A propos du bouquin dont vous parliez à la base: Il est "sorti" en Algerie:
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10 heures. Les abords de la Maison de la Presse sont assiégés par une procession de véhicules banalisés à bord desquels des policiers en civil surveillent tout ce qui bouge. Hier, ils sont venus en renfort. L’objectif : traquer le livre de Benchicou. Dans l’enceinte de l’institution, une effervescence sans pareille règne. Journalistes, photographes par petites grappes commentent la folie furieuse qui s’est emparée des services de Zerhouni.
Dans les locaux du Matin, citoyens, hommes politiques dans un va-etvient incessant, se dirigent vers le bureau, où s’est ouverte la vente. Sans guère se soucier de ceux qui les attendent dehors. Deux citoyens, sont interceptés à leur sortie et leurs livres saisis. “C’est la procédure” leur a-t-on signalé. Mme Ouzegane, ancienne Moudjahida, quittera la Maison de la Presse, à la main un sac. Sitôt dans sa voiture, elle sera arrêtée à la rue Hassiba-Ben Bouali, et conduite au commissariat du 8e arrondissement. Téméraire et ne perdant rien de son courage, elle ne se défera pas de ses trois livres qu’elle venait d’acheter. Malgré l’insistance des policiers, qui lui ont même proposé, selon elle, de les lui rembourser, elle ne lâchera pas prise : “Je souhaite que d’autres livres mettront à nu d’autres hommes du régime.” Après établissement d’un P-V, Mme Ouzegane quittera les lieux pour revenir à la charge et acheter cette fois-ci 8 autres livres. “C’est pour mes amis et ma famille, dira-t-elle. Et que quelqu’un ose me les prendre.” Notre collègue Zineb Maïche, alors qu’elle se rendait à une couverture en compagnie du chauffeur, aura droit elle aussi à une arrestation. “Nous avons quitté la rue Hassiba-Ben Bouali et avons entamé l’une des ruelles perpendiculaires, lorsqu’une Kangoo blanche nous dépasse et le chauffeur nous fait signe de nous arrêter. Sur le coup, je n’avais pas compris que nous étions suivis par des policiers. Nous nous sommes exécutés et les policiers se sont dirigés vers nous. J’ai eu le réflexe de demander leur carte et ce qu’ils cherchaient. Ils n’ont pas hésité à nous la montrer en nous répondant que je savais très bien pourquoi. Respectueux, ils ont procédé à la fouille de la malle, puis, le dessous des sièges. Je leur ai même demandé si je pouvais sortir pour mieux chercher. Ils n’ont pas voulu. Ils m’ont ensuite demandé mon sac pour la fouille en me précisant si je n’avais rien sur moi. Après quoi, ils m’ont remis mon sac, ma pièce d’identité, ainsi que la carte grise du chauffeur et ont poursuivi leur chemin sans trouver l’objet de leur recherche.” Côté librairies, les commandes s’effectuent normalement, malgré la pression. 14 heures. Après la conférence de presse, M. Benchicou, dans le bureau des correcteurs, dédicacera son livre. Dans le couloir du siège, une chaîne interminable se forme. Journalistes, directeurs de journaux, leaders de partis, — Abdelhak Bererhi, El Hachemi Cherif, ou l’ancien ministre de la Culture, M. Rahabi — citoyens, représentants des arouch, tous, le livre à la main, attendaient leur tour. On se bousculait au portillon. La valse de ces hommes et ces femmes, jeunes et moins jeunes, a duré près de deux heures. Cette fois, les lecteurs ne cachaient pas le livre sous le manteau, comme beaucoup étaient contraints de le faire dans la matinée pour éviter qu’on le leur confisque. Les policiers s’étaient du coup calmés. La vague humaine qui sortait de la maison de la Presse avec le livre, les a quelque peu déstabilisés. Les citoyens, en fin de journée, malgré la présence de la file de voitures à l’extérieur, n’étaient plus inquiétés. Ils étaient fiers d’avoir acquis le livre avec une dédicace de l’auteur en prime. C’était une manière pour eux de soutenir Benchicou, mais surtout de défendre le principe de lire le livre dans leur pays. Pour eux, c’est là une avancée démocratique.
