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l'Afghanistan histoire et culture

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  • l'Afghanistan histoire et culture

    1ère partie

    De l’Afghanistan, on ne retient que la guerre opposant les moudjahiddins à l’URSS et plus près encore les tristement célèbres talibans. Le payé miné par plus de 20 ans de guerre est exsangue et compte aujourd’hui parmi les plus pauvres de la planète et ne vit essentiellement que de l’aide humanitaire et économique de l’ONU. La plupart des livres qui traitent de ce pays ne s’attachent pratiquement qu’à l’aspect géopolitique et oublient le passé civilisationnel et culturel. Il faudra l’orée du 21ème siècle pour qu’on se souvienne que l’Afghanistan est bien plus qu’un simple territoire au relief tourmenté laissé aux mains d’une poignée d’obscurantistes dans l’indifférence quasi-totale du reste du monde…


    Histoire :

    Véritable carrefour des civilisations et épicentre des grands empires, le pays a toujours suscité les convoitises de ces derniers. Depuis Alexandre le Grand jusqu’à l’URSS en passant par les perses, les mongols et les britanniques. Patchwork autant culturel qu’ethnique, le peuple afghan soudé par une religion commune et une volonté de vivre indépendant, fait preuve d’une résistance tenace depuis près de 500 ans à l’envahisseur, quel qu’il soit.
    Voici ce que disait, déjà en 1504, Bâbour (prince turco-mongol) qui gouvernait alors Kaboul, de ce territoire qui ne portait pas encore le nom d’Afghanistan :

    «Il existe de nombreuses tribus différentes dans le pays de Kaboul : dans ses plaines et vallées on compte des turcs, des aymâq, des arabes ; dans sa capitale et villages environnants, des sârt (tadjiks sédentaires) ; dans les districts ruraux et villages éloignés, les tribus : Pashâï, Parâdjî, Tâdjiks, Bîrkî, Afghans. On parle 11 ou 12 langues à Kaboul : arabe, persan, turc, mongol, hindi, afghan, pashâï, parâdjî, guèbre, bîrkî, lamghânî. ‘Il existe un autre pays avec tant de tribus différentes et une telle diversité de langues, il ne m’est pas connu. »

    Les principales ethnies de l’Afghanistan actuel sont par ordre décroissant d’importance : Pachtounes 40%, les Tadjiks 30%, les Hazaras 10%, les ouzbeks 10%, les Aïmaqs à peu près 3%, les Farsiwans +/- 2%. Les 5% restants sont composés d’ethnies moyennes : turkmènes, Brahouis, baloutches, Nouristanis. Chaque ethnie a sa langue, sa culture, son mode de vie, son artisanat, sa cuisine.
    Si l’Afghanistan adopte la religion des arabes, ce sera l’ancienne culture perse qui s’imposera et deviendra dominante.
    Quelques repères historiques :
    -vers 2500 avant l’ère chrétienne, les Aryens, probablement issus de la vallée de l’Oxus (steppes d’Asie centrale), à la recherche de terre plus fertiles, s’installent dans le massif de l’Hindou-Kouch.
    - vers 1400 avant J-C, ils traversent le fleuve Indus et créent la civilisation des vallées de l’Indus. Ils laisseront les Vedas, 4 livres qui témoignent de immigration et civilisation. Un certain nombre de noms de tribus et de lieux afghans y figurent d’ailleurs déjà. Comme les Pakt (véritables racines des tribus pachtounes), Kubha (Kaboul) Ghandahara (Kandahar) etc.
    - vers 1200 avant J-C les zoroastriens, d’origine aryenne, vivent dans le massif de l’Hindou-Kouch. Leur livre sacré, l’Avesta témoigne de leur vie quotidienne. Dans l’Avesta, plusieurs villes établies sont déjà mentionnées. Entre autres : Heraw (Hérat), Kakhaza (Ghaznî) Wadinya (Bamiyan).
    Entre 700 et 485 avant l’ère chrétienne, l’Afghanistan fait partie de l’empire des Achéménides fondé par Cyrus le grand. Vers 330, Alexandre le Grand vainc Darius III. Ce sera le premier grand tournant de l’histoire afghane. La traversée du pays se révéla moins simple qu’escompté comme en atteste cette anecdote rapportée par nombre de témoins de l’époque et chantée par les poètes :

