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Algérie - Mouvement ouvrier et question nationale 1919-1954

mardi 26 avril 2005, par nassim

La bibliographie du mouvement ouvrier algérien au temps du colonialisme français s’est enrichie récemment d’un nouvel ouvrage. Il s’agit d’ Algérie. Mouvement ouvrier et question nationale 1919-1954 de Nora Benallègue-Chaouia (1), essai tiré d’une thèse de doctorat d’Etat en histoire.

De par cet ouvrage, il est mis en lumière le processus d’apprentissage des luttes syndicales des travailleurs algériens et les rapports de celles-ci avec le mouvement national et la situation coloniale. Et cela, sous le couperet du code de l’indigénat qui interdit toute activité politique ou syndicale aux Algériens. Ces luttes sont disséquées par décennies dans leurs avatars et vicissitudes sans pour autant tomber dans une vision chronologique et linéaire des événements. Aussi, l’auteur relève-t-il l’imbrication des luttes syndicales avec des faits marquants en Algérie et sur le plan international. Entre autres, les deux guerres mondiales, la crise économique de 1929, la montée du fascisme en France.

L’économie est monopolisée par les colons. Elle est à dominante agricole. Côté industrie, l’intérêt colonial se focalise sur l’industrie extractive. Le salariat est caractérisé par sa double composante européenne et « indigène ». L’ouvrage puise ses sources dans une bibliographie riche et des archives nécessitant un travail de recherche approfondi. Il comprend aussi un index de noms et de sigles. L’approche des événements est multidimensionnelle (sociologique, économique et politique) pour restituer et reconstituer une mémoire fêlée et cerner les intérêts qui aiguisent chacune des parties en conflit. Des conflits où il est difficile de distinguer le politique du syndical. Les ouvriers algériens sont dominants dans toutes les grèves organisées à partir des années 1930. La réunification CGT-CGTU (les deux syndicats dominants en Algérie) et de l’alliance des communistes, socialistes et radicaux dans le cadre du Front populaire (FP) donne la priorité à la lutte contre le fascisme et à la libération de la France du joug nazi et à la « reconstruction » au détriment de la question coloniale.

La fin des années 1940 voit se volatiliser « le mythe » des réformes coloniales, ce qui renforce la conviction du PPA-MTLD dans sa revendication de l’indépendance du pays.Revendication qui gagne de plus en plus du terrain sur le plan de la lutte politique. D’autant que les ouvriers lient leurs conditions de travail à la situation coloniale. Cependant, il faut attendre 1956 pour voir naître un syndicat d’ouvriers algériens, en l’occurrence l’UGTA. Intégrée au FLN, elle fait du combat colonial sa raison d’être. Après l’indépendance, elle devient un appareil satellite du pouvoir, qui empêche les travailleurs de se mêler de ce qui les regarde. Et la question du pluralisme syndical et de son autonomie reste d’actualité.

Par Amnay Idir, elwatan.com

1 Nora Benallègue-Chaouia. Algérie. Mouvement ouvrier et question nationale 1919-1954. Editions Office des publications universitaires (OPU) 2005. Prix 450 DA.