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Ben Jelloun, la plume du Maroc

jeudi 26 janvier 2006, par Kahina

Très lu au Maroc, l’auteur Tahar Ben Jelloun raconte dans son dernier livre "Partir", la misère des jeunes marocains prêts à risquer leur vie pour fuir le royaume dans l’espoir d’une vie meilleure en Europe.

Tahar Ben Jelloun

« Partir », le titre du roman, revient jusqu’à l’obsession dans la bouche de ces jeunes désoeuvrés, ces « diplômés-chômeurs » pour qui franchir les 14 km du détroit qui sépare Tanger du sud de l’Espagne est désormais le seul espoir. Couronné en 1987 par le prix Goncourt pour La nuit sacrée, Ben Jelloun, a déjà écrit une trentaine de livres, traduits en 44 langues, où il a souvent dénoncé l’arbitraire et la corruption dans son « cher pays ».

« La littérature peut être un bon média pour faire bouger les politiques. Elle peut parfois toucher les gens, les émouvoir et les faire réfléchir (...) Mon ambition est qu’un roman puisse faire bouger les choses », explique-t-il. « Partir », dont l’action se déroule dans les années 1990, avant l’avènement du roi du Maroc Mohammed VI, décrit « l’incurie du système » qui pousse les plus jeunes à tenter de gagner l’Europe par tous les moyens.

« On m’a dit que le livre est très dur pour le Maroc. Mais je pars d’une réalité. Mon personnage est désespéré, il en veut à son pays parce qu’il n’a pas su le retenir. (...) La littérature n’est pas faite que de bons sentiments. Elle est faite aussi de reproches, de doutes, de blessures », souligne-t-il.

En plein débat en Europe sur l’intégration des immigrés, Tahar Ben Jelloun décrit en 40 chapitres les causes de l’émigration : le chômage, l’« hypocrisie », la corruption ou la banalisation de la prostitution. Il raconte le quotidien des mères de famille contraintes, pour subsister, de trafiquer des produits alimentaires avec les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla. Il décrit les tractations entre passeurs et clandestins et les corps gonflés des candidats au départ échoués sur les plages d’Espagne.

Synthèse de Kahina
D’après la nouvelle république