On te l’a bien dit : le Prophète lui-même s’est exilé. Émigrer telle une anonyme, partir… Tu as des tas de raisons : découvrir de nouveaux horizons, prendre le large, l’appel de l’inconnu. Quitter la misère, la laideur, l’enfermement. Besoin de liberté, de connaissance, du savoir.
Tu pleures! …Mais pourquoi pleures-tu?
« Chemin de terre battue qui va au goudron et puis dans le ciel et sur la mer, et puis encore vers une autre route et devient cette route encore, puisque tu vas partout au monde, raconte! Raconte que font les gens ailleurs? »
Il y a longtemps, tu t’es arrêtée chez des gens qui priaient. Ils t’ont appris à lire pour que tu puisses prier avec eux. Ils t’ont caché aussi le corps et les cheveux. Tu as commencé à te sentir alors constamment surveillée soit par Dieu, soit par son serviteur le Diable.
Et tu es partie…
« Chemin de goudron qui va au goudron et puis dans le ciel et sur la mer, puis encore vers une autre route et devient cette route encore, puisque tu vas partout au monde, raconte! Raconte… »
Tu es venue d’un bout du monde et tu vas vers un troisième encore !
- Un troisième quoi ?
- Un troisième bout du monde ! »
Tu t’es mis alors à rire, tu te sentais pleine de forces !
« Tu as un beau rire, tu sais. Si seulement, tu riais plus souvent»
Plus tard, tu as rencontré des gens bien. bien mis, bien proprets, bien gentils, bien heureux, bien …bien…, bien tout quoi!
Mais ils t’ont bien plaint aussi…
Je t’ai vite reconnue, tu es de ma race, tu as dû dès ton plus jeune âge apprendre à mordre et à griffer, pour survivre, à supporter les ordres, les coups et les insultes et ensuite, l’hypocrisie et la perversité
Mais qu’ils ne viennent pas te dire, quelle horreur! qu’ils te comprennent, qu’ils compatissent, qu’ils te plaignent, non bon sang, surtout pas te plaindre, tu leur dénies ce droit..
Ils peuvent t’ignorer, te mépriser, t’injurier, te jeter tous les anathèmes, te vouer aux géhennes, mais te plaindre…
Tu le savais, leur compassion n’est faite que de mots, elle aide à purger leur conscience des quelques remords qui y traînent, et surtout marque la différence d’avec l’autre. Plaindre, c’est se démarquer, renvoyer l’autre à la solitude de son ghetto.
« Raconte! Raconte ce que font les gens ailleurs… »
(A suivre)
Tu pleures! …Mais pourquoi pleures-tu?
« Chemin de terre battue qui va au goudron et puis dans le ciel et sur la mer, et puis encore vers une autre route et devient cette route encore, puisque tu vas partout au monde, raconte! Raconte que font les gens ailleurs? »
Il y a longtemps, tu t’es arrêtée chez des gens qui priaient. Ils t’ont appris à lire pour que tu puisses prier avec eux. Ils t’ont caché aussi le corps et les cheveux. Tu as commencé à te sentir alors constamment surveillée soit par Dieu, soit par son serviteur le Diable.
Et tu es partie…
« Chemin de goudron qui va au goudron et puis dans le ciel et sur la mer, puis encore vers une autre route et devient cette route encore, puisque tu vas partout au monde, raconte! Raconte… »
Tu es venue d’un bout du monde et tu vas vers un troisième encore !
- Un troisième quoi ?
- Un troisième bout du monde ! »
Tu t’es mis alors à rire, tu te sentais pleine de forces !
« Tu as un beau rire, tu sais. Si seulement, tu riais plus souvent»
Plus tard, tu as rencontré des gens bien. bien mis, bien proprets, bien gentils, bien heureux, bien …bien…, bien tout quoi!
Mais ils t’ont bien plaint aussi…
Je t’ai vite reconnue, tu es de ma race, tu as dû dès ton plus jeune âge apprendre à mordre et à griffer, pour survivre, à supporter les ordres, les coups et les insultes et ensuite, l’hypocrisie et la perversité
Mais qu’ils ne viennent pas te dire, quelle horreur! qu’ils te comprennent, qu’ils compatissent, qu’ils te plaignent, non bon sang, surtout pas te plaindre, tu leur dénies ce droit..
Ils peuvent t’ignorer, te mépriser, t’injurier, te jeter tous les anathèmes, te vouer aux géhennes, mais te plaindre…
Tu le savais, leur compassion n’est faite que de mots, elle aide à purger leur conscience des quelques remords qui y traînent, et surtout marque la différence d’avec l’autre. Plaindre, c’est se démarquer, renvoyer l’autre à la solitude de son ghetto.
« Raconte! Raconte ce que font les gens ailleurs… »
(A suivre)
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