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Françalgérie, crimes et mensonges d'états

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  • Françalgérie, crimes et mensonges d'états

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    HISTOIRE SECRETE, DE LA GUERRE D’INDEPENDANCE A LA
    « TROISIEME GUERRE » D’ALGERIE

    par LOUNIS AGGOUN et JEAN-BAPTISTE RIVOIRE
    Editions La Découverte, Paris, 2004

    Introduction

    Ce soir de novembre 2002, la pluie et le vent s’abattent sur l’avenue
    Kléber, à Paris. Autour du Centre de conférences internationales, situé non
    loin de la Tour Eiffel, des barrières, des policiers : il faut montrer
    patte blanche. Grâce à notre équipe de reportage et à la caméra, l’accès
    est plus facile. À l’intérieur du bâtiment, de jolies hôtesses en tailleur
    s’activent dans un couloir à l’épaisse moquette rouge surplombée par de
    magnifiques lustres de cristal. Pour le compte de Pascal Josèphe, un ancien
    collaborateur d’Hervé Bourges ayant créé une société de conseil aux patrons
    de l’audiovisuel, elles répertorient les journalistes et leur distribuent
    de magnifiques dossiers de presse intitulés Djazaïr, une année de l’Algérie
    en France.

    Parrainées par le Quai d’Orsay, les manifestations prévues dans le cadre de
    cette « Année de l’Algérie » sont essentiellement financées par le régime
    algérien et par le groupe du milliardaire Rafik Khalifa, un flamboyant
    businessman d’Alger qui défraie la chronique depuis quelques mois. Dans le
    dossier de presse distribué aux journalistes, pas un mot sur les problèmes
    économiques du pays, encore moins sur les très graves atteintes aux droits
    humains qui y sont commises depuis 1988. Rebaptisée « Année des généraux »
    par certains opposants, l’Année de l’Algérie est manifestement destinée à
    améliorer l’image du régime. Pour lui assurer un grand écho médiatique, le
    gouvernement français a d’ailleurs incité la plupart des médias publics
    (Radio-France, France 2, France 3, France 5) à devenir partenaires de
    l’opération.

    Dans la salle, une bonne partie de la crème de la « Françalgérie »
    officielle a fait le déplacement : plus de mille invités — dont des
    réalisateurs prestigieux et des journalistes bien vus par le régime d’Alger
    — sont venus écouter les discours de Hervé Bourges, Dominique de Villepin
    ou Khalida Toumi. Ancien patron de TF1 et du Conseil supérieur de
    l’audiovisuel, Hervé Bourges est d’abord un vieil ami du FLN, ce qui
    contribue à expliquer sa nomination à la présidence de « l’Année de
    l’Algérie ». Dominique de Villepin, le ministre français des Affaires
    étrangères, a longtemps été secrétaire général de l’Élysée. Il connaît bien
    les coulisses des relations franco-algériennes. Quant à Khalida Toumi, plus
    connue sous le nom, qu’elle a porté jusqu’en 2001, de Khalida Messaoudi,
    c’est une militante féministe très active en Algérie. Partisane de l’«
    éradication » des islamistes, c’est-à-dire de leur élimination totale, elle
    est l’auteur du fameux best-seller Une Algérienne debout, un ouvrage publié
    en France en 1995 et vendu à plus de 100 000 exemplaires [1] : elle y
    expliquait notamment les raisons de son opposition totale à toute forme
    d’islamisme et son engagement aux côtés des généraux « éradicateurs ».
    Longtemps députée du RCD (Rassemblement pour la culture et la démocratie)
    de Saïd Sadi, un parti proche du régime, elle est alors porte-parole du
    gouvernement algérien.

    Pendant deux heures, Hervé Bourges, Dominique de Villepin et Khalida Toumi
    célèbrent à la tribune la « formidable amitié » qui lie la France à
    l’Algérie, les « points communs » entre les deux pays, la « bonne humeur »
    qui caractérise leurs relations.
    Question dérangeante

    Quarante-huit heures plus tôt, l’ensemble de la presse française a pourtant
    rendu compte de la diffusion sur la chaîne Canal Plus de notre documentaire
    confirmant que le « GIA » (Groupe islamique armé, l’un des plus redoutables
    mouvements terroristes algériens), notamment responsable des attentats de
    Paris en 1995, était à l’époque infiltré et manipulé par les services
    secrets algériens, la fameuse Sécurité militaire (de juillet à septembre
    1995, des bombes déposées dans le RER parisien avaient provoqué la mort
    d’une dizaine de personnes et fait plus de deux cents blessés) [2] .
    Désireux de recueillir la réaction du ministre français des Affaires
    étrangères aux très graves accusations que nous portions dans ce
    documentaire, je profite du micro qui m’est tendu pour poser une question à
    laquelle aucun responsable politique français n’a accepté de répondre
    durant l’enquête : « M. De Villepin, nous avons enquêté pendant deux ans
    sur les “GIA” algériens et il s’avère qu’en 1995, quand ils commettaient
    des attentats en France, ils étaient contrôlés par les services secrets
    algériens. Cela vous paraît-il être une information importante ? »

    Dans la salle, la question provoque un immense brouhaha. Quelques
    commentaires fusent : « C’est une honte ! », « Bravo, Canal Plus ! » À la
    tribune, le ministre français des Affaires étrangères et Khalida Toumi
    blêmissent. Grand orchestrateur de la conférence de presse, Hervé Bourges,
    président de l’« Année de l’Algérie », tente d’aider Dominique de Villepin
    à se sortir de ce mauvais pas : « Je veux bien laisser le ministre
    répondre, mais j’ai oublié de préciser qu’il ne s’agit pas d’une conférence
    de presse avec le ministre des Affaires étrangères français sur les
    relations franco-algériennes, la situation de l’Algérie aujourd’hui, mais
    sur l’année 2003, une année à caractère culturel. Il y a d’autres lieux
    pour ce type de questions, qui est peut-être valable, mais ce n’est pas le
    jour et ce n’est pas l’endroit.

    — Même si les services secrets algériens ont commandité des attentats en
    France ?

    — Écoutez, Monsieur, je vous retire la parole ! »

    La surprise passée, Dominique de Villepin réagit : « Je ne crois pas que
    l’on puisse ainsi impunément prendre en otage une manifestation comme la
    nôtre. Nous respectons tous la liberté de la presse. Nous faisons face tous
    aux questions qui peuvent être posées, mais il y a des moments et des lieux
    pour cela et je serai ravi en d’autres circonstances de répondre à une
    telle question [3] . » Malgré cette promesse, le ministre ne répondra
    jamais à nos demandes d’interviews.

