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L'immeuble confiné - العمارة المحجورة : feuilleton ramadanesque de FA

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  • Nessy,
    Waaahou! Les rebondissements ! 😁😁
    Mortel!
    J'adore !
    Quelle plume mon amie!

    Vais vous préparer une fin sympa aussi! Hhhh

    Benam,
    Je l'ai imaginé à travers tes textes. Cela prouve, même si tu le dis pas, que tu arrives à transmettre implicitement le msg à tes lecteurs.
    Pour le prof..oui, on a tous eu un comme ça.
    J'en garde un mauvais souvenir lol.

    A bientôt!

    Je lirai les autres et concoterai une histoire pour le we.

    Merci à tous!
    Passi passi werrana dipassi!

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    • Merci ma Frozy
      😘
      Et ceux qui me lisent
      🦋💐

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      • hahahahaha! nessy excellent !

        le mariage alors ? la suite

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        • Samar
          T'as vu?
          Samir=ufologue
          🐒

          Le mariage
          Zohra va raconter

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          • Histoire de l'Immeuble 2
            La régularisation


            Le chat a continué:

            Quelques semaines après la grande fête dont je t’ai parlé, les représentants de la nouvelle race ont commencé à venir pour occuper les logements déclarés biens vacants. Les premiers à venir successivement, à un ou deux jours d’intervalle, c’étaient quatre humains mâles. Contrairement à son habitude et en dépit de sa langue de vipère, la concierge d’alors les a reçus avec un excès d’obséquiosité, répétant à tout va des: «Frère ! Avec moi, le vent ne te touchera pas», «Si tu as besoin de quoi que ce soit, je suis à ta disposition à toute heure, de jour comme de nuit, mon frère», etc. Un de nos éminents penseurs a émis l’hypothèse qu’elle a reconnu en eux, en consultant les signes cabalistiques qui ornaient leurs épaules, des hommes dotés de superpouvoirs bien plus puissants que ceux des héros des mangas. Il a ajouté qu’elle avait peur qu’ils reconnaissent en elle une ex-indigène mutante.

            La concierge leur a fait visiter les meilleurs appartements. Chacun d’eux en a choisi un, en a immédiatement changé les serrures et quelques jours après, après s’être fait délivrer un papier par une certaine qiyadha (commandement ou chefferie), y a installé sa famille. Deux d’entre eux ont même pris un autre appartement, chacun pour des proches. Après cela, en l’espace de quelques semaines, tous les appartements ont été occupés par des familles qui ont exhibé un document délivré par ladite qiyadha.

            A l’automne suivant, pour montrer que ce sont d’authentiques Algériens, les nouveaux résidents ont tous étalé à leurs fenêtres le fameux symbole de ‘‘one, two, three’’.

            La vieille concierge ne cessait de maugréer sous son nez et à manifester de diverses manières sa mauvaise humeur de voir les pieds noirs qu’elle respectait et chérissait même, être remplacés par ceux qu’elle appelait secrètement les gueux. C’est qu’en l’espace de quelques années, les escaliers de l’immeuble où l’on ne croisait que rarement un enfant ou deux, se sont retrouvés envahis par des bandes de gosses braillards, farceurs et qui ne craignaient pas de nous tirer, nous les chats, par la queue comme si nous étions le diable. Elle avait aussi bien d’autres raisons de pester contre ces nouveaux occupants pour leurs comportements.

            Un de nos penseurs marginaux qui passait tout son temps à méditer sur les mouvements des roues de l’univers et à chercher les grains de sable qui risqueraient de les faire dérailler a dit: «Les comportements de ces gens-là sont tout à fait compréhensibles. Ils ont été déracinés et très mal transplantés une multitude de fois. Ils sont inconsciemment tout le temps dans l’attente d’un nouveau déracinement, d’un nouveau déménagement. Ils ne sont pas venus vivre ici, construire une vie pour eux-mêmes et leurs enfants, avec et après eux, mais seulement y habiter le temps d’un transit vers un ailleurs qu’ils imaginent comme doux, bienveillant et confortable. Leur souci de se préparer à partir vers d’autres habitats, terres et cieux, ne laisse que très peu de place à celui de vivre mieux ici-même en aidant les autres à vivre mieux ou du moins sans leur compliquer la vie.»

