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D’Athènes à Copenhague, le fléau du logement cher en Europe

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  • D’Athènes à Copenhague, le fléau du logement cher en Europe

    Décryptage

    « Immobilier, une crise européenne ». Presque toutes les grandes métropoles du Vieux Continent souffrent d’un manque de logements et d’une envolée des loyers, au détriment des jeunes et des classes moyennes.
    Le tableau est partout le même. Dans quasiment toutes les grandes villes européennes, le besoin de logements excède l’offre et ce déséquilibre se traduit par des prix et des loyers trop élevés, des parcours de vie entravés, faute de trouver un toit abordable proche de son université ou de son emploi. A l’exception notable de Vienne, la capitale autrichienne, où près de la moitié des logements sont subventionnés, les métropoles comme les communes touristiques et attractives du Vieux Continent traversent une crise sévère.

    Selon une récente étude d’Eurofound, l’agence de l’Union européenne (UE) chargée de l’amélioration des conditions de vie et de travail, cette crise frappe en particulier les jeunes : l’âge auquel au moins 50 % des personnes établies dans l’UE ont quitté le domicile de leurs parents est passé de 26 à 28 ans entre 2007 et 2019. Entre 2010 et 2019, l’Espagne, la Croatie, l’Italie, Chypre, la Belgique, la Grèce et l’Irlande ont enregistré les plus fortes augmentations du nombre de personnes âgées de 25 à 34 ans vivant avec leurs parents.

    Les locataires du marché locatif privé se trouvent dans une situation particulièrement précaire – « 46 % d’entre eux se sentent menacés de devoir quitter leur logement dans les trois prochains mois parce qu’ils n’en ont plus les moyens », révèle ce même rapport.

    Face aux difficultés de leurs administrés, 15 villes européennes (dont Paris, Lyon, Barcelone, Athènes, Rome ou Amsterdam) se sont récemment regroupées pour créer une « alliance des maires pour le logement » (Mayors for Housing Alliance) et sont venues soumettre à la Commission européenne un plan d’action à 80 milliards d’euros et solliciter des financements afin d’augmenter l’offre de logement social et abordable et de soutenir la rénovation énergétique. Dans ces quinze villes exposées à la crise et à l’essor des meublés de tourisme de type Airbnb, « les loyers ont en moyenne augmenté de 60 % au cours de ces dix dernières années, et les prix des logements ont bondi de 78 % », affirme le maire socialiste de Barcelone, Jaume Collboni.

    Inquiète que ces graves difficultés abîment progressivement la cohésion économique et sociale, la Commission s’est emparé du sujet à l’été 2024. Sa présidente, Ursula von der Leyen, a porté la question du logement au rang de priorité, bien que l’UE n’ait aucune compétence directe dans ce domaine. Pour la première fois, un commissaire européen, le Danois Dan Jorgensen, s’est vu confier le portefeuille du logement, en plus de celui de l’énergie. Le Parlement européen a, lui, créé, en janvier, une commission spéciale sur la crise du logement dans l’Union européenne.

    A Rome, l’offre locative de logements a fondu de près de 80 % en cinq ans


    A Rome, les appartements disponibles à la location de longue durée sont toujours plus rares, toujours plus chers, captés par le marché de l’hébergement touristique voire laissés vacants par leurs propriétaires craignant de signer avec de mauvais payeurs. D’après les données citées par le département de méthodes et de modèles pour l’économie, le territoire et la finance (Memotef) de l’université de Rome La Sapienza, l’offre locative de logements dans la capitale italienne a baissé de près de 80 % de 2019 à 2024. Dans certains quartiers, y compris hors du centre historique, l’offre a chuté de 40 % en 2024 seulement. Dans le même temps, le nombre de couples et de familles cherchant une location durable a augmenté de 25 %. Moins d’offres, plus de demande : mécaniquement, les loyers augmentent, progressant, en 2024, de 11,1 %, selon le portail immobilier en ligne italien Idealista.

