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Colloque sur saint augustin à Tizi Ouzou

Entre platonisme et théologie mystique

lundi 15 mars 2004, par nassim

La réhabilitation de saint Augustin et sa “réappropriation” par l’histoire nationale ont permis une ouverture inespérée aux chercheurs et universitaires.

L’Algérie ne peut ignorer saint Augustin même si des années, voire des décennies durant, elle l’a regardé comme un symbole du colonialisme, chrétien de surcroît, en tentant d’effacer son nom de l’histoire de l’Algérie, sa terre natale et nourricière et qu’une fois ce tabou brisé, saint Augustin, devenu un patrimoine universel, réinvestit naturellement l’espace qui est le sien en se replaçant dans l’échiquier de l’histoire de notre civilisation. Un premier colloque lui a été consacré à Annaba du 1er au 7 avril 2001 “Saint Augustin : africanité et universalité” qui est en soi une volonté pour la réintégration pleine de ce grand penseur dans les références historiques et culturelles de l’Algérie moderne.

Depuis, les algériens ne cessent de redécouvrir et de s’initier aux pensées philosophiques et religieuses de ce patrimoine “algérien”, antérieur à l’histoire contemporaine de l’Algérie, en organisant et en participant à de nombreuses manifestations culturelles qui lui sont consacrées.

C’est dans cet ordre d’idées que l’association culturelle Tusna, en collaboration avec la Maison de la culture de Tizi Ouzou, a réuni des hommes de culte, des chercheurs, des étudiants, des universitaires, jeudi après-midi, pour débattre de la vie et de l’œuvre de saint Augustin. Des conférences ont été animées par Mgr Tessier, archevêque d’Alger : “l’itinéraire de recherche de vérité” chez cet illustre penseur humaniste, et par Mme Sabah Ferdi, directrice de la Conservation du patrimoine de la wilaya de Tipasa.

Né à Tagaste dans une province romaine, Souk-Ahras aujourd’hui, en 354, d’un père païen, fonctionnaire de l’Empire, qui le destine aux plus hautes charges dans l’administration impériale et d’une mère berbère et pieuse, la future sainte Monique. Le jeune Augustin, à dix-sept ans, arrive à Carthage, prenant part à la vie turbulente des étudiants de la capitale de l’Afrique romaine.
Il étudie la rhétorique à travers l’étude de Virgile, des historiens et des poètes latins. Il découvre seul la philosophie dans l’Hortensius de Cicéron, qu’il oppose à la Bible dans laquelle il voit un recueil d’histoires irrationnelles destinées à des ignorants.

D’autres lectures vont influencer le jeune Augustin, les œuvres des philosophes néoplatoniciens Plotin et Porphyre qui vont changer radicalement sa vision du monde et lui révèler les joies de la contemplation. Augustin d’Hippone suit, dans un premier temps, les traces de son père avant de décider de se convertir au christianisme, influencé par la lecture des Épîtres de Paul, mais surtout par sa mère, Monique, qui lui transmettra sa foi fervente et, bien sûr, par l’évêque de Milan, Ambroise, comme il le raconte dans Les Confessions. En 387, dans la nuit de Pâques, il est baptisé à Milan par Ambroise.

D’ascendance berbère et probablement punique, saint augustin sera élevé dans la culture romaine et ne connaîtra que le latin, langue qu’il utilisera pour écrire des œuvres d’une grande rigueur comme Les Confessions, récit poignant de son difficile cheminement à la recherche de l’absolu qui servira de modèle à de nombreux écrivains.

De la doctrine chrétienne, entrepris en 397, a été achevé trente ans plus tard. Dans La Cité de Dieu, Augustin propose une vision grandiose de l’histoire de l’humanité. Saint Augustin a aussi écrit des lettres et des sermons, autant de documents infiniment précieux.

source : Liberté