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Les «cassos», cette population à laquelle les classes populaires refusent de ressembler

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  • Les «cassos», cette population à laquelle les classes populaires refusent de ressembler



    ENQUÊTE - Cette insulte est prise au sérieux par les sociologues et les historiens car elle symbolise la fracture du petit peuple. Pour ceux qui l’emploient, le «cassos» n'est pas une victime du système, il lui porte préjudice. Il est un assisté, une charge.


    ls ne sont plus ensemble. En cette rentrée, la scission entre François Ruffin et LFI est devenue officielle. Le député-journaliste reproche à son éphémère famille politique d'avoir laissé tomber les classes ouvrières au profit de «la jeunesse», «des quartiers». Dans son livre Ma France en entier, pas à moitié paru le 11 septembre, l'élu rapporte les propos de Jean-Luc Mélenchon à propos des habitants d'Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) «presque tous obèses», transpirant «l’alcool dès le matin». Mais la rupture couvait depuis longtemps. Dans Je vous écris du front de la Somme (2022), Ruffin accusait déjà LFI d'avoir négligé le thème du travail, cœur de la gauche depuis «Jaurès» en défendant par exemple le «droit à la paresse».

    Alors qu'un emploi, s’il peut être une souffrance ou un simple gagne-pain est aussi une identité, une place. Dans les milieux populaires, ne pas en avoir fait courir le risque d’être appelé «assisté», «feignasse», et surtout «cassos» (ou cas soc’). L’emploi de ce mot en particulier, cassos, révèle, selon Ruffin, «un écœurement puissant, quotidien», ressenti même par les gens de gauche envers «leurs frères en débine».

    Celui qui «profite des aides sociales»


    Le mot cassos a l'air d'une notion simple, «l'apocope de cas social», nous apprend si on l'ignorait le Wiktionnaire, le dictionnaire libre. Et le cas social, toujours selon le Wiktionnaire, est une «situation grave entrainant des risques d'exclusion sociale et nécessitant une prise en charge par la société». Un document de 1974 relatif au service militaire décrète qu'en sont dispensés les «cas sociaux» : «pupilles de la nation, jeunes gens dont le père, la mère, un frère ou une sœur ont été déclarés morts pour la France etc.» Des cas très émouvants. Et très éloignés des cassos actuels.

    La dimension compassionnelle de la notion a en effet totalement disparu. Dans la bouche des fameux «petits moyens» dont parlent les sociologues - infirmiers, employés, ouvriers, intérimaires -, cassos est une insulte. Depuis les années 90 environ, elle désigne en premier lieu «celui qui “ne bosse pas” et “profite des aides sociales”», explique le sociologue Samuel Legris, auteur d'une étude sur les gilets jaunes des ronds points du Berry. L'usage du mot, dit encore Legris, est lié à la précarisation structurelle de l'emploi qui exacerbe depuis trente ans les clivages internes aux classes populaires.»

    Augmenter son estime de soi

    De façon générale, parler de cassos permet aux «petits moyens» qui aspirent «à vivre comme tout le monde » (1) de se distinguer de ceux situés un degré plus bas sur l'échelle sociale. Dans le film La vie est un long fleuve tranquille (1988), les cassos sont les Groseille - les parents ne travaillent pas, beuglent, les enfants chapardent, manquent la classe - quand les petites classes moyennes sont Momo, l'épicier besogneux qui interdit à son fils de traîner avec la fille Groseille par peur d'une contagion. Sur Facebook, les membres du groupe Passion Cassos (36.000 fidèles), qui se partagent les hauts faits de cette frange sociale via des publications anonymes, sont des charpentiers, des coiffeuses, un percussionniste, une équipière en événementiel, un mécanicien.

    Les objets de leur raillerie ? Beaucoup de mères au foyer. Les surnommées «mamounes» - mot péjoratif moquant les femmes dont l’identité tourne autour de la maternité - fières d'avoir donné des prénoms «inventés» à leurs enfants. Les «fans» les plus pointus de Johnny Halliday, ceux des magasins Action - une chaîne discount - lieux d'expédition «pour la housewife au RSA». Mais aussi les couples très expansifs qui affichent leur amour «même si sa fait des jaloux» ; les mères qui filment leurs enfants en train de danser pour célébrer la tombée de la CAF (c’est très rare mais ça existe) ; les «beaufs» qui ont des autocollants comme «mon chien aboie plus fort que ta mère» etc. Les «débiles», les parents maltraitants les «incultes», les «tordus». Sauf par les électeurs RN, les immigrés ne sont pas tant cités, l’origine n’est pas un facteur clef. C’est une affaire interne. Petits blancs contre moyens blancs.

