de l'anglais du site Youngmuslims.ca.
                  "L'habit ne fait pas le moine", certes... mais... "si tu cherche un moine, cherche-le parmi ceux qui portent l'habit"...

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                  • #54
                    Biographie N° 29

                    Abd Ar-Rahmân Ibn `Awf

                    Il était l'une des huit premières personnes à se convertir à
                    l'islam, l'une des dix personnes (al-`asharah al-mubashsharîn)
                    assurées d'entrer au paradis et l'une des six personnes choisies par
                    `Umar pour former le conseil de consultation (shûrâ) destiné à élire
                    le Commandeur des Croyants (le Calife) après sa mort.
                    `Abd Ar-Rahmân se convertit à l'islam seulement deux jours après Abû
                    Bakr As-Siddîq et avant que le Prophète, qu'Allah le bénisse et le
                    salue, n'entre à la maison d'Al-Arqam. Il s'appelait Abû Amr au
                    temps de la Jâhiliyyah (Ignorance Pré-Islamique), mais à sa
                    conversion, le Prophète d'Allah, qu'Allah le bénisse et le salue,
                    lui donna le nom de `Abd Ar-Rahmân (le serviteur du Miséricordieux).
                    Comme les premiers musulmans, `Abd Ar-Rahmân n'a pas échappé aux
                    souffrances infligées par les Quraishites. Il fut contraint de
                    rester caché et de fuir en Abyssinie quand les persécutions
                    devinrent insupportables. Au moment où la rumeur disait que les
                    conditions des musulmans s'étaient améliorées, il revint à La
                    Mecque. Or, cette rumeur s'avéra être fausse. Il retourna alors en
                    Abyssinie. `Abd Ar-Rahmân fut également de ceux qui participèrent à
                    la hijrah (émigration) de La Mecque vers Médine.
                    Dès son arrivée à Médine, le Prophète, qu'Allah le bénisse et le
                    salue, invita à la fraternité entre Muhâjirîn (les Emigrés) et
                    Ansars (Auxiliaires). L'établissement de liens solides et fraternels
                    a permis de renforcer la cohésion sociale et de soulager les émigrés
                    de leur misère.
                    Le Prophète, qu'Allah le bénisse et le salue, présenta `Abd Ar-
                    Rahmân à Sa`d Ibn Ar-Rabî`ah. En bon Ansar, Sa`d accueillit `Abd Ar-
                    Rahmân avec générosité et magnanimité : " Mon frère ! Je suis l'un
                    des hommes les plus riches de Médine. J'ai deux vergers et deux
                    épouses. Je te cèderai le verger que tu veux et divorcerai de la
                    femme que tu aimerais épouser. "
                    `Abd Ar-Rahmân, embarrassé, répondit : " Qu'Allah vous bénisse, ta
                    famille, ta richesse et toi ! Montre-moi simplement où se trouve le
                    marché. "
                    `Abd Ar-Rahmân se rendit au marché où il conclut quelques affaires
                    avec le peu d'argent qu'il possédait. Ses profits s'accumulèrent peu
                    à peu jusqu'à ce qu'il soit capable financièrement de se marier.
                    Il alla chez le Prophète, qu'Allah le bénisse et le salue, sentant
                    très fort le parfum.
                    " Mahyam, Ô `Abd Ar-Rahmân !, s'écria le Prophète - mahyam est un
                    mot d'origine yéménite traduisant une agréable surprise.
                    - Je me suis marié, répondit `Abd Ar-Rahmân.
                    - Et quel mahr (dot) as-tu donné à ton épouse ?
                    - Le poids d'un noyau en or.
                    - Tu dois faire une walîmah (un banquet de noces), ne serait-ce
                    qu'avec un simple mouton. Et puisse Allah bénir ta richesse, invoqua
                    le Prophète avec beaucoup de plaisir pour l'encourager. "
                    `Abd Ar-Rahmân avait un tel succès dans ses affaires que ce ne
                    serait pas une surprise s'il soulevait une pierre et s'il trouvait
                    de l'or en dessous.
                    `Abd Ar-Rahmân s'est, par ailleurs, distingué dans les batailles les
                    plus dures. À Uhud, sa fermeté et sa détermination lui ont permis
                    d'endurer la vingtaine de blessures plus ou moins sévères. Son jihad
                    n'était pas seulement physique. Il contribua tout autant avec ses
                    biens et sa richesse.
                    Pendant les préparatifs d'une expédition, le Prophète, qu'Allah le
                    bénisse et le salue, appela ses compagnons pour leur dire : "
                    Contribuez par la sadaqah car je prépare une expédition. "
                    `Abd Ar-Rahmân alla chez lui et s'empressa de revenir. Il dit au
                    Prophète, qu'Allah le bénisse et le salue : " Ô Messager d'Allah,
                    j'ai quatre mille dinars. J'en donne deux mille en qard à mon
                    Seigneur et deux mille à ma famille. "
                    Quand le Prophète, qu'Allah le bénisse et le salue, décida d'envoyer
                    une expédition à Tabûk, la dernière bataille de sa vie, il manquait
                    certes de moyens financiers et matériels mais aussi d'hommes compte
                    tenu des forces byzantines. Le millier de kilomètres à traverser
                    rendait le voyage à Tabûk long et difficile. D'autant plus que cette
                    année-là Médine avait souffert de la sécheresse. Le peu
                    d'équipements militaires et de montures disponibles réduisait
                    l'effectif des troupes musulmanes. Combien de musulmans se virent
                    refuser la participation à l'expédition par le Prophète, qu'Allah le
                    bénisse et le salue, faute de montures !
                    Leur tristesse était telle qu'on surnomma les pleureurs. L'armée
                    même était désignée sous le nom de "l'armée de la difficulté"
                    (`usrah). Le Prophète, qu'Allah le bénisse et le salue, invita ses
                    compagnons à contribuer à la guerre sainte, leur assurant que leur
                    geste serait récompensé. La réponse des musulmans à l'appel du
                    Prophète, qu'Allah le bénisse et le salue, fut immédiate et
                    généreuse. `Abd Ar-Rahmân donna deux cents awqiyyah d'or.
                    " J'ai vu `Abd Ar-Rahmân commettre une faute. Il n'a rien laissé à
                    sa famille, fit remarquer Umar Ibn Al-Khattab au Prophète, qu'Allah
                    le bénisse et le salue.
                    - As-tu laissé quelque chose à ta famille, `Abd Ar-Rahmân ?, demanda
                    le Prophète, qu'Allah le bénisse et le salue.
                    - Oui, répondit `Abd Ar-Rahmân. Je leur ai laissé plus que je ne
                    leur ai donné.
                    - Combien ?, interrogea le Prophète.
                    - Ce que Dieu, exalté soit-il, et Son Messager ont promis de
                    nourriture, de bonté et de récompense, répondit `Abd Ar-Rahmân. "
                    L'armée musulmane s'est finalement mise en route pour Tabûk. C'est
                    pendant ce voyage que `Abd Ar-Rahmân eut le plus grand honneur dont
                    personne d'autre avant lui n'avait pu bénéficier. A l'heure de la
                    salat, les musulmans le choisirent pour mener la prière en l'absence
                    du Prophète, qu'Allah le bénisse et le salue. La premier rakat
                    (génuflexion) de la salat était presque achevée lorsque le Prophète,
                    qu'Allah le bénisse et le salue, les rejoignit et effectua la salat
                    derrière `Abd Ar-Rahmân. Quel plus grand honneur que celui d'être
                    l'imam du Prophète, l'imam du Prophète des Prophètes ?
                    Après la mort du Prophète, qu'Allah le bénisse et le salue, `Abd Ar-
                    Rahmân décida de prendre en charge personnellement sa famille (les
                    Mères des Croyants). Il allait partout où elles allaient et il
                    effectua même le Hadj avec elles pour s'assurer qu'elles ne manquent
                    de rien. C'était un signe de confiance et une preuve qu'il était
                    aimé par la famille du Prophète, qu'Allah le bénisse et le salue.
                    `Abd Ar-Rahmân était bien connu pour sa contribution aux musulmans
                    et aux épouses du Prophète. Après avoir vendu un morceau de terre
                    pour quarante mille dinars, il distribua la totalité de la somme aux
                    Banu Zahra (la tribu d'origine de la mère du Prophète, Amina), aux
                    pauvres parmi les musulmans et aux femmes du Prophète. Quand Aïcha
                    reçut une partie de cet argent, elle demanda d'où il provenait. On
                    lui répondit que c'était un don de `Abd Ar-Rahmân. Aïcha dit
                    alors : " Le Messager d'Allah, qu'Allah le bénisse et le salue,
                    dit : " Personne n'éprouvera de la compassion envers vous après ma
                    mort à l'exception des Sâbirîn (Ceux qui sont patients). ". "
                    La prière du Prophète d'Allah, qu'Allah le bénisse et le salue,
                    sollicitant la barakah du Tout Puissant sur la richesse de `Abd Ar-
                    Rahmân lui a été favorable. `Abd Ar-Rahmân était en effet le plus
                    riche parmi les compagnons du Prophète, qu'Allah le bénisse et le
                    salue. Ses transactions commerciales ont toutes été fructueuses et
                    sa richesse n'a pas cessé de s'accroître. Ses caravanes
                    d'exportation et d'importation permettaient aux gens de Médine de
                    s'approvisionner en beurre, tissus, vaisselles, parfum, farine etc.
                    Il importait tout ce qui était nécessaire et exportait tout ce qui
                    était excédentaire à Médine.

