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Ferrari lance à Bahrein une nouvelle voiture "moins stressante pour les pneus"

vendredi 1er avril 2005, par Hassiba

Michael Schumacher, le pilote, a un gros défaut : il use excessivement ses pneus. Cela n’avait jusqu’à présent que peu d’importance. A la faveur des ravitaillements en course, le sextuple champion du monde allemand de formule 1 en profitait pour changer les gommes de sa Ferrari et repartir de plus belle.

Mais depuis le début de la saison les règlements ont changé, qui imposent que le même train de pneus dure le temps des qualifications et de la course, sauf en cas de crevaison. Alors qu’ils parcouraient environ 100 kilomètres en 2004, les pneumatiques doivent tenir plus de trois fois cette distance.

Avec deux petits points dans son escarcelle à l’issue des Grand Prix d’Australie et de Malaisie, on comprend que Michael Schumacher ait tout fait pour que la Scuderia n’attende pas le mois de mai ­ comme prévu ­ pour lancer son dernier bolide. L’intronisation de la F2005 aura lieu ce dimanche 3 avril, lors du Grand Prix de Bahrein, sur le circuit de Sakhir, au milieu du désert.

Conçue par l’Italien Aldo Costa, la F2005 a pour mission de redorer le blason des "rouges", auteurs d’un doublé en 2004 à Bahrein. La dernière-née de Ferrari, qui se veut plus rigide, plus légère et plus stable, aurait en outre la qualité d’être "moins stressante pour les pneus", explique Ross Brawn, le directeur technique de la Scuderia. Un soin particulier a été apporté aux suspensions, éléments cruciaux quant à l’usure des gommes.

OUBLIER LA DÉBACLE
L’arrivée de la petite dernière, supposée plus rapide d’une demi-seconde au tour, a impliqué que les mécaniciens de course suivent chaque étape de sa conception, jusqu’à participer à l’assemblage du premier châssis. Des échanges ont même été opérés durant le week-end du Grand Prix de Malaisie (19-20 mars) entre membres des équipes d’essais et de course. "Les particularités de l’ancienne voiture qui compliquaient le travail des mécaniciens ont été modifiées sur la 2005. On peut parler d’un processus d’évolutions permanent, explique Nigel Stepney, responsable technique courses et essais de Ferrari. Tout cela nous évitera les mauvaises surprises à Bahrein."

L’ensemble des versions de la F2005 a déjà parcouru plus de 8000 kilomètres en essais. Ferrari a mis les bouchées doubles, allant jusqu’à faire tourner sur deux circuits différents ses monoplaces, au grand dam des autres écuries.

Ross Brawn tempère toutefois ce chiffre. Il rappelle, pour expliquer le retard de son écurie lors des deux premières épreuves, que durant l’intersaison Ferrari et Bridgestone, le fabricant de pneus japonais qui équipe l’écurie italienne, ont parcouru moins de 20 % du kilométrage de la totalité de ses adversaires, équipés de pneus Michelin.

"La décision de Ferrari est audacieuse, mais cela nous permettra d’accélérer notre programme développement", admet, philosophe, Hisao Suganuma, le directeur technique de Bridgestone Motosport. Il sait que ses ingénieurs disposeront de peu de temps pour concevoir les pneus les mieux adaptés à la nouvelle monoplace. Le manufacturier japonais veut surtout oublier la débâcle de Sepang, où Michael Schumacher, septième, avait engrangé ce jour-là les deux seuls points de son écurie.

Hirohide Hamashima, le responsable du développement, ne cache pas la responsabilité du fournisseur de pneumatiques : "Même si tout le package -l’ensemble des éléments d’une voiture- est important, cette très mauvaise course est à mettre sur le compte de nos pneumatiques. Il ne faut pas se le cacher, ce fut pour nous une leçon", a-t-il concédé à La Gazzetta dello sport.

Fernando Alonso, le pilote espagnol de chez Renault F1, n’est pas davantage tendre avec ses pneus que ne l’est Michaël Schumacher. Troisième en Australie, vainqueur en Malaisie et leader provisoire du championnat du monde des pilotes, il reconnaît que sa R25, "indulgente avec les gommes", n’est pas étrangère à son succès. Il sait aussi qu’il peut compter sur l’impecca-ble fourniture de Michelin à son équipe. "Barhrein est un défi unique sur plusieurs points, explique Pierre Dupasquier, directeur de la compétition du manufacturier français. La météo sera très chaude, tandis que la présence du désert entraîne un risque de voir du sable soufflé sur la piste, ce qui accélère le rythme d’usure des pneus. Nous apporterons deux spécifications différentes pour nos sept écuries partenaires. L’une est connue, l’autre a été réalisée spécifiquement pour Bahrein."

Par Jean-Jacques Larrochelle, lemonde.fr