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Dan Brown, au bonheur des éditeurs

vendredi 1er avril 2005, par Hassiba

L’église Saint-Sulpice, la pyramide du Louvre : Da Vinci Code de Dan Brown pose son empreinte dans des lieux de voyages inattendus. Il aurait même dopé le trafic de l’Eurostar Paris-Londres en 2004.

Vendu, à ce jour, à plus de 20 millions d’exemplaires, le roman fait ainsi les beaux jours des tour-opérateurs qui ajoutent des étapes parisiennes ou londoniennes à leurs programmes touristiques. Avec 1,6 million de livres achetés en France, il continue de faire le bonheur de son éditeur, Jean-Claude Lattès.

Da Vinci Code profite également à d’autres maisons d’édition : un certain nombre d’ouvrages se proposent en effet de déchiffrer l’univers labyrinthique du livre ou se penchent sur le phénomène. La multiplication de textes "décryptants" a déjà été observée en France, notamment lors de la sortie des premiers épisodes de Harry Potter.

En tête des ventes du genre, Le Code Da Vinci décrypté, de Simon Cox (Le Pré aux clercs), vendu à plus de 300 000 exemplaires. 5 000 à 10 000 copies sortent encore chaque semaines de l’imprimerie : "Nous avons eu la chance de publier ce livre en août 2004, alors que le phénomène avait pris une grande ampleur et nous avons passé trois mois sans aucune concurrence", explique Jean-Louis Festjens, directeur éditorial du Pré aux clercs.

NOMBREUX PUBLIC
Les droits du Code Da Vinci décrypté ont été achetés pour 1 000 livres (1 450 euros) à la Foire de Londres en mars 2004, alors que le roman de Dan Brown n’était pas encore sorti en France. Tiré à 5 000 exemplaires, l’ouvrage a rencontré un public de plus en plus nombreux.

Code Da Vinci, l’enquête, de Marie-France Etchegoin et Frédéric Lenoir (Ed. Robert Laffont), s’est vendu pour l’heure à 170 000 exemplaires. Et le livre continue à se vendre : "1 000 par jour", indique-t-on chez Robert Laffont.

Marie-France Etchegoin, grand reporter au Nouvel Observateur, raconte : "J’ai lu Da Vinci Code pendant l’été, par hasard. En revenant en septembre, j’ai fait une enquête pour Le Nouvel Obs. Elle devait prendre quinze jours, elle a duré beaucoup plus longtemps. J’avais l’impression d’ouvrir des poupées russes. J’ai découvert un univers assez amusant, qui ouvre plein de portes, de connaissances, d’imaginaires." Elle s’embarquera dans le livre avec Frédéric Lenoir, philosophe, sociologue, directeur de la rédaction du Monde des religions, qu’elle a interrogé pour l’enquête. Le succès du livre ? "Nous ne nous y attendions pas. Il vient se greffer sur un succès exceptionnel, mais nous ne l’avons pas fait dans un esprit marketing." Pour Frédéric Lenoir, l’ouvrage est un véritable outil pédagogique : "Les gens adorent cela. Ils cherchent une explication. Ils se demandent quelle est la part du vrai et du faux. C’est un double constat : un manque cruel de cultures religieuses et une soif de connaissance religieuse."

City Editions, une jeune maison âgée de deux ans, a vendu 100 000 exemplaires des Secrets du Code Da Vinci, de Dan Burstein. "Nous avons demandé aux Etats-Unis plusieurs livres de commentaires, explique Frédéric Thibaud, cofondateur de City Editions. L’ouvrage que nous avons choisi ne répond pas de manière tranchée sur le sujet, c’était celui qui fonctionnait le mieux aux Etats-Unis. Nous savions qu’il allait marcher en France mais nous ne nous attendions pas à une telle ampleur. Il y a une part d’irrationnel et de passion qui s’est déclenchée autour de ce livre." Aujourd’hui, la formule est à nouveau utilisée pour accompagner Anges et démons, sorti le 2 mars ("Le Monde des livres" du 25 mars). Anges et démons, tous les secrets, de Philippe Darwin, chez City Editions, est sorti le 16 mars avec un premier tirage de 40 000 exemplaires. Le Pré aux clercs s’apprête à publier Anges ou démons ?, les Illuminati décryptés, de Simon Cox.

Existe-t-il un filon ? "Cela le deviendra si le roman Anges et démons marche", indique Jean-Louis Festjens. Selon lui, le "décrypté" peut avoir un rôle d’étalon : "On connaîtra l’indice de satisfaction d’Anges et démons au nombre de livres de décryptage vendus."

Les éditions Jean-Claude Lattès ont, elles, préféré ne pas publier de livres dérivés.

Pendant ce temps, les deux ouvrages de Dan Brown se portent bien. Anges et démons est en tête du classement de l’hebdomadaire professionnel Livres Hebdo. Il devance Da Vinci Code, qui se vend toujours à une belle cadence, un an après sa publication. Dan Brown écrit le suivant, qui traiterait de la franc-maçonnerie. Au Pré aux clercs, on assure que Simon Cox planche déjà sur le sujet.

Par Bénédicte Mathieu, lemonde.fr