    La mère d’Alexandre, impatientée du temps mis à traverser le pays, se mit à harceler son fils afin d’en comprendre les raisons. Ce dernier lui fit part des difficultés rencontrées, expliquant que les afghans se révélaient être peu enclins à la soumission. Il la pria donc d’accueillir 3 chefs portant avec eux un sac de leur terre respective. Chaque chef devant déverser sa terre et la fouler avant de pénétrer dans la cour à la rencontre d’Olympia (mère d’Alexandre). Les chefs s’avancèrent puis entamèrent une discussion animée, chacun prétendant passer en premier qui en raison de âge, qui arguant de la qualité de sa tribu, qui de la gloire de ses ancêtres. Très vite, ils en vinrent aux mains puis aux sabres. S’ensuivit une bataille rangée nécessitant l’intervention des troupes d’Olympia pour les séparer. Celles-ci en virent elles aussi aux mains entre elles…Elle renvoya les chefs chez eux, en prenant le serment de ne plus faire grief à Alexandre quant à l’évolution des opérations en Afghanistan…elle avait compris le pourquoi de la lenteur…

    Les généraux d’Alexandre et leurs descendants se sont succédés en Afghanistan alors appelée Bactriane jusqu’en 178 avant J-C. Ce sera la période appelée hellénistique ou gréco-bactriane.

    Le sud du pays faisait alors partie de l’Empire mourayan bouddhique sous le règne du roi Ashoca. Le croisement des 2 civilisations donnera plus part naissance à l’art gréco-bouddhique.
    L’ère nomade débutera en 176 avant J-C avec les Parthes, tribu venue des steppes du nord. Ils fonderont une nouvelle dynastie qui régnera sur la majeure partie de la Perse.
    L’Empire kushana sera défait par Ardshir Babakhan ouvrant ainsi la voie à l’ère des Sassanides. Plusieurs religions s’entrecroisent à l’époque. Le bouddhisme sera toutefois le plus pratiqué.
    Une bonne partie du pays restera aux mains des Sassanides jusqu’à l’arrivée des arabes et de l’Islam vers le milieu du VII siècle après J-C.
    A partir de là, l’Islam guidera la vie du pays sans que rien ne vienne jamais le remettre en cause. Ce que les armes ne sont pas parvenues à faire, l’Islam le fera : cimenter le pays grâce à sa notion d’égalité et de fraternité entre croyants.
    Différentes dynasties se succèderont ou cohabiteront (pas toujours paisiblement) jusqu’en 1747, année de naissance de l’actuel Afghanistan :
    - Les Tahirides (821-873) dynastie fondée par Tahir fils du gouverneur de Pushang dans la région de l’Hérat. Le dernier représentant, Mohamed, laissera le pouvoir à Yakub-i-Lithse originaire du Seitan. La dynastie aura pour capitale Nishapur.
    - Les Saffarides (867-903) dynastie fondée par Yakub-i-Lithse aura pour capitale Nimroz. Protecteur des arts et des lettres, il fera de la langue darri la langue de la cour. Son frère Omar lui succèdera mais ne sera pas reconnu par le califat de Bagdad et ne résistera pas à l’offensive du gouverneur de la région qui lui conteste le pouvoir. Envoyé à Bagdad, il finira sa vie en prison.
    - les Samanides (819-899) . Le califat de Bagdad ayant très bien compris qu’il valait mieux diviser pour régner, encourageait les différentes factions à se battre entre elles afin d’assurer sa domination sur le Khorasan. Ce qui permet à un notable de Balkh du nom de Saman de fonder la dynastie susmentionnée. Dynastie moins éphémère que les précédentes puisqu’elle règnera sur la Perse et l’Afghanistan jusqu'à l’orée de l’an mil. Boukhara en sera la capitale. Laquelle Boukhara va littéralement propulser les arts, la littérature et les sciences au point d’éclipser Bagdad et de devenir la première métropole de l’Islam.
    Dernière modification par Zakia, 19 décembre 2008, 10h08.
    « N’attribuez jamais à la malveillance ce qui s’explique très bien par l’incompétence. » - Napoléon Bonaparte

