Accueil > CINEMA ET TELEVISION > A History of Violence de David Cronenberg

A History of Violence de David Cronenberg

lundi 16 mai 2005, par nassim

Habitué à la controverse, le cinéaste canadien, David Cronenberg, réalisateur des films "Spider" et "eXistenZ", récidive et explore l’univers de la violence dans son nouveau film "A History of Violence" dont l’humour noir et la violence ont laissés les spectateurs perplexes.

Scène du film A History of Violence de David Cronenberg .

La projection de ce nouveau film du réalisateur canadien a été ponctuée d’applaudissements, de sifflets et de rires involontaires. Mais Cronenberg est un habitué, à la fois de Cannes et de la controverse. "Crash", en compétition en 1996, avait suscité maints commentaires indignés. Son "Spider", en compétition six ans plus tard, était en revanche passé relativement inaperçu. La première séquence d’"History of Violence", en lice pour la Palme d’Or, laisse penser que le cinéaste canadien a renoué avec son goût des atmosphères oppressantes : deux bandits qui viennent de commettre un massacre dans un motel s’en éloignent sur un fond sonore d’insectes qui met mal à l’aise.

Mais lorsqu’ils entreprennent un casse dans le petit restaurant que tient Tom Stall (Viggo Mortensen, l’Aragorn du "Seigneur des Anneaux"), celui-ci les neutralise en moins de deux. S’ensuivent rencontres déplaisantes avec des malfrats et massacres connexes, qui obligent Tom à dévoiler son passé trouble à son épouse Edie (Maria Bello) et à régler définitivement ses comptes avec son truand de frère, Richie (William Hurt).

Des combats dont la violence n’a d’égale que la brièveté, des situations convenues au possible (la figure rebattue du sale ado qui, au lycée, se choisit une tête de turc par exemple), des dialogues quelquefois sans relief et des situations absurdes : "A History of Violence" se démarque des précédentes oeuvres de Cronenberg.

"SEXE ET VIOLENCE ONT TOUJOURS FAIT BON MÉNAGE"

Peut-être est-ce dû au fait que ni l’histoire, ni l’idée même du film n’émanent de lui. Mais Cronenberg s’en défend. "Si on pense à ’Scanners’ (1980) ou à ’Crash’, je ne pense pas que j’ai exploré là un territoire totalement vierge, même si tout film est en soi un territoire absolument vierge. La différence ici tient dans le ton", a-t-il expliqué lundi, en conférence de presse.

Si Cronenberg admet que le sujet, et son traitement, sont typiquement américains, il estime toutefois que l’application en est universelle. "Il était évident pour moi dès le début que j’avais là une histoire typiquement américaine", dit-il. "Elle a une résonance de western et la mythologie de l’homme qui protège sa famille est un mythe du western ; j’en étais pleinement conscient puisque c’était l’essence même du film."

"Toutefois, poursuit-il, le commentaire fait sur la violence me semble lui universel. Comme tout artiste vous le dirait, pour être universel, il faut être particulier. Les éléments spécifiques du film sont américains mais la résonance est universelle."

Cette violence n’est pas que sanglante. Elle est aussi l’élément moteur d’un rapport sexuel entre Tom et son épouse, dès lors que Tom ne peut plus cacher son passé. "Sexe et violence ont toujours fait bon ménage, comme les oeufs et le bacon", plaisante Cronenberg.

"Il y a toujours une composante sexuelle dans la violence et inversement, et c’est intéressant à explorer", ajoute-t-il, précisant que cette combinaison a "des ramifications à tous les niveaux, y compris au niveau politique".

Par Wilfrid Exbrayat, reuters.fr