                    a suivre
                    "L'habit ne fait pas le moine", certes... mais... "si tu cherche un moine, cherche-le parmi ceux qui portent l'habit"...

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                    • #55
                      suite et fin

                      Un jour, les gens de Médine entendirent un grand bruit venant d'au-
                      delà des frontières de Médine, une ville normalement calme et
                      paisible. Le bruit se rapprochait petit à petit. Ils pouvaient voir
                      au loin un nuage de poussière et de sable. C'était en fait une riche
                      caravane qui se dirigeait vers Médine. Les habitants étaient figés
                      de stupéfaction devant les sept cents chameaux chargés de
                      marchandises qui arrivaient.
                      L'agitation gagna les Médinois, les uns appelant les autres à venir
                      assister à ce défilé.
                      Aïcha intriguée par tout ce brouhaha demanda ce qu'il se passait. On
                      lui dit :
                      " C'est la caravane d'`Abd Ar-Rahmân Ibn Awl qui vient de Syrie
                      chargée de marchandises, la renseigna-t-on.
                      - C'est une caravane qui fait tout ce vacarme ?, demanda-t-elle
                      incrédule.
                      - Oui, Ya Oum Al-Mouminin (Mère des Croyants), il y a sept cents
                      chameaux. "
                      Aïcha secoua la tête songeuse comme si elle essayait de se rappeler
                      une scène passée et dit : " J'ai entendu le Messager de Dieu,
                      qu'Allah le bénisse et le salue, dire : " J'ai vu `Abd Ar-Rahmân Ibn
                      Awf entrer au paradis en rampant. ". "
                      Pourquoi rampant ? Pourquoi ne devait-il pas entrer au paradis d'un
                      pas léger et rapide avec les premiers compagnons du Prophète,
                      qu'Allah le bénisse et le salue ?
                      Quelques amis de `Abd Ar-Rahmân lui rapportèrent le hadith de Aïcha.
                      Il s'est rappelé avoir entendu le même hadith plus d'une fois de la
                      bouche du Prophète, qu'Allah le bénisse et le salue. Il se précipita
                      à la maison de Aïcha et lui dit :
                      " Ya `Ammâh ! (O tante !) As-tu entendu dire cela le Messager
                      d'Allah, qu'Allah le bénisse et le salue ?
                      - Oui, répondit-elle.
                      - Tu m'as rappelé un hadith que je n'ai jamais oublié. Si je le
                      pouvais, je voudrais certainement entrer au paradis en rampant. Je
                      te jure, Ya `Ammâh, que je donnerai fî sabîlillâh (pour l'Agrément
                      d'Allah) cette caravane entière avec toutes ses marchandises, ajouta-
                      t-il tout heureux. "
                      Il tint parole en organisant une fête de charité et en distribuant
                      tout le contenu de la caravane aux habitants de Médine et de ses
                      environs.
                      Cette anecdote qui montre quel genre d'homme fut `Abd Ar-Rahmân. En
                      dépit des richesses dont il jouissait, il a toujours été plus fort
                      que les passions qu'il aurait pu avoir.
                      La générosité de `Abd Ar-Rahmân ne s'est pas arrêtée là, il a
                      continué à donner tant secrètement qu'ouvertement. Certains chiffres
                      mentionnés sont vraiment surprenants, quarante mille dirhams,
                      quarante mille dinars d'or, deux cents awqiyyah d'or, cinq cents
                      chevaux aux mujâhidîn, quatre cents dinars d'or aux survivants etc.
                      et un grand legs aux Ummahât Al-Mu'minîn (Mères des Croyants).
                      A propos de cette fabuleuse générosité, Aïcha dit : " Puisse Allah
                      lui donner à boire de l'eau de Salsabîl (une source du paradis). "
                      Toute cette richesse n'a pas corrompu `Abd Ar-Rahmân. Il est resté
                      le même. Quand il était parmi ses ouvriers, les gens ne pouvaient
                      pas le distinguer d'eux.
                      On lui rapporta de la nourriture un jour pour manger. Il a regardé
                      la nourriture et a dit : " Mus`ab Ibn Umayr a été tué. Il était
                      meilleur que moi. Nous avons trouvé à peine de quoi couvrir sa tête,
                      ses jambes sont restées découvertes. Allah nous a donné tout ce
                      qu'il y a dans ce monde, je crains vraiment que notre récompense
                      nous ait été accordée trop tôt. " Il a commencé à sangloter et n'a
                      pas mangé.
                      On peut dire que Abd Ar-Rahman Ibn Awf fait partie de " Ceux qui
                      dépensent leurs biens dans le sentier d'Allah sans faire suivre
                      leurs largesses ni d'un rappel ni d'un tort, auront leur récompense
                      auprès de leur Seigneur. Nulle crainte pour eux, et ils ne seront
                      point affligés ".(Le Coran, sourate 2 Al-Baqarah, verset 62)
                      P.-S.
                      Traduit de "Companions of The Prophet" , Vol.1, de Abdul Wâhid Hâmid.
                      "L'habit ne fait pas le moine", certes... mais... "si tu cherche un moine, cherche-le parmi ceux qui portent l'habit"...