  • #2
    suite

    - Les Ghaznavides (963-1186). D’origine turque, venus des steppes du Nord, ils adhèrent à l’Islam et embrassent la culture samanide. Le nom de la dynastie est tiré de la ville de Ghaznî qui en sera d’ailleurs la capitale. La dynastie a été fondée par Subaktagin, ancien esclave du dernier roi samanide, nommé par ce dernier gouverneur de Ghaznî pour services rendus. Subaktagin, assez peu enclin à la reconnaissance du ventre, s’empressa de défaire le gouverneur de Khorasan et assoit son pouvoir en installant son fils Mahmoud à Nishapur. Ce dernier, digne fils de son père, à la mort de ce dernier, emprisonne son frère et succède donc à Subaktagin. Ceci dit, mis à part ce point de détail (diantre ! Il faut ce qu’il faut quand on veut le pouvoir…), Mahmoud, outre ses qualités indéniables de stratège militaire (en une petite trentaine d’années il créera un véritable empire englobant le Cachemire de l’est, le nord de l’Inde et une partie conséquente de l’Iran), se révèle être un homme de lettres et de sciences. Poètes, philosophes, savants sont légion à sa cour et se nomment : Al Biruni, El Firdûsî, Ibn Sina…
    Malheureusement, la dynastie chutera suite à la vengeance d’Ala ud Din, roi de Ghor, qui brûlera Ghaznî pour venger son frère.
    Les Ghorids. Du nom d’une région montagneuse située à l’est d’Hérat. Les Ghorids vont conquérir tout le nord de l’Inde et parvenir jusqu’au Bengale et l’Assam. Ils s’établiront en Inde et feront de Delhi leur capitale. On doit au sultan Gurbudin Ghori Aibak, le minaret de Delhi.
    Carte de l'empire Ghaznévide :


    - Les seldjoukides (1037- 1194). D’origine turque, les seldjoukides profiteront de la chute des empires Ghaznavide et Ghorid pour s’emparer du Khorasan, de Ghaznî, du Seitan, de Balkh et d’une partie de l’Iran. Ils occuperont également Bagdad. Le royaume seldjoukide sera étendu jusqu’à Lahore. Les seldjoukides seront défaits par une autre dynastie turque, celle de Khwarzam Shah (1200-1220) et qui étendra son pouvoir de l’Inde jusqu’à la Turquie ainsi que sur la totalité de l’Asie centrale.
    - Genghis Khan (1155-1227) Le moins qu’on puisse dire est que ce brave Temudjin a laissé un souvenir impérissable dans la région… A la tête de 150000 hommes, il traverse l’Hérat puis l’Indou Kouch en violant, massacrant, brûlant et pillant tout sur son passage. En une petite paire d’années, il ne subsistera que ruines et cendres de ces civilisations. Pris d’un subit vague à l’âme et de la nostalgie du pays, il décide de rentrer en Mongolie, toutefois, non sans laisser le Khorasan en héritage à l’un de ses rejetons : Jaghataï. En père équitable, il divisera le reste de l’empire entre ses autres fils. Bon sang ne sachant mentir, le petit-fils de Genghis, Kublaï Khan va conquérir une grande partie de la chine et fonder la dynastie du Yunan. Toute la famille Genghis (fils et petits fils) va régner sur le moyen-orient.
    La ville d’Hérat sera reconstruite par les Korts (1245-1381), d’origine tadjik. Mais décidément, les mongols ont une prédilection pour les ruines : Timour lang (Tamerlan), autre petit-fils de Genghis, et qui ne dépare pas la famille, va faire siennes les us de son aïeul : massacrer, brûler, piller, etc. et créer un empire de ruines de la Chine à l’est aux côtes méditerranéennes à l’ouest. Il mourra en 1405.
    - Les Timourides (1405-1519). Par un juste retour des choses et pour surprenant que cela paraisse, ce sera cette dynastie, fondée par Shah Rukh, fils de Tamerlan, qui ouvrira une ère de grande prospérité et sera marquée par un spectaculaire développement des arts et de la littérature. Hérat sera l’une des plus villes d’Asie et le plus grand centre de commerce sur la route de la soie et des épices. Mais la révolution technologique née du transport maritime, amorcera le déclin des Timourides et relèguera la route de la soie au second rang. La fin de cette époque de gloire sera marquée par l’occupation d’Hérat par Mohammed Shaybani d’origine ouzbèk.
    Durant les 2 siècles qui suivirent, l’Afghanistan sera l’enjeu de 3 puissances : les Mongols qui contrôlent Kaboul, les Safavides à Hérat et les Ouzbeks qui s’installent à Balkh. Kaboul, Kandahar et Balkh vont de venir le théâtre des affrontements de ces 3 dynasties.

