Le 25 juin 1998 sur une route déserte de Kabylie un groupe armé, qui n'a jamais été identifié, assassinait Matoub Lounes et blessait sa femme et ses belles soeurs.
«Mais la paix renaîtra un jour et mes chants parmi vous célébreront à nouveau le printemps si cher à nos cœurs...». Matoub Lounès
Matoub Lounès, né en 1956, a grandi en Kabylie, le fief des "Imazighen" (hommes libres). Matoub se fabrique une guitare et devient populaire grâce à des poèmes chantés puisés dans l'héritage historique. Une chanson dédiée aux femmes kabyles, "Ahaya Thilawin" (Allez les femmes), le lancera et fera de Matoub le défenseur de celles qui étaient opprimées et menacées .
Matoub Lounès chantait la liberté d'un peuple que l'oppression et la manipulation avaient lourdement frappé. Il chantait sa Kabylie natale qu'il aimait passionnément et qu'il aurait voulu débarrassé du joug. Il chantait aussi les femmes qui le savaient à leurs côtés pour défendre leurs droits et qui se battaient contre l'obscurantisme.
C'était un partisan de la laïcité et de la démocratie qui s'est fait le porte-parole des femmes et des laissés-pour-compte. Matoub Lounès faisait partie de ces "maquisards de la chanson berbère", comme les avait baptisés Kateb Yacine. Ses chansons portaient un message d’espoir pour un avenir meilleur et une meilleure connaissance du peuple berbère et kabyle en particulier. Il chantait l'Algérie qu'il voulait majeure et libre comme l'avaient aussi souhaité les Révolutionnaires.
Matoub Lounès était un rassembleur, un leader, il réunissait autour de lui des milliers de femmes et d’hommes en Kabylie mais aussi à Paris, Marseille, Montréal ou Barcelone. Il soulevait les foules et beaucoup se reconnaissaient dans ses chansons qui racontaient les joies, les malheurs mais aussi les espoirs d’un peuple qui voulait être libre. Il savait trouver les mots pour que tous aillent main dans la main défendre une cause commune avec pour seul arme des mots.
C'était un pacifiste aux côtés de tous les opprimés du monde tel le Dalai Lama qu'il tenait en grande estime pour son combat au Tibet et qui n'usait lui aussi que de mots pour dénoncer le malheur qui frappait les tibétains.
Ses amis et sa famille organiseront des commémorations et des hommages à travers toute la Kabylie, à Paris, Marseille, Montreal, New York, Sidney, Bruxelles et dans toutes les villes et village du monde où des hommes et des femmes n'ont pas oublié celui qui se battait pour la liberté et le droit à la différence.
S.A.
Au Bonheur des Femmes
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