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                      • #56
                        Sâlim Mawlâ Abî Hudhayfah

                        Biographie N° 30

                        Sâlim Mawlâ Abî Hudhayfah

                        En donnant conseil à ses compagnons, le noble Prophète — paix et
                        bénédictions sur lui — dit un jour : "Apprenez le Coran auprès de
                        quatre personnes : `Abd Allâh Ibn Mas`ûd, Ubayy Ibn Ka`b, Mu`âdh Ibn
                        Jabal et Sâlim Mawla Abi Hudhayfah."
                        Qui était ce quatrième compagnon en qui le Prophète — paix et
                        bénédictions sur lui — avait tellement confiance qu'il le
                        considérait comme hujjah (une référence probante et une autorité
                        respectable) et comme ayant les compétences pour enseigner le Coran
                        et en être une référence ?
                        Sâlim était un esclave et lorsqu'il accepta l'islam il fut adopté
                        par un musulman qui était un ancien noble des Quraysh. Quand la
                        pratique de l'adoption (où la personne adoptée portait le nom de son
                        père adoptif) fut bannie, Sâlim devint un simple frère, un compagnon
                        et un mawlâ (personne protégée) de celui qui l'avait adopté, Abû
                        Hudhayfah Ibn `Utbah. Par les bénédictions de l'islam, Sâlim s'éleva
                        à une position d'homme de haute estime au sein des musulmans du fait
                        de ses vertus ainsi que de sa piété.
                        Sâlim et Abû Hudhayfah acceptèrent tous deux très tôt l'islam. Abû
                        Hudhayfah l'avait fait en s'opposant à son père, le fameux `Utbah
                        Ibn Rabi'ah qui était très virulent dans ses attaques contre le
                        Prophète — paix et bénédictions sur lui — et ses compagnons.
                        Quand le verset du Coran abolissant l'adoption fut révélé, certains
                        hommes tels que Zayd et Sâlim durent changer leur nom. Zayd, qui
                        était connu sous le nom de Zayd Ibn Muhammad, devait désormais
                        porter le nom de son père naturel. Ainsi, il adopta le nom de Zayd
                        Ibn Hârithah. Sâlim, cependant, ne connaissait pas le nom de son
                        père car ne savait qui il était. Il resta sous la protection d'Abû
                        Hudhayfah et fut donc appelé Sâlim Mawlâ Abû Hudhayfah.
                        En abolissant la pratique de l'adoption, l'islam voulait mettre
                        l'accent sur les obligations et les responsabilités inhérentes à la
                        parenté naturelle. Cependant, aucune relation n'était plus forte que
                        les liens unissant les gens dans l'islam et la foi et qui étaient à
                        la base de la fraternité. Les premiers musulmans le savaient très
                        bien. Il n'y avait personne de plus cher pour eux qu'Allah, Son
                        Messager — paix et bénédictions sur lui — et leurs frères dans la
                        foi.
                        Nous savons comme les Ansârs (Auxiliaires) de Médine ont accueilli
                        et accepté les Muhâjirîns de la Mecque et comme ils ont partagé avec
                        eux leurs maisons, leurs richesses et leurs cœurs. C'est ce même
                        esprit de fraternité qui était présent entre l'aristocrate de
                        Quraysh, Abû Hudhayfah, et l'humble esclave qu'était Sâlim. Ils
                        furent bien plus que de simples frères jusqu'à la fin de leur vie ;
                        ils moururent ensembles, un corps à côté de l'autre, une âme avec
                        l'autre. Telle est l'essence et la grandeur de l'islam. Les
                        considérations ethniques et sociales n'ont pas d'importance aux yeux
                        d'Allah. Seules la foi et la piété comptaient, comme les versets du
                        Coran et les dires du Prophète — paix et bénédictions sur lui — le
                        rappelaient incessamment : "Le plus honorable parmi vous pour Dieu
                        c'est le plus pieux", dit le Coran. "Aucun arabe n'a l'avantage sur
                        un autre, excepté par la piété.", enseigna le Prophète — paix et
                        bénédictions sur lui — qui dit également : "Le fils d'une femme
                        blanche n'a aucun avantage sur celui d'une femme noire, excepté par
                        la piété."
                        Dans cette société nouvelle et juste, régie par l'islam, Abû
                        Hudhayfah trouva honorable pour lui-même de protéger celui qu'il
                        avait eu pour esclave.
                        Dans cette société nouvelle et bien guidée régie par l'islam, qui
                        mettait fin à la division injuste des classes et aux fausses
                        distinctions sociales, Sâlim se trouva, grâce à son honnêteté, sa
                        foi et sa volonté à se sacrifier, en tête des croyants. Il fut
                        l'imam des Muhajirîns de la Mecque à Médine, guidant la prière dans
                        la mosquée de Qubâ qui fut construite des mains du Prophète — paix
                        et bénédictions sur lui — en personne. Il devint une référence en ce
                        qui concerne le livre de Dieu, à tel point que le Prophète — paix et
                        bénédictions sur lui — recommanda aux musulmans d'apprendre le Coran
                        auprès de lui. Le Prophète — paix et bénédictions sur lui — avait
                        une très haute estime de lui et il dit à son propos : " Louange à
                        Dieu qui a placé dans ma communauté quelqu'un comme toi ! " Même ses
                        frères musulmans l'appelaient "Sâlim min as-Salihin - Sâlim est un
                        pieux".
                        L'histoire de Sâlim est la même que celle de Bilâl ainsi que celles
                        de dizaines d'autres esclaves et de pauvres personnes que l'islam a
                        tirées de l'esclavage et de la dégradation pour en faire des imams
                        et des commandants dans une société de guidée et de justice. La
                        personnalité de Sâlim fut façonnée par les vertus islamiques. Parmi
                        ses qualités, son franc parler lorsqu'il sentait qu'il était de son
                        devoir de prendre la parole, surtout lorsqu'un mal était commis.
                        Un incident qui eut lieu après la libération de la Mecque illustre
                        bien cela. Le Prophète — paix et bénédictions sur lui — envoya
                        quelques-uns de ses compagnons vers les villages et les tribus qui
                        entouraient la ville. Il leur rappela qu'ils étaient envoyés pour
                        inviter les gens à l'islam et non pour se battre. Khâlid Ibn Al-
                        Walîd en fit partie. Durant la mission, Khâlid se battit et tua un
