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L'immeuble confiné - العمارة المحجورة : feuilleton ramadanesque de FA
tu es sublime Aigle noir, j adore quand tu viens tournoyer ici et déployer tes ailes tu écris ce que bon nombre d entre nous vivent ou aimerait vivre
Hi Illu, heureux de te croiser de nouveau, j'ai toujours été heureux de te croiser et de te lire aussi.
Tout ca à commencé au café maure, ses mouches, ses enturbanés et surtout cette satanée canicule ....
frozen rose la fin est bien triste mais c est superbement bien ecrit
tu a l art de decrire et je on vit le moment avec toi
tu as su inspirer plusieur personnage sur ce topic y compris la chat abdou
grand bravo a toi il ne faut surtout pas t arreter. j ai fait lire tes ecrits a mon mari qui est prof de litterature il dit que tu dois etre du metier ? et c est tres creatif.
il faut penser a rassembler vos nouvelles dans un seul recit
aigle noir tu es un poete ne, saches le. ils sont envoutant tes ecrits
nessy aussi une imagination debordante et du talent a en revendre
benam quelle belle idee de parler au nom du chat
je suis eblouie par la qualite de vos ecrits
vous devez les proteger.
Cette ligne sombre et sinueuse qui tombe du plafond pour rejoindre les plinthes, c’est la voie empruntée par l’eau qui s’est infiltrée de chez la voisine du premier. Cet après-midi-là, en voyant l’eau me tomber du ciel, je suis montée chez elle pour lui sonner les cloches et connaitre le pourquoi de la chose. Elle m’a ouvert la porte et j’ai vu que le sol était inondé, les tapis, les matelas et tout ce qui traînait à même le sol était gorgé d’eau. La voisine, en pleurs et pestant contre elle-même, tenait un frottoir et une serpillière à la main. Elle m’a expliqué en hoquetant que la canalisation d’eau a éclaté et, dans sa panique, elle a mis longtemps avant de se rendre compte qu’il fallait fermer le robinet d’arrêt. Toute ma colère est tombée d’un coup et je suis allée chercher balai et serpillière pour évacuer avec elle l’eau par les escaliers. D’autres voisins sont venus nous aider pour monter à la terrasse tapis, matelas et couvertures mouillés pour les étaler au soleil. Je m’en souviens bien, c’était fin août d’il y a neuf ans.
Oui, je m’en souviens très bien parce que le lendemain, exactement le lendemain, dans la matinée, est arrivé celui qu’on appelle Mourad. Il a frappé à ma porte. En ouvrant, je me suis retrouvée face à un homme de belle prestance, proche de la quarantaine, élégamment habillé et au port militaire. Il a légèrement incliné la tête et m’a dit : «Bonjour, Madame !»
Je lui ai coupé la parole : «Zohra !»
Il a repris : «Bonjour, Madame Zohra.»
Je lui ai recoupé la parole : «J’ai dit Zohra, pas de Madame qui tienne. Appelle-moi Zohra tout court !»
Lui : «D’accord, Zohra… J’espère que je peux vous prendre un peu de votre temps…»
Moi : «Te prendre… Pas vous prendre… Tu me tutoies comme je le fais moi.»
Lui : «D’accord. Puisque tu as décidé qu’il te revient de fixer unilatéralement les règles du protocole conversationnel… En principe, cela devait faire l’objet d’un accord préalable entre nous après navettes, échange de correspondances et rencontres d’experts… Mon Dieu, trois concessions successives sans contrepartie palpable, j’espère que cela ne parviendra pas jusqu’au bureau, sinon c’en est fini de ma réputation de négociateur… Madame Zohra... Zohra. Ma famille et moi nous allons occuper le logement du cinquième à gauche de l’escalier en montant.»
Moi : «Ah, oui ! On m’a annoncé votre venue. Vous allez occuper le grand logement de cinq pièces et salon.»
Lui : «Madame Zohra… Zohra. Je vois que tu as la charge de la gestion de l’hygiène des parties communes de l’immeuble, en même temps, tu supervises et contrôles les entrées et sorties des résidents et visiteurs. Tu as même pour prérogative de déclarer un marchand ambulant ou tout maraudeur comme persona non grata comme s’il avait la gale.»