    Volonté d’indépendance : une première ébauche apparaît au sein de la tribu pashtoune. Ce sera le mouvement de « Raushan » (les Illuminés), en référence à la famille de l’initiateur Bayazid, famille de mystiques soufis. Il prêchera d’abord l’avènement de la justice mais fomentera ensuite, la révolte contre le pouvoir impérial de l’Inde. Surnommé Piri-i-Roshan, le Guide Illuminé, il mourra en 1609 lors d’un affrontement avec les forces mongoles. Ces prémices d’indépendance, se poursuivront après sa mort, avec ses fils et son neveu qu prirent le relais non sans poser quelques problèmes à l’Empire mongol. Le mouvement Raushan prendra fin, après un siècle de guerre, avec le petit fils du Guide Illuminé tué par les mongols. La résistance pashtoune ne faiblit pas cependant et la faiblesse de l’Empire mongol va permettre la libération de certaines régions pashtounes. Cependant,les safavides vont en profiter pour étendre leur domination au-delà de Kandahar. Le Shah safavide Sutann Hossein (1694-1722) fera appel à un mercenaire georgien, Georgi. En face, Mir Wais Khan, chef des tribus, Ghilzai et qui s’oppose à la répression des safavides va organiser une révolte. Il sera néanmoins battu par Georgi et envoyé à Ispahan. Politicien rusé, Mir va s’attirer la sympathie du roi safavide, ce qui lui permettre d’accomplir le pèlerinage à la Mecque. Où, il demandera aux autorités religieuses l’autorisation de prendre une fatwa lui permettant d’engager la révolte des communautés sunnites contre l’hérétique Georgi. Fort de cette autorisation, une Loya Girgah est convoquée et lance la révolte des tribus. Lors d’une 2ème Loya girgah en 1710, les communautés déclarent l’indépendance et s’attaquent aux mercenaires. Ces derniers partiront plusieurs fois à l’assaut de Kandahar, en vain. A la même époque, les Duranis de Hérat, se libèrent également du joug safavide.
    Mir Wais déclinera le titre de roi que lui attribue la Girgah réunie à Kandahar. Il est le fondateur de la dynastie Hoteki (1710-1738). A sa mort, son frère Abdul Aziz, prendra le pouvoir mais sera assassiné. Lui succèdera le fils de Mir Wais, Shah Mahmoud, lequel est élu roi. Atteint d’une maladie mentale, il sera assassiné et lui succèdera le fils d’Abdul Aziz, son neveu shah Ashraf qui sera confronté au pouvoir émergeant de Nadir Afshar, d’origine turque. La tutelle des safavides ayant été refusée à la dynastie, cette dernière sera incapable de lui tenir tête .
    Nadir Afshar (1738-1747) arrivera à maintenir son empire relativement stable durant quelques années, grâce à une politique de diplomatie douce et l’institution du service militaire. Il sera tué lors d’un complot fomenté par sa propre cour. Sa famille n’en réchappera que grâce à Ahmed Khan. Elle offrira à ce dernier, en guide de remerciement le fameux diamant Koh-i-noor

    L’empire Durani .Ahmed Shah (1747-1773) créera un empire allant du Khorasan à Lahore. Surnommé baba par son peuple (titre suprême de gloire et d’idéal) ce guerrier poète , maniait aussi bien le fusil que la plume. Sa vie durant, il combattra les autres tribus et tentera d’établir un pouvoir central fort. Après sa mort, le pays plongera dans le chaos pour plus d’un siècle et demi.
    Empire Durani :

    A partir de 1838, l’Empire britannique et la Russie vont s’affronter sur le terrain afghans, les premiers, officiellement pour contre la menace expansionniste russe qui menace les Indes britanniques ; officieusement, tenter d’y installer des comptoirs commerciaux, gérés depuis Londres à la place des trônes qui assuraient jusque-là le pouvoir.
    (1838 1842) première guerre anglo-afghane et qui verra l’armée britannique décimée par la révolte populaire.
    (1870-1880) Les afghans seront défaits par les anglais. En grande partie du fait de la dérobade russe qui pourtant avait promis son aide. L’Afghanistan sera dominion (dominion : mot d’origine anglaise désignant un état autonome au sein de l’Empire britannique). Cela ne se fera pas sans mal et pour ainsi dire, pas du tout …les soldats afghans ne recevant pas leur solde, entretiendront le climat de révolte dans les villes. Finalement , après 2 tentatives d’occupation, les anglais s’entendront avec les russes pour faire de l’Afghanistan, un « Baffer State » (Etat-tampon) entre les 2 puissances .