                        homme bien que celui-ci ait témoigné qu'il était devenu musulman.
                        Khâlid avait agi ainsi croyant que cet homme n'était pas sincère
                        dans sa déclaration de foi et que celle-ci n'était qu'un artifice
                        pour échaper à la mort.
                        Sâlim et d'autres accompagnaient Khâlid lors de cette mission.
                        Aussitôt que Sâlim vit ce que Khâlid avait fait, il se dirigea vers
                        lui et le réprimanda sur les erreurs qu'ils avaient commises.
                        Khâlid, ce grand leader et commandant militaire à la fois durant
                        l'époque de la Jahiliyyah et après l'arrivé de l'islam, resta muet
                        un instant. Il essaya ensuite de se défendre avec ferveur mais Sâlim
                        resta ferme sur ses positions considérant que Khâlid venait de
                        commettre une grave erreur. Sâlim ne se comporta pas avec Khâlid
                        comme un pauvre esclave se comporterait face un noble de Quraysh car
                        l'islam les avait placés sur un pied d'égalité. C'est la justice et
                        la vérité qu'il fallait défendre. Il ne le considéra pas comme un
                        leader dont les erreurs devaient être couvertes ou justifiées mais
                        comme un partenaire partageant de façon égale une responsabilité et
                        une obligation. Il ne s'opposa pas non plus à Khâlid de façon
                        passionnée ou injustifiée mais avec le souci de faire part d'un
                        conseil sincère ainsi que d'une auto-critique mutuelle que l'islam
                        avait autorisée. Une telle sincérité mutuelle était constamment mise
                        en avant par le Prophète — paix et bénédictions sur lui — par ces
                        paroles : " Ad-dinu an-Nasihah. Ad-dinu an-Nasihah. Ad-dinu an-
                        Nasihah. - La religion, c'est le conseil sincère. La religion, c'est
                        le conseil sincère. La religion, c'est le conseil sincère. "
                        Lorsque le Prophète — paix et bénédictions sur lui — entendit ce que
                        Khâlid avait fait, il fut profondément affligé et adressa de longues
                        et ferventes supplications à son Seigneur : " Ô Seigneur, dit-il, Je
                        suis innocent devant toi pour ce que Khâlid a fait ", puis il
                        demanda : "Quelqu'un l'a-t-il réprimandé ? "
                        La colère du Prophète — paix et bénédictions sur lui — s'apaisa
                        lorsque quelqu'un lui dit : " Oui, Sâlim l'a réprimandé et s'est
                        opposé à lui. "
                        Sâlim vécut auprès du Prophète — paix et bénédictions sur lui — et
                        des croyants. Jamais il ne fut lent ou réticent dans
                        l'accomplissement des actes d'adoration, il ne râta aucune campagne
                        et la relation de fraternité qu'il entretenait avec Abû Hudhayfah
                        grandit de jour en jour.
                        Le Prophète — paix et bénédictions sur lui — fut rappelé par son
                        Seigneur et Abû Bakr prit la responsabilité des affaires des
                        musulmans et il dut immédiatement faire face aux conspirations des
                        apostats qui menèrent à la bataille de Yamâmah. Sâlim et son "
                        frère " Abû Hudhayfah furent parmi les forces musulmanes qui se
                        dirigèrent vers les terres centrales d'Arabie.
                        Au début de la bataille, les forces musulmanes subirent un terrible
                        revers. Les musulmans se battaient de façon individuelle, la force
                        générée par la solidarité était donc absente. Alors, Khâlid Ibn Al-
                        Walîd regroupa les hommes et réussit à organiser une coordination
                        surprenante.
                        Abû Hudhayfah et Sâlim s'étreignirent et firent le vœu de chercher
                        le martyr pour la cause de la religion de la vérité et ainsi
                        d'obtenir le bonheur dans l'au-delà. Yamâmah fut leur rendez-vous
                        avec le destin. Pour motiver les troupes, Abû Hudhayfah cria : " Yâ
                        Ahl Al-Quran ! - Ô gens du Coran ! Honorez le Coran par vos
                        actions !", alors que son épée transperçait l'armée de Musaylamah
                        l'imposteur telle un tourbillon. Sâlim cria à son tour : "Quel
                        misérable porteur du Coran je fais si les musulmans sont attaqués de
                        mon côté ! Loin de toi cette situation, Ô Sâlim ! Sois le digne
                        porteur du Coran ! "
                        Il plongea alors dans la bataille avec courage. Quand le porteur de
                        l'étendard des Muhâjirîns (Emigrés), Zayd Ibn Al-Khattâb, tomba,
                        Sâlim porta le drapeau et continua à se battre. Sa main droite ayant
                        été touchée, il porta l'étendard de la main gauche tout en récitant
                        des versets du glorieux Coran : "Combien de prophètes ont combattu,
                        en compagnie de beaucoup de disciples seigneuriaux, ceux-ci ne
                        fléchirent pas à cause de ce qui les atteignit dans le sentier
                        d'Allah. Ils ne faiblirent pas et ils ne cédèrent point. Et Allah
                        aime les endurants." (3:146) Combien ce verset était motivant dans
                        une telle situation ! Et combien pertinent est cet épithète pour
                        quelqu'un qui dépense sa vie pour l'islam !
                        Un groupe d'apostats entourèrent Sâlim et le blessèrent très
                        sévérement. Une souffle de vie subsista en lui jusqu'à ce que la
                        bataille prenne fin par la mort de Musaylamah. Quand les musulmans
                        allèrent à la recherche des victimes et des martyrs, ils trouvèrent
                        Sâlim à l'agonie. Alors que son sang s'écoulait, il demanda :
                        " Qu'est-il arrivé à Abû Hudhayfah ?
                        - Il est tombé en martyr.
                        - Alors étendez-moi auprès de lui.
                        - Il est près de toi, Sâlim, il est tombé à cet endroit même. "
                        Sâlim fit un dernier sourire et cessa de parler. Les deux hommes
                        avaient réalisé ce qu'ils avaient espéré. Ensemble ils entrèrent
                        dans l'islam. Ensemble ils vécurent. Ensemble ils tombèrent en
                        martyrs.
                        Sâlim, ce grand croyant fut rappelé par son Seigneur. À son propos,
                        alors qu'il était en train de mourir, le grand `Omar Ibn Al-Khattâb
                        dit : " Si Sâlim avait survécu, j'aurais fait de lui mon
                        successeur. "
                        P.-S.
                        Basé sur "Companions of The Prophet", Vol. 1, de Abdul Wâhid Hâmid.

