bon l'article date un peu, mais c'est toujours d'actualité :
Les Algériens s'intégrent-ils moins bien en France que les autres Maghrébins ?
Alors que François Hollande effectue sa première visite en Algérie, un sondage Ifop/Atlantico publié mardi révèle que ce pays souffre d'une mauvaise image auprès des Français. Seuls 26% d'entre eux ont une bonne image de l'Algérie. Existe-t-il un lien entre cette mauvaise image et la façon dont sont intégrés les immigrés algériens ?
Atlantico : D’après un sondage Ifop/Atlantico, seuls 26% des Français ont une bonne image de l’Algérie contre 71% du Maroc et 53% de la Tunisie. Existe-il un lien entre le déficit d’image dont souffre l’Algérie en France et la façon dont sont intégrés les immigrés et les enfants d’immigrés algériens ? Les enfants d'immigrés algériens sont-ils moins bien intégrés que les enfants de Marocain ou de Tunisien ?
(Voir le sondage Atlantico-Ifop : Seuls 26% des Français ont une bonne image de l'Algérie contre 71% du Maroc et 53% de la Tunisie )
Jean-Louis Auduc : Concernant l'intégration des enfants et petits enfants d'algériens, l'absence de toutes statistiques ethniques rend difficile l'étude de données chiffrées pertinentes. Mais ce que peut m'apprendre mon travail en seine Saint Denis depuis plus de trente ans, c'est qu'à l'inverse des jeunes tunisiens et marocains qui ont une idée claire de leur pays, l'immigration algérienne est marquée par ses divisions politiques, historiques ou ethniques :
- Enfants de harkis et enfants de combattants pour l'indépendance;
- Enfants de soutien du FLN ou enfants de soutien au MNA de Messali Hadj;
- Enfants de berbères ou d'arabisants.
Cet éclatement de l'immigration algérienne qu'on retrouve aussi dans le milieu associatif est d'ailleurs un atout pour tous ceux qui voudrait résumer l'identité d'origine à la religion et en faire ainsi un obstacle à l'intégration. Pour savoir où on va et sur quelles valeurs, il faut savoir clairement d'où on vient et l'occultation de l'Histoire ( la plus ancienne comme la plus contemporaine) dans l'Algérie d'aujourd'hui comme la non résolution du problème berbère ne contribue pas à cette clarification par rapport à ceux qui y ont leurs racines.
Est-ce lié à l’histoire commune entre la France et l’Algérie ? Une meilleure reconnaissance des conséquences de la colonisation pourrait-elle aider à faire progresser l’intégration des immigrés ou des enfants d’immigrés algériens ? A l’inverse, l'attitude de repentance entretenue par certains politique et certaines associations ne freine-t-elle pas l’identification des enfants d’immigrés à la France et à son histoire?
Comme disait Fernand BRAUDEL « Trop de mémoires tuent l’Histoire », il est aujourd’hui plus que jamais nécessaire d’enseigner une histoire de l’Algérie qui mettent en avant les ombres et les lumières de son passé.
L’Algérie n’a ni débuté en 1830, ni en 1962. Ce territoire a été romanisé ( Timgad et Saint Augustin en sont les témoins ), peuplé d’une population autochtone berbère avec sa langue et son alphabet.
Il a été peuplé par des populations arabes au IXe siècle et a un rôle au XVe et XVIe siècles dont témoignent les expéditions de Charles Quint sur ses côtes. Puis dépendant et autonome de l’empire ottoman, bien lointain, il a été colonisé au XIXe siècle après une guerre sanglante.
Il est utile de montrer que durant toute la période de la colonisation algérienne, les divers gouvernements français ont hésité devant l’attitude à avoir concernant l’Algérie : Intégration ou Colonie et que cela ne recoupe pas les clivages traditionnelles : Du royaume arabe de Napoléon III avec son rapprochement avec Abd El Kader à l’attitude purement colonialiste de La IIIe République, de l’amalgame de l’armée Rhin et Danube de De Lattre aux massacres de Sétif et Guelma sous un gouvernement « progressiste »…..
Faisons donc de l’histoire de et avec l’Algérie t ni de l’angélisme ou de la « repentance », mais une approche raisonnée et scientifique.
C’est ainsi qu’on aura un vrai dialogue et qu’on formera les jeunes d’où qu’ils viennent à ce qu’est la France et son passé en leur donnant les éléments pour que nuls ne les formatent.
