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Assia Djebar à l’Académie française

dimanche 25 juin 2006, par Kahina

L’Algérienne Assia Djebar, entrée à l’Académie française le jeudi passé, devient la première personnalité musulmane et d’origine maghrébine à rejoindre la célèbre institution française vieille de 371 ans.

Assia Djebar à l’Académie française.

Enseignante à l’Université de New York, elle reprend le fauteuil numéro cinq, occupé par le constitutionnaliste Georges Vedel jusqu’à son décès en 2002. L’Académie ne compte actuellement que 39 membres au lieu de 40, depuis la mort du professeur Jean Bernard le 17 avril à l’âge de 98 ans.

Lors de son discours de réception sous la coupole jeudi, Assia Djebar a notamment évoqué la colonisation de l’Algérie par la France de 1830 à 1962 et l’article de loi de février 2005 "reconnaissant" les "aspects positifs" de cette occupation, abrogé le 16 février dernier. "Le colonialisme vécu au jour le jour par nos ancêtres, sur quatre générations au moins, a été une immense plaie ! Une plaie dont certains ont rouvert récemment la mémoire, trop légèrement et par dérisoire calcul électoraliste", a lancé l’écrivain, rappelant également l’apport des grands écrivains de langue arabe à la culture.

Assia Djebar a par ailleurs rendu hommage "aux si nombreuses Algériennes qui se battent aujourd’hui pour leurs droits de citoyennes" et à aux victimes du terrorisme dans son pays. En juin 2005, au moment de l’élection à l’Académie, a-t-elle expliqué, "m’avait saisie la sensation presque physique que vos portes ne s’ouvraient pas pour moi seule, ni pour mes seuls livres, mais pour les ombres encore vives de mes confrères écrivains, journalistes, intellectuels, femmes et hommes d’Algérie qui, dans la décennie quatre-vingt-dix ont payé de leur vie le fait d’écrire, d’exposer leurs idées ou tout simplement d’enseigner... en langue française."

Figure emblématique de l’émancipation des femmes en Algérie, Assia Djebar a notamment écrit "Loin de Médine" (1991), "Le Blanc de l’Algérie" (1996), "Ces Voix qui m’assiègent" (1999) ou encore "La Femme sans sépulture" (2002). Le cinéma lui a également inspiré plusieurs longs métrages, comme "La Nouba des femmes du Mont Chenoua", qui a obtenu le prix de la critique à la Biennale de Venise en 1979. Elle a aussi écrit plusieurs nouvelles publiées dans l’ouvrage "Femmes d’Alger dans leur appartement" (1980). Celui-ci a été actualisé en 2002 avec une histoire inédite, "La Nuit du récit de Fatima", où elle expose la condition des femmes. Ce livre est devenu un classique dans de nombreux pays francophones. Elle a aussi publié en 2003 "La Disparition de la langue française" et en 2006 "Ombre sultane". Son oeuvre littéraire est traduite en vingt et une langues.

Synthèse de Kahina
D’après AP