    (1880-1901) Abdurahman Khan. Il sera le premier roi à mettre en place les fondations de l’Etat afghan. Il agira dans 3 domaines : établissement de l’ordre et la loi, créations des institutions, intégration territoriale et démarcation des frontières
    Dernière modification par Zakia, 20 décembre 2008, 18h32.
    « N’attribuez jamais à la malveillance ce qui s’explique très bien par l’incompétence. » - Napoléon Bonaparte

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    • #3
      Suite

      (1901-1919) Habibullah, fils aîné d’Abdurahman, lui succèdera. Nasrullah, son frère, proche des chefs religieux, ramènera ces derniers sur la scène politique. Ce que les anglais utiliseront pour rentrer à nouveau dans le jeu afghan. . Sur le plan de la politique extérieure, le Big Game se poursuivait entre l’Angleterre et la Russie. Lord Curzon ne reconnaissant pas l’avènement de Habibullah, arguant du fait que le traité signé avec son père n’était que provisoire et qu’il fallait le réactualiser. Habibullah s’en tient à la première mouture et manifeste le désir de nouer des relations diplomatiques avec d’autres pays. Ce qui va générer de grosses tensions avec Londres, au terme de laquelle, les anglais enverront une délégation pour négocier. Ce qui va déboucher sur le traité signé entre les anglais et les russes : la Convention de St-Petersbourg en 1907. En substance la voici :
      - division de l’Iran en 2 zones d’influences contrôlées l’une par la Russie et l’autre par l’Angleterre ;
      - reconnaissance du contrôle du Tibet par la Chine et s’entendent pour ne pas y intervenir ;
      - Afghanistan reconnu hors zone d’influence de la Russie qui accepte d’en référer à l’Angleterre en ce qui concerne ses relations futures avec l’Afghanistan ;
      - pas d’ingérence dans les affaires intérieures afghanes par les britanniques ,ni occupation,ni annexion d’aucune partie de l’Afghanistan.
      Habibullah refusera catégoriquement de signer cette convention. Il sera assassiné par un inconnu en février 1919.
      Amir Amanullah (1919-1929) Il succède à son père Habibullah. Il déclarera la guerre aux anglais. Ce sera la 3ème guerre anglo-afghane. Les anglais bombarderont Kaboul et Djalalabad. Mais inquiets des mouvements indépendantistes de l’Inde qui se mettent de la partie, Ils réclament un cessez-le-feu. Un traité de paix est signé à Kaboul le 22 novembre 1921.
      Un traité d’amitié sera également signé avec la Russie. Il vise à reconnaître l’indépendance de l’Afghanistan et à établir des relations diplomatiques, économiques et culturelles entre les 2 pays. Une délégation afghane fera le tour de plusieurs de plusieurs pays et signera, entre autres, un protocole avec la France prévoyant une délégation archéologique en Afghanistan. Ce protocole signé en 1922, sera renouvelé pour 30 ans en 1952. Les anglais, inquiets du symbole afghan, qui pourrait donner des idées à leur chasse gardée, l’Inde, encouragent les milieux religieux à la révolte contre les réformes. Le mollah Lang, chef de file des insurgés sera capturé, jugé et exécuté à Kaboul. Ce qui mettra fin à l’opposition aux réformes. Les réformes entreprises sont néanmoins trop rapides et une intervention malheureuse devant la Loya Girgah, qualifiée de blasphématoire (Amanaullah, veut imposer le droit aux femmes de ne plus porter le voile, qualifie le prophète (SAWS) de révolutionnaire et se compare à lui) le forceront à abdiquer en faveur de son frère et à s’exiler en Italie où il finira sa vie.