Ainsi expliquons qu’il y a trois langues « historiques » en Algérie : la plus ancienne , le berbère parlé par toute une série de familles en France qui le revendiquent fièrement ainsi que la culture qui y est lié, l’arabe qui est aujourd’hui langue administrative et le français ,langue de création culturelle pour nombre d’écrivains, d’artistes d’hier et d’aujourd’hui nés sur le sol algérien.
Plus largement, est-il possible de mesurer le "degré" d'intégration des enfants "d'origine maghrébine" ?
Ce qu’on sait concernant les jeunes « d’origine maghrébine » et cela concerne aussi ceux d’origine algérienne , c’est que leur caractéristique, c’est un échec scolaire massif chez les garçons.
J’ai développé cette idée dans un article de la revue « Hommes et Migrations « de décembre 2011 : « L’intégration par l’école respecte-t-elle la parité ? ».
J’y publiai le tableau suivant :

Cet article vient d’être conforté par une étude de l’OCDE parue le 3 décembre 2012 qui pose les mêmes conclusions . je vous cite quelques extraits de sa présentation par le « Café pédagogique » du 4 décembre 2012:
« Mieux vaut s'appeler Aïcha qu'Ahmed... On le sait grâce à Pisa : en France les résultats scolaires des jeunes issus de l'immigration sont nettement plus faibles que ceux des jeunes autochtones. Une nouvelle étude de l'OCDE, publiée le 3 décembre, sur l'intégration des immigrés dans les pays membres de l'Organisation, souligne l'importance du genre dans l'échec scolaire des jeunes garçons issus de l'immigration en France….. L'écart entre les genres est presque le double pour les immigrés que celui que l'on observe dans la société française. Alors que les garçons immigrés réussissent nettement moins bien que les garçons autochtones, les filles issues de l'immigration ont des résultats scolaires assez proches des autochtones »
On a là une réalité qui interroge la façon dont l'Ecole traite les genres et pas seulement la ghettoïsation sociale de nos banlieues. Cet échec scolaire massif des garçons n’est pas sans relation avec le développement de violences sexistes et du radicalisme religieux….
Cette situation d’échec scolaire massif masculin peut en effet entraîner une crise d’identité pour certains garçons et en amener d’autres à manifester de manière outrancière leur masculinité par la force, la violence, l’injure systématique, voire à développer des idéologies radicales rabaissant le rôle de la femme.
source : Atlantico
Les Algériens s'intégrent-ils moins bien en France que les autres Maghrébins ?
Alors que François Hollande effectue sa première visite en Algérie, un sondage Ifop/Atlantico publié mardi révèle que ce pays souffre d'une mauvaise image auprès des Français. Seuls 26% d'entre eux ont une bonne image de l'Algérie. Existe-t-il un lien entre cette mauvaise image et la façon dont sont intégrés les immigrés algériens ?
Atlantico : D’après un sondage Ifop/Atlantico, seuls 26% des Français ont une bonne image de l’Algérie contre 71% du Maroc et 53% de la Tunisie. Existe-il un lien entre le déficit d’image dont souffre l’Algérie en France et la façon dont sont intégrés les immigrés et les enfants d’immigrés algériens ? Les enfants d'immigrés algériens sont-ils moins bien intégrés que les enfants de Marocain ou de Tunisien ?
(Voir le sondage Atlantico-Ifop : Seuls 26% des Français ont une bonne image de l'Algérie contre 71% du Maroc et 53% de la Tunisie )
Jean-Louis Auduc : Concernant l'intégration des enfants et petits enfants d'algériens, l'absence de toutes statistiques ethniques rend difficile l'étude de données chiffrées pertinentes. Mais ce que peut m'apprendre mon travail en seine Saint Denis depuis plus de trente ans, c'est qu'à l'inverse des jeunes tunisiens et marocains qui ont une idée claire de leur pays, l'immigration algérienne est marquée par ses divisions politiques, historiques ou ethniques :
- Enfants de harkis et enfants de combattants pour l'indépendance;
- Enfants de soutien du FLN ou enfants de soutien au MNA de Messali Hadj;
- Enfants de berbères ou d'arabisants.
Cet éclatement de l'immigration algérienne qu'on retrouve aussi dans le milieu associatif est d'ailleurs un atout pour tous ceux qui voudrait résumer l'identité d'origine à la religion et en faire ainsi un obstacle à l'intégration. Pour savoir où on va et sur quelles valeurs, il faut savoir clairement d'où on vient et l'occultation de l'Histoire ( la plus ancienne comme la plus contemporaine) dans l'Algérie d'aujourd'hui comme la non résolution du problème berbère ne contribue pas à cette clarification par rapport à ceux qui y ont leurs racines.