    Quelques semaines après cet incident, profitant d’une visite à Strasbourg
    du président algérien Abdelaziz Bouteflika, un journaliste de Radio
    judaïque FM lui demande à son tour ce qu’il pense des révélations sur
    l’implication de la Sécurité militaire algérienne dans les attentats de
    Paris en 1995 : « Puis-je vous demander de poser la même question au
    président français ? », répond étrangement Abdelaziz Bouteflika. « Ce qu’il
    dira, je l’assumerai complètement et sans restriction aucune [4] . »
    Le « GIA », sujet tabou

    Après plusieurs années d’enquêtes communes pour tenter de comprendre ce qui
    se passe réellement en Algérie, Lounis Aggoun et moi-même sommes habitués à
    ce genre de dérobade, mais elles nous intriguent toujours autant. Pourquoi
    un tel malaise dès qu’on évoque l’action du mystérieux « GIA », le Groupe
    islamique armé ? En dix ans de « sale guerre » en Algérie, aucun
    journaliste étranger n’a jamais réussi à approcher un membre actif de ce
    sanguinaire mouvement terroriste [5] . À notre connaissance, c’est même la
    seule « guérilla » au monde dont aucun chef en exercice ne s’est jamais
    exprimé dans la presse étrangère.

    Pourquoi une telle chape de plomb sur le fonctionnement réel du mouvement
    et sur l’identité de ses commanditaires ? Comment expliquer qu’en 1996, un
    ancien fondateur du GIA reconnaissant avoir assassiné plusieurs
    journalistes ait pu bénéficier d’une loi de « clémence », et puisse se
    pavaner aujourd’hui dans plusieurs documentaires diffusés à la télévision
    française, où il confirme opportunément les thèses du pouvoir [6] ?
    Pourquoi une telle impunité ? Est-il exact, comme l’ont affirmé d’anciens
    officiers de la Sécurité militaire, que le « GIA » a été très profondément
    infiltré et manipulé par les services secrets algériens, dès 1992, au point
    de devenir un groupe « contre-insurrectionnel » [7] ? Pourquoi les
    dirigeants algériens interrogés à ce propos, comme le général Khaled
    Nezzar, parrain du régime, ou Abdelaziz Bouteflika, devenu président en
    1999, renvoient-ils systématiquement vers leurs homologues français, comme
    si ceux-ci étaient parfaitement au courant d’une telle manipulation ?

    Depuis des années, ces questions nous taraudent, Lounis Aggoun et moi-même.
    Militant des droits de l’homme de longue date (il a notamment contribué,
    dans les années 1980, avec Ramdane Achab, Arab Aknine et Mouloud Khelil, à
    la réalisation de Tafsut, la revue clandestine du Mouvement culturel
    berbère, et ce jusqu’en 1988), Lounis est installé en France depuis 1989,
    mais il effectue depuis de fréquents voyages en Algérie, où il a conservé
    de nombreux contacts. Enquêteur rigoureux, il connaît parfaitement les
    rouages du système politique algérien. Pour ma part, j’ai été embarqué vers
    Alger en 1972, à l’âge de cinq ans, par des parents désireux d’apporter
    leur petite contribution à l’édification d’un État indépendant et…
    socialiste. Des « pieds rouges », en somme. Quatre ans d’école primaire
    dans la capitale, puis une dernière année en plein Sahara, dans une petite
    oasis où mes nouveaux copains ne parlaient qu’arabe, une belle langue
    qu’ils m’aideront à apprendre avec une infinie patience. Depuis le milieu
    des années 1980, Lounis et moi-même suivons de près ce qui se passe en
    Algérie. Mais alors que lui s’y rend régulièrement, je n’y ai effectué
    qu’un bref retour aux sources en 1992. À l’été 1996, je m’y rends pour la
    première fois en reportage.
    Des journalistes sous haute surveillance

    Au mois d’août de cette année-là, je suis contacté pour réaliser avec
    Faouzia Fékiri, ancienne haut fonctionnaire du régime reconvertie dans la
    réalisation de documentaires, un reportage en Algérie pour l’émission Zone
    interdite, de la chaîne française M6. Pendant deux semaines, je vais
    découvrir ce que les journalistes de télévision révèlent rarement :
    l’envers du décor, l’extraordinaire contrôle exercé par les autorités
    algériennes sur toutes les équipes de télévision étrangères désireuses de
    comprendre ce qui se passe réellement dans le pays. Extrêmement strict, ce
    contrôle s’exerce dès la demande du fameux visa « presse ». Obligatoire
    pour tout journaliste, il est souvent refusé par les autorités. Pour
    obtenir leur feu vert, ma consœur algérienne a dû leur garantir que notre
    reportage ne serait pas une enquête et qu’il contiendrait un message simple
    : « En Algérie, la vie continue » (il s’agissait précisément du message que
    les autorités cherchaient à faire passer en cet été 1996…).

    Sur place, malgré de nombreux efforts, il se confirme qu’il est impossible
    d’effectuer la moindre enquête sur les coulisses de la « sale guerre ».
    Premier problème : l’escorte. Composée de policiers en civil armés de
    fusils à pompe, de mitraillettes et de revolvers, elle est renforcée par
    plusieurs véhicules de gendarmerie pour tout déplacement en dehors d’Alger,
    ce qui rend quasiment impossible un reportage indépendant : comment
    interviewer ne serait-ce que de simples citoyens sur un marché quand on est
    encadré en permanence par deux individus patibulaires qui n’hésitent pas à
    pointer leurs armes vers les passants, comme cela est arrivé à l’auteur de
    ces lignes ?

    Autre effet pervers de ces escortes : elles informent en permanence leur
    hiérarchie du lieu où nous nous trouvons, ce qui permet aux services de
    sécurité de perquisitionner notre chambre d’hôtel, voire de visionner nos
    cassettes à notre insu quand nous sommes sur le terrain.

    Un matin, à force d’obstination, nous parvenons à contacter par téléphone
    des habitants de la région de Blida, une ville située à 60 kilomètres au
    sud-ouest d’Alger. Malgré la terreur dans laquelle ils survivent, ils
    souhaitent témoigner sur la violence des islamistes, mais aussi sur celle
    des forces de sécurité. Pour les aider à vaincre leur peur, nous leur
    garantissons que leurs visages seront « masqués » à la diffusion. Mais que
    vaut cette précaution si l’escorte militaire qui nous accompagne identifie
    nos interlocuteurs ? Conscients du danger, ceux-ci nous demandent une seule
    chose : « S’il vous plaît, n’arrivez pas avec les militaires, sinon, on ne
    pourra pas vous ouvrir la porte. »

    Le courage de ces Algériens prêts à témoigner, malgré les risques encourus,
    devant des journalistes étrangers m’a toujours impressionné, voire ému.
    Naïvement, nous leur promettons de tout faire pour nous débarrasser de
    notre escorte. Mais évidemment, celle-ci refuse de nous lâcher d’une
    semelle. À Blida, des motards de la préfecture équipés de gyrophares
    insistent même pour « escorter » notre convoi de véhicules de gendarmerie à
    travers la ville. Bilan : nous ne pourrons jamais recueillir les
    témoignages des courageux habitants qui nous avaient donné leur accord de
    principe.

