Chiffres alarmants, témoignages poignants, photos, vidéos et commentaires accablants: les Saoudiens n’ont plus honte d’étaler au cas grand jour la pauvreté qui frappe près du quart des citoyens de cette superpuissance pétrolière, membre du G20, le club des pays qui représentent 90% de l'économie mondiale.
Un tabou brisé
Naguère encore, le royaume rechignait à reconnaître l’existence de la pauvreté, un fléau «honteux» dans un pays qui renferme les plus importantes réserves pétrolières du monde et qui se targue d’être aussi le plus grand producteur et exportateur de brut.
Mais depuis le lancement d’une campagne contre la pauvreté à l’issue d’une visite médiatisée en novembre 2002 de l’émir Abdallah, alors prince héritier, dans des quartiers déshérités de Ryad, ce tabou est de plus en plus brisé.
Finie l’image d’Epinal
Depuis son accession au trône, en août 2005, la pauvreté est le sujet d’élection de la presse écrite et électronique locale: finie l’image d’Epinal de Saoudiens se prélassant tous dans des voitures de luxes et se vautrant dans des palais cinq étoiles.
La presse parle de Saoudiens obligés de vendre un rein pour soigner un parent, s’acquitter de dettes ou poursuivre des études, de milliers de familles vivant dans des logements insalubres en tôle ondulée, voire de Saoudiens contraints de brader une fille pour nourrir le reste de la famille.
Quelques cas poignants
Ne pouvant plus s’acquitter de son loyer, une famille de sept membres a élu domicile … sous un pont. Un père a transformé l’autobus sur lequel il travaillait pour le compte d’une société de transport d’étudiantes, en dortoir nocturne. Plusieurs photos publiées par «Sabq» montrant sa femme et ses cinq enfants recroquevillés sur les sièges.
Une autre famille, également de sept membres, n’a pas trouvé mieux comme abri qu’une vieille embarcation sur la corniche de Djeddah, «les quatre mètres carrés servant à la fois de salon, de cuisine et de chambre à coucher. Et la mer (Rouge), en guise de toilettes». Ironie du sort: l’assistance sociale lui a refusé toute aide, faute d’adresse », écrit «Okaz».
La misère a même poussé des Saoudiennes à tâter du travail comme employées de maisons et à ne plus faire la fine bouche dans un royaume où travaillent plus de 1,5 millions de domestiques, en majorité des femmes originaires d’Indonésie, du Sri Lanka, des Philippines et d’autres pays du sous-continent indien.
Comble de déchéance, un Saoudien dans la province de Jizan (sud-ouest) «a vendu sa fille, une élève de 20 printemps, à un Pakistanais, sexagénaire mais riche négociant», a rapporté le quotidien Al-Riyadh.
Enfin des chiffres !
La «transparence» sur la pauvreté a amené le ministère des Affaires sociales, d’habitude muet sur le nombre des «nécessiteux», à faire des révélations sur les familles saoudiennes pauvres dans son dernier rapport pour … 2007.
Selon ce rapport, le nombre de familles saoudiennes prises en charge par la Sécurité sociale s’était établi, fin 2007, à 665.600 familles, soit «près de 22% de la population autochtone (estimée à quelque 17 millions de personnes), sous le seuil de la pauvreté».
Bien que ce pourcentage soit bien en-deçà de celui de 60% avancé d’habitude par les détracteurs du régime, son annonce par le ministère a suscité de vives réactions de Saoudiens, s’exprimant via la presse ou des sites internet.
Levée de boucliers
La plupart déplorent l’existence d’un aussi grand nombre de pauvres dans un pays des plus nantis. Selon la presse, dans des pays beaucoup moins favorisés comme le Pakistan ou le Liban, ces taux sont respectivement d’environ 28% et 24%, alors qu’en Allemagne et en Malaisie, 11% et 5,1% de la population sont sous le seuil de la pauvreté.
Certains s’interrogent aussi sur le sort des «cent millions de riyals alloués chaque mois par le ministère à l’Assistance sociale » dans le cadre de la «Stratégie de lutte contre la pauvreté», un programme lancé en 2003.
Cette colère est montée d’un cran après la publication par la Département de la lutte contre la mendicité d’un rapport sur le nombre de Saoudiens et Saoudiennes interpellés en 2008, soit 5.306 (ou 19% du total des mendiants arrêtés), contre 4.952 (ou 15% du total), en 2007.
Nationalisation de la mendicité
Pire encore, «les Saoudiennes interpellées sont pour la plupart des élèves du secondaire et les Saoudiens sont des ressortissants des universités», selon le rapport.
«Des mendiants dotés de diplômes universitaires ! », «Enfin ! la Saoudisation de la mendicité !», titrent des éditorialistes, dont certains déplorent le manque de transparence et de contrôle de la gestion des deniers publics.
Le 20 février, le ministre des Affaires sociales et président du conseil d’administration du Fonds Caritatif National, Youssef Al-Othaimin, avait annoncé le lancement d’un site internet pour mener une campagne, baptisée «pour un pays sans pauvreté», appelant les Saoudiens à participer à une réflexion et à faire des propositions concrètes.
