Renforcement des contrôles aériens sur les Algériens : une nouvelle maladresse de Paris
Yazid Slimani
La décision française de renforcer les contrôles sur les voyageurs aériens en provenance de pays classés à risque est mal perçue en Algérie. Avec l'annonce de cette intention du ministre français de l'Intérieur, les Algériens ont en effet découvert qu'ils figuraient depuis le 19 février dernier sur cette fameuse liste.
Et immédiatement des questions se posent sur la pertinence de la présence du pays parmi les plus dangereux de la planète en matière de provenance des voyageurs aériens. Certes le contexte sécuritaire en Algérie n'est pas encore totalement apaisé, mais est-il cependant comparable à ce qui se passe en Afghanistan, au Yémen ou au Pakistan?
L'autre question porte sur l'utilisation qui sera faite des nouvelles informations récoltées par les compagnies aériennes. On sait déjà que les Algériens qui veulent se rendre en France et plus largement en Europe doivent fournir dans leur demande de visa un grand nombre de données personnelles et attendre au moins 15 jours pour obtenir le précieux document. Ces données, on l'imagine, servent déjà de renseignement sur la dangerosité ou non d'un futur passager.
Le complément d'informations réclamées aux compagnies aériennes par la France sera-t-il réellement efficace pour détecter des passagers dangereux en provenance d’Algérie? Comment des anomalies éventuelles qui n’ont pas été détectées par les services de visas pourront-elles être repérées par des compagnies aériennes ? Surtout que le passager peut acquérir son billet une heure avant le vol.
Tout le monde le sait : l'affaire de la tentative d'attentat sur le vol Amsterdam-Détroit montre qu'il s'agit beaucoup plus d'une défaillance des services de renseignements américains, qui n'ont pas placé le jeune nigérian sur la liste des individus interdits de vol à destination des Etats-Unis comme le préconisait leurs informations, plutôt que d'une négligence de la compagnie aérienne ou de l'aéroport de départ.
C'est bien la coopération et l'organisation du renseignement et de la lutte contre le terrorisme au niveau mondial qui est en jeu, étant donné que Umar Farouk Abdulmutallab a traversé au moins trois pays avant de s'envoler pour Détroit.
Si Barack Obama a décidé de sévir contre ses services, la France s'assure-t-elle, en même temps qu'elle renforce les contrôles dans ses aéroports, qu'elle est à l'abri d'une telle erreur. Un autre argument qui fait qu'en Algérie, l'annonce française est perçue comme une provocation, ou en tout cas comme un élément qui renforce la mauvaise image du pays, qui n'a vraiment pas besoin de cela.
Et puis, pourquoi rendre publique une telle liste ? La maintenir secrète non seulement rendrait le travail des services de sécurité plus efficace, mais il permettra aussi d’éviter de stigmatiser des voyageurs d’un pays « ami ». Enfin, l’annonce française intervient quelques jours seulement après les déclarations de son ambassadeur à Alger dans les colonnes de nos confrères d’Echorouk affirmant que Paris était prêt à accepter le principe d’une libre circulation des Algériens en échange d’un accord gazier…
Yazid Slimani
La décision française de renforcer les contrôles sur les voyageurs aériens en provenance de pays classés à risque est mal perçue en Algérie. Avec l'annonce de cette intention du ministre français de l'Intérieur, les Algériens ont en effet découvert qu'ils figuraient depuis le 19 février dernier sur cette fameuse liste.
Et immédiatement des questions se posent sur la pertinence de la présence du pays parmi les plus dangereux de la planète en matière de provenance des voyageurs aériens. Certes le contexte sécuritaire en Algérie n'est pas encore totalement apaisé, mais est-il cependant comparable à ce qui se passe en Afghanistan, au Yémen ou au Pakistan?
L'autre question porte sur l'utilisation qui sera faite des nouvelles informations récoltées par les compagnies aériennes. On sait déjà que les Algériens qui veulent se rendre en France et plus largement en Europe doivent fournir dans leur demande de visa un grand nombre de données personnelles et attendre au moins 15 jours pour obtenir le précieux document. Ces données, on l'imagine, servent déjà de renseignement sur la dangerosité ou non d'un futur passager.
Le complément d'informations réclamées aux compagnies aériennes par la France sera-t-il réellement efficace pour détecter des passagers dangereux en provenance d’Algérie? Comment des anomalies éventuelles qui n’ont pas été détectées par les services de visas pourront-elles être repérées par des compagnies aériennes ? Surtout que le passager peut acquérir son billet une heure avant le vol.
Tout le monde le sait : l'affaire de la tentative d'attentat sur le vol Amsterdam-Détroit montre qu'il s'agit beaucoup plus d'une défaillance des services de renseignements américains, qui n'ont pas placé le jeune nigérian sur la liste des individus interdits de vol à destination des Etats-Unis comme le préconisait leurs informations, plutôt que d'une négligence de la compagnie aérienne ou de l'aéroport de départ.
C'est bien la coopération et l'organisation du renseignement et de la lutte contre le terrorisme au niveau mondial qui est en jeu, étant donné que Umar Farouk Abdulmutallab a traversé au moins trois pays avant de s'envoler pour Détroit.
Si Barack Obama a décidé de sévir contre ses services, la France s'assure-t-elle, en même temps qu'elle renforce les contrôles dans ses aéroports, qu'elle est à l'abri d'une telle erreur. Un autre argument qui fait qu'en Algérie, l'annonce française est perçue comme une provocation, ou en tout cas comme un élément qui renforce la mauvaise image du pays, qui n'a vraiment pas besoin de cela.
Et puis, pourquoi rendre publique une telle liste ? La maintenir secrète non seulement rendrait le travail des services de sécurité plus efficace, mais il permettra aussi d’éviter de stigmatiser des voyageurs d’un pays « ami ». Enfin, l’annonce française intervient quelques jours seulement après les déclarations de son ambassadeur à Alger dans les colonnes de nos confrères d’Echorouk affirmant que Paris était prêt à accepter le principe d’une libre circulation des Algériens en échange d’un accord gazier…
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