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Djazia, une femme célébre chez les Béni Hilal
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@Bani l'Insane
Tout a fait oui, et c'est pour cela qu'en lisant ça et là les innombrables contes de la Sîra al-Hilaliya je tombe souvent sur des airs de "déjà-vu" : des prénoms qui n'existent encore que chez-nous, certains traits de caractère typiques de chez-nous ou certaines histoires que l'on ente ds de nos maères et grands-mères sous d'autres formes ou avec des variations ... etc.Les comptes, les légendes et autres mythes nous apprenent parfois beaucoup sur la façon d'être et de penser de nos ancêtres. C'est là que c'est très intéressant."L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]
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@Benss
On ne peut donner une explication simple et monolithe à ce sujet, ou en tout cas je n'en ai pas encore lu une sur aucune thèse ni aucun document que j'ai consulté. Néanmoins, certains points ou certains aspects peuvent être mis dans dans la balance.... comment expliquer alors qu'avec un rapport d'au moins un Arabe pour cinq autochtones, voire d'un pour 15, les tribus hilaliennes ont-elles pu autant imprégner de leur culture les Berbères ? ...
Tout d'abord, au niveau "culturel", il faut relativiser un peu l'écart qu'il pouvait exister entre ces nomades Arabes et le "monde berbère" dans lequel ils se sont violemment projetés. Le Maghreb était entré dans le "monde musulman" depuis 400 ans au moment de leur arrivée, et cette période était justement celle ou se créa l'ensemble culturel "arabo-musulman" qui faisait (au moins depuis le 10e s.) qu'une certaine communauté de culture existait désormais entre tous les "pays" d'un ensemble qui s'étend des confins de l'Inde aux rives de l'Atlantique. Pour te donner une image comparative, c'est un peu la situation qui prévalait à la basse époque romaine : l'Occident romain (notre "Maghreb" compris) constituait bien une certaine unité culturelle ("latine") bien que peuplé d'une multitude de nations aux origines et aux langues diverses. Donc, si les Berbères demeuraient naturellement la norme et la majorité au Maghreb à cette date, le pays en lui-même n'était pas totalement étranger aux éléments de l'arabité (langue, culture, mode de pensée ... etc.) vu que (comme en Perse ou en Égypte par exemple) ces éléments étaient déjà présent dans les villes et que l'arabe était la langue de l'administration, du savoir, du commerce ... etc. Là encore, on pourrait invoquer l'image du latin en Afrique (comme en Gaule et en Hispanie ou encore le grec en Égypte ou en Syrie à la même période) à l'époque préislamique.
Toujours sur le plan culturel mais au sens de "mode de vie", il faut garder à l'esprit les Berbères eux-mêmes ne formaient pas une unité, et depuis bien avant cette période puisque, dès l'époque romaine, il y eut toujours clivage net entre populations sédentaires (citadins, agriculteurs) d'un côté et les nomades d'un autre. Dans ce sens, le mode de vie et de fonctionnement des tribus hilaliennes était beaucoup plus proche (et donc "compatible") avec les tribus berbères zénatienne (pasteurs nomades) que ne l'était celui des Sanhâdja (policés, agriculteurs sédentaires et tenants des systèmes étatiques maghrébin à cette époque). Si tu ajoutes à cela le fait que ni les autochtones ni les envahisseurs n'avaient de de base "idéologique" ou "nationale" dans leur mode de fonctionnement, on peut dire que les Hilaliens n'ont pas apporté un élément nouveau à la société maghrebine mais ont (par leur intrusion massive et leur activité permanente sur plusieurs générations) plutôt déstabilisé l'équilibre précaire qui avait prévalu jusque-là entre les deux modes de vie (les deux "mondes" en vérité) coexistants au Maghreb depuis. Ce n'était pas la première fois que cet équilibre soit rompu (il y eut des périodes passées ou le monde nomade berbère à "déferlé" sur l'autre monde), mais ce fut la première fois que l'impulsion vient d'un apport étranger au pays : habituellement, les étrangers entraient au Maghreb puis le dominaient depuis "l'autre côté", c'est-à-dire depuis sa partie citadine et sédentaire et non l'inverse.
Pour le deuxième aspect que tu évoques, celui du rapport numérique, là encore on ne peut qu’effleurer certains poins et susciter plus de questions que de réponses. De manière générale, il n'est pas rare qu'un groupe numériquement inférieur finit par "absorber" une masse plus importante par voie d'acculturation. Donc, le problème n'est pas dans le principe en lui-même. Mais dans ce cas précis, il faut garder à l'esprit le fait que nous parlons de nomades : le mouvement et la mobilité ont pour avantage de décupler l'effet que peut produire une même chose. Autrement dit, et en prenant les estimations hautes, 3.000.000 de berbères éparpillés sur l'ensemble du territoire du Maghreb donne une densité plutôt faible, alors que 100 ou 200.000 nomades arabes qui bougent tout le temps donnent l'impression d'être "partout", et plus encore si une partie importante des berbère (30, 40, 50% ?) est elle-même nomade et qu'elle se dégage elle-même le terrain à l'élément envahisseur au fur et à mesure qu'il avance ou qu'elle se fait absorber par lui (et renforce ainsi son nombre au fil des générations).