Samedi dernier, un membre du Conseil consultatif (Majless Al-Choura) a sommé le ministère d’expliquer les raisons du «gel de 34 recommandations de la commission des Affaires sociales et de la famille, destinées à lutter contre la pauvreté et la mendicité».
Saudiwave
Un tabou brisé
Naguère encore, le royaume rechignait à reconnaître l’existence de la pauvreté, un fléau «honteux» dans un pays qui renferme les plus importantes réserves pétrolières du monde et qui se targue d’être aussi le plus grand producteur et exportateur de brut.
Mais depuis le lancement d’une campagne contre la pauvreté à l’issue d’une visite médiatisée en novembre 2002 de l’émir Abdallah, alors prince héritier, dans des quartiers déshérités de Ryad, ce tabou est de plus en plus brisé.
Finie l’image d’Epinal
Depuis son accession au trône, en août 2005, la pauvreté est le sujet d’élection de la presse écrite et électronique locale: finie l’image d’Epinal de Saoudiens se prélassant tous dans des voitures de luxes et se vautrant dans des palais cinq étoiles.
La presse parle de Saoudiens obligés de vendre un rein pour soigner un parent, s’acquitter de dettes ou poursuivre des études, de milliers de familles vivant dans des logements insalubres en tôle ondulée, voire de Saoudiens contraints de brader une fille pour nourrir le reste de la famille.
Quelques cas poignants
Ne pouvant plus s’acquitter de son loyer, une famille de sept membres a élu domicile … sous un pont. Un père a transformé l’autobus sur lequel il travaillait pour le compte d’une société de transport d’étudiantes, en dortoir nocturne. Plusieurs photos publiées par «Sabq» montrant sa femme et ses cinq enfants recroquevillés sur les sièges.
Une autre famille, également de sept membres, n’a pas trouvé mieux comme abri qu’une vieille embarcation sur la corniche de Djeddah, «les quatre mètres carrés servant à la fois de salon, de cuisine et de chambre à coucher. Et la mer (Rouge), en guise de toilettes». Ironie du sort: l’assistance sociale lui a refusé toute aide, faute d’adresse », écrit «Okaz».
La misère a même poussé des Saoudiennes à tâter du travail comme employées de maisons et à ne plus faire la fine bouche dans un royaume où travaillent plus de 1,5 millions de domestiques, en majorité des femmes originaires d’Indonésie, du Sri Lanka, des Philippines et d’autres pays du sous-continent indien.
Comble de déchéance, un Saoudien dans la province de Jizan (sud-ouest) «a vendu sa fille, une élève de 20 printemps, à un Pakistanais, sexagénaire mais riche négociant», a rapporté le quotidien Al-Riyadh.
Enfin des chiffres !
La «transparence» sur la pauvreté a amené le ministère des Affaires sociales, d’habitude muet sur le nombre des «nécessiteux», à faire des révélations sur les familles saoudiennes pauvres dans son dernier rapport pour … 2007.
Selon ce rapport, le nombre de familles saoudiennes prises en charge par la Sécurité sociale s’était établi, fin 2007, à 665.600 familles, soit «près de 22% de la population autochtone (estimée à quelque 17 millions de personnes), sous le seuil de la pauvreté».
Bien que ce pourcentage soit bien en-deçà de celui de 60% avancé d’habitude par les détracteurs du régime, son annonce par le ministère a suscité de vives réactions de Saoudiens, s’exprimant via la presse ou des sites internet.
Levée de boucliers
La plupart déplorent l’existence d’un aussi grand nombre de pauvres dans un pays des plus nantis. Selon la presse, dans des pays beaucoup moins favorisés comme le Pakistan ou le Liban, ces taux sont respectivement d’environ 28% et 24%, alors qu’en Allemagne et en Malaisie, 11% et 5,1% de la population sont sous le seuil de la pauvreté.
Certains s’interrogent aussi sur le sort des «cent millions de riyals alloués chaque mois par le ministère à l’Assistance sociale » dans le cadre de la «Stratégie de lutte contre la pauvreté», un programme lancé en 2003.
Cette colère est montée d’un cran après la publication par la Département de la lutte contre la mendicité d’un rapport sur le nombre de Saoudiens et Saoudiennes interpellés en 2008, soit 5.306 (ou 19% du total des mendiants arrêtés), contre 4.952 (ou 15% du total), en 2007.
Nationalisation de la mendicité
Pire encore, «les Saoudiennes interpellées sont pour la plupart des élèves du secondaire et les Saoudiens sont des ressortissants des universités», selon le rapport.
«Des mendiants dotés de diplômes universitaires ! », «Enfin ! la Saoudisation de la mendicité !», titrent des éditorialistes, dont certains déplorent le manque de transparence et de contrôle de la gestion des deniers publics.
Le 20 février, le ministre des Affaires sociales et président du conseil d’administration du Fonds Caritatif National, Youssef Al-Othaimin, avait annoncé le lancement d’un site internet pour mener une campagne, baptisée «pour un pays sans pauvreté», appelant les Saoudiens à participer à une réflexion et à faire des propositions concrètes.
Samedi dernier, un membre du Conseil consultatif (Majless Al-Choura) a sommé le ministère d’expliquer les raisons du «gel de 34 recommandations de la commission des Affaires sociales et de la famille, destinées à lutter contre la pauvreté et la mendicité».
Saudiwave
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