Moi : «Tu viens de donner en gros ma fiche de poste. Ma fonction est concierge.»
Lui : «C’est ce que je disais. Pour accomplir tes tâches de surveillance, d’hygiène et de sécurité, tu dois me faire subir, comme à tous les nouveaux arrivants, un interrogatoire normalisé et détaillé avant de me délivrer un PV d’installation non écrit et en bonne et due forme… N’est-ce pas ? Bon. Allons-y ! Que veux-tu savoir ?»
Moi : «Enfin, un résident coopératif. T’es marié à ce que j’ai compris.»
Lui : «Marié et j’ai deux enfants. Un garçon de dix ans et une fillette de huit ans. N’aie crainte, Zohra, ils ne feront pas dans les escaliers les Vandales, les Banou Hilal, les Zouaves, les Chleuhs ou les Irlandais à la sortie de pub. Leur mère les a inscrits dans des bibliothèques et des clubs scientifiques pour qu’ils ne restent pas à traîner alentour.»
Moi : «Je vois… Elle a certainement peur qu’on leur fasse du mal à ses petits chéris tout délicats !»
Lui : «Non, non. Pas du tout. Ils sortiront jouer avec les autres enfants de l’immeuble et ils peuvent même en inviter quelques uns à la maison. On veut seulement qu’ils ne restent pas trop longtemps à ne rien faire ou scotchés face à la télé ou aux tablettes. Tu sais, l’oisiveté est mère…»
Moi : «Ok. Dis-moi, ta femme, elle travaille ?»
Lui : «Oui. Elle en a même deux de travail.»
Moi : «Comment ? Alors que le chômage coupe la route, ta femme fait du cumul de fonctions. Honte à elle.»
Lui : «Doucement. Attends le signal de la tour de contrôle avant de décoller. Laisse-moi t’expliquer. Elle est prof de français dans un lycée et son deuxième travail c’est d’être patronne du foyer familial. C’est elle qui distribue les tâches à la maison.»
Moi : «Ok, ok, okééé... Famille moderne... C'est noté et enregistré... Mais tu ne m’as toujours pas donné ton nom.»
Lui : «Omission sans gravité, je l’espère. Tu peux m’appeler Mourad, si ce prénom te plait. L’essentiel est qu’il me désigne dorénavant ici sans ambiguïté ni confusion.»
Moi : «Et tu travailles, bien sûr… D’après ta mise, tu dois être un gros homme d’affaires… Non. Tu ne serais pas venu habiter dans un immeuble. Alors, je dirais banquier, notaire, prof à l’université ou diplomate. Barrer les mentions inutiles.»
Lui : «Je barre ‘‘notaire’’.»
Moi : «Il reste donc…»
Il m’a brusquement coupé la parole : «Stop ! Dans ma profession, le secret est sacré. Ou si tu veux, c’est l’étrange secret des sacrées affaires à l’étranger… Zohra, sois sur ce coup l’exception qui confirme la règle chez les concierges. Dis aux autres que je suis banquier, marchand de parapluie, industriel… Je sais que peux compter sur une dame d'honneur comme toi. Promis ? Rassure-moi que je peux te faire confiance. Promis ?»
Sans savoir ni pourquoi, ni comment je lui ai dit : «Sur la tête de mes parents et sur celle de Abdou, promis. Je dirai seulement que tu es fonctionnaire dans un ministère.»
Ce bonhomme, sous son apparence débonnaire, confiant et un peu hors circuit, pouvait, le temps de quelques secondes, déployer une terrible force de persuasion. Je me rends compte aujourd’hui qu’il a usé avec moi de la technique des grands maîtres de judo qui puisent de la puissance à leur prise dans la force des mouvements de leur vis-à-vis. Depuis ce jour, ce Mourad m’est devenu sympathique en même temps je me suis dit que c’est quelqu’un dont il faut sérieusement se méfier quand il s’agit de négocier.
Il m'a salué et il est parti. Le lendemain, des ouvriers sont venus pour des travaux dans son appartement. Deux ou trois semaines après, toute la famille a débarqué pour s'y installer.
Dernière modification par benam, 20 mai 2020, 16h26.