    Ces évolutions s’imposent alors que Rome, comme le reste de l’Italie, est engagée sur une pente sans retour plausible de diminution des revenus réels, désormais inférieurs à leur niveau de 2008, avant la crise financière globale. Des logements moins nombreux, plus chers, pour une société toujours plus pauvre. La crise du logement en location est désormais structurelle.

    Des boîtes à clés protégées par un code numérique sont accrochées à l’extérieur d’un immeuble de location saisonnière Airbnb, dans le quartier du Trastevere, dans le centre historique de Rome, le 19 novembre 2024. ANDREAS SOLARO/AFP

    Toutefois, c’est sur la propriété que misent en général les Italiens. « Il faut garder à l’esprit que la propriété prévaut nettement sur la location en Italie et qu’il y a une bien plus grande propension à acheter un logement plutôt qu’à en louer un », rappelle Elena Molignoni, responsable de l’Observatoire immobilier du centre de recherche Nomisma. Cependant, à Rome, la part de la population en location est bien supérieure à la moyenne nationale, 30 % contre 18 %. Pour Mme Molignoni, la capitale souffre de l’absence d’un « marché du milieu » : « D’une part, il y a le marché protégé du logement social et, d’autre part, le marché libre. Il faudrait en plus un marché régulé qui puisse répondre aux besoins de la tranche de population qui ne peut avoir accès ni à l’un ni à l’autre. »

    A Rome, la faiblesse de l’offre n’est pas totalement imputable à un manque physique d’immeubles. En mettant en avant le risque d’impayés et la complexité juridique des expulsions dans le système italien, de nombreux propriétaires préfèrent conserver leurs biens plutôt que les placer sur le marché. Pour Daniela Festa, chercheuse au Memotef de La Sapienza, « les raisons de la progression des impayés sont structurelles, d’abord liées à la baisse des salaires. Les gens n’ont simplement plus les moyens de payer leur loyer ».

    A cette situation déjà critique s’ajoutent les ravages du tourisme de masse qui permet de tirer profit des biens soustraits au marché par ceux qui les détiennent. En 2024, les autorités du Latium ont enregistré 51,4 millions de nuitées à Rome, une hausse de 4,5 % par rapport à 2023, un record historique qui dépassait déjà les niveaux d’avant la pandémie due au Covid-19. La capitale italienne compte près de 41 500 logements destinés aux locations touristiques.

    Pour la seule plateforme Airbnb, le nombre de locations est passé de 1 714, en 2013, à 35 247, en 2024. A la croissance de ce marché correspond la contraction du secteur du logement public. « Il y a une logique de désinvestissement sur le long terme de la part des autorités », dénonce Chiara Cacciotti, anthropologue engagée dans la défense du droit au logement. La chercheuse et militante rappelle notamment le choix des collectivités locales de vendre aux enchères du patrimoine public pour faire entrer des fonds dans les caisses. « La perception des foyers a changé, explique Mme Festa. Ce qui relevait autrefois d’une difficulté d’accès au logement est désormais perçu comme une absence totale d’offre locative. »

    A Athènes, « saturée » de touristes, les boîtes à clés Airbnb fleurissent


    La nouvelle est tombée en mai 2024 pour Eftihia Frantzeskaki. Après quinze ans dans son appartement du quartier d’Exarcheia, à Athènes, et afin de « s’adapter aux nouveaux prix du marché », le fils de son ancienne propriétaire lui demande à présent le double des 300 euros de loyer qu’elle payait jusqu’alors. Comme de nombreux Grecs, cette comédienne de profession jongle entre deux activités professionnelles, le théâtre et la livraison à domicile, pour un revenu mensuel de 800 euros, qui ne lui permet pas de prévoir une telle somme pour son logement. Plus d’un an après l’ultimatum de son bailleur, Mme Frantzeskaki n’a toujours pas trouvé de solution. Sommée de partir par le propriétaire – qui compte à présent louer le bien à plus de 900 euros –, elle envisage de s’éloigner du centre et d’Exarcheia, où les loyers ont explosé depuis sept ans. Nombre de ses amis subissent le même sort.

