An-Nu`mân Ibn Muqarrin
Biographie N° 24
An-Nu`mân Ibn Muqarrin
La tribu de Muzaynah était installée à quelque distance de Yathrib
sur la route caravanière qui la reliait à la Mecque. La nouvelle de
l'arrivée du Prophète à Yathrib — paix et bénédiction sur lui — se
propagea rapidement et parvint très vite à Muzaynah par les membres
du clan qui avaient fait l'aller-retour.
Une nuit, le chef de la tribu, An-Nu`mân Ibn Muqarrin, s'assit parmi
les aînés et d'autres membres du clan, puis s'adressa à eux :
— " Ô mon peuple, par Dieu — Exalté Soit-Il —, nous n'avons appris
que du bien au sujet de Muhammad — paix et bénédiction sur lui —, et
sa mission n'évoque que clémence, bonté et justice. Quel est notre
problème ? Qu'avons-nous à hésiter tandis que tous accourent vers
lui ? "
— " En ce qui me concerne, poursuivit-il, j'ai pris la décision de
partir très tôt demain le rejoindre. Que ceux d'entre vous qui
souhaitent m'accompagner se préparent. "
An-Nu`mân était sans nul doute un chef persuasif. Ses paroles
produisirent un grand effet sur les membres de son clan. Le matin
suivant, ses dix frères et quatre cents cavaliers de Muzaynah
étaient prêts à partir avec lui à Yathrib afin de rencontrer le
Prophète — sur lui la paix et la bénédiction — et d'embrasser
l'islam.
Cependant, An-Nu`mân se sentit embarrassé de se rendre auprès du
Prophète — sur lui la paix et la bénédiction — avec une suite aussi
nombreuse sans rien apporter, ni pour lui ni pour les musulmans. Il
n'y avait certes pas grand-chose qu'il put offrir. L'année écoulée
avait été une année de sécheresse et de famine pour le clan de
Muzaynah. Très peu de bétail et de récoltes y avaient survécu. An-
Nu`mân fit tout de même le tour des demeures des hommes de sa tribu
afin de rassembler le peu de chèvres et de moutons qu'il restait. Il
conduisit ce troupeau à Médine. Puis, en présence du Prophète — paix
et bénédiction sur lui —, ses hommes et lui-même annoncèrent leur
conversion à l'islam.
Médine toute entière était émue et enthousiasmée par la venue d'An-
Nu`mân et de ses compagnons. Jamais auparavant autant de personnes —
une famille de onze frères ainsi que 400 cavaliers — n'avaient
embrassé la religion en même temps. Le noble Prophète — sur lui la
paix et la bénédiction —, très heureux, se réjouit grandement de cet
événement. Nulle doute que la sincérité de leur effort fut acceptée
et louée par Dieu Tout-Puissant — Exalté Soit-Il — lorsqu'Il révéla
les paroles suivantes du Coran au Prophète — paix et bénédiction sur
lui — :
— " [Tel autre], parmi les Bédouins, croit en Allah et au Jour
dernier et fait de ce qu'il dépense un moyen de se rapprocher
d'Allah et de s'attirer les bénédictions du Messager. Effectivement
c'est là pour eux un moyen sûr de se rapprocher d'Allah. Allah les
introduira dans Sa grâce. Car Allah est Pardonneur et
Miséricordieux. " (Coran, Sourate 9, At-Tawbah, verset 99)
An-Nu`mân vécut sous la guidée du Prophète — paix et bénédiction sur
lui — et participa à toutes les campagnes au cours desquelles il
montra sa valeur et son dévouement. A l'époque d'Abû Bakr — que Dieu
l'agrée —, lui et le peuple de Muzaynah jouèrent un rôle majeur et
louable en mettant un terme à la discorde provoquée par l'apostasie.
Pendant le califat de `Umar al-Faruq — que Dieu l'agrée —, An-Nu`mân
se distingua particulièrement au cours des combats qui opposèrent
les musulmans à l'Empire sassanide.