            Ce chat était et est toujours raillé pour ses divagations. Un jour il est même allé jusqu'à affirmer: «Pour les Algériens, leur brusque apparition dans ce monde, ce qu’ils appellent eux l’indépendance, a été pour eux un terrible choc, un immense cataclysme qui a tout bouleversé chez eux: vie sociale, langue, religion, habitat, relation aux biens et à la chose publics, tout, tout a changé pour eux, avec des répliques à répétition presque aussi puissantes que le premier séisme. Laissons le temps faire sur eux son œuvre d’adaptation.»

            Alors là, ça a été le comble. L’un de nos vieux lui a crié dessus: «Dis, toi le philosophe qui est pris de fièvre le samedi soir et même les autres soirs, est-ce que tes délires peuvent nous révéler comment faire sauter le couvercle d’une poubelle d’où s’exhalent des odeurs appétissantes ?» Tous ceux qui étaient présents ont émis un miaulement de ricanement et ont laissé le chat-philosophe à ses réflexions sans queue ni moustaches.

            Tu vois que nous autres chats, nous avons aussi nos penseurs qui passent leurs temps à divaguer, nos complotistes qui rejettent l’idée d’apparition spontanée des Algériens… Heureusement que leur nombre se compte sur les griffes d’une patte…

            Aujourd’hui, presque tous ceux qui ont été les premiers à venir habiter ici sont partis. Certains sont décédés, la plupart ont vendu les appartements qu’ils ont eus gratuitement et se sont construits des villas dans cette ville ou d'autres. Seulement, voilà. Le fameux document de la qiyadha grâce à quoi ils ont obtenu le droit de s’installer dans les logements biens vacants ne leur permettait pas de troquer ces logements contre espèces sonnantes et trébuchantes. Alors, la qiyadha qui a grand cœur et cherche assidûment à gagner du soutien à peu de frais, leur a soufflé un nouveau sésame: «Régularisation». Ce qui, selon nos sages, a donné lieu à une situation cocasse et très mystérieuse.

            Je t’explique. Les chats qui aiment écouter la radio et regarder la télé nous ont révélé que la qiyadha ne cessait pas de lancer à qui veut l’entendre: «A bas la C.I.A !» et a même arrêté des gens parce qu’ils auraient été des agents de cette obscure C.I.A. Et comment, s’il te plait, s’appelait l’organisme à qui s’adresser pour la tant désirée «Régularisation»? Dis toujours. OPGI(*)… Pas du tout. Il s’appelait C.I.A(**). Haha ! Qu’est-ce qui se passait donc? La qiyadha voulait-elle mettre tous les résidents en prison pour collusion avérée avec la C.I.A et rendre à nouveau aux logements leur statut des biens vacants vides?

            —————————————————————


            (*) Office de Promotion et de Gestion Immobilière
            (**) Compagnie Immobilière Algérienne.
            Dernière modification par benam, 16 mai 2020, 12h39.
            "Je suis un homme et rien de ce qui est humain, je crois, ne m'est étranger", Terence

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            • oui j'ai vu ufologue mais un peu perché le gars ( mytho tu as dis je crois) arff

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              • Samar
                Bah non
                Samir est pas mytho
                C'est Bachir

                T'as lu en diago

                Commentaire


                • oupss désolé .j'ai relu (en effet c bachir)

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                  • Suite:

                    Le plus intéressant des hommes qui l'avaient approchée, n'avait pas le plumage qui correspondait à son ramage.
                    Elle avait peure de s’engager avec lui prématurement car elle n’avait pas encore perdu l’espoir de renouer avec son camarade de promo, tres beau certes mais pretentieux, incertain et aux mains baladeuses.
                    Elle avait aussi peur de voir Akli partir par desepoir vers d’autres horizons plus cléments.