Motif: Ortho
"Je suis un homme et rien de ce qui est humain, je crois, ne m'est étranger", Terence
Akli n’avait pu dormir de la nuit excité à l’idée de rencontrer „sa“ Daphné.
Pour l’occasion, Il avait repassé sa chemise, ciré ses chaussures, rasé sa barbe.
De son village de montagne jusqu‘à Alger, il lui fallait deux escales et un train qui l’avortera comme un spérmatozoide sterile, tôt le matin, à la gare de l’Agha .
Ses rendez-vous avec Daphné avaient toujours lieu l’apres-midi si rien ne venait entre temps les compromettre.
Combien de fois avait-il arpenté ces ruelles sans qu’elle ne vienne à sa rencontre à cause d’une subite migraine, d’un oubli ou d’une flemme inattendue.
Il avait alors honte de l‘attendre avec demesure, il avait honte de son insuffisance, de sa dépendance et de son retour tardif dans son village avec cet air de pigeon blaissé qu’on pouvait lire sur son visage .
Mais rien de cela ne pouvait venir rouiller son songe et troubler son attente de l’heure mytique et aléatoire mais ô combien convoitée!
Il vagabondait tantôt nonchalamment, tantôt impetueusement au milieu de la foule dans les rues et les squares d’Alger la blanche baignée par un soleil radieux.
Sa marche le conduisait sans qu’il le sache sur les pas de Daphné où il voyait son portrait comme un bibelot sur toutes les fassades des immeubles.
Son sourire affiché comme un trophée squatait son rêve et habitait sa pensée.
Viendra-t-elle ?
Dernière modification par AigleNoir, 30 mai 2020, 02h10.
Même lieu, même décor. Une heure et demi plus tard.
Le fils est seul, affalé sur l’un des deux divans. Il est plongé dans des cogitations abyssales. Entre le père qui vient de se réveiller d’une longue sieste. Il se laisse tomber sur l’autre canapé.
Le fils: «Hi, le père. Ça va ? Bien dormi ? Bien réveillé ?»
Le père qui n’a pas encore bien émergé des vapeurs du sommeil: «Hon… Hon…»
Puis il se secoue: «Oui. Oui. Merci.»
Le fils: «Alors, dis ! Tu as fait de beaux rêves !»
Le père: «Pas spécialement, mais pas tout à fait des cauchemars. J’ai rêvé de toi.»
Le fils: «Ah, bon. Raconte. Les enfants sont le sujet de conversation préféré des parents !»
Le père: «Faut dire que tu dois être l’exception qui est tout à fait inutile à la règle…»
Le père, après une courte réflexion: «Bon, d'accord… Je t’ai vu. Tu étais habillé de ta tenue de pêcheur. Tes bras étaient levés, on ne voyait pas tes mains. Tu semblais porter quelque chose de pas très net à bout de bras et tu flottais dans l’air. En un clin d’œil, l’image s’est renversée et l’on voit qu’en fait tu te tiens sur les mains, les pieds en l’air et les bras plongés dans l’eau d’un marécage. Tu rigolais avec un air de m’as-tu vu, de choufouni-choufouni. Soudain, un crocodile a sorti son museau de l’eau et s’est dirigé vers toi avec des intentions inamicales. Je te fais des signes pour t’avertir mais toi, tu continues de rire comme un imbécile… Et… Juste quand le crocodile va te happer, l’image se retourne une nouvelle fois et te voilà les pieds en bas mais flottant dans l'air et le crocodile qui tombe vers le haut… C’est à ce moment-là qu’un moustique est venu me dire de me lever. Avant que je puisse lui taper dessus, il s’est éclipsé pour aller cuver mon sang dans un coin plus tranquille.»
Le fils: «Waou ! Je l’ai échappé belle !»
Léger silence, puis le fils: «Dis-moi ! Je fais appel à ta sagesse de bon père de famille. Quelle est ton interprétation de ce rêve ?»
Le père: «C’est bien simple… Cela signifie que tout chez toi est à l’envers même quand tu n’en laisses rien apparaître. A tel point que c’est ton reflet dans un miroir qui est à l’endroit !»
