Ait menguelet ARJU-YI
Attends-moi !
Cette nuit, il se produisit un événement
le village fut secoué par des hurlements
Tout le monde sortit de chez lui
les ballasts furent, du clair de lune, enduits
Dans la lumière vespérale
on distingua un cortège
et ce qu’il portait transcendait.
Le lendemain, à mon réveil
plus aucun cri
L’a t-on inhumé en mon absence ?
alors que j’étais au village.
(Cette histoire rappelle l’anecdote
de celui qui frappa son adversaire
en lui intimant l’ordre de ne pas crier
sinon il porterait plainte).
Tout ce que nous avons fait comme projets
je ne sais si nous pouvons les réaliser
C’est remis aux calendes grecques
même si je te demande de patienter
Tu sais que c’est inutile
résigne-toi par contrainte.
Qu’on pleure, qu’on en parle
qu’on crie ou qu’on suffoque
Le poids (qui nous pèse) ne s’allègera pas
pour autant
Attends-moi ! Attends-moi !
Ceux qui nous appellent persistent
« c’est la guerre qui prime »
Attends-moi !
Laisse-moi donc te parler je ne serai pas long
Tu connaîs (la nature de) la calamité qui nous
frappe
Je prends le chemin du départ
je me résigne à toute éventualité
Qui ne manquera pas de vous parvenir
arrivé à destination
Je t’écrirai et te raconterai mes ennuis.
Attends-moi ! Attends-moi !
Nos décideurs m’ont créé un nouvel ennemi
Attends-moi !
J’ai grimpé dans le train
et y ai trouvé des camarades
Blêmes étaient leurs visages
dans lesquels se mirait le mien
qui leur ressemble tant !
Victimes que nous sommes !
si vous tombez, je serais à vos côtés
Et si je tombe, vous serez là
n’est-ce pas, frères de peine !
Attends-moi ! Attends-moi !
Ils m’envoient combattre
reviendrai-je un jour ?
Attends-moi !
Une fois sur place, je me sentis seul
nombreux, nous étions
Les canons, au loin, faisaient rage
quand ils vêtirent leurs tenues, j’en fis autant
Mes vêtements que j’ôtai
patientent que le sort me fasse revenir
Sur le moment, j’eus peur
les minutes se mirent à défiler
jusqu’au fatidique instant où on vous annoncerait
(ma mort)
Attends-moi ! Attends-moi !
sur la chaîne de métal, ils gravèrent mon nom
et armèrent ma main d’un fusil
Attends-moi !
Si je t’oublie parfois
c’est l’acier qui
t’écarte de mes yeux
Poussière et chaleur torride
n’ont nul besoin de description
de même que ce qui m’obsède
La journée qui finit
revient le lendemain
je ne me retrouve plus
Attends-moi ! Attends-moi !
au sable et au soleil brûlants
s’adjoint le feu des balles
Attends-moi !
J’ai appris la naissance de notre fille
prénomme-la “Lehna” (Paix)
elle sera peut être de bon augure
Nous sommes las de la guerre
et écoeurés du combat
la terre finira par nous lapider
Tristes, quand nous avons tué
contents d’y avoir échappé
nous mettrons un terme au tourment
Attends-moi ! Attends-moi !
Et chacun ira dans son foyer
pour y panser ses plaies.
Attends-moi !
transcription et traduction
Farida Aït Ferroukh
Attends-moi !
Cette nuit, il se produisit un événement
le village fut secoué par des hurlements
Tout le monde sortit de chez lui
les ballasts furent, du clair de lune, enduits
Dans la lumière vespérale
on distingua un cortège
et ce qu’il portait transcendait.
Le lendemain, à mon réveil
plus aucun cri
L’a t-on inhumé en mon absence ?
alors que j’étais au village.
(Cette histoire rappelle l’anecdote
de celui qui frappa son adversaire
en lui intimant l’ordre de ne pas crier
sinon il porterait plainte).
Tout ce que nous avons fait comme projets
je ne sais si nous pouvons les réaliser
C’est remis aux calendes grecques
même si je te demande de patienter
Tu sais que c’est inutile
résigne-toi par contrainte.
Qu’on pleure, qu’on en parle
qu’on crie ou qu’on suffoque
Le poids (qui nous pèse) ne s’allègera pas
pour autant
Attends-moi ! Attends-moi !
Ceux qui nous appellent persistent
« c’est la guerre qui prime »
Attends-moi !
Laisse-moi donc te parler je ne serai pas long
Tu connaîs (la nature de) la calamité qui nous
frappe
Je prends le chemin du départ
je me résigne à toute éventualité
Qui ne manquera pas de vous parvenir
arrivé à destination
Je t’écrirai et te raconterai mes ennuis.
Attends-moi ! Attends-moi !
Nos décideurs m’ont créé un nouvel ennemi
Attends-moi !
J’ai grimpé dans le train
et y ai trouvé des camarades
Blêmes étaient leurs visages
dans lesquels se mirait le mien
qui leur ressemble tant !
Victimes que nous sommes !
si vous tombez, je serais à vos côtés
Et si je tombe, vous serez là
n’est-ce pas, frères de peine !
Attends-moi ! Attends-moi !
Ils m’envoient combattre
reviendrai-je un jour ?
Attends-moi !
Une fois sur place, je me sentis seul
nombreux, nous étions
Les canons, au loin, faisaient rage
quand ils vêtirent leurs tenues, j’en fis autant
Mes vêtements que j’ôtai
patientent que le sort me fasse revenir
Sur le moment, j’eus peur
les minutes se mirent à défiler
jusqu’au fatidique instant où on vous annoncerait
(ma mort)
Attends-moi ! Attends-moi !
sur la chaîne de métal, ils gravèrent mon nom
et armèrent ma main d’un fusil
Attends-moi !
Si je t’oublie parfois
c’est l’acier qui
t’écarte de mes yeux
Poussière et chaleur torride
n’ont nul besoin de description
de même que ce qui m’obsède
La journée qui finit
revient le lendemain
je ne me retrouve plus
Attends-moi ! Attends-moi !
au sable et au soleil brûlants
s’adjoint le feu des balles
Attends-moi !
J’ai appris la naissance de notre fille
prénomme-la “Lehna” (Paix)
elle sera peut être de bon augure
Nous sommes las de la guerre
et écoeurés du combat
la terre finira par nous lapider
Tristes, quand nous avons tué
contents d’y avoir échappé
nous mettrons un terme au tourment
Attends-moi ! Attends-moi !
Et chacun ira dans son foyer
pour y panser ses plaies.
Attends-moi !
transcription et traduction
Farida Aït Ferroukh
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