« L’ingénieur est un type qui sait ce qu’il peut négliger ».
Pouvoir négliger est, en technique, une nécessité tout aussi impérieuse que savoir calculer. Mais
savoir négliger est un art difficile et subtil qui exige à la fois une connaissance approfondie des
phénomènes ainsi que des techniques, et un jugement sûr pour évaluer le degré d’approximation
nécessaire, encore compatible avec les buts à atteindre. L’ingénieur doit savoir que les modèles
simples sont faux, mais que ceux qui ne le sont pas sont inutilisables. Entre un perfectionnisme
fatal parce que trop coûteux et un empirisme dangereux par son caractère aléatoire, il doit trouver
le juste compromis qui satisfait en même temps les exigences de qualité et les impératifs
économiques. Il y a des choses que l’on peut calculer, il y en a d’autres qu’il faut estimer ou sentir.
L’ingénieur doit être capable des deux démarches et, plus encore, il doit avoir le discernement
nécessaire pour faire la distinction entre les deux.
La réalité est toujours plus complexe que la théorie qui tente de la décrire. En effet, pour
appréhender cette réalité, on est bien obligé de la simplifier et de la schématiser. Elle s’en venge
quelquefois avec malice et violence, rappelant l’ingénieur imprudent à sa condition d’homme …
Mais souvent aussi, elle se prête à ce jeu et accepte de donner à l’ingénieur la joie d’avoir participé
à une création.
Prof. E. Juillard, 1886-1982
Pouvoir négliger est, en technique, une nécessité tout aussi impérieuse que savoir calculer. Mais
savoir négliger est un art difficile et subtil qui exige à la fois une connaissance approfondie des
phénomènes ainsi que des techniques, et un jugement sûr pour évaluer le degré d’approximation
nécessaire, encore compatible avec les buts à atteindre. L’ingénieur doit savoir que les modèles
simples sont faux, mais que ceux qui ne le sont pas sont inutilisables. Entre un perfectionnisme
fatal parce que trop coûteux et un empirisme dangereux par son caractère aléatoire, il doit trouver
le juste compromis qui satisfait en même temps les exigences de qualité et les impératifs
économiques. Il y a des choses que l’on peut calculer, il y en a d’autres qu’il faut estimer ou sentir.
L’ingénieur doit être capable des deux démarches et, plus encore, il doit avoir le discernement
nécessaire pour faire la distinction entre les deux.
La réalité est toujours plus complexe que la théorie qui tente de la décrire. En effet, pour
appréhender cette réalité, on est bien obligé de la simplifier et de la schématiser. Elle s’en venge
quelquefois avec malice et violence, rappelant l’ingénieur imprudent à sa condition d’homme …
Mais souvent aussi, elle se prête à ce jeu et accepte de donner à l’ingénieur la joie d’avoir participé
à une création.
Prof. E. Juillard, 1886-1982
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