Les années qui s’amassent
A chaque année qui passe il faut je crois être être heureux d’avoir escaladé un escalier de plus vers l’ accomplissement, vers un peu plus de vérité et de sagesse ; et s’il y a un mot d’affection que je voudrai offrir à l’occasion d’un anniversaire de naissance c’est celui que j’écris à l’instant pour dire simplement qu’il ne faut pas s’affliger de compter le nombre, toujours effrayant, des années qui passent et qui souvent se ressemblent car, a bien y réfléchir, les années qui nous quittent n’ont que le poids qu’on les laisse imprudemment prendre sur nos épaules si on les laisses y déposer le gout amer des regrets , de l’échec, du désespoir, voire, ou l’envie de l’abandon u combat pour la vie .
Personnellement n’ayant jamais donné à ces sentiments la moindre chance de m’envahir, les années que je porte sur mon épaule ne pèsent pas le poids d’un papillon.
Il est vrai que chaque année qui passe ne manque pas de laisser sa trace : pour certains une ride sur la peau qui se froisse, pour d’autres un cheveu blanc sur la temple, ou encore peut être une mémoire moins sûre, oublieuse, des jambes moins agiles ou le geste plus mesuré ou plus lent.
Cela s’inscrit dans le cours naturel des choses et en avoir peur, s’en angoisser, ne changera rien au processus irréversible de la vie car la vie à une marche têtue et inexorable vers l’avant et vers sa fin programmée en fait .Se lamenter à ce sujet est autant un manque d’intelligence qu’une perte de temps et d’énergie.
Cela pour dire que ce n’est donc pas du vieillissement qu’il faudrait avoir peur. Cette peur, parfois angoissante pour certains, est franchement inutile.
Les peurs qui devraient nous animer à chaque étape de la vie est celle de s’apercevoir un jour que nous manquons de foi en Dieu, que nous manquons d’amour, que nous avons désappris à aimer, que nous sommes en panne d’évolution vers l’accomplissement de soi et que nous avons perdu ce goût de « cultiver notre jardin. » ou tout simplement d’être émerveillé par la vie, par sa plus simple expression : ce chant d’un frêle oiseau accroché à la branche d’un arbre ou sautillant fébrilement sur le bord de notre fenêtre.
Cette peur est en revanche utile : il faudrait la provoquer si elle tarde à venir, il faudrait vivre avec, la mettre dans ses bras et la serrer bien fort pour ne pas risquer de la perdre en chemin.
Si tous ces mots ont suffit pour détourner le regard du calendrier et pour vaincre la peur qu’inspire le défilement inexorable des années cela veut dire que nous sommes nés à la vie d’une nouvelle naissance. Et, sublime victoire sur les années qui passent, on s’apercevra , ravis, que chaque âge apporte, en frappant à notre porte, qu’il nous sera impossible de garder close au défilement des années , son charme et des horizons nouveaux, certes plus réduits peut être année après année, mais garantissant toujours la découverte et cette sublime chance de pouvoir continuer la construction car en définitive que sommes-nous ? Et bien un tas d’argile enfermant une âme à dompter, à élever le plus haut possible du sol . L’être humain est le seul édifice dont la construction ne s’achève jamais. mine el mahdi ila el lahdi.
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