France, Egypte et Arabie Saoudite : ces pays que l'Algérie n'ose jamais affronter
Par samir allam , le 02/02/2009 |
[IMG]http://www.***********************/images/articles/medelci.jpg[/IMG] «Alger gronde contre Paris ». Dans les milieux diplomatiques algériens et français, ce titre d'un article du dernier numéro de l'hebdomadaire français «L'Express» a fait rire. «C'est tout à fait le contraire qui se passe. Les Français font beaucoup de choses regrettables mais nous ne réagissons presque jamais », s'indigne un diplomate algérien.
Et ce dernier de citer la liste des reproches que pourrait faire Alger à Paris : les déclarations à répétition de Nicolas Sarkozy sur les musulmans en France, l'immigration clandestine avec la multiplication des expulsions, l'affaire de la maman algérienne humiliée à Marseille et soupçonnée d'avoir kidnappé un enfant qu'elle avait légalement adopté en Algérie, les déclarations d'une secrétaire d'Etat française sur les chrétiens en Algérie, la circulation des personnes et l'absence de visas, l'affaire du diplomate Hasseni, l'Union pour la Méditerranée (UPM) où l'Algérie joue le rôle de figurant, le soutien de Paris à Israël...
Sur toutes ces affaires, les Algériens estiment que la France est souvent allée trop loin. Mais même si des responsables algériens, comme le ministre des Affaires étrangères, se laissent parfois aller à des commentaires publics montrant un certain agacement, dans les rencontres bilatérales, Alger évite soigneusement d'aborder ces sujets qui fâchent avec Paris. Les président Bouteflika et Sarkozy ne se sont pas parlés depuis juillet 2008. Les échanges entre les premiers ministres des deux pays sont quasi-inexistants et même les visites ministérielles se sont raréfiées ces derniers mois.
A Paris, on ne perçoit aucun signe d'un mécontentement algérien. «Quand l'ambassadeur d'Algérie Missoum Sbih se déplace au Quai d'Orsay, c'est souvent pour rappeler que tout va bien entre les deux pays et que le président Bouteflika est content du niveau de la relation bilatérale », souligne un diplomate français.
Pourtant, cette situation commence à agacer dans les milieux diplomatiques algériens. Historiquement, la diplomatie algérienne a souvent été offensive. En 1995, le président Zeroual n'avait-il pas refusé de rencontrer son homologue français Jacques Chirac parce que
ce dernier voulait une rencontre en catimini, loin des caméras ? « Aujourd'hui, on accepte tout. Sans aller jusqu'à l'incident diplomatique, l'Algérie devrait parfois dire certaines vérités à la France. Et les dossiers ne manquent pas », regrette un diplomate algérien.
En réalité, les Algériens redoutent les conséquences d'un désaccord avec la France. Ils gardent en mémoire le boycott international qui a suivi la prise d'otages de l'Airbus d'Air France à l'aéroport d'Alger, en décembre 1994. Le départ d'Air France et des Français avait provoqué un retrait immédiat de tous les autres étrangers d'Algérie. « Les Français sont redoutables quand il veulent boycotter un pays qui est dans leur zone d'influence. Tous les autres pays d'Europe suivent », reconnaît un haut responsable algérien.
Mais la France n'est pas le seul pays avec lequel l'Algérie n'ose pas élever la voix. Sous Bouteflika, la diplomatie algérienne semble également tétanisée par l'Egypte et l'Arabie saoudite. En 2003, Alger avait tenté de disputer le leadership arabe au Caire, en contestant
notamment le fait que le siège de la Ligue arabe soit en situé en permanence en Egypte. Mais dans cette bataille, les Algériens se sont retrouvés seuls à affronter les Egyptiens et leurs alliés occidentaux, notamment les Etats-Unis. Les autres pays arabes qui soutenaient discrètement Alger l'avaient abandonnée. Les Algériens ont fini par renoncer et accepter de fait le leadership égyptien sur le monde arabe.
Depuis cet accrochage diplomatique, les Algériens n'osent plus affronter l'Egypte de face. Lors de la dernière guerre israélienne contre Gaza, l'Algérie s'est contentée de se ranger
derrière l'initiative lancée par le Qatar et la Syrie. De pays leader sur la scène arabe depuis son indépendance, l'Algérie s'est retrouvée à suivre une initiative lancée par un petit Etat de 200.000 habitants.
L'autre pays arabe que l'Algérie n'ose pas affronter, c'est l'Arabie saoudite. Pourtant les griefs contre ce pays ne manquent pas : soutien aux groupes islamistes, monopole de la gestion des lieux saints, un rôle néfaste dans les principales causes défendues par l'Algérie, un rôle favorable aux Américains au sein de l'Opep...
Cette crainte semble motivée par les capacités de déstabilisation des Saoudiens. « Ils financent des milliers d'associations à travers le monde et possèdent des réseaux puissants au sein de la mouvance islamiste en Algérie », explique un diplomate algérien. « Dans les
années 1990, les Saoudiens avaient systématiquement désinformés les Américains et les Occidentaux en général sur la situation en Algérie. Nous avons dû batailler très fermement pour leur faire changer d'avis. Nous avons été aidés dans notre tâche par les attentats du 11
septembre », souligne le même haut responsable algérien. Aujourd'hui, Alger évite soigneusement de se fâcher avec Riyad...