Est-ce lié à l’histoire commune entre la France et l’Algérie ? Une meilleure reconnaissance des conséquences de la colonisation pourrait-elle aider à faire progresser l’intégration des immigrés ou des enfants d’immigrés algériens ? A l’inverse, l'attitude de repentance entretenue par certains politique et certaines associations ne freine-t-elle pas l’identification des enfants d’immigrés à la France et à son histoire?
Comme disait Fernand BRAUDEL « Trop de mémoires tuent l’Histoire », il est aujourd’hui plus que jamais nécessaire d’enseigner une histoire de l’Algérie qui mettent en avant les ombres et les lumières de son passé.
L’Algérie n’a ni débuté en 1830, ni en 1962. Ce territoire a été romanisé ( Timgad et Saint Augustin en sont les témoins ), peuplé d’une population autochtone berbère avec sa langue et son alphabet.
Il a été peuplé par des populations arabes au IXe siècle et a un rôle au XVe et XVIe siècles dont témoignent les expéditions de Charles Quint sur ses côtes. Puis dépendant et autonome de l’empire ottoman, bien lointain, il a été colonisé au XIXe siècle après une guerre sanglante.
Il est utile de montrer que durant toute la période de la colonisation algérienne, les divers gouvernements français ont hésité devant l’attitude à avoir concernant l’Algérie : Intégration ou Colonie et que cela ne recoupe pas les clivages traditionnelles : Du royaume arabe de Napoléon III avec son rapprochement avec Abd El Kader à l’attitude purement colonialiste de La IIIe République, de l’amalgame de l’armée Rhin et Danube de De Lattre aux massacres de Sétif et Guelma sous un gouvernement « progressiste »…..
Faisons donc de l’histoire de et avec l’Algérie t ni de l’angélisme ou de la « repentance », mais une approche raisonnée et scientifique.
C’est ainsi qu’on aura un vrai dialogue et qu’on formera les jeunes d’où qu’ils viennent à ce qu’est la France et son passé en leur donnant les éléments pour que nuls ne les formatent.
Ainsi expliquons qu’il y a trois langues « historiques » en Algérie : la plus ancienne , le berbère parlé par toute une série de familles en France qui le revendiquent fièrement ainsi que la culture qui y est lié, l’arabe qui est aujourd’hui langue administrative et le français ,langue de création culturelle pour nombre d’écrivains, d’artistes d’hier et d’aujourd’hui nés sur le sol algérien.
Plus largement, est-il possible de mesurer le "degré" d'intégration des enfants "d'origine maghrébine" ?
Ce qu’on sait concernant les jeunes « d’origine maghrébine » et cela concerne aussi ceux d’origine algérienne , c’est que leur caractéristique, c’est un échec scolaire massif chez les garçons.
J’ai développé cette idée dans un article de la revue « Hommes et Migrations « de décembre 2011 : « L’intégration par l’école respecte-t-elle la parité ? ».
J’y publiai le tableau suivant :

Cet article vient d’être conforté par une étude de l’OCDE parue le 3 décembre 2012 qui pose les mêmes conclusions . je vous cite quelques extraits de sa présentation par le « Café pédagogique » du 4 décembre 2012:
« Mieux vaut s'appeler Aïcha qu'Ahmed... On le sait grâce à Pisa : en France les résultats scolaires des jeunes issus de l'immigration sont nettement plus faibles que ceux des jeunes autochtones. Une nouvelle étude de l'OCDE, publiée le 3 décembre, sur l'intégration des immigrés dans les pays membres de l'Organisation, souligne l'importance du genre dans l'échec scolaire des jeunes garçons issus de l'immigration en France….. L'écart entre les genres est presque le double pour les immigrés que celui que l'on observe dans la société française. Alors que les garçons immigrés réussissent nettement moins bien que les garçons autochtones, les filles issues de l'immigration ont des résultats scolaires assez proches des autochtones »
On a là une réalité qui interroge la façon dont l'Ecole traite les genres et pas seulement la ghettoïsation sociale de nos banlieues. Cet échec scolaire massif des garçons n’est pas sans relation avec le développement de violences sexistes et du radicalisme religieux….
Cette situation d’échec scolaire massif masculin peut en effet entraîner une crise d’identité pour certains garçons et en amener d’autres à manifester de manière outrancière leur masculinité par la force, la violence, l’injure systématique, voire à développer des idéologies radicales rabaissant le rôle de la femme.
source : Atlantico
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