                        Sâlim Mawlâ Abî Hudhayfah, que Dieu l'agrée
                        "L'habit ne fait pas le moine", certes... mais... "si tu cherche un moine, cherche-le parmi ceux qui portent l'habit"...

                        Commentaire


                        • #57
                          Biographie N° 31

                          Sa`d Ibn Abî Waqqâs

                          Dans une étroite vallée se trouve une petite cité où aucune
                          végétation, aucun bétail, aucun jardin ni aucune rivière n'existent.
                          Une successsion de déserts séparent la ville du reste du monde. Le
                          jour, la chaleur du soleil est insupportable et les nuits sont
                          calmes et solitaires. Les tribus s'y retrouvent comme les animaux
                          autour d'un point d'eau. Aucun gouvernement ne règne. Aucune
                          religion ne guide les hommes exceptée celle qui consiste en
                          l'adoration des idoles de pierre. Le savoir se limite à l'amour pour
                          la belle poésie, sauf chez les prêtres.
                          Cette ville est La Mecque et ses habitants sont les Arabes.
                          Dans cette ville vit un jeune homme qui n'a pas plus de vingt
                          printemps. Petit et bien bâti, sa chevelure épaisse lui vaut d'être
                          comparé à un lion. Il vient d'un milieu riche et noble. Très attaché
                          à ses parents, il affectionne particulièrement sa mère. Il passe une
                          grande partie de son temps à fabriquer et réparer des arcs et des
                          flèches ainsi qu'à s'entrainer au tir à l'arc comme s'il préparait
                          une rencontre importante. Il est reconnu comme étant sérieux et
                          intelligent. La religion et le mode de vie des Arabes ne le
                          satisfont pas. Il estime que leurs croyances sont corrompues et
                          leurs pratiques déplaisantes. Cett homme s'appelle Sa`d Ibn Abî
                          Waqqâs.
                          Un matin, le grand Abû Bakr vint à lui et lui parla de façon douce.
                          Il expliqua que Muhammad Ibn `Abd Allâh, le fils de sa défunte
                          cousine Aminah Bint Wahb, avait reçu des révélations et était le
                          Messager de la religion de la guidée et de la vérité. Abû Bakr
                          l'emmena alors jusqu'à Muhammad — paix et bénédictions sur lui —
                          dans une des vallées de La Mecque. En cette fin d'après-midi, le
                          Prophète — paix et bénédictions sur lui — venait à peine d'effectuer
                          la prière de Al-`Asr. Sa`d , excité et ravi, répondit volontiers à
                          l'invitation à la vérité et à la religion du Dieu unique. Il était
                          très heureux d'être l'un des premiers à répondre à l'appel de
                          l'islam.
                          Le Prophète — paix et bénédictions sur lui — fut également très
                          satisfait de la conversion de Sa`d car il voyait en lui des signes
                          d'excellence. Sa jeunesse promettait, en effet, de grandes choses à
                          venir comme si ce brillant croissant allait rapidement devenir une
                          lune pleine et lumineuse. Peut-être d'autres jeunes Mecquois
                          allaient-ils suivre son exemple. Sa`d Ibn Abî Waqqâs était l'oncle
                          maternel du Prophète — paix et bénédictions sur lui — puisqu'il
                          appartenait aux Bani Zuhrah, le clan d'Aminah Bint Wahb, la mère du
                          Prophète — paix et bénédictions sur lui —. De ce fait, on fait
                          quelques fois référence à lui en tant que Sa`d des Zuhrah, pour le
                          distinguer de ceux qui portaient le même prénom - Sa`d.
                          On rapporte que le Prophète — paix et bénédictions sur lui — était
                          heureux des liens de parentés qui l'unissaient avec Sa`d . Un jour,
                          alors qu'il était assis avec ses compagnons, il le vit s'approcher
                          et dit : " Voici mon oncle maternel ! Laissez un homme voir son
                          oncle maternel ! "
                          Alors que le Prophète — paix et bénédictions sur lui — se
                          réjouissait de l'entrée de Sa`d dans l'islam, il n'en allait pas de
                          même pour d'autres, notamment sa mère. Sa`d raconte : « Lorsque ma
                          mère apprit que j'avais embrassé l'islam, elle explosa de rage. Elle
                          vint me dire :
                          — " Ô Sa`d ! Quelle est cette religion que tu as embrassée et qui
                          t'a éloigné de la religion de ton père et de ta mère ? Par Dieu,
                          abandonne ta nouvelle religion ou je me laisse mourir de faim et de
                          soif. Ton cœur sera alors empli de douleur, les remords te
                          consumeront et les gens te blâmeront à jamais.
                          — Ne fais pas ça ma mère !, dis-je, car je ne délaisserai ma
                          religion pour rien au monde. " Malgré mon avertissement, elle
                          exécuta sa menace. Elle ne mangea ni ne but pendant plusieurs jours.
                          Elle devint émaciée et faible. Chaque heure je lui proposais de lui
                          apporter quelque chose à manger ou à boire mais elle refusait,
                          insistant sur le fait qu'elle ne mangerait ni ne boirait jusqu'à ce
                          qu'elle meure ou que j'abandonne ma religion. Je lui dis :
                          — " Ô Mère ! Malgré tout l'amour que je te porte, mon amour pour
                          Dieu et pour son Messager est encore plus fort. Par Dieu, même si tu
                          avais cent âmes et que chaque âme devait s'éteindre l'une après
                          l'autre, je ne délaisserais pas ma religion pour autant. "
                          Lorsqu'elle vit ma détermination, elle recommença à s'alimenter et à
                          boire à contre-cœur. »
                          C'est à propos de la relation entre Sa`d et sa mère ainsi que de la
                          tentative de cette dernière de lui faire renier la foi que ces
                          versets du Coran furent révélés : " Nous avons commandé à l'homme
                          [la bienfaisance envers] ses père et mère ; sa mère l'a porté
                          [subissant pour lui] peine sur peine : son sevrage a lieu à deux
                          ans. Sois reconnaissant envers Moi ainsi qu'envers tes parents. Vers
                          Moi est la destination. Et si tous deux te forcent à M'associer ce
                          dont tu n'as aucune connaissance, alors ne leur obéis pas ; mais
                          reste avec eux ici-bas de façon convenable. Et suis le sentier de
                          celui qui se tourne vers Moi. Vers Moi, ensuite, est votre retour,
                          et alors Je vous informerai de ce que vous faisiez. " (sourate 31,
                          Loqman, versets 14-15)
                          Au commencement de l'islam, les musulmans étaient soucieux de ne pas
                          éveiller les soupçons des Qurayshites. Ils partaient souvent en
                          groupes vers les vallons en dehors de La Mecque où ils pouvaient
                          prier sans être vus, mais un jour, un groupe d'idolâtres vint vers
                          eux alors qu'ils priaient et les interrompit pour les tourner en
                          ridicule. Les musulmans ne purent rester passifs face à cette
                          indignation et en vinrent aux mains. Sa`d Ibn Abî Waqqâs frappa un
                          des mécréants avec une mâchoire de chameau et le blessa. Ce fut la
                          première goutte de sang versée au court d'un conflit entre l'islam
                          et les mécréants - un conflit qui allait plus tard s'intensifier et
                          éprouver les musulmans dans leur patience et leur courage.
                          Après cet incident, le Prophète — paix et bénédictions sur lui —
                          invita néanmoins ses compagnons à être patients et endurants car
                          c'était un commandement divin : " Et endure ce qu'ils disent ; et
                          écarte-toi d'eux d'une façon convenable. Et laisse-moi avec ceux qui
                          crient au mensonge et qui vivent dans l'aisance ; et accorde-leur un
                          court répit. " (sourate 71, Al Muzzammil, versets 10 -11)
                          Les musulmans n'eurent la permission de se battre qu'une dizaine
                          d'années plus tard. Sa`d Ibn Abî Waqqâs allait alors jouer un grand
                          rôle dans plusieurs affrontements du temps du Prophète — paix et
                          bénédictions sur lui — et après sa mort. Il combattit à Badr avec
                          son petit frère Umayr qui avait pleuré afin de pouvoir accompagner
                          l'armée musulmane alors qu'il était encore adolescent. Sa`d retourna
                          à Médine sans Umayr, tombé en martyr avec treize autres musulmans
                          durant la bataille.
                          Lors de la bataille d'Uhud, Sa`d faisait partie des meilleurs
                          archers, avec Zayd, Saib fils de Uthman Ibn Mazun… Avec d'autres
                          compagnons, il se battit avec vigueur pour défendre le Prophète —
                          paix et bénédictions sur lui — quand d'autres musulmans avaient
                          déserté leur position. Pour l'encourager, le Prophète — paix et
                          bénédictions sur lui — lui dit : " Irmi Sa`d , Fidâka Abi wa Ummi -
                          Tire Sa`d ! Que mon père et ma mère soient ta rançon ! "
                          A ce sujet, `Alî Ibn Abî Tâlib dit qu'il n'avait jamais entendu le
                          Prophète — paix et bénédictions sur lui — promettre une telle rançon
                          à quelqu'un d'autre. Sa`d fut aussi le premier compagnon à avoir
                          tiré une flèche pour défendre l'islam. Une fois, le Prophète pria
                          pour lui : " Ô Seigneur ! Dirige ce tir et répond à sa prière ! "
                          Sa`d faisait partie des compagnons du Prophète — paix et
                          bénédictions sur lui — qui disposaient d'une grande fortune. Au même
                          titre que sa bravoure, il était connu pour sa générosité. Il tomba
                          malade durant le pèlerinage d'adieu du Prophète — paix et
                          bénédictions sur lui — qui lui rendit visite. Il lui dit :
                          " Ô Messager de Dieu ! J'ai des richesses et je n'ai qu'une seule
                          héritière. Puis-je donner les deux tiers de ma fortune en aumône ?
                          - Non, répondit le Prophète — paix et bénédictions sur lui —.
                          - Alors la moitié ?, demanda Sa`d .
                          - Non, dit encore le Prophète — paix et bénédictions sur lui —.
                          - Alors un tiers ?, demanda Sa`d .
                          - Oui, dit le Prophète — paix et bénédictions sur lui —, le tiers
                          c'est beaucoup. Laisser tes héritiers dans l'aisance vaut mieux pour
                          toi que si tu les laisses dépendre des autres ou mendier. Si tu
                          dépenses quoi que ce soit en vue d'obtenir la satisfaction de Dieu,
                          tu seras récompensé pour cet acte, même s'il s'agit d'une petite
                          bouchée que tu places dans la bouche de ton épouse. "
                          Sa`d eut, plus tard, le bonheur d'avoir d'autres enfants.
                          Il fut également nommé commandant en chef de la puissante armée
                          musulmane que `Omar envoya pour contrer les Perses à Qadisiyyah.
                          `Omar désirait fortement mettre fin à la domination séculaire des
                          Sassanides sur la région.
                          Se confronter aux Perses bien plus nombreux et bien mieux équipés ne
                          fut pas une tâche facile. Il fallait rassembler les forces les plus
                          puissantes. `Omar manda aux gouverneurs musulmans de mobiliser toute
                          personne physiquement apte possédant des armes ou des montures ou
                          dotée de capacité oratoire ou de toute autre qualité pouvant servir
                          lors de la bataille.