    Mais pour qui tu te prends toi, t'as vu les prénoms de tes gosses ?
    Une internaute de Neurchi de cassos s’emporte contre Justine

    N'étant pas très loin des cassos sur l'échelle sociale, les membres de Neurchi de Cassos (80.000 fidèles) sont, comme ceux de Passion Cassos, parfois confus sur les critères permettant de les cerner. La semaine dernière un sondage «les tatouages de noms d'enfants, kassos ou pas ?» a été publié. Sur 409 votants, 61% ont répondu «oui totalement», 29% «seulement si les prénoms sont cassos (Kylian, Océane)» et 10% «non pas du tout». Un nommé Albert s'est énervé de voir le prénom Océane décrété «cassos», une certaine Océane s'est légitimement vexée et Mathias a dû intervenir : «Quand on regarde les résultats au bac des Océane - un bon marqueur de milieu social des parents - on y voit qu'ils sont distribués plutôt au centre, contrairement aux Killian et compagnie qui sont en bas, et aux Théodore et Joséphine qui sont en haut. Bref, pas cassos. Prénom classique d'enfants de la classe moyenne».

    Les désaccords peuvent dégénérer en querelles et il y a deux jours, Justine (2), membre de Neurchi de cassos, s'est moquée avec alacrité des prénoms des enfants d'une désignée «cassos». C'est normal, Justine est sur ce groupe dans ce but : rigoler. Mais les internautes sont allés voir son profil. Où la quadragénaire affiche les prénoms et dates de naissance de ses six enfants. «Haha mais pour qui tu te prends toi, l'ont-ils apostrophée, t'as vu les prénoms de tes gosses ?» ; «La meuf est une cassos et elle est sur un groupe qui se moque des cassos, c'est hilarant». Commentaire après commentaire, Justine s'est défendue. Non, les prénoms de ses enfants ne sont pas cassos car ils existent aux États-Unis, elle a juste doublé des consonnes, c'est son droit. Non, elle n'a rien à voir avec les cassos.

    Sur le site communautaire Reddit, une publication s’efforce de synthétiser les critères de la définition via une liste de points. Le cassos serait une «forme modernisée de gueux», «sous assistanat par fainéantise» au comportement incompatible «avec le bon fonctionnement de la société». Existe-t-il des cassos riches ? se demande l’internaute. Oui, réfléchit-il, «les candidats de télé-réalité», «ceux qui s’affichent à Dubaï» etc. Le ton est sérieux parce que le sujet l'est. Comme le dit Ruffin, l'emploi de cette insulte trahit très souvent le sentiment de ne pas voir ses propres efforts reconnus. Alors qu'une population qui n'en fait apparemment aucun se voit octroyer des aides. Le «cassos» n'est pas une victime du système, il lui porte préjudice.

    Les incivilités du quotidien

    Pour Éric, 38 ans, boucher intérimaire dans une petite ville du Sud Est, le cassos est celui dont le comportement doit être «compensé par quelqu’un d’autre : le type qui pose ses poubelles à 50m du bac de tri et va donc obliger quelqu’un à faire l’effort à sa place, celui qui gare sa bagnole n’importe comment et va obliger l’agent municipal à lui faire remarquer. C’est une façon de vivre aux crochets de la société.» Il évoque cette employée «cassos» qui «s’intéressait à la vie de tout le monde sous les mauvais angles, se permettait d’arriver en retard assez régulièrement, parlait de politique aux clients et d’argent alors que dans le commerce, on n’aborde pas ces sujets à la caisse.» Quand il dénonce ces attitudes, Éric ne considère pas faire preuve de mépris social. Il se «moque du pognon» et plaint d’ailleurs les chômeurs car il en connaît «qui ont fait tout ce qu'ils ont pu et ont renoncé faute de trouver un emploi décent». Le rapport au travail n’est pas le nerf de sa guerre. La civilité importe aussi. Dans son village, il y a ce garçon autiste. Il ne travaille pas mais, très bien intégré, salue «tout le monde» pendant ses tours en trottinette. «L’inverse d’un cassos.»