Par samir allam , le 02/02/2009 |
[IMG]http://www.***********************/images/articles/medelci.jpg[/IMG] «Alger gronde contre Paris ». Dans les milieux diplomatiques algériens et français, ce titre d'un article du dernier numéro de l'hebdomadaire français «L'Express» a fait rire. «C'est tout à fait le contraire qui se passe. Les Français font beaucoup de choses regrettables mais nous ne réagissons presque jamais », s'indigne un diplomate algérien.
Et ce dernier de citer la liste des reproches que pourrait faire Alger à Paris : les déclarations à répétition de Nicolas Sarkozy sur les musulmans en France, l'immigration clandestine avec la multiplication des expulsions, l'affaire de la maman algérienne humiliée à Marseille et soupçonnée d'avoir kidnappé un enfant qu'elle avait légalement adopté en Algérie, les déclarations d'une secrétaire d'Etat française sur les chrétiens en Algérie, la circulation des personnes et l'absence de visas, l'affaire du diplomate Hasseni, l'Union pour la Méditerranée (UPM) où l'Algérie joue le rôle de figurant, le soutien de Paris à Israël...
Sur toutes ces affaires, les Algériens estiment que la France est souvent allée trop loin. Mais même si des responsables algériens, comme le ministre des Affaires étrangères, se laissent parfois aller à des commentaires publics montrant un certain agacement, dans les rencontres bilatérales, Alger évite soigneusement d'aborder ces sujets qui fâchent avec Paris. Les président Bouteflika et Sarkozy ne se sont pas parlés depuis juillet 2008. Les échanges entre les premiers ministres des deux pays sont quasi-inexistants et même les visites ministérielles se sont raréfiées ces derniers mois.
A Paris, on ne perçoit aucun signe d'un mécontentement algérien. «Quand l'ambassadeur d'Algérie Missoum Sbih se déplace au Quai d'Orsay, c'est souvent pour rappeler que tout va bien entre les deux pays et que le président Bouteflika est content du niveau de la relation bilatérale », souligne un diplomate français.
Pourtant, cette situation commence à agacer dans les milieux diplomatiques algériens. Historiquement, la diplomatie algérienne a souvent été offensive. En 1995, le président Zeroual n'avait-il pas refusé de rencontrer son homologue français Jacques Chirac parce que
ce dernier voulait une rencontre en catimini, loin des caméras ? « Aujourd'hui, on accepte tout. Sans aller jusqu'à l'incident diplomatique, l'Algérie devrait parfois dire certaines vérités à la France. Et les dossiers ne manquent pas », regrette un diplomate algérien.
En réalité, les Algériens redoutent les conséquences d'un désaccord avec la France. Ils gardent en mémoire le boycott international qui a suivi la prise d'otages de l'Airbus d'Air France à l'aéroport d'Alger, en décembre 1994. Le départ d'Air France et des Français avait provoqué un retrait immédiat de tous les autres étrangers d'Algérie. « Les Français sont redoutables quand il veulent boycotter un pays qui est dans leur zone d'influence. Tous les autres pays d'Europe suivent », reconnaît un haut responsable algérien.
Mais la France n'est pas le seul pays avec lequel l'Algérie n'ose pas élever la voix. Sous Bouteflika, la diplomatie algérienne semble également tétanisée par l'Egypte et l'Arabie saoudite. En 2003, Alger avait tenté de disputer le leadership arabe au Caire, en contestant
notamment le fait que le siège de la Ligue arabe soit en situé en permanence en Egypte. Mais dans cette bataille, les Algériens se sont retrouvés seuls à affronter les Egyptiens et leurs alliés occidentaux, notamment les Etats-Unis. Les autres pays arabes qui soutenaient discrètement Alger l'avaient abandonnée. Les Algériens ont fini par renoncer et accepter de fait le leadership égyptien sur le monde arabe.
Depuis cet accrochage diplomatique, les Algériens n'osent plus affronter l'Egypte de face. Lors de la dernière guerre israélienne contre Gaza, l'Algérie s'est contentée de se ranger
derrière l'initiative lancée par le Qatar et la Syrie. De pays leader sur la scène arabe depuis son indépendance, l'Algérie s'est retrouvée à suivre une initiative lancée par un petit Etat de 200.000 habitants.
L'autre pays arabe que l'Algérie n'ose pas affronter, c'est l'Arabie saoudite. Pourtant les griefs contre ce pays ne manquent pas : soutien aux groupes islamistes, monopole de la gestion des lieux saints, un rôle néfaste dans les principales causes défendues par l'Algérie, un rôle favorable aux Américains au sein de l'Opep...
Cette crainte semble motivée par les capacités de déstabilisation des Saoudiens. « Ils financent des milliers d'associations à travers le monde et possèdent des réseaux puissants au sein de la mouvance islamiste en Algérie », explique un diplomate algérien. « Dans les
années 1990, les Saoudiens avaient systématiquement désinformés les Américains et les Occidentaux en général sur la situation en Algérie. Nous avons dû batailler très fermement pour leur faire changer d'avis. Nous avons été aidés dans notre tâche par les attentats du 11
septembre », souligne le même haut responsable algérien. Aujourd'hui, Alger évite soigneusement de se fâcher avec Riyad...
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