                          a suivre
                          "L'habit ne fait pas le moine", certes... mais... "si tu cherche un moine, cherche-le parmi ceux qui portent l'habit"...

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                          • #58
                            suite et fin

                            Des troupes de Mujâhidîns convergèrent alors vers Médine en
                            provenance de toutes les contrées musulmanes. Lorsqu'ils furent tous
                            rassemblés, `Omar consulta les chefs musulmans à propos de la
                            nomination d'un commandant en chef qui dirigerait la puissante
                            armée. Il pensa diriger cette armée lui-même mais `Alî lui rappela
                            que les musulmans avaient grand besoin de lui et qu'il ne devait pas
                            mettre sa vie en danger. Sa`d fut alors désigné et Abd Ar-Rahmân Ibn
                            Awf, un vétéran parmi les Compagnons, dit : " Tu as bien choisi !
                            Qui est comparable à Sa`d ? "
                            `Omar se tint devant la grande armée et fit ses adieux. Puis il
                            s'adressa au commandant en chef : " Ô Sa`d ! Le fait d'être l'oncle
                            du Messager de Dieu et d'être un de ses compagnons ne doit pas te
                            détourner du souvenir de Dieu. Dieu Tout Puissant, n'efface pas le
                            mal par le mal, mais Il le remplace par le bien. Ô Sa`d ! Le seul
                            lien entre Dieu et Son serviteur est l'obéissance. Pour Allah, tous
                            les hommes sont identiques, qu'il s'agisse d'un noble ou du plus
                            commun des hommes. Allah est leur Seigneur et ils sont Ses
                            serviteurs qui cherchent à s'élever par l'adoration et à atteindre
                            ce qui est auprès de Dieu par l'obéissance. Rappelle-toi comme le
                            Messager de Dieu agissait avec les musulmans et agit en
                            conséquence… "
                            `Omar rappela que l'armée ne devait pas être motivée par le désir de
                            conquête et ni par la gloire personnelle. Les trois mille hommes se
                            mirent en route avec parmi eux quatre vingt dix neufs vétérans de la
                            bataille de Badr, plus de trois cents hommes ayant prêté le serment
                            de Ridwan à Hudaybiyah et trois cents hommes ayant participé à la
                            libération de La Mecque avec le noble Prophète — paix et
                            bénédictions sur lui —. Il y avait également sept cents fils de
                            compagnons. De même, des milliers de femmes participèrent à la
                            bataille en tant qu'auxiliaires et infirmières et afin d'encourager
                            les combattants.
                            L'armée campa à Qadisiyyah près de Hira. Les Perses avaient mobilisé
                            contre eux cent vingt mille hommes dirigés par leur plus brillant
                            commandant, Rustum.
                            `Omar avait demandé à Sa`d de lui envoyer des messagers
                            régulièrement pour l'informer des conditions et des déplacements des
                            forces musulmanes ainsi que du déploiement des forces ennemies. Au
                            rapport de Sa`d à propos des forces perses, Omar répondit : " Ne
                            sois troublé ni par ce que tu entends à leur propos ni par les
                            forces, les équipements ou les méthodes qu'ils déploient contre
                            vous. Recherche une aide auprès de Dieu, place ta confiance en Lui
                            et envoie des hommes dotés de perspicacité, de savoir et de force
                            pour inviter leurs dignitaires à Dieu… Et écris-moi chaque jour. "
                            Sa`d comprit la gravité de la bataille qui s'annonçait et resta en
                            contact avec le haut commandement militaire de Médine. Même s'il
                            était commandant en chef, il avait conscience de l'importance de la
                            consultation. Il suivit les instructions d'Omar et envoya des
                            délégations de musulmans, tout d'abord à Yazdagird, puis à Rustum,
                            les invitant soit à accepter l'islam soit à payer le jizyah en
                            échange d'une existence paisible sous leur protection, soit à se
                            battre.
                            La première délégation qui comprenait Nu`mân Ibn Muqarrin fut
                            ridiculisée par l'empereur perse, Yazdagird. Sa`d envoya une
                            délégation à Rustum, le commandant des forces perses. Rubay` Ibn
                            `Âmir, nommé à la tête de cette délégation se rendit, une lance à la
                            main, directement au campement de Rustum. Ce dernier lui
                            dit : "Rubay` ! Que veux-tu de nous ? Si tu veux des richesses, nous
                            t'en donnerons. Nous te donnerons des provisions jusqu'à te combler.
                            Nous t'habillerons. Nous te rendrons riche et heureux. Regarde,
                            Rubay` ! Que vois-tu ici ? Sans aucun doute, tu vois des signes de
                            richesse et de luxe, des tapis luxuriants, de fins rideaux, des
                            voiles en or brodé, des tapis de soie… Désires-tu que nous
                            partagions avec toi quelques-unes unes de ces richesses ? "
                            Rustum voulut impressionner le musulman et le tenter par son
                            opulence et sa magnificence. Rubay` regarda et écouta, immobile,
                            puis il dit : " Écoute, Ô commandant ! Dieu nous a certainement
                            désignés afin que, par notre intermédiaire, les créatures qu'Il a
                            choisies soient tirées de l'adoration des idôles vers le
                            monothéisme, des seules préoccupations de ce bas monde vers des
                            étendues sans limites et de la tyrannie des dirigeants vers la
                            justice de l'islam. Nous sommes prêts à accueillir quiconque accepte
                            cela de notre part. Et nous combattrons quiconque nous attaque
                            jusqu'à ce que la promesse de Dieu se réalise.
                            - Et quelle promesse Dieu vous a-t-il faite ?, demanda Rustum
                            - Le Paradis pour les martyrs et la victoire pour ceux qui
                            survivront. "
                            Rustum n'était pas décidé à écouter de telles paroles de la bouche
                            d'un homme à l'allure misérable ; d'autant moins que les Perses
                            considéraient les Arabes comme des barbares et des sauvages et comme
                            un peuple conquis et assujetti depuis des siècles.
                            La délégation musulmane retourna vers son commandant en chef. La
                            guerre parut alors inévitable. Les yeux de Sa`d s'emplirent de
                            larmes. Il aurait aimé que la bataille soit retardée ou qu'elle ait
                            eu lieu avant car, ce jour-là, il souffrait d'une sciatique et ne se
                            déplaçait que difficilement.
                            Sa`d savait que cette bataille allait être âpre et sanglante.
                            Pendant un court instant, il pensa : " Si seulement… ", mais non !
                            Le Messager de Dieu — paix et bénédictions sur lui — avait enseigné
                            aux musulmans qu'ils ne devaient jamais dire " si " car cela était
                            la preuve d'un manque de volonté et de détermination. Souhaiter une
                            situation différente n'était pas digne d'un bon croyant. Alors,
                            malgré son état, il se leva et s'adressa à son armée. Il commença
                            son discours par un verset du noble Coran : " Nous avons écrit dans
                            les psaumes, après de Rappel : "En vérité, mes serviteurs justes
                            hériteront de la terre"." (sourate 21, Les Prophètes, verset 105)
                            Après son allocution, Sa`d effectua la prière du Dhohr avec son
                            armée. Lui faisant face à nouveau, il prononça le signal de bataille
                            des musulmans " Allahou Akbar " quatre fois et ordonna aux
                            combattants d'attaquer : "Hayya ala barakatillah - Chargez ! Avec la
                            bénédiction de Dieu. "
                            Se tenant devant sa tente, Sa`d donna quelques ordres à ses soldats
                            et les encouragea en criant " Allahou Akbar - Dieu est Le plus
                            grand " et " La Hawla wa la quwwata illa billah - Il n'y a de force
                            ni de puissance qu'en Dieu". La bataille faisait rage pendant quatre
                            jours. Malgré leur bravoure et leur adresse, les musulmans ne purent
                            empêcher un éléphant perse de faire des ravages dans les rangs des
                            musulmans. Cette violente bataille se débloqua au moment où
                            plusieurs guerriers musulmans se ruèrent sur le commandant perse.
                            Une tempête se leva et emporta l'auvent de Rustum dans la rivière.
                            Alors qu'il tentait de fuir, il fut repéré puis tué. Une grande
                            confusion s'empara des Perses qui s'enfuirent dans le désordre.
                            La mort de trente mille hommes lors de cette bataille de quatre
                            jours témoigne de sa férocité. En un seul jour, deux mille musulmans
                            et dix mille perses périrent.
                            La bataille de Qadisiyyah fut l'une des batailles décisives de
                            l'Histoire. Elle fut fatale à l'Empire sassanide tout comme la
                            bataille de Yarmûk le fut pour l'Empire byzantin à l'est.
                            Deux ans plus tard, Sa`d mena la prise de la capitale sassanide. Il
                            avait alors recouvré la santé. La prise de Ctésiphon se fit après
                            une brillante traversée du Tigre alors en pleine crue.
                            Sa`d vécut jusqu'à l'âge de quatre-vingt ans. Il disposait d'une
                            grande influence ainsi que d'une grande richesse mais, quand l'heure
                            de la mort approcha en l'an 54 de l'Hégire, il demanda à son fils
                            d'ouvrir une boîte dans laquelle il avait gardé une longue jubbah en
                            laine et dit : " Enveloppe-moi dedans. Je portais cette jubbah le
                            jour où j'ai rencontré les mécréants à Badr et c'est ainsi que je
                            veux rencontrer Dieu Le Tout Puissant. "
                            P.-S.
                            Traduit de l'anglais "Companions of The Prophet", Vol. 1, de Abdul
                            Wâhid Hâmid.
                            "L'habit ne fait pas le moine", certes... mais... "si tu cherche un moine, cherche-le parmi ceux qui portent l'habit"...