Il faut aussi savoir que l'invasion ne s'est pas faite sur TOUT le Maghreb en même temps. Ça s'étale sur deux à trois siècles entiers, allant lentement de l'E. vers l'O. (en pénétrant le Tell toujours depuis le S.) au grès des circonstances et des fortunes et c'est pour cela que, jusqu'à nos jours, le degrés d'arabisation de l'arrière pays n'est pas homogène sur l'ensemble du Maghreb (en gros 95% en Libye-Tunisie, 75% en Algérie, 45% au Maroc). En somme, la pression fut plus forte dans certaines régions que dans d'autres, à certaines époques par rapport à d'autres et la réaction des tribus autochtones variait aussi : ça résistait là c'était assez fort, ça déménageait là où on était nomade (c'est le cas des zénètes Béni Mérine et Béni 'Abdalwâd qui évacuent toute la région de Biskra et le Zâb pour aller vers l'O. et s'y établir définitivement, ou encore les Maghrâwa et béni Ifrân qui peuplaient jadis la Vallé du Chéliff), ca se barricadait dans les zones montagneuses (inaccessibles et impraticables pour les cavaliers nomades) lorsque c'était possible, ou ça se pliait simplement au dictat lorsque pas d'autre choix. Me reste, c'est question de temps et de générations qui passent.Dernière modification par Harrachi78, 19 juin 2013, 15h05."L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]
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@Dandy
Il y en a oui, mais ça va être dur d'en trouver dans le commerce (essayes dans les grandes bibliothèques ?), et encore plus laborieux de lire le tout en arabe ! En plus, il existe de nombreuses versions et variantes, et encore que la Sîra à proprement parler ne contient pas toutes les légendes que l'on attribue à tel ou tel de ses héros dans telle ou telle région ou bled !
Bref, si tu t'y mets tu risque d'y passer les cinq prochaines années mon vieux ... :22:"L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]
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@Benss (suite et fin)
Pas du tout, et bien au contraire. L'un des fondements du systèmes tribal était l’enchevêtrement d'alliances de tout genre, et particulièrement les alliances matrimoniales ! D'ailleurs, pour rester dans le sujet de la Sîra, un des thèmes récurrents c'est la recherche d'une épouse pour tel ou tel nombre chevalier de la tribu auprès de tribus non-hilaliennes ou de rois étrangers, ou alors la belle Djâziya qu'on maria a tant de rois et de chefs pour gagner leur alliance, avant de la leur retirer pour reprendre le chemin. Bref, le mariage exogène était une constante dans leur culture ! D'ailleurs, l'absorption de tribus berbères commença assez tôt puisque, dès l'époque d'Ibn-Khaldûn (14 e s.), certaines tribus (comme les Huwwâra du Constantinois) étaient déjà arabisée tout en se sachant d'origine berbère !Etant donné que les Banu Hilal et les Banu Solaym, ne se mélangeaient pas vraiment aux Berbères et qu'ils avaient un certain mépris en vers eux.
Sinon, si tu veux plus concret, la région dont sont originaires mes grands parents était jadis habitée par une confédération de 12 ou 15 tribus dont 6 (habitant la plaine) sont arabes et les autres (peuplant la montagne) se savaient d'origine berbère (bien que déjà arabophones au 19e s.). Et bien, selon les traditions du coin, les clans zoghbiens seraient apparus là-bas au 13e ou 14e s., chassèrent les clans sanhâjiens de la plaine et les deux camps demeurèrent en conflit aussi longtemps que les anciens ont tenté de refoutre les nouveau dehors. Ça dura ainsi un moment puis, constatant que ça n'allait plus changer et que le conflit les affaiblissait mutuellement vis-à-vis de leurs voisins respectifs (d'autres berbères et d'autres arabes !), ils décidèrent de former une alliance perpétuelle et ainsi se forma la confédération des Béni Slimane (vers le 15e s.), le "Sidi Slimane" en question n'étant pas un ancêtre éponyme mais un quelque marabout sous l'autorité du quel le pacte d'alliance fut scellé."L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]
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Dandy
Voici ce que m'a donné une petite recherche sur le net :
La Geste hilalienne, recueillie et traduite de l’arabe par Lucienne Saâda (Ed. Gallimard)
La geste hilalienne, de Abdou Rahman Al Abnoudi
PROPOS D'UN MANUSCRIT DE LA GESTE HILALIENNE CONSERVÉ À LA BIBLIOTHÈQUE VATICANE ; OMAR BENCHEIKH and MICHELINE GALLEY
Geste des Banū Hilāl, (BNF)Le sage souffre dans le bonheur du savoir... L’ignorant exulte dans les délices de l’ignorance
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@Dandy
Bon, je voulais détailler tout cela dans un topic à part mais tu dois juste savoir que, normalement, tu devra trouver deux recueils et non pas un seul car il est de tradition de diviser la Geste hilalienne en deux parties :
a) al-Sîra al-Hilâliya qui raconte leurs origines ancestraux, la naissance de leurs principaux héros et leurs aventures en Arabie et en Orient
b) al-Taghribâ al-Hilâliya qui raconte leur migration vers l'O., leurs guerres de conquête et leurs conflits internes jusqu'à la mort dramatique des quatre héros.
"L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]
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@Ettargui
C'est une traduction récente ça ?! Si quelqu'un la trouve dans le commerce dites le nous ya khâwti !!! ...La Geste hilalienne, recueillie et traduite de l’arabe par Lucienne Saâda (Ed. Gallimard)
"L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]
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C'est bon j'ai trouvé kho, c'est la version de Bhou Thadi, l'édition date de 1985. Je peux l'avoir dans 15 jours (délais de livraison). Lazemlna wahed n'kelfouh bech yjibhoulek l'Alger.C'est une traduction récente ça ?! Si quelqu'un la trouve dans le commerce dites le nous ya khâwti !!! ...
Ps. Je vais quand même faire une petite douera à la librairie Gallimard, histoire de voir si je peux l'avoir plus vite.Dernière modification par Dandy, 19 juin 2013, 16h27.
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