    De retour à Alger, le lendemain, contrariés par l’omniprésence de nos anges
    gardiens, nous tentons de leur fausser compagnie en quittant l’hôtel
    Aurassi, où les autorités nous contraignent à résider, à une heure où ils
    sont censés être repartis chez eux… Mais quand nous traversons le hall de
    cet hôtel très surveillé par la Sécurité militaire, nous avons la mauvaise
    surprise de constater que l’un des policiers en civil chargés de nous
    surveiller est resté allongé dans un canapé du hall. À notre vue, il bondit
    sur ses pieds et nous interdit de sortir.

    Dépités, nous en sommes réduits à nous rendre sur une plage pour
    interviewer quelques jeunes sur leur vie quotidienne. Nous tombons sur des
    adolescents qui vivent de petits trafics, le « trabendo ». Au bout de
    quelques minutes, le regard caustique qu’ils portent sur la police suffit à
    provoquer la colère et l’intervention d’un jeune policier de notre escorte,
    qui va jusqu’à les menacer en arabe devant notre caméra. Blancs comme des
    linges, les jeunes ne nous diront plus un mot.

    En Algérie, même certains fonctionnaires sont terrorisés par l’État : à la
    fin de notre tournage, nous rendons visite à une femme nommée par les
    autorités à la tête de la mairie de Baraki, une commune de la banlieue
    islamiste d’Alger. En pleine interview, alors que nous avons obtenu toutes
    les autorisations de tournage requises, elle est dérangée par un étrange
    coup de téléphone. C’est un représentant des « services de sécurité », qui
    veut savoir combien nous sommes, quelles questions nous posons… Surpris par
    l’incident, je laisse tourner ma caméra. Déstabilisée, notre interlocutrice
    doit promettre à son mystérieux interlocuteur de ne « pas aborder les
    questions de terrorisme ». Quand elle raccroche, nous lui demandons
    pourquoi il est impossible de parler du « GIA ». Blême, elle préfère
    écourter l’interview.

    À la suite de ce tournage marqué par d’incessants conflits avec notre
    escorte, je ne serais plus jamais autorisé à me rendre en reportage en
    Algérie. Loin de me signifier clairement leur réticence, les autorités
    préféreront la lâcheté : elles ne répondront plus jamais à aucune de mes
    nombreuses demandes de visa. Au fil des mois, je découvre que plusieurs
    confrères, comme José Garçon, du quotidien Libération, Catherine Jentile,
    de TF1, ou Jean-Pierre Tuquoi, du Monde, subissent régulièrement le même
    sort. Intrigué par cette situation, je décide de m’intéresser de plus près
    à ce qui se passe en Algérie. Fin 1997, de terribles massacres de civils
    endeuillent la région d’Alger. Devenu journaliste permanent à l’agence de
    télévision Capa, je me mets à sillonner l’Europe à la rencontre de
    survivants, d’islamistes exilés ou d’officiers de la Sécurité militaire
    ayant quitté leur pays.

    En 1999, avec des confrères de Capa et de France 2, nous réalisons
    Bentalha, autopsie d’un massacre, une longue enquête consacrée à
    l’effroyable tuerie (plus de quatre cents victimes) survenue dans ce
    village de l’Algérois dans la nuit du 22 au 23 septembre 1997 [8] . Le
    lendemain de la diffusion de ce documentaire dans « Envoyé spécial », sur
    France 2, Mohamed Ghoualmi, ambassadeur d’Algérie en France, contacte
    Michèle Cotta, alors patronne de la chaîne publique, et tente, en vain, de
    faire interdire la rediffusion du sujet. Il appelle aussi Thierry
    Thuillier, l’un des deux journalistes de France 2 qui nous ont aidés, et
    lui annonce qu’il lui sera désormais interdit de se rendre en Algérie…
    Secrets de famille

    Quelques mois après cet épisode, alors que je couvre une manifestation
    organisée à Paris contre la visite en France du président Abdelaziz
    Bouteflika, Lounis Aggoun m’attrape par le bras. Téléspectateur assidu des
    reportages sur l’Algérie, il souhaite nous aider à mieux comprendre ce qui
    se passe dans son pays. Comme des millions d’Algériens et de Français, il a
    assisté impuissant aux terribles massacres de civils survenus en 1997-1998.
    Comme eux, il a été bouleversé que des milliers de civils aient pu être
    livrés en pâture, des nuits durant, à des hordes de tueurs qui les ont
    massacrés en toute impunité. Connaissant bien Alger et sa région, lui et
    moi savons que les victimes des massacres habitaient des banlieues réputées
    sympathisantes du FIS, le Front islamique du salut, et que les mystérieux
    tueurs du GIA se sont déplacés librement dans des secteurs pourtant
    quadrillés par l’armée. Comment expliquer qu’ils aient pu s’enfuir sans
    être inquiétés ? Étaient-ils couverts par une partie du haut commandement
    militaire ?

    Avec Lounis Aggoun, nous nous jurons de découvrir la vérité sur ces
    massacres et leurs commanditaires. Algérien, Lounis a l’avantage de pouvoir
    se rendre discrètement dans son pays, sans devoir solliciter une quelconque
    autorisation de la part des autorités. Ayant conservé de nombreux contacts
    sur place, il est un enquêteur précieux. Pendant quatre ans, nous allons
    conjuguer nos efforts et travailler avec des journalistes algériens
    refusant de renoncer à leur mission fondamentale : informer le monde sur ce
    qui se passe réellement dans leur pays. Pour eux comme pour nous, pas
    question de travailler en présence d’escortes militaires ou de
    gardes-chiourmes islamistes. Pour échapper à la surveillance de la
    redoutable Sécurité militaire, il nous faut désormais travailler
    clandestinement, fausser compagnie aux « mouchards » qui tentent de nous
    dénoncer, changer de domicile chaque nuit, déployer des trésors
    d’ingéniosité pour parvenir à rencontrer des témoins hors de toute présence
    militaire ou islamiste.