N. Y.
Dans les locaux du Matin, citoyens, hommes politiques dans un va-etvient incessant, se dirigent vers le bureau, où s’est ouverte la vente. Sans guère se soucier de ceux qui les attendent dehors. Deux citoyens, sont interceptés à leur sortie et leurs livres saisis. “C’est la procédure” leur a-t-on signalé. Mme Ouzegane, ancienne Moudjahida, quittera la Maison de la Presse, à la main un sac. Sitôt dans sa voiture, elle sera arrêtée à la rue Hassiba-Ben Bouali, et conduite au commissariat du 8e arrondissement. Téméraire et ne perdant rien de son courage, elle ne se défera pas de ses trois livres qu’elle venait d’acheter. Malgré l’insistance des policiers, qui lui ont même proposé, selon elle, de les lui rembourser, elle ne lâchera pas prise : “Je souhaite que d’autres livres mettront à nu d’autres hommes du régime.” Après établissement d’un P-V, Mme Ouzegane quittera les lieux pour revenir à la charge et acheter cette fois-ci 8 autres livres. “C’est pour mes amis et ma famille, dira-t-elle. Et que quelqu’un ose me les prendre.” Notre collègue Zineb Maïche, alors qu’elle se rendait à une couverture en compagnie du chauffeur, aura droit elle aussi à une arrestation. “Nous avons quitté la rue Hassiba-Ben Bouali et avons entamé l’une des ruelles perpendiculaires, lorsqu’une Kangoo blanche nous dépasse et le chauffeur nous fait signe de nous arrêter. Sur le coup, je n’avais pas compris que nous étions suivis par des policiers. Nous nous sommes exécutés et les policiers se sont dirigés vers nous. J’ai eu le réflexe de demander leur carte et ce qu’ils cherchaient. Ils n’ont pas hésité à nous la montrer en nous répondant que je savais très bien pourquoi. Respectueux, ils ont procédé à la fouille de la malle, puis, le dessous des sièges. Je leur ai même demandé si je pouvais sortir pour mieux chercher. Ils n’ont pas voulu. Ils m’ont ensuite demandé mon sac pour la fouille en me précisant si je n’avais rien sur moi. Après quoi, ils m’ont remis mon sac, ma pièce d’identité, ainsi que la carte grise du chauffeur et ont poursuivi leur chemin sans trouver l’objet de leur recherche.” Côté librairies, les commandes s’effectuent normalement, malgré la pression. 14 heures. Après la conférence de presse, M. Benchicou, dans le bureau des correcteurs, dédicacera son livre. Dans le couloir du siège, une chaîne interminable se forme. Journalistes, directeurs de journaux, leaders de partis, — Abdelhak Bererhi, El Hachemi Cherif, ou l’ancien ministre de la Culture, M. Rahabi — citoyens, représentants des arouch, tous, le livre à la main, attendaient leur tour. On se bousculait au portillon. La valse de ces hommes et ces femmes, jeunes et moins jeunes, a duré près de deux heures. Cette fois, les lecteurs ne cachaient pas le livre sous le manteau, comme beaucoup étaient contraints de le faire dans la matinée pour éviter qu’on le leur confisque. Les policiers s’étaient du coup calmés. La vague humaine qui sortait de la maison de la Presse avec le livre, les a quelque peu déstabilisés. Les citoyens, en fin de journée, malgré la présence de la file de voitures à l’extérieur, n’étaient plus inquiétés. Ils étaient fiers d’avoir acquis le livre avec une dédicace de l’auteur en prime. C’était une manière pour eux de soutenir Benchicou, mais surtout de défendre le principe de lire le livre dans leur pays. Pour eux, c’est là une avancée démocratique.
N. Y.
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