    Malorie, 50 ans, fonctionnaire, membre de Neurchi de Cassos où elle publie des messages agacés contre ceux qui «abusent» du système, est amie avec un couple où et l’homme et la femme «assument leur projet professionnel de profiter des aides sans travailler». Et ça avec sept enfants. Pour autant, Malorie ne les qualifie pas de «cassos». «Ils ne vont jamais au ciné, jamais au restau, ils ont pas d’iPhone, leur PlayStation date de la préhistoire. La prime de rentrée, c’est pas pour acheter une télé, c’est toujours propre chez eux. Ils ne sont pas vulgaires, pas délinquants, ils ne coupent pas la parole...» Ne gênent donc personne.
    وألعن من لم يماشي الزمان ،و يقنع بالعيش عيش الحجر

  • #2

    Là où le chômage frappe durement, où les précaires sont plus nombreux, la «cassosserie» passe par ces détails. Le cassos est celui qui éduque mal ses enfants ou en a trop ou vit au mauvais endroit. Mélanie C., qui habite le Nord, se fait souvent appeler cassos car elle a huit enfants. Ils sont bien habillés, propres «mais on me dit que je les ai eus pour les allocs». Dans le coin du Grand-Est où le sociologue Benoît Coquard s’est rendu pour son enquête Ceux qui restent, faire sa vie dans les campagnes en déclin (La Découverte, 2019), les cassos sont les «cacailles de la place des perdus», «un quartier HLM délabré» où traînent les sans-emploi, sans voiture, poursuivis par leur réputation douteuse.


    Dans les années 60, on disait déjà de son voisin plus pauvre ou moins exemplaire qu'il volait du charbon
    Marion Fontaine, historienne de la gauche
    Durant ses entretiens, le sociologue a observé une «distanciation affichée vis-à-vis de l’assistanat» de la part même de personnes au chômage. «Lorsque j'allais interviewer des mères au foyer, elles me disaient “tu sais ici, y'a rien pour les femmes” (en termes d'emplois) et s’insurgeaient contre un tel ou une telle qui frauderait les aides sociales, ne chercherait pas vraiment de travail. De cette façon, on classe du côté des “gens bien”, “ceux qui bossent” ou ”veulent bosser” contre l'épouvantail de l'assignation au groupe des “cassos”.»

    Cette insulte témoigne notamment de ce que les sociologues appellent «la conscience sociale triangulaire». Soit la désignation par les classes populaires d'un nouvel adversaire : les «assistés». La tripartition : «ceux d'en bas VS nous VS ceux d'en haut» qui a remplacé la division traditionnelle de la lutte des classes «eux VS nous» : les patrons contre le peuple. La conscience sociale triangulaire nourrit en particulier le vote RN car ce parti «apparaît comme le rempart contre la crainte de déchoir au niveau des “cassos”», explique Marion Fontaine, historienne spécialiste des mouvements ouvriers.

    Comment réparer ?

    La fracture du peuple entre les bons et les mauvais élèves n’est pas un phénomène neuf. «Dans les années 60, on disait déjà de son voisin plus pauvre ou moins exemplaire qu'il volait du charbon, battait ses enfants, on lui reprochait déjà son alcoolisme», raconte Marion Fontaine. La nouveauté, à l’origine de l’inquiétude de François Ruffin, c’est que «même le peuple de gauche est moins capable de passer sur ces divisions au nom d'un discours politique commun contre “ceux d'en haut”.» La conscience sociale triangulaire se propage aux électorats historiques des Communistes, des Socialistes. Le sociologue Samuel Legris se souvient ainsi d'une ouvrière à la retraite qui lui expliquait son engagement dans le mouvement des Gilets jaunes en ces termes : «“Quand je travaillais en usine, j'avais un salaire minime, un salaire moyen. Les riches vivaient bien. Les pauvres vivaient à peu près bien avec les aides et tout ça. Et moi, là, j'étais au milieu et je vivotais”.» Éric, le boucher du Sud-Ouest, est plutôt de gauche aussi, tout comme Malorie, la fonctionnaire du Sud-Est.

    Dans Je vous écris du front de la Somme, Ruffin raconte comment il s’efforce de conjurer cette lutte des classes à deux versants. En revalorisant le travail donc, notion aujourd’hui captée par la droite. En épluchant les programmes du RN pour montrer qui sont «les vrais profiteurs du système» (les ultra-riches) et prouver cette «Injustice à majuscule». De tels chantiers combleront-ils le fossé entre les cassos et ceux qui les brocardent ? Sans doute si on estime que l’insulte ne désigne qu’un rapport au travail. Non, si on se souvient qu’elle dénonce aussi les incivilités du quotidien. Les poubelles à 50m du bac de tri, les voitures mal garées, les parents qui hurlent après leurs enfants... Tous ces manquements à la vie sociale. Ces transgressions au sens moral, qui, selon l’écrivain Georges Orwell, est l’un des traits des classes populaires dont l’existence, supposée plus simple car moins soumise à des rapports de domination, porterait en soi des valeurs éthiques : solidarité, franchise, discrétion.

