Lettre à mon fils
Tu viens d’avoir 17 ans et le monde dans lequel tu te prépares à entrer n’est pas des plus accueillants. Je pense qu’il est plutôt angoissant. Dois-je me sentir coupable de l’avoir ainsi laissé à la merci de gens avides d’argent et de pouvoir ? Peut-être. Mais je n’ai pas renoncé à sauver ce qui peut encore l’être. En tout cas, il faut se dépêcher. Sinon, l’humanité, et sans doute la terre entière, ne seront bientôt qu’un souvenir du néant. [.....]
Lorsque j’étais enfant, j’habitais une rue où tout le monde se connaissait, où de véritables liens existaient, amicaux, solidaires. De nombreux lieux permettaient aux gens de se retrouver, d’être ensemble. Ce qu’une famille vivait, elle le partageait avec toute la rue. Aujourd’hui, rares sont les quartiers où « vivre ensemble » ait encore un sens. [.....]
Si j’éprouve le besoin de besoin de t’écrire aujourd’hui, c’est que je suis du côté de ton mal-être, de ton incompréhension. Le monde dans lequel nous vivons est insensé. Et nous y cherchons désespérément une miette de sens. [.....]
Quelle honte vis-à-vis de gens qui ont travaillé souvent toute leur vie et qui deviennent des fardeaux pour une société pour laquelle ils ne sont plus rentables. « Qu’allez-vous faire de moi ? ». Que peut espérer une société qui fait si peu de place à son histoire, à sa mémoire ? Reculer les limites de la mort, oui, mais pourquoi ? Prendre le temps de réfléchir à la condition humaine…cela devient urgent. [.....]
Silence de la ville…les lieux d’échange disparaissent peu à peu, les lieux de consommation se multiplient. Sommes-nous destinés à devenir les consommateurs soumis et décérébrés des pires œuvres de science-fiction ? Mais, tu sais, toi qui viens d’avoir 17 ans, que le monde sera aussi ce que nous en ferons. Tu n’as jamais été soumis à une autorité que tu ne trouvais pas légitime (cela m’a parfois compliqué la vie !). Tu as gardé de ton enfance le refus de l’injustice, de la souffrance que l’on regarde droit dans les yeux parce qu’on se dit qu’on peut faire quelque chose. Je suis toujours là, à croire qu’on peut encore et toujours se battre pour faire reculer la barbarie moderne. Et je sais que tu es là, rebelle et généreux, à tenter de comprendre, du haut de tes 17 ans, par quel bout prendre ce monde si déroutant. Ton regard d’enfant m’a aidé à grandir. Merci. Bientôt, tu mèneras ta vie d’homme, et j’espère que nos routes se croiseront dans ce combat pour un monde meilleur.
[Toute la lette]
Tu viens d’avoir 17 ans et le monde dans lequel tu te prépares à entrer n’est pas des plus accueillants. Je pense qu’il est plutôt angoissant. Dois-je me sentir coupable de l’avoir ainsi laissé à la merci de gens avides d’argent et de pouvoir ? Peut-être. Mais je n’ai pas renoncé à sauver ce qui peut encore l’être. En tout cas, il faut se dépêcher. Sinon, l’humanité, et sans doute la terre entière, ne seront bientôt qu’un souvenir du néant. [.....]
Lorsque j’étais enfant, j’habitais une rue où tout le monde se connaissait, où de véritables liens existaient, amicaux, solidaires. De nombreux lieux permettaient aux gens de se retrouver, d’être ensemble. Ce qu’une famille vivait, elle le partageait avec toute la rue. Aujourd’hui, rares sont les quartiers où « vivre ensemble » ait encore un sens. [.....]
Si j’éprouve le besoin de besoin de t’écrire aujourd’hui, c’est que je suis du côté de ton mal-être, de ton incompréhension. Le monde dans lequel nous vivons est insensé. Et nous y cherchons désespérément une miette de sens. [.....]
Quelle honte vis-à-vis de gens qui ont travaillé souvent toute leur vie et qui deviennent des fardeaux pour une société pour laquelle ils ne sont plus rentables. « Qu’allez-vous faire de moi ? ». Que peut espérer une société qui fait si peu de place à son histoire, à sa mémoire ? Reculer les limites de la mort, oui, mais pourquoi ? Prendre le temps de réfléchir à la condition humaine…cela devient urgent. [.....]
Silence de la ville…les lieux d’échange disparaissent peu à peu, les lieux de consommation se multiplient. Sommes-nous destinés à devenir les consommateurs soumis et décérébrés des pires œuvres de science-fiction ? Mais, tu sais, toi qui viens d’avoir 17 ans, que le monde sera aussi ce que nous en ferons. Tu n’as jamais été soumis à une autorité que tu ne trouvais pas légitime (cela m’a parfois compliqué la vie !). Tu as gardé de ton enfance le refus de l’injustice, de la souffrance que l’on regarde droit dans les yeux parce qu’on se dit qu’on peut faire quelque chose. Je suis toujours là, à croire qu’on peut encore et toujours se battre pour faire reculer la barbarie moderne. Et je sais que tu es là, rebelle et généreux, à tenter de comprendre, du haut de tes 17 ans, par quel bout prendre ce monde si déroutant. Ton regard d’enfant m’a aidé à grandir. Merci. Bientôt, tu mèneras ta vie d’homme, et j’espère que nos routes se croiseront dans ce combat pour un monde meilleur.
[Toute la lette]
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