    Dans les rues de ce quartier alternatif et historiquement anarchiste, connu pour avoir accueilli durant la crise des migrants des milliers de réfugiés dans ses nombreux squats, les boîtes à clés de locations type Airbnb ont fleuri. Depuis plusieurs années maintenant, Athènes connaît une explosion des prix de l’immobilier, liée à l’essor des plateformes de location de courte durée, mais aussi à l’introduction, dès 2013, du programme national de « golden visas », octroyant un permis de résidence aux citoyens non européens en échange d’un investissement immobilier significatif. Ils ont bondi de près de 90 % depuis 2017, selon la Banque de Grèce. Les loyers ont suivi le même rythme d’après Haris Doukas, le maire socialiste d’Athènes.

    Une inflation beaucoup plus rapide que les revenus. La Grèce est devenue, de loin, l’Etat de l’UE où la part du revenu des ménages consacrée au coût du logement est la plus haute, avec 35,2 % du revenu absorbé par ce poste en 2023, contre une moyenne européenne de 19,7 %.



    « A Athènes, des immeubles entiers ont été acquis par des investisseurs étrangers et ont été dans la plupart des cas transformés en locations de courte durée », note Vasilis Gimisis, directeur du cabinet d’études Gimisis + Associates, qui a contribué à une étude inédite sur la capacité d’accueil touristique pour la mairie d’Athènes, parue en décembre 2024. Celle-ci révèle que, dans les quartiers de l’hypercentre de la capitale où se concentre l’afflux touristique, jusqu’à 90 % du parc immobilier sont aujourd’hui des hôtels ou des locations saisonnières. Le loyer mensuel moyen a atteint 1 200 euros – contre 900 euros pour l’ensemble d’Athènes –, soit l’équivalent du salaire moyen brut national. Vingt-sept autres quartiers d’Athènes ont par ailleurs été recensés comme étant saturés.


    Au sommet d’une colline surplombant Athènes, le 15 avril 2025. ARIS MESSINIS/AFP
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  • #2
    « Nous essayerons tant que possible de mettre en place des initiatives locales pour le logement, mais le pouvoir est très centralisé et les mesures essentielles dépendent de l’exécutif et non des municipalités », indique Yannis Georgizas, directeur de l’agence de développement de la mairie d’Athènes. Or, en Grèce, aucune contrainte – si ce n’est fiscale – en nombre maximal de jours en location de courte durée dans l’année n’est imposée. « Une loi existe pour limiter ces locations à quatre-vingt-dix jours par an, mais elle devait être complétée par une décision ministérielle… », relève Dimitra Siatitsa, chercheuse en urbanisme, actuellement chargée d’une étude sur les stratégies de politique de logement pour la ville d’Athènes.

    Le gouvernement conservateur a, certes, pris plusieurs mesures encadrant le secteur depuis trois ans. Et il envisage des allégements fiscaux pour les propriétaires proposant des logements inoccupés à la location. Mais pas question pour la municipalité « de diaboliser les locations Airbnb, qui font aussi vivre de nombreux Grecs et contribuent à l’économie du pays », martèle M. Georgizas. Le tourisme, pilier de l’économie nationale, représente jusqu’à 28 % du produit intérieur brut grec, rappelle Sotiris Varelas, maître de conférences en études touristiques à l’université du Pirée.

    En Espagne, les « expulsions silencieuses », la grande crainte des locataires


    Face aux tribunaux de la place de Castille de Madrid, ce 4 juin, une cinquantaine de personnes se sont réunies à l’appel du Syndicat des locataires. Cette association de droit au logement célèbre ce jour-là une victoire : le début du procès contre le fonds d’investissement Nestar-Azora, propriétaire de 42 édifices dans la capitale espagnole, pour des « clauses abusives » appliquées à ses locataires.

    « Les fonds spéculatifs sont le fer de lance du système rentier qui nous opprime, nous étrangle et nous expulse tous les mois, lance Valérie Racu, la porte-parole de l’association qui demande 8 millions d’euros de dédommagement. Cela fait un mois que nous avons commencé la grève des loyers. Ils avaient dit qu’ils nous chasseraient, ce sont eux qui sont sur le banc des accusés. »

    A Madrid comme à Barcelone, les mobilisations de locataires refusant les augmentations de loyers ou de quitter leur logement promis à devenir un appartement touristique se multiplient, à mesure que la crise de l’habitat s’aggrave. Le nombre de logements offerts à la location a baissé de 56 % en cinq ans en Espagne, et plus précisément de 71 % à Madrid, selon le rapport publié en mars par le premier site immobilier espagnol, Idealista.

