Les cinq pays émergents du groupe Brics se sont prononcés, jeudi 14 avril, contre l'usage de la force en Libye, en Côte d'Ivoire et au Moyen-Orient. "Nous partageons le principe selon lequel l'usage de la force doit être évité", affirment le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud (Brics) dans une déclaration conjointe à l'issue du sommet de Sanya, dans le sud de la Chine. Il n'est toutefois pas fait explicitement aux frappes menées par l'OTAN en Libye.

Le groupe Brics, élargi pour la première fois à l'Afrique du Sud, se déclare "profondément inquiet face aux troubles au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et de l'Ouest". Le président chinois, Hu Jintao, ses homologues brésilien, Dilma Rousseff, sud-africain, Jacob Zuma, russe, Dmitri Medvedev et le premier ministre indien, Manmohan Singh, souhaitent que les pays affectés "parviennent à la paix, à la stabilité, à la prospérité et au progrès et occupent dignement leur rang dans le monde en fonction des apirations légitimes de leurs peuples", selon le projet de déclaration.

POUR LA RUSSIE, LA RÉSOLUTION DE L'ONU N'AUTORISAIT PAS LES FRAPPES

Le président russe est allé plus loin, en déclarant que la résolution de l'ONU n'autorisait pas les frappes menées par l'OTAN en Libye. Il a par ailleurs ajouté que les cinq pays émergents du Brics partageaient cet avis.

La Russie, qui dispose d'un droit de veto au Conseil de sécurité de l'ONU, s'était abstenue le 17 mars lors du vote de la résolution 1973 qui a autorisé l'intervention d'une coalition internationale en Libye contre le régime du colonel Mouammar Kadhafi et le déclenchement de frappes aériennes auxquelles Moscou ne participe pas.

"Les résolutions du Conseil de sécurité devraient être appliquées (..) en accord avec leur lettre et leur esprit", a déclaré M. Medvedev à l'issue du sommet de Sanya. "Qu'avons-nous comme résultat (du vote) ? Nous avons essentiellement une opération militaire. La résolution ne dit rien de cela", a poursuivi le président lors d'une conférence de presse.

"Sur cette question, les pays du Brics sont totalement unis", a-t-il affirmé, alors que l'Afrique du Sud avait voté la résolution 1973, contrairement aux quatre autres membres qui s'étaient abstenus, notamment la Russie et la Chine, deux membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU.

Paris a réagi par l'intermédiaire du ministère des affaires étrangères. "L'action de la France se situe dans le strict respect de la résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations unies d'abord, et dans le cadre d'une mobilisation en faveur de la population libyenne persécutée par (Mouammar) Kadhafi, dont le fils avait promis des rivières de sang à son peuple", a déclaré le porte-parole du Quai d'Orsay Bernard Valero, lors d'un point-presse.

LES BRICS POUR UNE RÉFORME DE L'ONU

Les Cinq ont également appelé à "une réforme de fond" de l'ONU, notamment du Conseil de sécurité, "afin de la rendre plus efficace et représentative". Mais sans entrer dans les détails : la Chine ne soutient pas la demande du Brésil et de l'Inde d'un siège de membre permanent. "La Russie et la Chine réaffirment l'importance qu'elles attachent au statut de l'Inde, du Brésil et de l'Afrique du Sud dans les affaires internationales, et comprennent et soutiennent leurs aspirations à jouer un plus grand rôle au sein des Nations unies", mentionne tout de même la déclaration conjointe de fin de sommet.

"Il est crucial de réformer les Nations unies et son Conseil de sécurité. Il est tout simplement impossible (...) que nous demeurions liés aux organisations institutionnelles façonnées dans la période de l'après-guerre", a déclaré de son côté la présidente brésilienne, Dilma Rousseff.

Source: Le Monde avec Reuters