    Par Madeleine Meteyer


    (1) La France des petits moyens (éditions La Découverte, 2010)

    (2) Ce prénom a été modifié
    وألعن من لم يماشي الزمان ،و يقنع بالعيش عيش الحجر

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    • #3
      Arrêtez de faire des copier coller: Raisonnez par vous même. Vous êtes à l'image du bled : Importation mais pas de production. Vos cerveaux sont alimentés par du pétrole.

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      • #4

        Je paye pour que tu puisses lire . Donc pour moi, tu es un cassos .Lis et tais toi .
        وألعن من لم يماشي الزمان ،و يقنع بالعيش عيش الحجر

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        • #5
          Donc pour moi, tu es un cassos .
          Un cassos à seulement 30 %.

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          • #6
            Alors le tatouage du prénom, des mots en anglais et des symboles tribales sont les pires, sans parler du portrait de la mère décédée ou de son enfant. Un parent d'élève avait le portrait de sa grand mère... La ringardise c'est la marque de fabrique des ksos!!! Personnellement je n'ai jamais compris la mode du tatoo, c'est cher et douleur, pour moi ça révèle d'un trouble psychologique, ça reste quand même une forme de scarification quand le tatouage prend une grosse partie du corps.

            Les gens qui le font par impulsion ne se rendent pas compte que c'est à vie. Ça reflète vraiment la culture du nouveau consommateur, tout, tout de suite et on s'en fiche des conséquences ce qui est un marqueur de ksoserie.


            Vivre au dessus de ses moyens aussi, est pour moi un des plus gros marqueurs de bêtise. On les repère tout de suite ceux là... Ceux qui roule en Q5 flambant neuf qui vivent dans un HLM.

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            • #7
              Ceux qui roule en Q5 flambant neuf qui vivent dans un HLM.
              De préférence noir!!!
              Toutes les fleurs de l'avenir sont dans les semences d'aujourd'hui.

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              • #8
                Exactement chouan... C'est du niveau classe bling bling Mastodonte...

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                • #9
                  y a aussi la Méré de famille a la caisse du aldi qui parle fort a ces 3 gamins qui court partout est qui ont 9 mois de différence d'âge et qui donne aux deux dans le kadi un sac de haribo chacun
                  les arabes qui sont tous le temps entrai de faire des dédicaces a leur frère, cousin, neuve qui ce trouve a la maison d'arrêt sur les radio fm local
                  la femme enceinte qui fume mariée au mec qui bois dans un bar PMU avec l'argents des APL....bien sur tatoué
                  tu tombe je tombe car mane e mane
                  après avoir rien fait ...on a souvent le sentiment d'avoir faillie faire ....un sentiment consolateur

                  Commentaire


                  • #10
                    traks

                    les arabes qui sont tous le temps entrai de faire des dédicaces a leur frère, cousin, neuve qui ce trouve a la maison d'arrêt sur les radio fm local
                    C'est pas sur Beur FM ?

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                    • #11
                      C'est pas sur Beur FM ?
                      sans doute aussi ....
                      tu tombe je tombe car mane e mane
                      après avoir rien fait ...on a souvent le sentiment d'avoir faillie faire ....un sentiment consolateur

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                      • #12
                        ceux qui causent et critiquent les "cassos" sont les vrais "cassos"....eux ne veulent pas évoluer ils veulent juste avoir plus malheureux qu'eux a critiquer
                        "tout a été dit , tout reste a penser"
                        Alain

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                        • #13

                          On est forcément un cassos de quelqu'un,notamment dans des sociétés inégalitaires dont le modèle social ( généreux) tend par principe à les réduire. Un vrai paradoxe.
                          وألعن من لم يماشي الزمان ،و يقنع بالعيش عيش الحجر

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                          • #14
                            Y a que la vérité qui blesse...

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                            • #15
                              ceux qui causent et critiquent les "cassos" sont les vrais "cassos"....eux ne veulent pas évoluer ils veulent juste avoir plus malheureux qu'eux a critiquer
                              mais ils sont drôle, on ne peut faire autrement que de ce foutre de leurs gueule sans etre méchant
                              tu tombe je tombe car mane e mane
                              après avoir rien fait ...on a souvent le sentiment d'avoir faillie faire ....un sentiment consolateur

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