    À l’automne 2000, après la diffusion sur Canal Plus d’une enquête réalisée
    clandestinement en Algérie et démontrant l’implication de la Sécurité
    militaire dans l’assassinat, en juin 1998, du chanteur kabyle Lounès Matoub
    [9] , nous avons la surprise d’être contactés à Paris par la DST (Direction
    de la surveillance du territoire). Connus pour leur proximité historique
    avec les services secrets algériens, les services du contre-espionnage
    français nous rendent visite dans les locaux de Canal Plus, chaîne dont le
    responsable de la sécurité est un ancien policier des renseignements
    généraux. But des deux inspecteurs de la DST : savoir dans quelles
    conditions nous avons enquêté en Algérie, qui nous a hébergés, qui a
    facilité notre travail…

    À la suite de cette étrange réunion au cours de laquelle nous nous
    garderons bien de révéler quoi que ce soit à la DST, Lounis et moi décidons
    d’être encore plus prudents : nous apprenons à nous méfier des écoutes
    téléphoniques et prenons l’habitude de ne plus communiquer entre nous que
    par des courriels cryptés, sans même avoir la garantie que ces nouvelles
    précautions suffisent à assurer la confidentialité de nos échanges. Au fil
    de nos rencontres avec des témoins de la « sale guerre », dont certains
    travaillèrent longtemps au cœur de la Sécurité militaire algérienne, nous
    commençons à comprendre pourquoi la DST se préoccupe de nos enquêtes :
    manifestement, la France est beaucoup plus impliquée qu’on ne le croit dans
    ce qui se passe en Algérie. Nos interlocuteurs nous révéleront même
    l’existence de terribles « secrets de famille » unissant les services
    secrets français et algériens.

    Ce sont ces secrets de famille que ce livre se propose d’explorer. Au cours
    de nos sept années d’enquête, nous avons interviewé de nombreux témoins et
    acteurs jamais entendus en France et lu tout ce que nous avons pu trouver
    sur la période : d’innombrables articles de presse (française, algérienne,
    anglaise, etc.), rapports d’organisations non gouvernementales sur les
    violations des droits de l’homme [10] , et plusieurs dizaines d’ouvrages de
    journalistes, historiens et témoins, dont l’étude approfondie s’est révélée
    extrêmement utile [11] . Plus récemment, nous avons systématiquement
    recoupé les affirmations de plusieurs Algériens mettant en cause l’armée
    dans certains crimes jusque-là exclusivement attribués aux islamistes :
    avec bien d’autres témoignages, les livres de Nesroulah Yous, survivant et
    témoin du massacre de Bentalha [12] , de Habib Souaïdia [13] , un ancien
    sous-lieutenant des forces spéciales dont l’histoire a donné naissance à un
    best-seller, ou de l’ex-commandant Mohammed Samraoui [14] , qui fut l’un
    des plus proches collaborateurs du général Smaïl Lamari, le patron du
    contre-espionnage algérien, nous ont ainsi aidés à explorer les coulisses
    de la « sale guerre ».

    Tout au long de notre enquête, nous avons systématiquement confronté nos
    sources à la presse de l’époque, et notamment aux articles du Monde, de
    Libération ou du Figaro. La presse algérienne a également été pour nous une
    précieuse source d’information, ainsi que certains confrères algériens
    aujourd’hui en exil. Enfin, dans le souci d’être complets, nous avons
    systématiquement visionné la plupart des documentaires que les télévisions
    françaises ou britanniques ont diffusés depuis 1994 à propos de la crise
    algérienne.

    Cet indispensable — et considérable — travail de recoupement nous a permis
    de reconstituer le puzzle de ce qui s’est réellement passé durant cette «
    sale guerre » et de mesurer à quel point les opinions publiques française
    et algérienne ont été désinformées tout au long de ces seize années.
    Certes, notre travail reste probablement incomplet. Difficile, par exemple,
    d’être exhaustif sur certaines opérations de guérilla menées par de vrais
    groupes armés islamistes dont les actions ont incontestablement contribué à
    mettre le pays à feu et à sang, mais qui furent souvent minimisées, voire
    passées sous silence sur ordre des autorités. Nous sommes également
    conscients que malgré tous nos recoupements, les nuits entières passées à
    interviewer des témoins et à vérifier nos informations, l’extraordinaire
    opacité entretenue par les « décideurs » algériens fait que certaines
    erreurs ont pu se glisser dans notre récit. Nous les espérons mineures.
    La « troisième guerre d’Algérie »

    Ce qui est certain en revanche, c’est que, malgré les pièces manquantes, le
    puzzle ainsi reconstitué est assez complet pour révéler un tableau
    absolument terrifiant des « années de sang » que vit le peuple algérien
    depuis 1988, et surtout depuis 1992. Le bilan en est connu : près de 200
    000 morts, des milliers de « disparus », des centaines de milliers de
    personnes déplacées ou exilées. Et, surtout, le déchaînement d’une barbarie
    de prime abord incompréhensible : la torture pratiquée à une échelle «
    industrielle » par les forces de sécurité, les meurtres et les massacres
    les plus atroces attribués tant à ces dernières qu’aux groupes islamistes…
    En bref, une société entière gérée par la terreur et entraînée dans une
    spirale de l’horreur où la vie humaine n’a plus aucune valeur.

    Comment les « décideurs », à peine une poignée d’hommes, agissant
    prétendument au nom de la « défense de la démocratie » contre le « péril
    vert », ont-ils contribué à plonger leur pays dans une telle sauvagerie,
    avec la complicité active de la France officielle ? Pour répondre à cette
    question essentielle, nous avons acquis la conviction qu’il ne suffisait
    pas de lever les voiles de la désinformation qui prévaut depuis 1992.
    L’éclairage historique est indispensable.

    Non que la réponse, soulignons-le avec force, serait à rechercher — comme
    l’ont laissé entendre nombre d’observateurs — du côté de l’atavisme supposé
    d’une société entière qui serait incapable, du fait même de la religion
    musulmane ou d’archaïsmes sociaux plus anciens, de résoudre les conflits
    qui la traversent autrement que par la violence. Toute l’histoire de
    l’Algérie et de son islam pacifique prouve le contraire. En réalité, la
    violence totale déchaînée par le régime actuel puise surtout ses sources
    dans une longue tradition de gestion du pouvoir par la force brute, qui a
    marqué au fer la société algérienne, depuis les débuts de la colonisation
    française. C’est ce que nous avons voulu évoquer dans un prologue, en
    rappelant que le mépris absolu de la vie des Algériens du peuple est bien
    l’atroce fil rouge qui relie les trois guerres dont ils ont été victimes au
    cours des deux deniers siècles : la guerre de conquête par la France, de
    1830 à 1848, d’essence génocidaire ; la guerre de libération, de 1954 à
    1962, marquée par les atrocités commises par l’armée française, mais aussi
    par les violences au sein même du camp algérien ; et la « troisième guerre
    d’Algérie », celle des généraux des années 1990.