      Nadir Shah (1929-1933) et la proclamation de la monarchie constitutionnelle en 1931. Convoquée en 1930 par Nadir Shah, la Loya Girgah le confirmera roi D’Afghanistan. Elle élira également 105 de ses membres qui siègeront à la Shura-Mili (Assemblée nationale. La monarchie constitutionnelle sera proclamée en 1931 de façon formelle. Elle déclare notamment : « La couronne se transmettra dans la famille du roi et la succession sera déterminée par le choix du roi et du peuple afghan. » Nadir Shah sera assassiné en 1933 par Abdul Khalid, fils adoptif e Mohamed Nabi lequel était partisan d’Aminullah et ambassadeur d’Afghanistan en Russie. L’assassin reconnaîtra d’ailleurs que le pistolet dont il s’était servi lui avait été fourni par le chargé d’affaires de l’ambassade russe.
      Zaher Chah, le fis de Nadir, lui succèdera en 1933 et restera roi jusqu’à sa destitution et son exil en 1973.
      A dater de la fin de la 2ème guerre mondiale, les USA et l’URSS rivaliseront de générosité pour s’assurer la mainmise sur ce territoire hautement stratégique. Le pays jusque là encore très féodal, connaîtra un début de modernisation. Schématiquement, les russes concentreront leurs efforts dans le nord (barrages, usines hydro-électriques, fabrique d’engrais, percée d’un tunnel à travers l’Indou Kouch, asphaltage de la route jusqu’en Ouzbékistan). Les américains se concentreront sur le sud du pays (programme d’irrigation des zones arides, goudronnage des routes du sud, construction de l’aéroport de Kandahar.
      En 1963, le roi Zaher Chah, jusque là silencieux et ayant d’abord régné sous la tutelle de ses oncles puis, dans l’ombre de son autoritaire cousin et Premier ministre Mohamed Daoud, saisit les rênes du pouvoir. Il promulgue une constitution qui introduit le régime parlementaire. Expérience parlementaire à laquelle ne participera que l’intelligentsia et qui ne satisfera d’ailleurs que les occidentaux, les russes restant méfiants.
      Les choses se dégradent sérieusement à partir de 1969 lorsqu’une sécheresse frappe le pays 2 années de suite et en 1971 lorsque de graves inondations provoquent la famine. Le pouvoir fait preuve d’une faible énergie pour tenter de remédier aux graves problèmes que connaît la population.
      Daoud, le Premier ministre, profitera d’un voyage en Italie de Zaher Chah pour destituer son cousin et proclamer la république. Il s’appuie pour cela sur un noyau d’officiers formés en URSS et soutenus par une partie du parti marxiste afghan (PDPA) .Entendant régner en autocrate, il écarte aussitôt ses alliés et s’attire de ce fait, la suspicion des russes. D’autant qu’il recherche de nouvelles alliances, dont celle de l’Arabie Saoudite, richissime et alliée des USA. Il sera renversé en 1978 par un coup d’Etat qui fera un millier de victimes dont lui et sa famille. Mohamed Taraki, chef du PDPA et arrêté sur ordre de Daoud, sera libéré et nommé président. L’Afghanistan passera sous tutelle soviétique et signera avec l’URSS un traité « d’amitié et de coopération »
      A partir de ce moment, les choses vont s’emballer et s’en suivra plus de 20 ans de guerre :
      Ce sera le début de luttes fratricides au sein du parti communiste afghan et le début de la résistance des moudjahiddins. L’URSS intervient militairement (officiellement à la demande du pouvoir en place). La résistance des moudjahiddins se retournera contre les russes
      En 1994 une partie du pays est aux mains des moudjahiddins lorsque les talibans s’emparent de Kandahar. Ils continueront leur avancée massive et finiront par s’emparer de Kaboul en 1997.
      Le commandant Massoud, figure emblématique de la résistance afghane, surnommé le lion du Panshir pour avoir acculé l’URSS à signer une trêve après avoir lancé, en vain 6 offensives dans la vallée (du Panshir). Génie et stratège militaire, il a aussi un don d’organisation et se révèle un administrateur de qualité. Il réussira à unifier et organiser la Vallée en un état de droit islamique ayant pour capitale Talokhan. Ennemi des talibans dont il n’approuve guère l’extrémisme, il les combattra et regagnera petit à petit du terrain sur eux jusqu’à sa mort la veille du 11 septembre 2001.
      A la suite des attentats du 11 septembre, attribués à Ben Laden et aux talibans, les USA bombarderont l’Afghanistan faisant plusieurs milliers de morts civils.
      Depuis 2001 Hamid Karzaï est président de l’Afghanistan et tente de sortir son pays du marasme.

      Voici pour la partie historique qui est extrêmement condensée.
      « N’attribuez jamais à la malveillance ce qui s’explique très bien par l’incompétence. » - Napoléon Bonaparte

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      • #4
        suite

        Religion :

        On le constate, les afghans résistent depuis toujours à l’envahisseur. Sans doute cette résistance ainsi que l’image très négative donnée par les talibans, donnent à croire à certains qu’il s’agit d’un peuple barbare assoiffé de sang ne pouvant vivre que dans la guerre.

        Il n’en est rien. Les afghans sont chaleureux, d’une exquise politesse et font preuve d’une hospitalité qui ne se dément jamais. On peut néanmoins comprendre qu’offrir l’hospitalité ne veuille pas dire accepter la domination de l’intrus…

        La valeur suprême de la civilisation afghane est l’Islam. Non pas cet caricature de l’Islam qu’offrent les talibans (pas tous) mais une foi musulmane intense appartenant à l’univers de Samarcande, Lahore, Delhi. La doctrine de l’amour mystique (soufisme), est présente dans toutes les couches de la société afghane. Chaque geste de la vie est imprégné de sacré. Un texte théologique du 18ème siècle du Mollah Shah Wali-Allah, théologien indo persan, résume le code qui régissait encore la vie quotidienne de la plupart des afghans :
        « Sache que la clé du bonheur consiste à suivre la sunna et à imiter le Prophète (SAWS) en toutes choses. Dans ses manières de rentrer chez lui ou d’en sortir, dans ses mouvements comme dans son repos, et même dans sa façon de manger, de se dresser, de dormir, de parler.
        Et je ne te parle pas seulement de ses observations religieuses. Il n’y a aucune raison de négliger les traditions qui nous sont parvenues en ce qui les concerne. ! Non, il s’agit des usages et du comportement en toutes choses, car ainsi l’accompagne-t-on pleinement. »