    Claudia Tornos, productrice audiovisuelle de 41 ans, a vu comment son immeuble, dans le quartier d’Arguelles, à Madrid, s’est transformé. « Trois familles qui vivaient ici ont été chassées et leurs appartements de 160 mètres carrés divisés en sept, voire huit chambres. Chacune est louée 650 euros à des voyageurs, raconte cette mère de deux enfants, dépitée. Mon quartier était plein de familles, maintenant elles partent en lointaine banlieue et l’école du quartier a dû fermer une classe. »
    ​Sur la devanture d’un bar fermé, un graffiti appelle à rejeter les spéculateurs et plaide en faveur du droit universel et effectif au logement, à Madrid, le 23 juin 2024. OSCAR DEL POZO/AFP

    Le paiement du loyer absorbe à présent en moyenne 41 % des revenus des locataires dans la ville de Madrid, selon l’Institut national de statistiques. « Il y a une très forte augmentation de la population qui s’ajoute au manque de planification urbanistique et, surtout, à la très faible construction de logements sociaux, souligne Gerardo Neistat, analyste de l’Observatoire de la location de la Fondation Alquiler Seguro. La loi sur le logement votée il y a deux ans a fait empirer la situation, les mesures de protection des locataires et d’encadrement des prix faisant peur aux propriétaires. »

    L’objectif du gouvernement de gauche, mené par le socialiste Pedro Sanchez, avait pour but de freiner la hausse des prix qui ont bondi de près de 45 % à Madrid en cinq ans, et de 103 % en dix ans, selon le portail Fotocasa. A Barcelone, les mesures ont permis une baisse de 5 % des loyers, mais aussi une forte contraction de l’offre.

    Même à 40 kilomètres de Madrid, les problèmes de logement persistent. « En mai, notre propriétaire nous a dit qu’il n’allait pas renouveler notre contrat car il veut vendre », raconte Sara Silva, puéricultrice de 45 ans, qui loue depuis sept ans un appartement à Valdemorillo pour 600 euros par mois. « Il n’y a presque pas d’offres et les prix sont devenus fous », ajoute cette mère de deux enfants, qui a finalement pris un crédit sur vingt-neuf ans pour acheter un petit pavillon mitoyen, dans le village de Navalagamella, encore plus loin.

    « Il y a de plus en plus d’expulsions silencieuses et invisibles », résume Ramon Bulto, du Syndicat des locataires. En Espagne, les contrats de location sont signés pour cinq ou sept ans, durant lesquels les seules hausses de loyers autorisées sont celles fixées par l’inflation. Une fois terminé ce délai, le propriétaire peut décider de ne pas renouveler le bail ou de doubler voire de tripler le prix. « Dans les deux cas, ils poussent les locataires à partir, souvent pour en faire des colivings ou des logements touristiques », ajoute M. Bulto. A Madrid, ces derniers sont passés de 11 000, en 2022, à 17 300, en 2025 – seulement 7 % ayant une autorisation municipale.

    Au Royaume-Uni, des locataires vulnérables, menacés par les « no fault evictions »


    Le Royaume-Uni souffre des mêmes maux que bien d’autres pays européens, avec un marché locatif raréfié et hors de prix, surtout à Londres. Le pays se singularise par une relation particulièrement déséquilibrée entre les propriétaires et locataires, qui n’ont pratiquement aucun droit. Le gouvernement travailliste de Keir Starmer a promis, avant d’arriver au pouvoir à l’été 2024, de revoir ces règles qui placent des centaines de milliers de citoyens, de familles et de personnes âgées dans une situation de vulnérabilité extrême. Un projet de loi, le Renters Reform Bill, abolissant les « no fault evictions » (« évictions sans faute ») tarde cependant à être adopté à Westminster.