                    Ils se rencontraient dans les mêmes endroits discrets d’Alger, de preference à Mussonier et ses ruelles etroites où elle déambulait insouciante, souriante, épanouie, ravie et ruisselante comme Barbara de Prevert, loin des brouhaha de son immeuble confiné.
                    L’hopital Mustapha n’est pas loin, on y vient à pieds et ses bancs publics sous des arbres millenaires leur offraient des moments d’intimité inespérés dans un Alger barricadé, muselé, aguerri dans la chasse aux couples douteux et „illégitimes“.
                    Il y avait aussi et surtout le centre culturel francais avec sa bibliothèque, sa salle d’exposition et son cinéma où il leur arrivait de trouver des moments de repis et de convivialité.
                    Il n'était pas un danger pour sa réputation de fille sérieuse et elle pouvait compter sur lui pour agrémenter quelques après-midi et découvrir avec lui, en toute sécurité, des intants magiques et des joies licites et inavouées…

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                    • Aigle noir bravo, Bonjour a toi, c'est très prenant comme d'habitude avec ton style bonne continuation

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                      • Merci Soumsoumy, je suis flaté et ravi.

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                        • Histoire de l’immeuble 3

                          Les chats miaulent

                          C’est toujours le chat qui parle

                          Donc régularisation il y a eu et les appartements ont commencé une nouvelle fois à changer d’occupants. Cela s’est passé, d’après mes calculs, quelques années avant que tu ne viennes remplacer la vieille concierge décédée.

                          A la même période, le quartier est entré en effervescence. De jeunes humains ont couru un peu par ici mais surtout bien plus bas dans la ville où ils ont été bloqués par de gros engins aux nez longs. Quelques mois plus tard, ce sont des humains mâles barbus habillés de robes qui ont occupé la rue, ils marchaient en rangs en gesticulant et en criant fort. Mon aïeul qui a rapporté ça a dit que les poils des chats étaient continuellement hérissés parce que l’air était chargé d’électricité. Puis, ces mâles sont devenus plus rares et plus discrets dans le coin. C’était peu d’années après ton arrivée ici.

                          Nous autres chats, nous nous sommes toujours tenus à l’écart des affaires des humains. Des échos sur des tueries entre humains nous parvenaient avec un mot qui revenait souvent : terrorisme. Nos aïeux n’y prêtaient pas attention… jusqu’à ce jour de triste mémoire.

                          Par un après-midi d’hiver, sur le boulevard en contrebas de la grand-rue, pas loin d’ici, des malfaiteurs ont fait sauter un véhicule plein d’explosifs. Ceux qui parmi nous ont suivi les informations à la télé nous ont appris que cela a été perpétré par des criminels qu’on appelle terroristes. L’explosion a tué vingt-deux chats et en a blessé trente-cinq. Parmi les blessés, il y a eu une trentaine d’estropiés, devenus incapables d’aller chercher leur pitance. La mort dans l’âme, les chats indemnes les voyaient atrocement souffrir et glisser horriblement et longuement vers le trépas. A chaque fois que l’un des nôtres raconte ces faits, les chats présents lancent à l’unisson un puissant miaulement, si fort, si lugubre qu'il interrompt, chez les habitants de l’immeuble, cauchemars et rêves, douleurs et plaisirs nocturnes, et leur nuit, noir ou blanche, se couvre du bleu de la frayeur et des tremblements de l’inquiétude. On nous a raconté que notre miaulement ressemble parfois aux cris de douleur de vos bébés face à quoi vous êtes complètement démunis et dans le désarroi.

                          Le chat s’arrête de parler.

                          Il ne peut réprimer un fort miaulement de douleur du souvenir d’événements survenus avant sa naissance.

                          Surprise, la concierge sursaute et se retrouve debout, haletante, le cœur qui bat si fort à vouloir sauter hors de sa poitrine et tout le corps qui tremble. Difficilement, elle arrive à actionner l’interrupteur pour éclairer la chambre. Prise de vertige, elle retourne au fauteuil et se laisse choir dedans. Elle se tourne vers son chat :
                          «Que t’arrive-t-il, Abdou ? C’est bien toi qui me parlait ?»

                          Elle lui gratte la tête et met sa main sur son dos pour le caresser et se calmer elle-même. Les poils hérissés, il hoquetait comme s’il sanglotait et elle perçoit dans ses yeux une immense tristesse. Elle le fixe et lui dit:
                          «Je comprends maintenant pourquoi tu t’en prends aux mollets que tu croises. Mon cher Abdou, tous les humains ne sont pas des terroristes sur qui tu peux ressentir le besoin de te venger. Nous sommes pour la plupart capables de bonté, de compassion, de solidarité et de respect des autres. Notre espèce aurait-elle pu perdurer si nous ne faisions pas preuve de sacrifices les uns pour les autres et pour nos communautés ? Généralement, c’est une mauvaise appréciation de ce qui est bon pour nous-mêmes et pour les autres qui nous pousse à commettre des méchancetés et même des horreurs.»