        Profondément spirituelle, la société afghane d’avant guerre, était pénétrée par l’amour mystique, l’émotion vécue de l’Islam. Sans cet amour, la prière n’est que gesticulation et la loi pur formalisme. Rumi disait qu’un croyant privé d’amour est un arbre sans sève, debout mais desséché et mort spirituellement. Pour qui n’a pas baigné dans le soufisme, il est impossible de comprendre un texte, une chanson traditionnelle d’avant-guerre, tant ils sont gorgés de soufisme. On est bien loin de l’image de sanguinaires brutaux véhiculée à tout va !

        Pour vous faire une idée, je vous conseille l’excellent documentaire d’Arnaud Desjardins :




        « N’attribuez jamais à la malveillance ce qui s’explique très bien par l’incompétence. » - Napoléon Bonaparte

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        • #5
          suite

          2ème partie du documentaire :





          « N’attribuez jamais à la malveillance ce qui s’explique très bien par l’incompétence. » - Napoléon Bonaparte

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          • #6
            suite

            Culture :

            Qu’en est-il de la culture afghane ? Remontons un peu le cours des siècles et voyons ce qu’il en a été dans le passé :
            Pour ne nommer que quelques cités qui ont été des fleurons de la civilisation musulmane :

            Boukhara (aujourd’hui ville d’Ouzbékistan) capitale des samanides et qui abrite plusieurs dizaines de monuments protégés de l’UNESCO qui témoignent de la splendeur passée. Elle est également le berceau d’El Bukhari , d’Abou Sina, Al biruni.

            Balkh, anciennes Bactres, berceau des barmécides et de Jalal el Din Rumi , province d’Afghanistan , la capitale en est Mazar al Charif qui abrite le tombeau d’Ali.

            Herat, capitale brillante des timourides, elle sera l’une des cités les plus prestigieuses de l’époque et étape incontournable de la route de la soie . Elle vit l’avènement de la miniature persane par le biais de Kamal el Din Behzad, peintre timouride. Herat est également le berceau de Abdullah Ansari et la résidence de Nur al Din Jami qui y décèdera. Tous deux étaient poètes.
            La culture afghane s’est ouverte à toutes les influences extérieures. Elle a permis la greffe unique de l’art gréco-bouddhique, producteur de merveilles. Elle gardera jusqu’au 20ème siècle, les « madrassa- e- nazmia », écoles universelles qui formaient garçons et filles de certaines familles ainsi que les enfants de leurs serviteurs. Y ont été formés entre autres, Bhezad, Khayyam, l’inventeur de l’inconnue « x » en algèbre, Les poètes, Farid al Din Attar, et Sahmas al Din Mohamed Hafiz, la poétesse soufie Nazo Ana et plus près de nous, Said Djamal al Din el Afghani. Ils y ont appris la calligraphie, les mathématiques, la géométrie, la musique, l’astronomie, la philosophie et la religion, l’art de broyer et mélanger les pigments et le goût de la perfection. Ces écoles, d’essence soufie, formaient à la concentration, au regard, à l’écoute, à la maîtrise du souffle, partant du principe que la maîtrise de soi conduit à l’ouverture. Il y avait des soirées de récitation de proverbes et de contes sur des thèmes choisis. Des sadhous (mystiques) magnifiquement vêtus qui allaient de porte en porte chanter les épopées de l’Islam.
            Hélas, la bêtise et l’obscurantisme des talibans ont fait disparaître ces merveilleuses écoles universelles, ces écoles de vie. Qui s’en soucie ?
            Mosaique :





            La mosquée de Mazar-e-Charif


            Miniature :

            Artisanat :
            L’artisanat de façon générale, est de toute beauté. Que ce soit le travail des bijoux ou encore celui des lakaï, qui sont des broderies ouzbèks.
            Les tapis sont à la base la spécialité des baloutchis et des turkmènes. Mais plus de 6 millions d’afghans tirent leur subsistance quotidienne de cet art. Ca englobe non seulement les tisserands mais également toute la filière : fileurs de laine, teinturiers, laveurs, etc.
            Tout le monde s’y est mis, y compris les hommes alors que traditionnellement, seules les femmes nouaient les tapis. On fait des tapis dans pratiquement tout le pays. Il n’y a pas de meilleur tapis, la qualité principale étant qu’ils doivent plaire.
            les turkmènes tissent des motifs identitaires de leur tribu ce sont des motif répétitifs mais tout de même assez compliqués, basés sur la symétrie . Les tapis sont raides et ont un fond rouge. Les baloutchis fond des tapis moins élaborés, mais du coup plus spontanés. Ils sont en général assez sombres et souples par rapport aux tapis turkmènes.
            Actuellement, les métiers à tisser sont verticaux, ce qui est plus simple à installer dans les maisons de ville mais à l’origine, ils étaient horizontaux, posés à terre.