    Après ce rappel indispensable, la première partie de ce livre retrace
    certains épisodes clés qui, de la victoire des « militaires » sur les «
    politiques » au sein du FLN lors de la guerre d’indépendance qui s’est
    achevée en 1962, jusqu’à l’annulation des élections législatives de
    décembre 1991, contribuent à éclairer les drames des années récentes. Il ne
    s’agit évidemment en aucune façon de faire un « résumé historique » de la
    guerre de libération et de l’Algérie indépendante — nous renverrons aux
    ouvrages de référence en la matière —, mais seulement d’évoquer les
    mécanismes de pouvoir, profondément enracinés dans la caste dirigeante, que
    sauront utiliser les « décideurs » d’aujourd’hui : nous montrerons ainsi
    comment, après la mort du président Houari Boumediene en 1978, le général
    Larbi Belkheir, a pu conquérir progressivement, avec ses alliés, une place
    dominante au sommet du pouvoir. Au point de constituer ce que l’on pourrait
    appeler le « clan français », moins parce que nombre des généraux qui le
    composent sont d’anciens officiers de l’armée française [15] , que du fait
    que leur puissance provient du contrôle des circuits de corruption : ces
    circuits, on le verra, plongent en effet leurs racines dans une partie de
    la classe politique et des milieux d’affaires français et forment le noyau
    dur de la « Françalgérie ».

    À la fin des années 1980, il devient vital pour les hommes de ce clan qui
    entourent le président Chadli de privatiser un minimum l’économie
    algérienne, officiellement publique et socialiste, afin de pérenniser les
    fortunes qu’ils ont commencé à acquérir par le prélèvement de commissions
    sur les flux du commerce extérieur. Mais les conservateurs du FLN
    s’opposent à cette ouverture. Grâce à la révolte d’octobre 1988, qu’ils ont
    secrètement encouragée et sauvagement réprimée, Belkheir et ses collègues
    se débarrassent des « vieilles barbes » du FLN : c’est le très paradoxal «
    printemps d’Alger ».

    Pour les généraux, il n’est toutefois pas question que la privatisation
    contrôlée s’accompagne d’une libéralisation économique et d’une véritable
    démocratisation politique. Pour contrer leurs opposants démocrates, ils
    avaient favorisé tout au long des années 1980 les mouvements islamistes,
    jusqu’à légaliser en septembre 1989 le Front islamique du salut. Fin 1991,
    le FIS remporte la majorité relative des suffrages lors des premières
    élections législatives relativement libres organisées en Algérie.
    S’appuyant sur la crainte que le parti islamiste suscite dans le pays et à
    l’étranger, les généraux obtiennent alors le soutien de Paris pour
    interrompre le processus électoral.

    Avec le coup d’État de janvier 1992, commence donc la « troisième guerre
    d’Algérie », retracée en détail dans la seconde partie de cet ouvrage. Les
    généraux « éradicateurs » — car il s’agit bien pour eux d’« éradiquer »
    l’islamisme — combattent l’opposition islamiste, armée ou non, en utilisant
    à grande échelle les méthodes de guerre contre-insurrectionnelle apprises
    des Français : torture systématique, exécutions extrajudiciaires en masse,
    infiltration des maquis islamistes, création de faux maquis agissant
    secrètement pour le compte de la Sécurité militaire, « escadrons de la mort
    » déguisés en islamistes qui terrorisent la population, recours à des «
    supplétifs » par la levée de milices… En janvier 1995, inquiète de la
    tournure dramatique que prennent les événements, une partie de la
    communauté internationale soutient la « plate-forme de Rome » adoptée par
    les principaux partis de l’opposition algérienne, une « offre de paix »
    dans laquelle, pour la première fois, le FIS s’engage formellement à
    renoncer à toute violence. Menacés par cette initiative, les généraux
    décident alors d’instrumentaliser plus encore la violence du GIA, dont ils
    contrôlent désormais complètement la direction, pour frapper la France et
    la contraindre à ne pas les « lâcher ».

    Mais en 1997, l’utilisation du GIA pour massacrer des milliers de civils
    dans les banlieues islamistes d’Alger commence à faire douter l’opinion
    internationale : le GIA ne serait-il pas une « organisation écran » de la
    Sécurité militaire algérienne ? Soupçonné d’être le véritable commanditaire
    des massacres, le régime déploie alors en direction de l’opinion publique
    internationale l’une des plus formidables campagnes de désinformation mises
    en œuvre dans le monde depuis 1945. À cette occasion, on le verra, la
    puissance des réseaux de la « Françalgérie » jouera à plein. Car si cette
    campagne a bien été conçue dans les officines des services secrets
    algériens, elle n’aurait jamais pu être aussi efficace sans les relais
    politiques et médiatiques dont ils disposent à Paris.

    Aujourd’hui encore, grâce à la terreur que Al-Qaïda, l’organisation
    terroriste dirigée par Oussama Ben Laden, inspire à juste titre au monde
    entier, les généraux d’Alger, soutenus par la France officielle,
    parviennent encore à s’abriter derrière le « diable islamiste » pour
    masquer leurs exactions. Jusqu’à quand ?



    [1] Khalida Messaoudi, Une Algérienne debout, Flammarion, Paris, 1995.

    [2] Jean-Baptiste Rivoire et Romain Icard, Attentats de Paris : enquête sur
    les commanditaires, documentaire diffusé dans l’émission « 90 minutes »,
    Canal Plus, 4 novembre 2002.

    [3] Jean-Baptiste Rivoire et Romain Icard, Édition spéciale droits de
    suite, diffusée dans le cadre de « 90 minutes », Canal Plus, juin 2003.

    [4] Christophe Nonnenmacher, « Triste année de l’Algérie »,
    <www.strasmag.com/monde/triste_annee_algerie.htm > .

    [5] Le seul cas connu d’un journaliste étranger qui ait réussi à fausser
    compagnie à son escorte pour passer quelques jours dans un maquis islamiste
    est celui de Phil Rees, un reporter de la BBC qui a visité en octobre 1994
    un maquis de l’Armée islamique du salut (AIS, dont on verra qu’elle était
    elle-même en guerre contre le GIA) dans la région de Chlef (voir à ce
    propos l’interview de Phil Rees dans Libération, 19-20 novembre 1994).