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                            • #59
                              Umayr Ibn Wahb

                              Biographie N° 32

                              Umayr Ibn Wahb

                              `Umayr Ibn Wahb Al-Jumahi revint sain et sauf de la bataille de
                              Badr, tandis que son fils resta en arrière, prisonnier des
                              musulmans. `Umayr craignait que les musulmans ne punissent
                              sévèrement le jeune homme à cause des persécutions qu'il avait lui-
                              même commises à l'égard du Prophète, paix et bénédiction sur lui, et
                              de ses compagnons.
                              Un matin `Umayr se rendit à la mosquée sainte, accomplit le tawâf
                              (circumambulation) autour de la Ka`bah et invoqua ses idoles. Il y
                              remarqua Safwân Ibn Ummayyah, assis près de la Ka`bah, il alla vers
                              lui et dit : " Im Sabahan (Bonjour), ô chef des Qurayshites !
                              - Im Sabahan, Ibn Wahb, répondit Safwân. Parlons un peu. Le temps ne
                              passe que lorsque l'on converse agréablement."
                              `Umayr s'assit à côté de lui. Les deux hommes se mirent à se
                              remémorer Badr, la grande défaite qu'ils y subirent, comptant les
                              prisonniers tombés entre les mains de Muhammad, paix et bénédiction
                              sur lui, et ses compagnons. Ils s'émurent à la pensée de tous ces
                              grands hommes de la tribu des Qurayshites qui périrent par l'épée
                              des musulmans et qui furent enterrés dans la fosse commune de Al-
                              Qalib à Badr.
                              Safwân Ibn Umayyah secoua sa tête et dit : " Par Dieu, il ne pourra
                              y avoir de meilleurs hommes après ceux-là ! "
                              " Tu as raison ", déclara `Umayr. Puis il resta silencieux quelque
                              temps puis dit : " Par le Dieu de la Ka`bah, si je n'avais pas de
                              dettes et de famille dont je crains la perte, j'irais chez Muhammad
                              et je le tuerais, mettrais ainsi un terme à sa mission et
                              maîtriserais le mal. " Il continua à voix basse : " Et comme mon
                              fils Wahb est parmi eux, le fait que j'aille à Yathrib n'éveillerait
                              aucun soupçon."
                              Safwân Ibn Umayyah écouta attentivement les paroles de `Umayr et ne
                              voulut pas laisser passer cette occasion, il lui dit :
                              " `Umayr, donne-moi tes dettes et je m'acquitterais de leur montant
                              quel qu'il soit . Pour ta famille, je les considérerais comme ma
                              propre famille et je leur donnerais tout ce dont ils auront besoin.
                              J'ai assez de fortune pour leur garantir une vie confortable.
                              D'accord, dit `Umayr. Mais garde cette conversation secrète et
                              n'en divulgue rien à personne !
                              Qu'il en soit ainsi !" dit Safwân.
                              `Umayr quitta la Mosquée Al-Harâm, le feu de la haine au cœur. Il
                              commença à rassembler ce dont il aurait besoin pour mener à bien sa
                              tâche. Il savait qu'il avait le soutien et la confiance des
                              Qurayshites, qui avaient des membres de leur famille prisonniers à
                              Médine.
                              Il fit aiguiser son glaive et l'enduisit de poison. On prépara son
                              chameau et on le lui amena. Il monta et chevaucha en direction de
                              Médine, le mal enserrant son cœur.
                              `Umayr atteignit Médine et se rendit directement à la mosquée à la
                              recherche du Prophète, paix et bénédiction sur lui. Il mit pied à
                              terre à côté de la porte de la mosquée et attacha son chameau.
                              Pendant ce temps, `Omar, que Dieu soit satisfait de lui, était assis
                              avec quelques compagnons, que Dieu soit satisfait d'eux, près de la
                              porte de la mosquée, se souvenant de Badr, du nombre de prisonniers
                              et du nombre de Qurayshites tués en cette occasion. Il rappelait
                              aussi les actes d'héroïsme commis par les musulmans, aussi bien par
                              les Muhâjirûn (les Emigrés) que les Ansârs (les Auxiliaires
                              Médinois) et remerciait Dieu de leur avoir octroyé cette victoire
                              éclatante.
                              A ce moment précis, `Omar, que Dieu soit satisfait de lui, se
                              retourna et vit `Umayr Ibn Wahb descendre de son chameau et se
                              diriger vers la mosquée en brandissant son glaive. Alarmé, il se
                              leva d'un bond et cria : "Voici ce chien d'`Umayr Ibn Wahb, l'ennemi
                              de Dieu. Par Dieu il n'est venu ici que pour commettre quelque
                              mauvaise action. Il a mené les polythéistes contre nous à la Mecque
                              et il a été leur espion avant la bataille de Badr. Allez auprès du
                              messager de Dieu, entourez-le et prévenez-le que ce traître infâme
                              est après lui. "
                              `Omar lui-même, que Dieu soit satisfait de lui, se rendit auprès du
                              Prophète, paix et bénédiction sur lui, et dit : " Ô Messager de
                              Dieu, cet ennemi de Dieu, `Umayr Ibn Wahb, est venu ici en
                              brandissant son épée et je pense qu'il est plein de mauvaises
                              intentions.
                              Laisse-le entrer, " dit le Prophète, paix et bénédiction sur lui.
                              `Omar, que Dieu soit satisfait de lui, s'approcha d'`Umayr,
                              l'attrapa par les pans de son habit, pressa le dos de son glaive
                              contre son cou et l'amena auprès du Prophète, paix et bénédiction
                              sur lui.
                              Lorsque le Prophète, paix et bénédiction sur lui, vit `Umayr ainsi
                              traité, il dit à Omar : " Relâche-le ! "
                              Puis il se tourna vers `Umayr et dit : " Approche. "
                              `Umayr s'approcha et dit :
                              " Anim Sabahan (salutation des Arabes au temps de la Jahiliyyah).
