L’Armée algérienne n’a pas tué les moines de Tibhirine
Par Ali Boukhlef
L’Armée algérienne n’a pas tué les sept moines de Tibhirine, officiellement exécutés en mai 1996 par le GIA.C’est la conclusion à laquelle est arrivée l’écrivain français René Guitton qui a édité un nouveau livre sur le sujet. Intitulé En quête de vérité : le martyre des moines de Tibhirine, l’ouvrage ne dément pas seulement la thèse de l’assassinat des moines, mais il apporte, selon les premiers extraits livrés par l’AFP, de nouveaux éléments. Il s’agit essentiellement des noms du pilote d’hélicoptère et de son frère, cités par le général français Buchwalter, qui était à l’époque des faits attaché de défense à l’ambassade de France à Alger.
Ce dernier avait affirmé au juge Marc Trévidic, qui a instruit l’affaire, que les moines étaient tués par une «bavure de l’armée algérienne». Il disait tenir son information du frère d’un pilote d’hélicoptère qui dit avoir tiré sur les religieux alors qu’ils étaient «en bivouac avec des islamistes». C’est ce pilote d’hélicoptère et son frère qui sont apparemment identifiés dans le livre.Cela n’est pourtant qu’un détail, comparé à l’autre affirmation de taille. René Guitton affirme en effet qu’il est impossible que les moines soient tués par des tirs d’hélicoptère. Son argument est imparable : le type d’engins utilisés par l’armée algérienne ne pourrait pas donner les impacts de balles retrouvés sur les têtes des moines trappistes.
Les hélicoptères MI 24 de l’armée algérienne étaient équipés de canons circulaires 38 mm, de roquettes antichars et de mitrailleuses de calibre 12,7 mm. Autant d’armes dont les tirs en altitude auraient fait éclater les têtes des victimes. Or, selon l’écrivain, les têtes des religieux étaient «presque intactes pour certaines» et chacune portait «un seul impact de balle», résultant d’un tir «dirigé de haut vers le bas». Les moines auraient été exécutés par un homme debout alors qu’ils étaient agenouillés.
Voilà donc un nouvel élément dans un feuilleton politico-judiciaire qui dure depuis 15 ans. Aucune enquête n’a pourtant été ouverte avant 2003.
Là encore, rien, ou presque, n’a été découvert. La thèse selon laquelle les islamistes du GIA, à leur tête Djamal Zitouni, étaient derrière l’assassinat des moines faisait presque consensus des deux côtés de la Méditerranée. Il est vrai que de temps à autre des voix s’élèvent pour réclamer «la vérité». Mais pas seulement.En juin 2009, le général Buchwalter, attaché de défense à l’ambassade de France à Alger, a donc tout remis en cause. Seulement, quelques jours après ces dénégations, un officier de l’armée algérienne avait répliqué dans une contribution publiée chez notre confrère Liberté. Il affirmait tout simplement qu’une «bavure était impossible à ce niveau-là». Son argument était simple : les pilotes d’hélicoptère ne pouvaient pas tirer «sans ordre» et «des tirs de mitrailleuse» sont impossibles sans survol à basse altitude. Or, pour des raisons de sécurité, les pilotes d’hélicoptère ne s’aventuraient pas à basse altitude dans ces maquis infestés de terroristes.Ceci pour la forme.
Dans le fond, plusieurs analystes de l’époque n’excluaient pas une guéguerre franco-française entre les différents services de sécurité, notamment la DST (Direction de la défense du territoire) et la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure». Mais cela est un autre débat.Une chose est sûre :
les révélations de l’écrivain René Guitton risquent de remettre les compteurs à zéro dans un dossier aussi sensible que l’exécution des sept moines de Tibhirine.
Par Ali Boukhlef
L’Armée algérienne n’a pas tué les sept moines de Tibhirine, officiellement exécutés en mai 1996 par le GIA.C’est la conclusion à laquelle est arrivée l’écrivain français René Guitton qui a édité un nouveau livre sur le sujet. Intitulé En quête de vérité : le martyre des moines de Tibhirine, l’ouvrage ne dément pas seulement la thèse de l’assassinat des moines, mais il apporte, selon les premiers extraits livrés par l’AFP, de nouveaux éléments. Il s’agit essentiellement des noms du pilote d’hélicoptère et de son frère, cités par le général français Buchwalter, qui était à l’époque des faits attaché de défense à l’ambassade de France à Alger.
Ce dernier avait affirmé au juge Marc Trévidic, qui a instruit l’affaire, que les moines étaient tués par une «bavure de l’armée algérienne». Il disait tenir son information du frère d’un pilote d’hélicoptère qui dit avoir tiré sur les religieux alors qu’ils étaient «en bivouac avec des islamistes». C’est ce pilote d’hélicoptère et son frère qui sont apparemment identifiés dans le livre.Cela n’est pourtant qu’un détail, comparé à l’autre affirmation de taille. René Guitton affirme en effet qu’il est impossible que les moines soient tués par des tirs d’hélicoptère. Son argument est imparable : le type d’engins utilisés par l’armée algérienne ne pourrait pas donner les impacts de balles retrouvés sur les têtes des moines trappistes.
Les hélicoptères MI 24 de l’armée algérienne étaient équipés de canons circulaires 38 mm, de roquettes antichars et de mitrailleuses de calibre 12,7 mm. Autant d’armes dont les tirs en altitude auraient fait éclater les têtes des victimes. Or, selon l’écrivain, les têtes des religieux étaient «presque intactes pour certaines» et chacune portait «un seul impact de balle», résultant d’un tir «dirigé de haut vers le bas». Les moines auraient été exécutés par un homme debout alors qu’ils étaient agenouillés.
Voilà donc un nouvel élément dans un feuilleton politico-judiciaire qui dure depuis 15 ans. Aucune enquête n’a pourtant été ouverte avant 2003.
Là encore, rien, ou presque, n’a été découvert. La thèse selon laquelle les islamistes du GIA, à leur tête Djamal Zitouni, étaient derrière l’assassinat des moines faisait presque consensus des deux côtés de la Méditerranée. Il est vrai que de temps à autre des voix s’élèvent pour réclamer «la vérité». Mais pas seulement.En juin 2009, le général Buchwalter, attaché de défense à l’ambassade de France à Alger, a donc tout remis en cause. Seulement, quelques jours après ces dénégations, un officier de l’armée algérienne avait répliqué dans une contribution publiée chez notre confrère Liberté. Il affirmait tout simplement qu’une «bavure était impossible à ce niveau-là». Son argument était simple : les pilotes d’hélicoptère ne pouvaient pas tirer «sans ordre» et «des tirs de mitrailleuse» sont impossibles sans survol à basse altitude. Or, pour des raisons de sécurité, les pilotes d’hélicoptère ne s’aventuraient pas à basse altitude dans ces maquis infestés de terroristes.Ceci pour la forme.
Dans le fond, plusieurs analystes de l’époque n’excluaient pas une guéguerre franco-française entre les différents services de sécurité, notamment la DST (Direction de la défense du territoire) et la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure». Mais cela est un autre débat.Une chose est sûre :
les révélations de l’écrivain René Guitton risquent de remettre les compteurs à zéro dans un dossier aussi sensible que l’exécution des sept moines de Tibhirine.
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