    [6] Il s’agit de Omar Chikhi, présenté par la presse algérienne comme l’«
    ex-chef du très redouté maquis de Zbarbar » (voir José Garçon, « Les
    révélations sur mesure d’un repenti islamiste algérien », Libération, 19
    février 2001). Sur les prestations télévisées de ce personnage, voir
    notamment : Malik Aït-Aoudia et Séverine Labat, Vol AF 8969 Alger-Paris,
    France 3, 9 mai 2002 ; et Malik Aït-Aoudia et Séverine Labat, Algérie
    1988-2000, autopsie d’une tragédie, France 5, octobre 2003.

    [7] Le premier témoignage détaillé sur ce point est celui d’un ancien
    colonel des services secrets : Mohammed Samraoui, Chronique des années de
    sang. Algérie : comment les services secrets ont manipulé les groupes
    islamistes, Denoël, Paris, 2003.

    [8] Jean-Baptiste Rivoire, Jean-Paul Billault, Thierry Thuillier et Bruno
    Girodon, Bentalha, autopsie d’un massacre, documentaire diffusé par la
    Télévision suisse romande (émission « Temps présent ») le 8 avril 1999, et
    par France 2 (émission « Envoyé spécial ») le 23 septembre 1999.

    [9] Michel Despratx, Jean-Baptiste Rivoire, Lounis Aggoun et Marina Ladous,
    Algérie, la grande manipulation, documentaire diffusé dans le cadre de
    l’émission « 90 minutes », Canal Plus, 31 octobre 2000.

    [10] Dont la plupart sont consultables sur le site Web
    <www.algeria-watch.org>, une véritable mine d’informations sur la question
    et sur bien d’autres relatives à la situation en Algérie. L’association
    Algeria-Watch, créée en 1997, est elle-même l’auteur de nombreux rapports
    publiés sur son site (l’un des plus impressionnants est celui, publié en
    octobre 2003, consacré à l’organisation secrète du système de terreur mis
    en place par les généraux algériens à partir de 1992 : Algérie, la machine
    de mort. Rapport sur la torture et les centres de détentions secrets).

    [11] Voir notamment : Abed Charef, Algérie, le grand dérapage, L’Aube, La
    Tour d’Aigues, 1994 ; Reporters sans frontières, Le Drame algérien. Un
    peuple en otage, La Découverte, Paris, 1994 (nouvelles éditions : 1995 et
    1996) ; Mireille Duteil et Pierre Dévoluy, La Poudrière algérienne,
    Calmann-Lévy, Paris, 1994 ; Amine Touati, Algérie, les islamistes à
    l’assaut du pouvoir, L’Harmattan, Paris, 1995 ; Roger Faligot et Pascal
    Krop, DST, police secrète, Flammarion, Paris, 1999 ; Djallal Malti, La
    Nouvelle Guerre d’Algérie, La Découverte, Paris, 1999.

    [12] Nesroulah Yous (avec la coll. de Salima Mellah), Qui a tué à Bentalha
    ? Algérie, chronique d’un massacre annoncé, La Découverte, Paris, 2000.

    [13] Habib Souaïdia, La Sale Guerre, La Découverte, Paris, 2001.

    [14] Mohammed Samraoui, Chronique des années de sang, op. cit.

    [15] Outre Larbi Belkheir, il s’agit notamment des généraux Khaled Nezzar,
    Mohamed Lamari, Mohamed Touati, Ali Tounsi, Mohamed Médiène (dit « Toufik
    »), Smaïl Lamari (dit « Smaïn »). À l’exception des deux derniers, tous
    sont d’anciens officiers ou sous-officiers de l’armée française. La plupart
    ont déserté, plus ou moins tôt, pendant la guerre de libération pour
    rejoindre l’ALN — ont les appelle en Algérie les « DAF » (déserteurs de
    l’armée française). Ces généraux, liés par des intérêts communs avec
    certains cercles du pouvoir en France, s’opposeront tout au long des années
    1980 à leurs collègues « anciens maquisards » issus des rangs de l’ALN,
    plus marqués par le panarabisme hérité du président égyptien Nasser.

  • #2
    Un parti pris

    Un parti pris, sans explication, n'est pas une bonne manière de décrire une réalité complexe telle qu'elle est vécue. Je me demande pourquoi ce journaliste ne cite pas , le livre "LA MAFFIA DES GENERAUX" , de HICHEM ABOUD , il ne peut pas l'ignorer du fait qu'il s'est très bien vendu en France.
    je n'ai que ma voix

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    • #3
      Remis au gout du jour, on comprend mieux les agissements de sarko:

      Après ce rappel indispensable, la première partie de ce livre retrace
      certains épisodes clés qui, de la victoire des « militaires » sur les «
      politiques » au sein du FLN lors de la guerre d’indépendance qui s’est
      achevée en 1962, jusqu’à l’annulation des élections législatives de
      décembre 1991, contribuent à éclairer les drames des années récentes. Il ne
      s’agit évidemment en aucune façon de faire un « résumé historique » de la
      guerre de libération et de l’Algérie indépendante — nous renverrons aux
      ouvrages de référence en la matière —, mais seulement d’évoquer les
      mécanismes de pouvoir, profondément enracinés dans la caste dirigeante, que
      sauront utiliser les « décideurs » d’aujourd’hui : nous montrerons ainsi
      comment, après la mort du président Houari Boumediene en 1978, le général
      Larbi Belkheir, a pu conquérir progressivement, avec ses alliés, une place
      dominante au sommet du pouvoir. Au point de constituer ce que l’on pourrait
      appeler le « clan français », moins parce que nombre des généraux qui le
      composent sont d’anciens officiers de l’armée française [15] , que du fait
      que leur puissance provient du contrôle des circuits de corruption : ces
      circuits, on le verra, plongent en effet leurs racines dans une partie de
      la classe politique et des milieux d’affaires français et forment le noyau
      dur de la « Françalgérie ».
      Dernière modification par reeeeeverblu, 29 avril 2007, 15h00.

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      • #4
        C'est qui, ce Ben ?
        Rien, ne s'affiche à son sujet, comme membre du forum.
        Ben, tu penses quoi du sujet ?
        Tu sais , ecrire de toi même ?

        Je ne lis pas des Copier/Coller anonyme.

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        • #5
          Quand on évoque le nom de JEAN-BAPTISTE RIVOIRE,il faut aussi parler de Didier Contant ,le journaliste qui refutait la thèse du sieur Rivoire et qui est mort d'une chute inexpliquée mais bon quand on a affaire à un annonyme qui use et abuse du copier coller,faut pas trop s'attendre à une rigueur intellectuelle pour avancer des faits qui sont par ailleurs contestés...