Peu de temps avant la bataille de Qadisiyyah, le commandant des
forces musulmanes, Sa`d Ibn Abi Waqqas, envoya une délégation à
l'empereur sassanide, Yazdagird. Cette délégation fut conduite par
An-Nu`mân Ibn Muqarrin, dont le principal but était d'inviter
l'empereur à l'islam. Lorsque An-Nu`mân et sa délégation
atteignirent Ctésiphon, la capitale sassanide, les gens de la ville
les regardèrent avec étonnement, non sans mépris. Ils regardèrent
avec dédain leur apparence simple, leurs vêtements et leurs
chaussures frustes ainsi que la pauvreté d'apparat de leurs
montures. Les musulmans ne furent nullement déconcertés par cet
accueil et demandèrent à être reçus par Yazdagird. Il leur accorda
une audience, convoqua un interprète et lui dit :
— " Dis-leur : " Pourquoi êtes-vous venus à nous et pourquoi voulez-
vous nous envahir ? Peut-être avez-vous quelque intention à notre
égard et cherchez-vous à vous risquer à nous affronter parce que
vous êtes pour nous une source de préoccupation. Pourtant, nous ne
souhaitons pas vous punir. " "
An-Nu`mân se tourna vers ses hommes et dit : " Si vous le souhaitez,
je lui répondrai en votre nom. Mais si l'un d'entre vous veut parler
qu'il le fasse d'abord. " Les musulmans demandèrent à An-Nu`mân de
parler, puis ils se tournèrent vers l'empereur et lui dirent : " Cet
homme parle en notre nom à tous alors écoutez ce qu'il a à vous
dire. "
An-Nu`mân commença par louer et glorifier Dieu — Exalté soit-Il — et
invoquer la paix et la bénédiction sur le Prophète — paix et
bénédiction sur lui. Puis il dit :
" Certes Dieu — Exalté soit-Il — a été bon et miséricordieux envers
nous et Il nous a envoyé un Messager pour nous montrer la bonne voie
et nous commander de la suivre, pour nous apprendre ce qui est mal
et nous l'interdire. Le Messager — paix et bénédiction sur lui —
nous a promis que si nous répondions à son appel, Dieu — Exalté soit-
Il — nous accorderait ce qui est bon dans ce monde et dans l'autre
[dans l'Au-delà].
Peu de temps s'est écoulé depuis cette promesse, pourtant Dieu —
Exalté soit-Il — nous a donné l'abondance, alors que nous souffrions
des privations et des difficultés, l'honneur au lieu de
l'humiliation, la clémence et la fraternité à la place de nos
anciennes inimitiés.
Le Messager — paix et bénédiction sur lui — nous a ordonné d'appeler
l'humanité à ce qui est meilleur pour elle en commençant par ceux
qui sont nos voisins.
Ainsi nous vous invitons à embrasser notre religion. C'est une
religion qui embellit et favorise tout ce qui est bon et qui déteste
et décourage tout ce qui est laid et répréhensible. C'est une
religion qui mène les croyants des ténèbres de la tyrannie et de
l'incroyance à la lumière et à la justice de la foi.
Si vous nous répondez favorablement et si vous acceptez l'islam
comme votre religion, notre devoir est de vous remettre le Livre de
Dieu — Exalté soit-Il —, le noble Coran et de vous aider à vous
conformer à ses principes et de régner selon ses lois. Puis nous
nous en irons et nous vous laisserons vous occuper de vos propres
affaires.
Cependant si vous refusez de vous convertir à l'islam, nous vous
prélèverons une taxe, la jizya, en échange de laquelle nous vous
accorderons notre protection. Si vous refusez de donner la jizya,
nous vous déclarerons la guerre. "
Yazdagird, fâché et furieux après ce qu'il avait entendu, dit non
sans dérision : " Je ne connais aucune nation sur terre plus
misérable que la vôtre et dont les membres sont si peu nombreux,
aussi divisés et dont la condition est plus mauvaise. Nous avions
l'habitude de déléguer les affaires vous concernant à nos
gouverneurs provinciaux qui exigèrent de vous l'obéissance à notre
souveraineté. "
a suivre
Biographie N° 24
An-Nu`mân Ibn Muqarrin
La tribu de Muzaynah était installée à quelque distance de Yathrib
sur la route caravanière qui la reliait à la Mecque. La nouvelle de
l'arrivée du Prophète à Yathrib — paix et bénédiction sur lui — se
propagea rapidement et parvint très vite à Muzaynah par les membres
du clan qui avaient fait l'aller-retour.