    Selon les chiffres du site de petites annonces immobilières Zoopla, publiés le 11 juin, les loyers ont augmenté de 21 % en moyenne ces trois dernières années au Royaume-Uni, pour atteindre, au niveau national, 1 287 livres sterling (1 505 euros) par mois en avril (2 175 livres à Londres), alors que l’offre de logements reste 20 % inférieure au niveau d’avant la pandémie.

    Dans ces conditions, se loger pour des foyers à faibles revenus est une gageure, l’accès à des logements à loyers modérés étant quasi impossible. Le Royaume-Uni n’en construit plus qu’au compte-gouttes, après les grands plans de construction des années 1960 à 1980. Et beaucoup de logements « HLM » ont été rachetés depuis les années 1980, quand la première ministre conservatrice Margaret Thatcher a introduit un « right to buy » (un droit préférentiel, pour les locataires, à racheter leur appartement), qui a asséché le stock de logements abordables.
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    • #3


      Ceux qui parviennent à louer malgré les coûts sont sous la menace permanente d’une « section 21 eviction notice ». C’est une fin de contrat que le propriétaire d’un bien locatif privé peut notifier au locataire, n’importe quand et sous n’importe quel prétexte, en Angleterre ou au Pays de Galles, pour libérer sa propriété, quand se sont écoulés au moins six mois depuis le début du bail. Qu’importe si le locataire a des enfants scolarisés, est âgé ou handicapé : il a deux mois pour vider les lieux. La procédure s’appelle aussi « no fault eviction » : l’expulsion a lieu sans que le locataire soit en faute. Les locataires refusant de vider les lieux peuvent attendre que le propriétaire saisisse les tribunaux et contester la notification de la fin du bail, mais cette stratégie est risquée : ils risquent d’avoir à rembourser les frais de justice de leur propriétaire s’ils perdent leur procès.
      ​Des manifestants empilent des cartons de déménagement devant l’agence immobilière Foxtons, à Londres, pour réclamer une action urgente face à la hausse des loyers, le 14 décembre 2024. JUSTIN TALLIS/AFP

      Le projet de loi Renters Reform Bill prévoit de supprimer la « section 21 eviction notice ». Les propriétaires ne pourront plus évincer un locataire, à moins que ce dernier ne paie pas son loyer ou dégrade le logement. Le texte a cependant fait l’objet de nombreuses oppositions et, même s’il est adopté avant la pause parlementaire estivale, il ne sera pas effectif avant la fin de l’année 2025.

      La Belgique, un eldorado pour les propriétaires néerlandais : « Tout est de 30 % à 40 % moins cher que chez nous »


      Sur la petite place du Docteur-Roosen qui borde la mairie de Brasschaat, une commune de 38 000 habitants, dans la banlieue très chic et très verte d’Anvers, trois agences immobilières se côtoient. Anja Thijs, une consultante venue de la province néerlandaise du Brabant-Septentrional, à plus de 80 kilomètres de là, regarde attentivement la vitrine de De Boer & Partners. « Nous voulons quitter les Pays-Bas, trouver un logement confortable, calme et moins cher qu’à Eindhoven », dit cette jeune trentenaire.

      Dans son pays, la crise du logement est, depuis plusieurs années, un thème récurrent du débat politique : la croissance rapide de la population, le manque de terrains constructibles et les lenteurs dans la réalisation des projets ont fait qu’il manquait, selon des estimations officielles, 324 000 logements en 2024. D’où des prix qui ont flambé. « Etudiante, j’ai dû séjourner chez mes parents car je ne trouvais pas de logement », explique Mme Thijs.Un plan gouvernemental ambitieux prévoit de construire 900 000 habitations – dont 300 000 pour les revenus moyens – d’ici à 2030, mais Anja Thijs et son mari sont dubitatifs. Alors, ils ont décidé d’imiter plusieurs de leurs connaissances qui ont choisi de s’installer dans les provinces belges du Limbourg et d’Anvers : « En neuf ans, le prix d’une maison moyenne aux Pays-Bas a doublé. Ici, nous allons trouver un appartement qui me coûtera le prix d’un petit studio à Eindhoven. »