          Un livre intitulé Le huitième mort de Tibhirine est paru en même temps aux éditions Tatamis et Lazhari Labter Editions avec Le Soir d'Algérie. Signé par la compagne de Didier Contant, Rina Sherman, il dénonce le harcèlement qui conduisit le journaliste à se donner la mort.


          http://fr.wikipedia.org/wiki/Didier_Contant
          Dernière modification par Mha, 30 avril 2007, 01h26.

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          • #6
            Personnellement je cherche le lien qui existe entre sarko et ces gens, car je ne doute pas qu'il y en a un.
            Je cherche le fil conducteur sur le fond, pas sur la forme, que je sais tres manipulé et qui mettra apparemment encore beaucoup de temps a apparaitre tel qu'elle fut reellemment.
            Surtout quand on sait qu'il y a encore des zones d'ombres vieilles de 50 ans qui ne veulent toujours pas de lumiere.

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            • #7
              Reev

              Le lien avec la gauche c'est Pierre joxe dont le père était le ministre des Affaires algériennes, Louis Joxe (socialiste) ainsi que François Mitterrand à l'époque ministre de l'intérieur qui avaient des dossiers sur tous ceux qui sont aujourd'hui appelés les généraux ainsi que sur Bouteflika.
              Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

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              • #8
                bonjour

                Sarko et qui reveeeeer ?

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                • #9
                  sarko, pasqua, marchianni, et plus largement le systeme politico financier algerien.

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                  • #10
                    Reev

                    Bingo !!! efectivement le lien avec Sarko c'est Charles Pasqua . il est l'un des créateurs du SAC (Section d'Action Civique) une police secrète française pas mieux que la DRS.
                    Dernière modification par zwina, 30 avril 2007, 21h50.
                    Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

                    Commentaire


                    • #11
                      Je pense que c"est un petit debut.
                      Pasqua c"est deja un livre d"histoires à lui tout seul.

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                      • #12
                        Reev

                        Et si tu nous racontais l'histoire ?
                        Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

                        Commentaire


                        • #13
                          A Propos de ce Livre.


                          Commentaire


                          • #14
                            Charles Pasqua

                            En 1983, M. Sarkozy de Nagy-Bocsa est devenu maire de Neuilly à la place de M. Pasqua par une manœuvre habile plus que par une négociation. Mais M. Pasqua n'en n'a pas voulu à ce jeune ambitieux. Ils se sont rangés tous deux derrière M. Balladur en 1995, et surtout, M. Pasqua a laissé aimablement sa place de président du conseil général des Hauts-de-Seine, département le plus riche de France à M. Sarkozy. La carrière de M. Pasqua est trop riche pour être résumée par une notice. Des ouvrages fort intéressants lui ont été consacrés, comme La Maison Pasqua du journaliste Nicolas Beau, rédacteur au Canard enchaîné.

                            Bornons-nous à rappeler ses principaux faits d'armes. De 1964 à 1969, il est le patron du service d'action civique (S.A.C.), la tristement célèbre milice du parti gaulliste. De 1968 à 1981, ses membres auront des ennuis avec la justice pour :

                            « coups et blessures volontaires, port d'armes, escroqueries, agressions armées, faux monnayage, proxénétisme, racket, incendie volontaire, chantage, trafic de drogue, hold-up, abus de confiance, attentats, vols et recels, association de malfaiteurs, dégradation de véhicules, utilisation de chèques volés, outrages aux bonnes mœurs. » cf. François Audigier, Histoire du S.A.C., éd. Stock, 2003, p. 462

                            Avant 1968, la soumission de la justice était telle qu'aucune instruction n'a pu être menée. Et pourtant, c'était encore pire, puisque Jacques Foccart, successeur de M. Pasqua à la tête du S.A.C., a procédé à une épuration des membres du S.A.C. les plus incontrôlables en 1968/1969 !


                            Dans les années 1980, M. Pasqua est un fervent partisan d'alliances avec le fn et de rapprochements idéologiques. Il fait par exemple bruyamment entendre sa voix en faveur du rétablissement de la peine de mort et fait voter une loi scélérate sur l'immigration pendant la première cohabitation (abrogée par la gauche dès 1989). Il tient un discours très musclé aux policiers, qui n'a bien entendu rien à voir avec le meurtre de Malik Oussekine, en décembre 1986.

                            Au début des années 1990, le clan Pasqua se met à son compte, puis se rallie à M. Balladur.*Comme par hasard, ce détachement de M. Chirac signe le début de ses ennuis judiciaires. M. Pasqua est mis en examen depuis mai 2001 dans l'affaire Falcone pour « recel d'abus de biens sociaux » et « financement illégal de campagne électorale » (celle des élections européennes, en 1999). Il risque d'être renvoyé devant la Cour de justice de la République pour trois dossiers de « corruption » relatifs à son deuxième passage au ministère de l'Intérieur (1993/1994).

                            Il est ainsi soupçonné d'avoir accepté de jeux au casino d'Annemasse, alors dirigé par un de ses proches, M. Feliciaggi, dans des conditions illégales, d'avoir contraint la société GEC-Alsthom à lui verser 5,2 millions de F pour autoriser le déplacement de son siège social et d'avoir perçu, lui et son entourage, des sommes d'Étienne Léandri, provenant de 21 millions de F de commission que cet individu (décédé en 1995) avait reçus de la Société française d'exportation des matériels et systèmes du ministère de l'intérieur (Sofremi).

                            Le fils d'Étienne Léandri, Daniel, conseiller de M. Pasqua, a été condamné en novembre 2003 à dix mois prison ferme et 200 000 euros d'amende dans le procès Elf, peine confirmée en appel le 21 mars 2005. Le fils de M. Pasqua, Pierre-Philippe, réfugié en Tunisie, est lui visé par deux mandats d'arrêt dans les affaires Sofremi et GEC-Alsthom. Son cousin germain été mis en examen en 2002 avec M. Claude Marchiani, frère de l'ex-préfet du Var, dans l'enquête sur les fonds occultes versés à l'occasion d'un marché passé avec Aéroports de Paris.