Une nuit, le chef de la tribu, An-Nu`mân Ibn Muqarrin, s'assit parmi
les aînés et d'autres membres du clan, puis s'adressa à eux :
— " Ô mon peuple, par Dieu — Exalté Soit-Il —, nous n'avons appris
que du bien au sujet de Muhammad — paix et bénédiction sur lui —, et
sa mission n'évoque que clémence, bonté et justice. Quel est notre
problème ? Qu'avons-nous à hésiter tandis que tous accourent vers
lui ? "
— " En ce qui me concerne, poursuivit-il, j'ai pris la décision de
partir très tôt demain le rejoindre. Que ceux d'entre vous qui
souhaitent m'accompagner se préparent. "
An-Nu`mân était sans nul doute un chef persuasif. Ses paroles
produisirent un grand effet sur les membres de son clan. Le matin
suivant, ses dix frères et quatre cents cavaliers de Muzaynah
étaient prêts à partir avec lui à Yathrib afin de rencontrer le
Prophète — sur lui la paix et la bénédiction — et d'embrasser
l'islam.
Cependant, An-Nu`mân se sentit embarrassé de se rendre auprès du
Prophète — sur lui la paix et la bénédiction — avec une suite aussi
nombreuse sans rien apporter, ni pour lui ni pour les musulmans. Il
n'y avait certes pas grand-chose qu'il put offrir. L'année écoulée
avait été une année de sécheresse et de famine pour le clan de
Muzaynah. Très peu de bétail et de récoltes y avaient survécu. An-
Nu`mân fit tout de même le tour des demeures des hommes de sa tribu
afin de rassembler le peu de chèvres et de moutons qu'il restait. Il
conduisit ce troupeau à Médine. Puis, en présence du Prophète — paix
et bénédiction sur lui —, ses hommes et lui-même annoncèrent leur
conversion à l'islam.
Médine toute entière était émue et enthousiasmée par la venue d'An-
Nu`mân et de ses compagnons. Jamais auparavant autant de personnes —
une famille de onze frères ainsi que 400 cavaliers — n'avaient
embrassé la religion en même temps. Le noble Prophète — sur lui la
paix et la bénédiction —, très heureux, se réjouit grandement de cet
événement. Nulle doute que la sincérité de leur effort fut acceptée
et louée par Dieu Tout-Puissant — Exalté Soit-Il — lorsqu'Il révéla
les paroles suivantes du Coran au Prophète — paix et bénédiction sur
lui — :
— " [Tel autre], parmi les Bédouins, croit en Allah et au Jour
dernier et fait de ce qu'il dépense un moyen de se rapprocher
d'Allah et de s'attirer les bénédictions du Messager. Effectivement
c'est là pour eux un moyen sûr de se rapprocher d'Allah. Allah les
introduira dans Sa grâce. Car Allah est Pardonneur et
Miséricordieux. " (Coran, Sourate 9, At-Tawbah, verset 99)
An-Nu`mân vécut sous la guidée du Prophète — paix et bénédiction sur
lui — et participa à toutes les campagnes au cours desquelles il
montra sa valeur et son dévouement. A l'époque d'Abû Bakr — que Dieu
l'agrée —, lui et le peuple de Muzaynah jouèrent un rôle majeur et
louable en mettant un terme à la discorde provoquée par l'apostasie.
Pendant le califat de `Umar al-Faruq — que Dieu l'agrée —, An-Nu`mân
se distingua particulièrement au cours des combats qui opposèrent
les musulmans à l'Empire sassanide.