      Des appartements à louer à Schaerbeek, au nord-est de la région bruxelloise, le 12 mai 2025. JEAN-MARC QUINET/BELPRESS/MAXPPP

      Chez De Boer & Partners, un appartement de 108 mètres carrés doté d’une grande terrasse vaut 329 000 euros. « Tout est de 30 % à 40 % moins cher que chez nous, pour des surfaces plus grandes », affirme Mme Thijs. Selon l’index immobilier de la société Deloitte, la Belgique était, fin 2023, le pays d’Europe où il était le plus facile d’obtenir un logement sur la base du salaire brut.

      Dans les régions frontalières, jusqu’à huit clients sur dix, majoritairement des 25-45 ans, viennent désormais « d’outre-Moerdijk » (expression désignant les Pays-Bas), indique la Confédération des métiers de l’immobilier. Et parfois de très loin : Rotterdam, La Haye et même Amsterdam, à 150 kilomètres de Brasschaat, indique Yves Deckers, l’un des gérants d’Allure Real Estate. « Le coût, la qualité du logement, la quiétude, l’art de vivre de la Flandre les séduisent », dit-il. Sans oublier l’absence de barrière linguistique et les avantages fiscaux : si elle taxe très lourdement le travail, la Belgique reste, contrairement aux Pays-Bas, un paradis pour les propriétaires. Et, à Brasschaat, dont le maire est Jan Jambon, un nationaliste de droite actuellement ministre fédéral des finances, on compte bien que rien ne change.

      Au Danemark, le logement public, une institution fragilisée


      Un Danois sur six vit dans un logement géré par une association à but non lucratif. Ouvert à tous les habitants du royaume, caractérisé par une volonté d’encourager la mixité sociale, le système des « almene boliger » (littéralement, « logements publics »), proposant des habitations de qualité à des loyers modérés (autour de 430 euros pour moins de 50 mètres carrés et 920 euros pour plus de 85 mètres carrés) est une institution et une source de fierté nationale au Danemark. Mais, alors que la demande s’envole dans les grandes villes comme Copenhague, la construction de nouveaux logements patine : un sujet très politique, qui devrait être âprement débattu avant les élections locales, organisées le 18 novembre.

      Aujourd’hui, quelque 500 associations à but non lucratif, réunies au sein de l’organisation Danmarks Almene Boliger, gèrent 593 000 appartements, maisons de ville et résidences individuelles, soit 20 % du parc immobilier danois. N’importe qui peut y accéder, à condition de s’inscrire auprès d’une des associations. L’attente peut être courte, ou prendre des mois, comme à Copenhague.

      Pour Bent Madsen, président de Danmarks Almene Boliger, la spécificité du système danois réside dans son modèle de financement : une fois le prêt immobilier remboursé par l’association, celle-ci conserve un tiers du loyer, indexé sur l’inflation, pour financer l’entretien des bâtiments ; les deux tiers restants sont transférés dans le Fonds national de construction, géré collectivement par le secteur non lucratif. Ses ressources sont utilisées pour financer de grosses rénovations, mais aussi des projets de développement et des initiatives dans le domaine social, dans les quartiers les plus défavorisés, incluant l’aide aux devoirs pour les plus petits, ou un emploi à mi-temps, pour les adolescents. Selon M. Madsen, 200 000 locataires en profitent.
      ​Un chantier de construction dans le lotissement de Mjolnerparken, désigné comme un « ghetto », dans le nord de Copenhague, le 28 août 2023. SERGEI GAPON/AFP

      Le plus gros défi du secteur non lucratif réside actuellement dans le déséquilibre entre l’offre et la demande : en province, les associations de logement public sont obligées de détruire des habitations en parfait état faute de locataires tandis que, dans les grandes villes, une part croissante de la population ne trouve pas à se loger.

      « La difficulté aujourd’hui est de bâtir du neuf, à un prix raisonnable, en restant sous le plafond imposé par les communes [3 185 euros par mètre carré à Copenhague], alors que les coûts de construction et le prix du terrain ne cessent d’augmenter », analyse M. Madsen.