                            En juin 2004, le juge monégasque Jean-Christophe Hullin a clos son enquête sur un réseau de blanchiment qui, selon une note de synthèse de la police monégasque du 6 mars 2001, a « largement utilisé le secteur bancaire de la principauté et des relais douteux pour se livrer à des opérations qui ont permis de réinvestir dans des activités légales, l'immobilier, le financement de partis politiques et la mise à disposition d'individus membres du milieu de sommes importantes en liquide. […] Au niveau national, le groupe Feliciaggi-Tomi est lié au parti politique français dénommé RPF, et notamment son président, l'ancien ministre de l'intérieur Charles Pasqua. Des contacts financiers, téléphoniques et professionnels sont avérés. »

                            Plusieurs collaborateurs de M. Pasqua sont eux aussi mis en examen dans les affaires Sofremi, Falcone, GEC-Alsthom, etc., notamment M. Marchiani, qui a nommément mis en cause MM. Pasqua et Chirac. Sur toutes ces procédures judiciaires.
                            cf. Le Monde des 16 mars 2001, 11 juin 2004, 3 août 2004, 25 décembre 2004 et 1er avril 2005

                            Le 7 avril 2004, Libération indique que M. Pasqua pourrait avoir une nouvelle casserole :

                            « Si ce n'est pas encore de la malversation caractérisée, c'est déjà une référence en matière de gabegie de fonds publics. Entre début 2001 et juillet 2003, le conseil général des Hauts-de-Seine a dépensé au moins 3 millions d'euros dans un projet de centre d'art contemporain finalement annulé par le tribunal administratif pour un mauvais choix de site juste après l'arrivée des premières pelleteuses. »


                            *C'est à cette époque la que Sarkozy trahis chirac pour balladur.
                            Dernière modification par reeeeeverblu, 01 mai 2007, 04h45.

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                            • #15
                              Pour s'assurer une nouvelle immunité, l'ex-ministre de l'Intérieur, élu dimanche, a su faire jouer ses réseaux. Sarkozy et Chirac compris.

                              Par Antoine GUIRAL et Thomas LEBEGUE, pour Libération

                              Il fallait sauver Pasqua. Pour une fois, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy sont tombés d'accord. Et le résultat ne s'est pas fait attendre : trois mois après avoir perdu son siège de député européen et son immunité parlementaire, Charles Pasqua, 77 ans, a été facilement élu au Sénat, dimanche, dans les Hauts-de-Seine. Nul doute que l'ancien ministre de l'Intérieur saura d'abord remercier Sarkozy qui, malgré ses dénégations, a beaucoup contribué à son retour dans la Haute Assemblée. Au mois de mars, Pasqua avait eu l'habileté de lui céder son canton de Neuilly-Nord, puis la présidence du département le plus riche de France (1,7 milliard d'euros de budget). En retour, Sarkozy l'a fait élire président d'honneur du conseil général. Et, depuis dimanche, sénateur pour six ans.

                              Hommage. Avant même de récupérer la forteresse des Hauts-de-Seine, Nicolas Sarkozy avait rendu un puissant hommage à son prédécesseur. La scène se déroule le 19 janvier, dans l'immense salle de réception du conseil général. En haut de l'escalator, Charles Pasqua et madame accueillent un à un les 2 000 participants, qui ne manqueraient pour rien au monde cette cérémonie des voeux. Au milieu de la soirée, devant un orchestre philharmonique, Pasqua adoube Sarkozy. Rien n'est encore officiel, mais, dans l'assistance, chacun sait que le «président Pasqua» s'est trouvé un successeur à sa taille. «Merci à Charles Pasqua parce qu'il a été pour nous une référence, lance Sarkozy. Nous n'avons pas oublié.» Un hommage public qui n'a pas échappé aux centaines d'élus locaux présents ce jour-là.

                              Rien d'étonnant à ce que ces mêmes élus, aujourd'hui cornaqués par Sarkozy, permettent à Pasqua d'accéder au Sénat six mois plus tard. Au total, 211 grands électeurs ont voté pour lui, dimanche, lors du renouvellement sénatorial. Sarkozy a beau jurer qu'il n'a «joué aucun rôle» dans cette élection, il suffit de faire le compte des voix pour se convaincre du contraire. On ne réunit pas impunément 10 % des grands électeurs en plein «Sarkoland» sans que le chef ait préalablement donné son accord. Début 2003, Sarkozy, alors à l'Intérieur, avait déjà fait un joli cadeau à son mentor. Dans le projet de loi réformant le mode de scrutin aux élections régionales, il avait fait inscrire un amendement permettant de cumuler le siège de député européen et celui de président de conseil général. Du sur mesure pour Pasqua, qui avait récupéré dans la foulée la présidence de «son» conseil général.

                              «Quel animal !» Pour les sénatoriales, la manoeuvre exigeait plus de finesse. Après sa gamelle électorale aux européennes du mois de juin, Pasqua est allé voir son jeune successeur pour évoquer son avenir. Les deux hommes sont convenus qu'il fallait mener une campagne tout en nuances. La liste d'«Union pour la majorité nationale», présentée par Pasqua, a diffusé des tracts rouge et bleu, aux couleurs de l'UMP. Il a également fait part de son intention de siéger au groupe UMP, «car c'est là que se trouvent ceux avec lesquels j'ai eu à défendre les convictions qui sont les nôtres». Pour parfaire sa symbiose avec le ministre des Finances, Pasqua a même pris sur sa liste le député Georges Siffredi, qui est le suppléant de Patrick Devedjian, ministre de l'Industrie et principal lieutenant de Sarkozy ! Bref, «Pasqua a fait une campagne très habile, témoigne un sénateur UMP. Il a joué à la fois sur le vote affectif de ses amis et sur la popularité de Sarkozy, tout en laissant penser qu'il ralliait l'UMP. Quel animal !»

                              Menaces. Cette victoire pasquaïenne n'est pas non plus pour déplaire à Jacques Chirac. Intouchable tant qu'il est protégé par son statut, le Président n'aime rien moins que de voir les juges tourner autour des affaires de ses vieux compères. Entre lui et Pasqua, ce sont quarante ans de compagnonnage, d'amitié, de petits et grands secrets, de coups bas aussi mais toujours scellés par des rabibochages au nom des intérêts supérieurs de chacun. Au-delà des aléas de la vie politique, une forte complicité unit ces deux hommes qui se voient et s'appellent régulièrement. Ami intime de la famille Chirac, Pasqua a toujours su trouver les mots pour faire comprendre au chef de l'Etat que ses éventuels ennuis judiciaires ne devaient pas aller au-delà de l'inacceptable pour lui. Trouvant le chef de l'Etat trop passif à l'égard de ses déboires, l'ancien président du conseil général des Hauts-de-Seine a multiplié ces derniers temps les sous-entendus ou menaces voilées à l'encontre de Chirac. Fin juillet, il lui a ainsi remis une lettre demandant «de faire en sorte qu'il ne subisse plus de traitement de défaveur» de la part du juge Courroye. Puis il a réclamé son désaisissement. Plus récemment, dans un entretien au Parisien, Pasqua faisait valoir que, s'il avait été candidat à la présidentielle, «Chirac n'aurait pas été élu». Une manière de réclamer, et visiblement d'obtenir, un renvoi d'ascenseur de l'Elysée.

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