Peu de temps avant la bataille de Qadisiyyah, le commandant des
forces musulmanes, Sa`d Ibn Abi Waqqas, envoya une délégation à
l'empereur sassanide, Yazdagird. Cette délégation fut conduite par
An-Nu`mân Ibn Muqarrin, dont le principal but était d'inviter
l'empereur à l'islam. Lorsque An-Nu`mân et sa délégation
atteignirent Ctésiphon, la capitale sassanide, les gens de la ville
les regardèrent avec étonnement, non sans mépris. Ils regardèrent
avec dédain leur apparence simple, leurs vêtements et leurs
chaussures frustes ainsi que la pauvreté d'apparat de leurs
montures. Les musulmans ne furent nullement déconcertés par cet
accueil et demandèrent à être reçus par Yazdagird. Il leur accorda
une audience, convoqua un interprète et lui dit :
— " Dis-leur : " Pourquoi êtes-vous venus à nous et pourquoi voulez-
vous nous envahir ? Peut-être avez-vous quelque intention à notre
égard et cherchez-vous à vous risquer à nous affronter parce que
vous êtes pour nous une source de préoccupation. Pourtant, nous ne
souhaitons pas vous punir. " "
An-Nu`mân se tourna vers ses hommes et dit : " Si vous le souhaitez,
je lui répondrai en votre nom. Mais si l'un d'entre vous veut parler
qu'il le fasse d'abord. " Les musulmans demandèrent à An-Nu`mân de
parler, puis ils se tournèrent vers l'empereur et lui dirent : " Cet
homme parle en notre nom à tous alors écoutez ce qu'il a à vous
dire. "
An-Nu`mân commença par louer et glorifier Dieu — Exalté soit-Il — et
invoquer la paix et la bénédiction sur le Prophète — paix et
bénédiction sur lui. Puis il dit :
" Certes Dieu — Exalté soit-Il — a été bon et miséricordieux envers
nous et Il nous a envoyé un Messager pour nous montrer la bonne voie
et nous commander de la suivre, pour nous apprendre ce qui est mal
et nous l'interdire. Le Messager — paix et bénédiction sur lui —
nous a promis que si nous répondions à son appel, Dieu — Exalté soit-
Il — nous accorderait ce qui est bon dans ce monde et dans l'autre
[dans l'Au-delà].
Peu de temps s'est écoulé depuis cette promesse, pourtant Dieu —
Exalté soit-Il — nous a donné l'abondance, alors que nous souffrions
des privations et des difficultés, l'honneur au lieu de
l'humiliation, la clémence et la fraternité à la place de nos
anciennes inimitiés.
Le Messager — paix et bénédiction sur lui — nous a ordonné d'appeler
l'humanité à ce qui est meilleur pour elle en commençant par ceux
qui sont nos voisins.
Ainsi nous vous invitons à embrasser notre religion. C'est une
religion qui embellit et favorise tout ce qui est bon et qui déteste
et décourage tout ce qui est laid et répréhensible. C'est une
religion qui mène les croyants des ténèbres de la tyrannie et de
l'incroyance à la lumière et à la justice de la foi.
Si vous nous répondez favorablement et si vous acceptez l'islam
comme votre religion, notre devoir est de vous remettre le Livre de
Dieu — Exalté soit-Il —, le noble Coran et de vous aider à vous
conformer à ses principes et de régner selon ses lois. Puis nous
nous en irons et nous vous laisserons vous occuper de vos propres
affaires.
Cependant si vous refusez de vous convertir à l'islam, nous vous
prélèverons une taxe, la jizya, en échange de laquelle nous vous
accorderons notre protection. Si vous refusez de donner la jizya,
nous vous déclarerons la guerre. "
Yazdagird, fâché et furieux après ce qu'il avait entendu, dit non
sans dérision : " Je ne connais aucune nation sur terre plus
misérable que la vôtre et dont les membres sont si peu nombreux,
aussi divisés et dont la condition est plus mauvaise. Nous avions
l'habitude de déléguer les affaires vous concernant à nos
gouverneurs provinciaux qui exigèrent de vous l'obéissance à notre
souveraineté. "
a suivre
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