Ce couple est devenu propriétaire sur le littoral de Criel-sur-Mer, en Normandie, il y a moins d’un an. Les biens très proches de la falaise trouvent encore preneurs et au prix.
Par Lou Garçon
Le 14 octobre 2022 à 07h42, modifié le 15 octobre 2022 à 13h49
« C’est la vue qu’on a achetée ! », lâche Laure (le prénom a été changé). Cette jeune mariée de 62 ans et son mari sont propriétaires depuis neuf mois d’une maison à Criel-sur-Mer (Seine-Maritime) « en bord de falaise ».
Un détail qui a son importance. Le couple qui n’a jamais « voyagé et jamais pris l’avion » est allé « au plus près » de son rêve de bord de mer.
Leur maison est située à 25 m de ce qu’elle appelle « le trou », c’est-à-dire à proximité de la falaise victime de l’érosion côtière. Un achat « en toute connaissance de cause », raconte la retraitée, de son salon avec portes-fenêtres ouvrant vers le large. « On est plus tout jeunes, on veut profiter, même si c’est juste trois ans. »
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Malgré un optimisme inébranlable, la réalité de l’érosion s’est imposée à Laure depuis son déménagement. Ses voisins lui ont livré une espérance de vie de trente ans pour sa maison et elle-même voit bien que des « petits morceaux de falaise de 10 cm tombent un peu tout le temps ». Contactées, les agences immobilières du secteur confirment l’intérêt toujours existant pour ces biens à fort risque d’effondrement. « Ce sont souvent des personnes sans enfants, avec un peu d’argent à placer, qui veulent se faire un gros plaisir en sachant que le bien ne tiendra pas plus de 50 ans », livre l’une d’entre elles.
Le couple de Criel-sur-Mer a été informé du risque par les intermédiaires et le notaire, « mais de manière très succincte » : « On ne nous fait pas assez peur avec le recul de la falaise. On nous dit même que, financièrement, c’est intéressant.
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Si Laure ne souhaite pas être reconnue et témoigne donc anonymement, c’est « pour éviter que la mairie refuse un remboursement sur la base d’une connaissance des risques lors de l’achat. L’expropriation, on compte dessus pour transmettre quelque chose à nos enfants », confie-t-elle en toute franchise.
Pour l’heure, la retraitée se passionne pour les goélands nichant à quelques mètres sur la falaise et lance des avertissements de sa fenêtre aux touristes. « Le trou, je ne m’en approche pas, je ne suis pas folle, contrairement à certains randonneurs. » Son vœu le plus cher : finir sa vie ici. Ou du moins tant que ça dure…
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