                          Elle se tait et en caressant le dos du chat elle s’aperçoit qu’il commence à se détendre. Toujours les yeux dans ses yeux, elle continue :
                          «Pourquoi as-tu ouvert la boîte à souvenirs ?... Je voulais la laisser cadenassée à tout jamais.»

                          Long silence, puis :
                          «Te rappelles-tu du jour où je t’ai recueilli ? Tu geignais de famine et de froid. Je t’ai nettoyé, séché mis au chaud et donné à manger, en même temps je te chantais une belle chanson de Mohamed Abdelwahab. T’en souviens-tu :
                          Voyageur qui a pour provisions l’imagination,
                          La magie, les belles senteurs et les ombres.
                          Assoiffé, il tient dans ses mains la coupe,
                          L’amour, l’art et la beauté.

                          Sur ses terres, les nuits ont blanchi
                          Et les montagnes ont gaspillé leurs vies.
                          Il cherche toujours les demeures
                          Et interroge la nuit et le jour.
                          De son amour les gens sont ivres,
                          Errant sur ses vastes rivages.

                          Ah, qu’il est terrible ton secret
                          Et étranges sont tes vagues vagabondes,
                          Ô Nil, mystérieux ensorceleur.

                          Toi qui offres au temps son éternité,
                          Toi qui prodigues amour et chants,
                          Sers-moi et sers-moi encore et laisse-moi me perdre
                          Comme un oiseau dans un jardin.
                          Je souhaite être une vague pour conter
                          A tes nuits ce qui m’attriste
                          Et serais proche des vents
                          Et verserais de la lumière aux désemparés.
                          Et si l’amour me brûle puis s’envole
                          Les vents nocturnes seraient mon remède.

                          Ah, qu’il est terrible ton secret
                          Et étranges sont tes vagues vagabondes
                          Ô Nil, mystérieux ensorceleur.
                          (*)
                          Cela t’a apaisé. Je t’ai donc baptisé Abdou en hommage à Mohamed Abdelwahab, et tu semblais aimer ce nom. Alors propre et repu, tu t’es laissé t’assoupir sur mes genoux. Je t’ai dorloté et choyé comme l’enfant que je n’ai pas eu, fait des scènes, engueulé et chéri comme le mari dont je n’ai jamais voulu, et parlé, ouvert mon cœur et révélé mes secrets comme à la sœur qui est partie.»

                          Le chat, calmé ferme les yeux et sombre dans le sommeil ou peut-être dans une méditation d’une profondeur inaccessible aux plus illustres penseurs humains.

                          La concierge se laisse aller dans le fauteuil et contemple rêveusement le mur d'en face. Les courbes, les forme, les craquelures et autres marques qu'il porte représentent des jalons de son existence ces derniers temps dans cet appartement, dans cet immeuble, dans cette vie. Elle peut les déchiffrer comme lire dans un livre. Si un jour on lui demandait son CV pour quoi que ce soit, alors pour les dix ou quinze dernières années, elle joindrait une photo de ce mur.
                          ________________________________________

                          (*) Traduction libre d'une partie de Annahr Al-Khalid (le fleuve éternel), une chanson de Mohamed Abdelwahab
                          ________________________________________
                          Dernière modification par benam, 17 mai 2020, 01h19.
                          "Je suis un homme et rien de ce qui est humain, je crois, ne m'est étranger", Terence

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                          • Benam
                            Aigle Noir

                            Que dire ?
                            Merci

                            Commentaire


                            • Benam, pas tout lu
                              Soumsoumy, un poète déguisé
                              Aiglenoir , pas suivi
                              Nessie :

                              🙈__🙉___🙊

                              🐒

                              Commentaire


                              • AigleNoir , Soumsoumy & Nessy ..merci pour vos beaux récits



                                Ah ,Nous voilà un peu plus informés sur Abdelwahab le chat de la concierge... il nous relate bcp de faits avec un style fluide .Merci encore benam
                                « Celui qui ne sait pas hurler , Jamais ne trouvera sa bande " CPE

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