      Le système qui a fait ses preuves s’est retrouvé au cœur des débats, en 2018, quand la droite et l’extrême droite ont fait adopter la loi « ghetto », avec le soutien des sociaux-démocrates. Celle-ci impose la privatisation d’une partie des logements du secteur à but non lucratif, qui ne doivent pas excéder 40 % dans les quartiers les plus désavantagés, considérés comme des « ghettos » par les responsables politiques, en fonction de plusieurs critères (l’emploi, l’éducation, les revenus et la criminalité).

      Les associations du secteur non lucratif ont combattu la loi, arguant qu’elles avaient déjà mis en place un processus de sélection des locataires pour renforcer la mixité sociale. Avec succès, selon Rikke Skovgaard Nielsen, sociologue à l’université d’Aalborg, qui dénonce une manœuvre politique et regrette qu’elle ait contribué à ternir la réputation des almene boliger.

      Véronique Chocron

      Cécile DucourtieuxLondres, correspondante

      Anne-Françoise HivertMalmö (Suède), correspondante régionale

      Isabelle KaraiskosAthènes, correspondance

      Allan KavalRome, correspondant

      Sandrine MorelMadrid, correspondante

      Jean-Pierre StroobantsBruxelles, correspondant
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      • #4
        ca ne dit pas quel est loyer pour un appart en 25...
        combien ca coûte par mois un studio à Paris ?
        ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément

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        • #5
          Un studio de 25 m2 à Neuilly sur Seine 1.200 €/mois
          La religion est pour ceux qui ont peur d’aller en enfer ; la spiritualité est pour ceux qui y ont déjà été. (Citation d’origine inconnue)

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          • #6




            Des boîtes à clés protégées par un code numérique sont accrochées à l’extérieur d’un immeuble de location saisonnière Airbnb,
            Un vrai fléau ces locations via ces plates formes air Airbnb, booking.., plus de contact humaine.

            Tu loues un appartement pour tes vacances, tu arrives à l'aeroprt de destination...tu reçois par sms le code du boitier pour recuperer les clés...et partant tu calques la porte et remets les clés à leur place.. comme des robots yakhi hala yakhi ,





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            • #7
              Depuis une quinzaine d’années, l’Europe traverse une crise immobilière de plus en plus visible, en particulier pour les jeunes et les classes moyennes. Les salaires, eux, stagnent, tandis que le coût du logement s’envole : +21 % pour les loyers, +48 % pour les prix d’achat. Se loger devient un luxe pour beaucoup.

              À cela s’ajoute un contexte économique tendu : les prix des matériaux de construction ont bondi de plus de 25 % et la Banque centrale européenne, pour lutter contre l’inflation, a relevé ses taux à 4–4,5 %. Résultat : les promoteurs voient leurs marges fondre et ralentissent leurs projets. Moins de logements neufs, donc, alors que la demande explose.

              Car le logement, désormais, n’est plus seulement un besoin fondamental : c’est aussi un produit financier. De grands investisseurs institutionnels, des fonds, achètent massivement, raréfiant l’offre destinée à l’habitation classique et contribuant à l’envolée des prix.

              Parallèlement, de plus en plus de biens sont convertis en locations touristiques de courte durée. Cette tendance, portée par les plateformes numériques, retire un nombre considérable de logements du marché locatif traditionnel, aggravant la pénurie et tirant les loyers vers le haut.

              Enfin, les villes européennes attirent toujours plus de monde. La croissance démographique, l’éclatement des ménages (plus petits, plus nombreux), l’arrivée de travailleurs nomades, d’étudiants ou de réfugiés exercent une pression constante sur un parc immobilier déjà saturé.

              Chaque année, l’Europe accueille entre 5 et 6 millions de nouveaux arrivants, venus en majorité de pays non membres de l’UE. Et les migrations internes – souvent négligées – ajoutent encore entre 1 et 1,5 million de personnes à cette dynamique. Au final, le solde migratoire annuel reste fortement positif, de l’ordre de +2 à +3 millions.

              Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin

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