Le fils se donne de légères tapes sur le front avec le bout des doigts: «Je vois… Je vois… Tu ne veux pas t’allonger sur le divan… Non ? Ok. C’est tout à fait clair… Vois-tu, très estimé père, ton rêve et ton interprétation sont révélateurs de ce qui se trame à ton insu dans ton inconscient. Cela montre que tu souffres, sans en avoir conscience, des effets d’une vocation d’écrivain contrariée…»
Le père: «Pourtant j’écris beaucoup au bureau. Je ne cesse pas de remplir des formulaires, de rédiger PV et comptes-rendus, des projets de notes et de correspondances…»
Le fils: «Il ne s’agit pas de cela.»
Le père: «Tu veux dire que j’aurais dû me faire romancier ?»
Le fils: «Pas du tout… Absolument pas...Je veux dire que tu aurais dû suivre une carrière de taleb, rédacteur de talismans, hrouz et hjoub qui protègent du mauvais œil et réalisent des souhaits.»
Le père: «Merci. Merci beaucoup mon fils de m’avoir révélé cette frustration bien dissimulée dans les tréfonds de mon âme. Tout à coup, me voilà débarrassé d’un énorme poids qui me pesait sur la poitrine. Je me sens très léger, moins complexé et submergé de bonheur.»
Le fils: «Moi aussi je ressens une grande satisfaction professionnelle d’un psy en herbe qui a réalisé du bon travail. Alors, cher paternel et néanmoins client et patient, il faut passer à la caisse. J’ai besoin d’un nouveau pull.»
Le père: «Tu n’as pas demandé cher pour ta déplorable… euh… excellente prestation. J’ai un très beau pull que je mettais quand j’étais au lycée. Il doit bien t’aller. Il est redevenu à la mode. Je te le donne.»
Le fils: «C’est très… généreux de ta part. Tu parles de ce vénérable pull marron qui date de ton ère du secondaire ? Il est si vieux qu’un fossile s’y est incrusté du coté du cœur.»
Le père: «Tout à fait. C’est un fossile d’un os du Tyrannosaure-Rex qui a fondé la toute première et la plus puissante dynastie du monde. Sa capitale se trouvait un peu vers l’ouest par rapport à ici.»
Le fils: «Magnifique. Quand je le mettrai, les gens vont donc s’instruire à la vue de mon pull !»
Le père: «Mieux encore. Les plus prestigieux musées de paléontologie vont t’inviter pour t’exhiber avec ton pull et son fossile de T-Rex.»
Le fils: «Mais ces musées vont me laisser mourir de faim. Ils ne nourrissent pas leurs œuvres.»
Le père: «Pas de soucis. Ces musées restaurent régulièrement les œuvres qu’ils exposent. Tu n’as qu’à exiger que cela soit fait correctement pour toi plusieurs fois par jour… Tu peux même introduire une nouvelle manière de visiter les musées: tu vas déambuler dans le musée et c’est alors l’œuvre qui va aller à la rencontre des visiteurs. Tu peux ainsi récolter des pourboires et acheter avec un pullover neuf.»
Dernière modification par benam, 28 mai 2020, 01h29.
Motif: Edit
"Je suis un homme et rien de ce qui est humain, je crois, ne m'est étranger", Terence
Oh là là, tu me fais trop d’honneur. Cela me flatte et je t’en remercie. En même temps, peut-on comparer une bicoque, même si on lui trouve un air joliment bancal, au château de Versailles sous prétexte que tous les deux ne sont en définitive que des résidences ?
J’ai seulement tenté de soutirer un sourire à ceux qui veulent bien lire ces textes avec beaucoup de bienveillance et un minimum de connivence.
[...]
Bonne journée et merci pour ta gentillesse.
"Je suis un homme et rien de ce qui est humain, je crois, ne m'est étranger", Terence
Bonjour Nessy,
Le mot c'est un comme un petit enfant espiègle qui se cache quand on le cherche. Puis, après nous avoir fait mille misères, il se montre en sautant et en s'écriant: «Coucou! Me voici!... Pourquoi me cherchiez-vous?».
On lui répond: «Je ne sais plus... Ou plutôt si... Mais je t'ai remplacé par un autre, moins bon que toi mais lui, il était là !»
"Je suis un homme et rien de ce qui est humain, je crois, ne m'est étranger", Terence
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