            Les afghans vont peu à l’école ? Mais le tapis est une école ! Le filage enseigne la physique en apprenant à manier les volumes, la teinture initie à la chimie, la trame au calcul et à l’évaluation des besoins, le tissage fait toucher du doigt l’espace-temps en le rendant perceptible. Les motifs des tapis ouvrent sur l’univers. La bordure figure un voyage : celui d’ici-bas, le losange souvent répété, évoque la vie, la cellule vivante et le germe de la vie dans un autre losange. Les étoiles indiquent le destin. Le tapis en lui-même invite au silence et à la méditation.
            Alors incultes et sauvages les afghans ? Je donnerais bien cher pour l’être moi aussi …inculte et barbare de la sorte !

            Tapis afghans :

            « N’attribuez jamais à la malveillance ce qui s’explique très bien par l’incompétence. » - Napoléon Bonaparte

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            • #7
              Suite et fin

              Un mot encore de la musique afghane, à l’image du pays, c’est un véritable patchwork civilisationnel. Je retiendrai le ghazal, chant d’amour pouvant être mystique parfois.



              Cuisine :

              Pour finir, comment ne pas évoquer la cuisine afghane ? Dans ce pays aux hivers rudes et aux étés brûlants, la nature se montre quelquefois capricieuse et parcimonieuse. Chaque produit est sublimé et magnifié. Une cuisine véritablement sensuelle. Elle se mange avec les mains, elle se prépare avec le cœur, elle ravit les yeux, elle enchante l’odorat. Fidèle au pays, la symbolique religieuse y est présente et chaque évènement de la vie a on plat. Elle mêle douceur perse aux saveurs et couleurs de l’Inde sans oublier le raffinement chinois.
              Bolanis (sortes de galettes fourrées )



              1) pain afghan et entrées, 2) riz afghan 3) plat végétarien à base de courge
              Dernière modification par Zakia, 19 décembre 2008, 10h48.
              « N’attribuez jamais à la malveillance ce qui s’explique très bien par l’incompétence. » - Napoléon Bonaparte

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              • #8
                @Zakia

                Chapeau, dossier riche et aussi bien documente que richement illustre ...
                "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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                • #9
                  Merci beaucoup

                  J'ai édité pour rajouter quelques photos et expliqué la Loyah Girgah
                  ici
                  « N’attribuez jamais à la malveillance ce qui s’explique très bien par l’incompétence. » - Napoléon Bonaparte

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                  • #10
                    Quelques photos en vrac :

                    Enfants afghans :

                    Femme afghane :

                    Photos diverses qui m'ont été communiquées par une afghane. Elles représentent quelques objets artisanaux





                    Dernière modification par Zakia, 19 décembre 2008, 11h40.
                    « N’attribuez jamais à la malveillance ce qui s’explique très bien par l’incompétence. » - Napoléon Bonaparte

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                    • #11
                      Merci mme Zakia pour ce sujet fort interessant et enrechissant a la fois
                      يا ناس حبّوا الناس الله موصّي بالحبْ ما جاع فقير إلا لتخمة غني¡No Pasarán! NO to Fascism Ne olursan ol yine gel

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                      • #12
                        Beau travail. Bravo!

                        Oui, il est très intéressant de voir ce que c'est l'Afghanistan au delà des images et des surtout des idées qui nous parviennent aujourd'hui.

                        Merci.
                        "Tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien."
                        Socrate.

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                        • #13
                          Merci Zakia.

                          J'avoue que je n'ai pas encore lu et avant de la faire j'aimerais connaître, s'il te plaît, la source de tes textes, Merci et désolée

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                          • #14
                            J'ai rédigé le sujet moi-même. Après avoir lu différents ouvrages et interrogé plusieurs afghans.

                            Lorsqu'un texte n'est pas de moi, j'en indique la source.
                            « N’attribuez jamais à la malveillance ce qui s’explique très bien par l’incompétence. » - Napoléon Bonaparte

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                            • #15
                              Merci Zakia, comme ça avec grand plaisir je vais lire ton texte

                              Je ne lis pas des textes wiki.

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