                              Dieu nous a donné un salut bien meilleur que celui-là, `Umayr, dit
                              le Prophète, paix et bénédiction sur lui, Dieu nous a donné un salut
                              de paix, c'est le salut des gens du paradis. Pourquoi es-tu venu ?
                              continua le prophète, paix et bénédiction sur lui.
                              Je suis venu car j'avais l'intention de te demander de relâcher
                              ton prisonnier, accède donc à ma demande.
                              Et à quoi te sert donc ce glaive accroché à ton dos ? demanda le
                              Prophète, paix et bénédiction sur lui. Dis-moi la vérité. Pourquoi
                              es-tu venu ?
                              Je ne suis venu que pour récupérer le prisonnier, répondit encore
                              `Umayr.
                              Non ! Safwân Ibn Umayyah et toi étiez assis près de la Ka`bah vous
                              remémorant vos compagnons morts et enterrés à Al-Qalib et tu as
                              dit : "si je n'avais ni famille, ni dettes, j'irais tué Muhammad".
                              Safwân alors a repris tes dettes à son compte et a promis de veiller
                              sur ta famille en échange de ton accord pour me tuer. Mais Dieu est
                              une barrière entre vous et vos intentions. "
                              `Umayr resta stupéfait puis dit :
                              " Je suis témoin que tu es le Messager de Dieu ! Nous avons pris
                              l'habitude de rejeter tous les bienfaits que tu nous as apportés et
                              toute révélation venue de toi. Mais ma conversation avec Safwân Ibn
                              Ummayyah n'a été entendue de personne. Par Dieu, je suis certain que
                              seul Dieu a pu te la faire connaître. Louange à Dieu qui m'a amené à
                              toi, qu'Il me guide vers l'islam. "
                              Il attesta alors qu'il n'y a de Dieu qu'Allah et que Muhammad est le
                              Messager d'Allah et il devint musulman. Ensuite le Prophète, paix et
                              bénédiction sur lui, dit à ses compagnons : " Apprenez la religion à
                              votre frère. Apprenez-lui le Coran et libérez son prisonnier. "
                              Les musulmans étaient ravis de la conversion d'`Umayr à l'islam.
                              Même `Omar, que Dieu soit satisfait de lui, qui un jour avait dit
                              que même un cochon lui était plus cher qu'`Umayr Ibn Wahb, vint
                              auprès du Prophète, paix et bénédiction sur lui, et s'écria : "
                              Aujourd'hui, il m'est plus cher que certains de mes propres
                              enfants ! "
                              `Umayr passa beaucoup de temps à approfondir sa connaissance de
                              l'islam et à remplir son cœur de la lumière du Coran. Il passa les
                              journées les plus douces et les plus riches de sa vie à Médine loin
                              de ce qu'il avait connu à la Mecque.
                              De son côté, à la Mecque, Safwân, plein d'espoir, dit aux
                              Qurayshites : " Je vais bientôt vous donner une bonne nouvelle qui
                              vous fera oublier les événements de Badr. "
                              Safwân attendit longtemps et au fur et à mesure que le temps
                              passait, son angoisse croissait. Nerveux, il allait et demandait aux
                              voyageurs s'ils avaient des nouvelles d'`Umayr Ibn Wahb, mais
                              personne n'était capable de lui donner des nouvelles. Et puis un
                              jour, un cavalier arriva et annonça qu'`Umayr était devenu musulman.
                              La nouvelle atteignit Safwân comme un coup de tonnerre. Il était sûr
                              qu'`Umayr ne deviendrait jamais musulman et si lui le devenait,
                              alors tout homme sur terre le deviendrait. " Plus jamais je ne lui
                              parlerais et je ne ferais plus jamais rien pour lui ! " dit-il.
                              Pendant ce temps, `Umayr continuait à travailler d'arrache-pied afin
                              d'acquérir une meilleure compréhension de sa religion et mémoriser
                              ce qu'il pouvait des paroles de Dieu. Quand il sentit qu'il avait
                              atteint un certain niveau d'assurance, il se rendit auprès du
                              Prophète, paix et bénédiction sur lui, et lui dit :
                              " Ô Messager de Dieu, bien du temps a passé depuis que je tentais
                              d'éteindre la lumière de Dieu et torturait tout ceux qui
                              embrassaient l'islam. Aujourd'hui je voudrais que tu me donnes la
                              permission de me rendre à la Mecque afin d'y inviter les Qurayshites
                              à rejoindre les rangs de Dieu et de Son Messager. S'il l'accepte,
                              tant mieux. S'il s'oppose à moi, je les harcèlerais comme j'avais
                              l'habitude de harceler les compagnons du Prophète. "
                              Le Prophète, paix et bénédiction dur lui, donna son consentement et
                              `Umayr partit pour la Mecque. Il se rendit aussitôt à la maison de
                              Safwân Ibn Umayyah et dit :
                              " Safwân, tu es l'un des chefs de la Mecque et l'un des hommes les
                              plus intelligents de la tribu de Quraysh. Penses-tu réellement que
                              ces pierres que tu adores et auxquelles tu offres des sacrifices
                              méritent d'être le fondement d'une religion ? Quant à moi je dis
                              qu'il n'y a de Dieu qu'Allah et que Muhammad est le messager
                              d'Allah. "
                              Bon nombre de Mecquois adhérèrent à l'islam à la suite de
                              l'intervention d'`Umayr, sauf Safwân.
                              Plus tard, durant la libération de la Mecque, Safwân Ibn Umayyah
                              tenta de fuir devant les forces musulmanes. Mais `Umayr obtint la
                              grâce du Prophète, paix et bénédiction sur lui, et lui aussi adhéra
                              à l'islam et se distingua par la suite à son service.
                              P.-S.
                              Traduit de "Companions of The Prophet", Vol. 1, de Abdul Wâhid Hâmid.
                              "L'habit ne fait pas le moine", certes... mais... "si tu cherche un moine, cherche-le parmi ceux qui portent l'habit"...

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